Édouard Rod

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Édouard Rod
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Édouard Rod, né le à Nyon et mort le à Grasse, est un critique littéraire, journaliste, bellettrien et écrivain suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Originaire de Ropraz, Rod étudie à l'université de Lausanne, où il rédige sa thèse de doctorat sur la légende d'Œdipe (Le Développement de la légende d'Œdipe dans l'histoire de la littérature), puis à Berlin, où il s'enthousiasme pour les doctrines de Schopenhauer et la musique de Wagner. En 1878, il arrive à Paris.

Critique réputé, il écrit de nombreux romans naturalistes inspirés des idées d'Émile Zola, avec qui il publie, en 1879, une brochure polémique, intitulée « À propos de l'Assommoir », marquant ainsi son engagement aux côtés du chef de file du naturalisme. En 1881, il dédie sa nouvelle Palmyre Veulard à Zola, dont il est devenu l'ami et le disciple.

La Revue contemporaine

En 1884 il devient rédacteur en chef et éditeur de la Revue contemporaine.

Il collabore à plusieurs périodiques (Revue réaliste [1], Le Figaro, Journal des débats, la Revue des deux Mondes, Revue wagnérienne, et, en Suisse, à La Semaine littéraire).

En 1887, il succède à Marc Monnier en tant que professeur de littérature comparée à l'université de Genève jusqu'en 1893. Il regagne ensuite la capitale française et poursuit une abondante œuvre romanesque, alternant ses sujets, tantôt rétrospectifs, tantôt d'actualité, et ses décors, tantôt parisiens, tantôt suisses.

La Course à la mort (1885) marque un tournant de son œuvre : dans cet ouvrage, il abandonne le naturalisme littéraire pour l'analyse des motifs moraux. Il donne le meilleur de lui-même en présentant des cas de conscience, la lutte entre la passion et le devoir, et les vertus du renoncement. Le Sens de la vie (1889), l'un de ses ouvrages les plus fameux, est en quelque sorte un complément de La Course à la mort. Il sera suivi par de nombreux romans et livres de critique littéraire de 1892 à 1906.

En 1891, il répond à l’enquête de Jules Huret sur l’évolution littéraire [1] . Goncourt lui trouve "une figure rondelette de lettré suisse".

En 1906, il publie L'Affaire J.-J. Rousseau, et écrit une pièce en trois actes sur un épisode de la vie du philosophe, Le Réformateur, produite au Nouveau Théâtre à Paris.

Alors que certains le poussent à poser sa candidature à l'Académie française, il décline cet honneur qui l'aurait contraint à prendre la nationalité française et à abandonner sa nationalité suisse (réagissant comme le fera plus tard Maurice Maeterlinck en 1911).

Il fut l'ami de Charles-Ferdinand Ramuz et de l'écrivaine Nancy-Marie Vuille[2] avec laquelle il entretient une riche correspondance[3].

Il meurt subitement le à Grasse.

Postérité[modifier | modifier le code]

Celui que l'on surnommait l’« Anatole suisse », en raison de l'oubli dans lequel ses œuvres sont tombées au XXe siècle et par analogie avec Anatole France.

Charles-Ferdinand Ramuz lui a rendu un hommage sobre dans l'évocation de sa première rencontre avec le peintre René Auberjonois.

Des villes suisses ont donné son nom à des voies : une rue Édouard-Rod à Genève et des avenues Édouard-Rod à Lausanne et à Nyon.

Jacqueline de Romilly évoque Édouard Rod dans Jeanne[4].

Prix[modifier | modifier le code]

Un prix Édouard Rod a été créé en 1996 sous l’impulsion de Jacques Chessex (1934-2009), en son honneur. Il est décerné tous les ans à la Fondation l'Estrée à Ropraz (VD), qui le soutient financièrement. Le prix peut être donné à une œuvre suisse romanesque, ou poétique, critique, dramatique, aussi bien qu’à un récit ou des nouvelles. Le jury est composé d'Olivier Beetschen, Thierry Raboud, Florence Schluchter Robins, Jördis Tietje-Girault et Jean-Dominique Humbert (président)[5]. Il se réunit plusieurs fois par année et remet le prix au mois de septembre à la Fondation de l'Estrée.

Récipiendaires[modifier | modifier le code]

Citations[modifier | modifier le code]

« Les peuples marchent grisés par les mots sonores et menteurs claironnés à leurs oreilles, sans révolte, passifs et résignés, alors qu'ils sont la masse et la force, et qu'ils pourraient, s'ils savaient s'entendre, établir le bon sens et la fraternité à la place des roueries sauvages de la diplomatie. »

— Édouard Rod

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Les Allemands à Paris, éd. Derveaux Paris, 1880.
  • Palmyre Veulard, éd. Dentu, Paris, 1881, Texte en ligne.
  • Les Protestants. Côte à côte, éd. Ollendorff Paris, 1882.
  • La Chute de Miss Topsy, éditions Henry Kistemaeckers, Bruxelles, 1882, Texte en ligne.
  • L'Autopsie du docteur Z et autres nouvelles, Klein et Cie, Paris, 1884, Texte en ligne.
  • La Femme d'Henri Vanneau, éd. E. Plon, Nourrit et Cie, Paris, 1884.
  • La Course à la mort, éd. Frizine et Cie, Paris, 1885, Texte en ligne.
  • Tatiana Leïlof, Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1886.
  • Le Sens de la vie[12], éd. Payot, Lausanne, 1889, lire en ligne. Prix de Jouy de l’Académie française.
  • Les Trois Cœurs, éd. Ddier, Paris, 1890, lire en ligne.
  • Nouvelles romandes, éd. Payot, Lausanne, 1891 (La grande Jeanne, Pension de famille, La Femme à Bouscatey, Le Tabac de mon oncle Jacques, Les Knie, Un Coupable, Croquis alpestres Souvenirs de Noël, Le Retour), Texte en ligne.
  • La Sacrifiée, éd. Payot, Lausanne, 1892 (premièrement publié sous forme de roman-feuilleton dans Le Figaro du au ).
  • La Vie privée de Michel Teissier, éd. Perrin, Paris, 1893, lire en ligne.
  • La Seconde Vie de Michel Teissier, éd. Perrin, Paris, 1894.
  • Le Silence, éd. Perrin, Paris, 1894, Texte en ligne.
  • Les Roches blanches, éd. Fayard, Paris, 1895.
  • Le Dernier Refuge, éd. Perrin, Paris, 1896.
  • L'Innocente, éd. Paul Ollendorff, Paris, 1897, Texte en ligne.
  • Là-haut, éd. Perrin, Paris, 1897, Texte en ligne.
  • Le Ménage du pasteur Naudié, éd. Charpentier, Paris, 1898.
  • Mademoiselle Annette, éd. Perrin Paris, 1901, Texte en ligne.
  • L'Eau courante, coll. « Bibliothèque-Charpentier », Paris, Fasquelle, 1902.
  • L'Inutile Effort, Perrin, Paris, 1903.
  • Luisita, Payot, Lausanne, 1903, Texte en ligne.
  • Un Vainqueur, éd. Charpentier, Paris, 1904.
  • L'Indocile, éd. Fasquelle, bibliothèque Charpentier, Paris, 1905. Prix Vitet de l’Académie française 1906, Texte en ligne.
  • Reflets d'Amérique, éd. Sansot, Paris, 1905, lire en ligne.
  • Le Réformateur, éd. ?, 1906.
  • L'Incendie, éd. Perrin, Paris, 1906.
  • L'Ombre s'étend sur la montagne, éd. Nelson,Paris, 1907, Texte en ligne.
Études critiques
  • Le développement de la légende d'Œdipe dans l'histoire de la littérature, Impr. G. Bridel, Lausanne, 1879.
  • À propos de l'Assommoir, en collaboration avec Émile Zola, 1879, lire en ligne.
  • Lamartine, Lecène, Oudin et Cie, Paris, 1883.
  • Stendhal, Paris, Hachette, 1892.
  • Les Idées morales du temps présent, Paris, Perrin, 1897, lire en ligne.
  • Essai sur Goethe, Paris, Perrin, 1898, Texte en ligne.
  • Nouvelles Etudes sur le XIXe siècle, Paris, Perrin, 1899.
  • L'Affaire J.-J. Rousseau, Paris, Perrin, 1906.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henry Bordeaux, Édouard Rod, Paris, Perrin, 1895.
  • Firmin Roz, Édouard Rod, biographie critique; illustrée d'un portrait-frontispice et d'un autographe, suivie d'opinions et d'une bibliographie, Paris, Sansot, 1906.
  • J. Rassat, Édouard Rod : l'homme, le romancier, le penseur, Nice, Gandini, 1911.
  • James Wadsworth, Edouard Rod and André Gladès[13], 1937.
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Henry Brewster: An Unpublished Tribute, , University of Nottingham, vol. 7.2, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Henry Brewster: An Unpublished Tribute, , University of Nottingham, vol. 7.2, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod et Emile Zola. I. Jusqu'en 1886, 1969.
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Emile Zola. II. From La Course à la mort to Dreyfus, mai 1.969, University of Nottingham, vol. 8.1, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and the introduction of Ibsen into France, 1969
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod et Emile Zola. III. L'Affaire Dreyfus et la mort de Zola, 1970.
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and the Russian novelists in France, , University of Nottingham, vol. 9.1, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Félix Nadar, 1970.
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod's last novel: La Vie, , University of Nottingham, vol. 9.2, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and the naturistes, , University of Nottingham, vol. 10.2, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Marcel Proust, 1971.
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod and Verga in France, 1972.
  • Michael G. Lerner, A Literary Age in Evolution: "Les Idées Morales du Temps Présent" of Edouard Rod, , University of Nottingham, volume 11.1, ISSN 0029-4586
  • Michael G. Lerner, Edouard Rod (1857-1910). A Portrait of the Novelist and his Times, The Hague, Paris, Mouton, 1975.
  • Michael G. Lerner, Édouard Rod et Emile Zola : une lettre inédite, 1977.
  • Jean-Jacques Marchand, Édouard Rod et les écrivains italiens. Correspondance inédite avec S. Alermo, L. Capuana, G. Cena, G. Deledda, A Fogazzaro, et G. Verga Genève, université de Lausanne. Publications de la Faculté des lettres, 1980.
  • Charles Beuchat, Édouard Rod et le cosmopolitisme, Paris, Champion, 1930, 328 p.
  • Fernand Aubert, Édouard Rod et le salon de la Rue Madame : Souvenirs d'un étudiant genevois. Paris, 1901-1902., Genève : [s.n.], 1949. (OCLC 83971416)
  • Henri Perrochon, Édouard Rod, Neuchâtel ; Paris : Delachaux & Niestlé, 1957. (OCLC 81908134)
  • Sébastien Roldan, « Un naturalisme d'anticipation est-il possible ? L'étrange cas de L'autopsie du docteur Z*** d'Édouard Rod », dans Claire Barel-Moisan et Jean-François Chassay (dir.), Le roman des possibles : l'anticipation dans l'espace médiatique francophone (1860-1940), Montréal, Presses de l'Université de Montréal, coll. « Cavales », , 483 p. (ISBN 978-2-7606-4017-7), p. 173-191.

Sources[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]

  1. Les Théories littéraires de Me Rousse. À propos du procès Duverdy, publiée dans la Revue littéraire et artistique, en date du samedi 18 février 1882 est l'unique collaboration de Maupassant à cet hebdomadaire qui a cessé de paraître sept semaines plus tard, le 8 avril 1882. La Revue littéraire et artistique s'inscrit dans la série des tentatives du « groupe de Médan » qui vise à fonder une revue naturaliste. Il y eut d'abord, en 1879, le projet éphémère de la Revue réaliste, dont les cinq (Alexis, Céard, Hennique, Huysmans et Maupassant) se sont retirés avant la parution, puis La Comédie humaine qui, après des mois de préparation en 1880, n'a finalement pas vu le jour.
  2. Sylvie Savary, « À la recherche d'un amour impossible », Passé simple, no 55,‎ , p. 20-22.
  3. Fonds : Edouard Rod. Cote : EDRO-102. Neuchâtel : Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel.
  4. Jacqueline de Romilly, Jeanne, Le Livre de poche, 2011, p. 23-27.
  5. « Prix Edouard Rod - L'Estrée », sur estree (consulté le )
  6. « Brèves », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  7. Gilbert Salem, « Le Prix Edouard-Rod revient à Pierre Béguin », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  8. « Le Prix Edouard Rod 2017 attribué à l'écrivain fribourgeois Eric Bulliard », sur rts.ch, (consulté le )
  9. « Heureuse lauréate du prix Edouard-Rod, Bernadette Richard n’a pas pour autant intégré le mot «bonheur» dans son vocabulaire » Accès payant, sur Arcinfo.ch, (consulté le )
  10. « Sansonnens à sensation ! », Le Courrier Lavaux-Oron-Jorat, (consulté le )
  11. Sarah Wicky, « Un prix littéraire pour Alain Bagnoud », Le Nouvelliste, (consulté le )
  12. Prix de Jouy de l'Académie Française.
  13. « Gladès, André » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]