Première Brigade tchécoslovaque de partisans « Général Milan Rastislav Štefánik »

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Première Brigade tchécoslovaque de partisans « Général Milan Rastislav Štefánik », (en slovaque : 1. československá partizánska brigáda M. R. Štefánika) du nom du général de l’Armée française d’origine slovaque Milan Rastislav Štefánik, est une unité de partisans créée en par le lieutenant-colonel soviétique Piotr Alexeïevitch Velitchko (Пётр Алексеевич Величко) en Slovaquie centrale. Elle combattit le régime slovaque clérico-fasciste de Jozef Tiso et les forces d’occupation nazies de 1944 à 1945 et s’illustra particulièrement lors du soulèvement national slovaque.

Création de la Brigade[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 26 au , le lieutenant-colonel de l'Armée rouge Piotr Alexejevič Veličko (sk) ainsi que 11 partisans (9 Soviétiques et 2 Slovaques) sont parachutés par les forces armées soviétiques près de Liptovská Osada, dans la région de Ružomberok en Slovaquie centrale dans la République slovaque alors un État satellite de l'Allemagne, dans le but d’organiser des groupes de partisans[1]. Ils forment le premier groupe de partisans parachuté par l’URSS en territoire slovaque[2].

Le , le groupe de partisans de Velitchko arrive dans la vallée de Kantor (Kantorská dolina), à l’est du village de Sklabiňa dans la région de Martin. Le lendemain, Velitchko rencontre le lieutenant-général de l'Armée slovaque Ján Golian (sk) à Martin en vue de la préparation du SNP. Golian lui promet des armes et le soutien de l’Armée slovaque. Ils conviennent ensemble que l'insurrection doit être une action commune de l’Armée slovaque et des partisans[3].

Le , le groupe de Velitchko est rejoint par le premier détachement de combattants français[4]. Vers le 16-, Velitchko reçoit l’accord de l’état-major des partisans basé à Kiev pour déclencher les opérations contre l'ennemi. Le , le groupe de Velitchko occupe une scierie dans la région de Turiec, où ils liquident le directeur allemand[5]. Le , le groupe compte déjà 360 membres et se donne pour nom Brigade de partisans M.R. Štefánik (en slovaque : Partizánska brigáda M. R. Štefánika). Le , la Brigade occupe Sklabiňa [6] et y établit son camp de partisans. Le , la Brigade Štefánik est rejointe par une unité de partisans slovaques créée par Viliam Žingor (sk)[7] au début du printemps 1944. Face à ce nouvel afflux de combattants, est finalement décidée la formation de deux brigades : la 1re Brigade tchécoslovaque de partisans Général Štefánik sous le commandement de Piotr Velitchko et la 2e Brigade tchécoslovaque de partisans Général Štefánik sous le commandement de Viliam Žingor[8].

Composition de la Brigade[modifier | modifier le code]

Plaque[9] à la mémoire du bataillon français de la Brigade au centre de la place du Général-Stefanik à Paris.

La Brigade, placée sous le commandement de Piotr Velitchko, est composée de trois bataillons divisés en sections :

  1. Un bataillon soviétique, le « bataillon Souvorov », composé de soldats soviétiques échappés des camps de prisonniers allemands et d’éléments soviétiques parachutés.
  2. Un bataillon français[10], « Groupe des Combattants français en Tchécoslovaquie », par la suite « Bataillon Foch »[11],[12], sous le commandement du lieutenant Georges Barazer de Lannurien, de 2 à 8 sections, dont une section slovaque, les sections françaises composant la « compagnie Leclerc ». La plupart de ses membres sont des prisonniers de guerre français ayant réussi à s’évader des camps allemands et s’étant infiltrés en Slovaquie à partir de la Hongrie. Ensuite, des jeunes travailleurs du Service du travail obligatoire (STO) travaillant dans les usines Škoda à Dubnica les rejoignent à la mi-, ainsi que des Slovaques ayant travaillé en France mais contraints au retour en Slovaquie par le gouvernement de Vichy. Au , ils sont 273 Français, Belges, Slovaques et Yougoslaves (287 en ).
  3. Un bataillon slovaque constitué principalement de déserteurs de l’armée régulière slovaque et de membres du Parti communiste slovaque (KSS)[13].

La Brigade Štefánik compte à son apogée plus de 2 500 hommes et femmes[14].

Champ d’action de la Brigade[modifier | modifier le code]

La Brigade opère principalement dans la région de Martin-Liptovský Mikuláš-Brezno-Banská Bystrica. Après l'écrasement du soulèvement par les nazis et leurs alliés en , elle trouve refuge dans le massif montagneux du Ďumbier et des Hautes Tatras pour y poursuivre ses actions de guérilla.

Actions de la brigade[modifier | modifier le code]

La Brigade bénéficie dès sa création et tout au long de son existence de l’aide militaire soviétique parachutée[15].

La Brigade entre en action avant le déclenchement du soulèvement. À sa création, ses opérations militaires relèvent d’actions de guérilla : occupation de villages, obstruction de tunnels, déraillement de trains, etc. Par la suite, avec l’invasion allemande, puis l’éclatement du soulèvement (), la Brigade combat aux côtés des forces armées régulières slovaques insurgées et participe à de nombreux combats, ce qui lui permet notamment d’être ravitaillée (en uniformes, armement, munitions, nourriture, argent) au même titre que l’armée régulière insurgée.

Leur première action connue est l’occupation et l’expropriation de milliers de couronnes d’une scierie à Turany dans la région de Turiec, le , ainsi que l’exécution de son directeur allemand[16].

Le , des cheminots antifascistes slovaques parviennent à stopper à Martin un train dans lequel se trouvent une trentaine de dignitaires allemands, appartenant à la mission de l’officier Walter E. A. Otto, qui sont conduits dans une caserne. L’Armée slovaque souhaite les désarmer et les faire prisonniers. Elle charge pour cela des volontaires civils afin de ne pas apparaître elle-même impliquée dans une action antigouvernementale alors que l’insurrection n’a pas encore éclaté. Le lendemain , lors du désarmement, une fusillade éclate au cours de laquelle 20 soldats allemands sont tués ainsi que quatre civils. Dix soldats sont faits prisonniers et emmenés par les partisans de la Brigade à Sklabiňa, où ils sont finalement passés par les armes[17].

Le , les forces nazies envahissent la Slovaquie à l'appel de Tiso. Le lendemain, le soulèvement national slovaque éclate. Durant les mois de septembre et octobre, la Brigade participe aux côtés de l'Armée slovaque insurgée à des combats importants contre un ennemi déterminé à reconquérir le territoire libéré en matant la résistance antifasciste slovaque : batailles de Strečno, Zvolen et Brezno.

Fin octobre, alors que le soulèvement se fait écraser par des forces ennemies supérieures en nombre et en armement, le Groupe de combattants français, dont une section entière a disparu, se trouve déconnecté de la Brigade. Le , le reste de la Brigade (bataillon slovaque et bataillon Souvorov) rejoint les vallées de Tichá et de Kôprová dans le massif des Hautes Tatras, où il poursuit ses actions de harcèlement des troupes d’occupation. Le , la Brigade prend le contrôle de Liptovský Hrádok. Elle est rejointe le par la Brigade Staline[précision nécessaire], en provenance de Liptovská Porúbka, et par la 1re Brigade du 1er Corps d’Armée tchécoslovaque ainsi que des éléments de l’Armée rouge.

Durant ses cinq mois d’actions, la Brigade a détruit 8 convois ferrés, 14 chars, 11 voitures blindées, et 3 avions allemands. Elle a également neutralisé des centaines de soldats ennemis[18].

Membres de la brigade[modifier | modifier le code]

  • Le capitaine Georges Barazer de Lannurien, principal officier français de la brigade. L'un de ses cousins, François Barazer de Lannurien, fut Unterscharführer dans la 33e division SS Charlemagne, composée de volontaires français combattant dans l'armée allemande.
  • Albert Acheray, promu au grade de sergent et qui confia ses souvenirs à Armand Toupet pour l'écriture de son livre La Brigade Stefanik. Éditions France Empire, 1991.
  • René Picard, ordonnance du capitaine de Lannurien.
  • Georges Lehmann, lieutenant, blessé durant la bataille de Senohrad et évacué à l'hôpital de Zvolen. L'avion soviétique qui l'emmenait vers un hôpital en URSS fut mitraillé par un chasseur allemand et « les restes de son corps furent découverts dans la montagne qu'après la fin des hostilités »[19].
  • Charles Saulières, l'un des premiers tués au cours d'une offensive contre les Allemands solidement retranchés à Priekopa, qui donnera son nom à l'une des trois sections de la brigade.
  • André Jarmuzewski, tué à Priekopa et enterré à Zvolen avec les honneurs militaires.
  • René Feunette, adjudant-chef, tué à Priekopa et enterré à Zvolen.
  • François Le Goff, tué à Priekopa et enterré à Zvolen.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Samuel Faľtan, Slovenské narodné povstanie a jeho problem, in Slovenské narodné povstanie roku 1944 (Sbornik prispekov z narodooslobodzovacieho boja 1938-1945), Vydavatel’stvo Slovenskej Akadémie Vied, Bratislava 1965, 741 p., p. 222-288, p. 245. Miroslaw Kovarik, La France militaire dans le soulèvement slovaque de 1944, L’Harmattan, 2004, 278 p., p. 144.
  2. Du 26 juillet 1944 à la fin de la guerre, le quartier général des partisans de Kiev parachute ainsi sur le territoire slovaque 53 groupes d’organisateurs partisans, soit environ 1 200 hommes, dont des partisans slovaques expérimentés ayant déjà participé à la lutte des partisans en Ukraine ou en Biélorussie. N. I. Makarov, Sovietski partizáni v Slovenskom národnom povstaní, in Slovenské národné povstanie, zborník materiálov z vedeckej konferencie k 30. výročiu SNP, Nakladateľstvo Pravda, Bratislava, mars 1976, 475 p. p. 367-374, p. 369 et p. 371. Gustáv Husák, Svedectvo o Slovenskom Národnom Povstaní, Nakladateľstvo Pravda, máj 1974, 684 p., p. 219-220.
  3. Gustáv Husák, op. cit., p. 11.
  4. Les combattants français rencontrent le commandant de la Brigade le 16 pour leur incorporation. Georges de Lannurien, « Une action de guerre mal connue : Les combattants français en Slovaquie (août 1944-février 1945) » in Revue historique des armées, no 154, mars 1984, p. 71-103, p. 78.
  5. Gustáv Husák, op. cit.., p. 244.
  6. C’est dans ce village que sera proclamée la République tchécoslovaque en août 1944. Bohuš Chňoupek, Les Résistants de la dernière chance, des Français dans les maquis slovaques, Jacques Grancher, 1986, 189 p., p. 56.
  7. Condamné à mort puis exécuté le 18 décembre 1950 à Bratislava, réhabilité en 1968 par le gouvernement tchécoslovaque et décoré de l’ordre Milan Rastislav Štefánik à titre posthume en 1991, voir Pavel Dvorak, Kto zabil Viliama Žingora?, Rak, 1994, 167 p.
  8. La 2e Brigade Štefánik quitte Sklabiňa le 28 août 1944 pour s’installer plus à l’ouest dans la vallée de Rajecká. Elle compte alors 350 hommes. Ján Repta en est le chef adjoint. Il quitte la Brigade le 29 août 1944 avec 10 autres partisans et se rend à Miajava-Brezova afin d’y créer une unité de partisans. Début septembre 1944, la 2e Brigade compte plus de 1 500 hommes. http://zilina-gallery.sk/wiki/Obrana_Rajeckej_doliny_v_septembri_1944
  9. Texte de la plaque : « En 1944-1945, 147 évadés de guerre et 55 évadés du STO formèrent sous le commandement du capitaine de Lannurien une compagnie de l’armée française qui fut intégrée dans la brigade de partisans « Général Stefanik » en Slovaquie. Cette compagnie participa aux côtés de l’armée slovaque insurgée et de partisans russes à la lutte contre les nazis dans les Carpates. Elle eut 56 tués et 45 blessés. Elle fut citée à l’ordre de l’armée par le général de Gaulle en décembre 1944. »
  10. Pour plus d'informations sur le bataillon français voir : Miroslaw Kovarik, La France militaire dans le soulèvement slovaque de 1944, L’Harmattan, 2004, 278 p. René Picard, L’Ennemi retrouvé, Chez l’auteur, 1953, 348 p. Georges de Lannurien, « Une action de guerre mal connue : Les combattants français en Slovaquie (août 1944-février 1945) » in Revue historique des armées, no 154, mars 1984, p. 71-103. Bohuš Chňoupek, Les Résistants de la dernière chance, des Français dans les maquis slovaques, Jacques Grancher, 1986, 189 p. Armand Toupet, Albert Acheray, La Brigade Stefanik sous commandement russe, les partisans français de Slovaquie, Éditions France-Empire, 1991, 368 p. André Ringenbach, Six années pour la patrie 1939-1945, édité par l’auteur, 1967, 288 p. Ainsi que : http://www.parolesdhommesetdefemmes.fr/l-epopee-d-un-sto-sarcellois-dans-la-resistance-slovaque-contre-les-nazis-article0076.html
  11. Le groupe de combattants français est nommé Bataillon Foch le 21 septembre 1944 alors que Velitchko décide de renforcer le groupe des Français en lui incorporant une soixantaine de volontaires slovaques. Armand Toupet, Albert Acheray, op. cit., p. 210.
  12. « Le bataillon Foch et la Résistance franco-slovaque », sur www.european-security.com (consulté le ).
  13. Armand Toupet, Albert Acheray, op. cit., p. 163. http://www.armandtoupet.fr/livres/adulte/la-brigade-stefanik_1991
  14. Gustáv Husák, op. cit.., p. 373.
  15. René Picard, op. cit., p. 43 s.
  16. (sk) « Komerčný online magazín - Produkty a služby na internete », sur druhasvetova.sk (consulté le ).
  17. (sk) « Komerčný online magazín - Produkty a služby na internete », sur druhasvetova.sk (consulté le ).
  18. (sk) « Vysoké Tatry 1944 - 1945 - Partizánske skupiny », sur wbl.sk (consulté le ).
  19. Albert Acheray dans La Brigade Stefanic, p. 280.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bohuš Chňoupek, Les Résistants de la dernière chance, des Français dans les maquis slovaques, Jacques Grancher, éditeur, Paris, 1986.
  • Armand Toupet et Albert Acheray, La Brigade Stefanik, éditions France Empire, 1991.
  • René Picard, L'ennemi retrouvé, Chez l'auteur 7, avenue Foch à Conflans-Sainte-Honorine, 1953.