Post-communisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Postcommunisme)
Tag anti-totalitaire sur un mur à Bucarest
Tag dénonçant le monopole de la nomenklatura sur l'économie pendant la transition, sur un mur à Bucarest

Le post-communisme est le nom donné à la période de « transition » des anciens pays communistes devenus, selon les cas, des démocraties libérales (surtout en Europe centrale et orientale), des régimes autoritaires ou des dictatures nationalistes (surtout dans l'espace post-soviétique et en Asie).

Caractéristiques de la société post-communiste[modifier | modifier le code]

Sources[1]

La mutation réformiste des partis communistes[modifier | modifier le code]

Après l'effondrement des dictatures communistes, les pays d'Europe centrale et d'Europe de l'Est entament une transition politique et économique majeure, marquée par la rupture avec la dictature, mais aussi avec les valeurs du communisme, et l'adhésion, au moins formellement, aux valeurs de la démocratie libérale de l'Europe occidentale et des États-Unis. Dans la plupart de ces pays, les anciens partis uniques membres de l'Internationale communiste connaissent deux formes d'évolution. Certains choisissent de rester fidèles au marxisme-léninisme, tandis que d'autres s'organisent comme des partis socialistes réformistes, sur le modèle des partis membres du Parti socialiste européen. Cette transformation se traduit par une place prépondérante jouée au sein de la gauche parlementaire des anciens pays communistes.

Les bureaucrates et apparatchiks des anciens partis communistes gardent un poids électoral important en Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Moldavie, Biélorussie, Ukraine et Russie ; dans certains pays, comme la Moldavie, ils gardent aussi le nom et les symboles communistes. Dans d'autres, comme la Pologne et la Hongrie, ils laissent place à des mouvements nationalistes.

Mutation des partis communistes européens
Pays Ancienne appellation Date de mutation Nouvelle appellation
Drapeau de l'Albanie Albanie Parti du travail d'Albanie
Partia e Punës e Shqipërisë - PPSh
Parti socialiste d'Albanie
Partia Socialiste e Shqipërisë - PSSH
Drapeau de l'Allemagne de l'Est Allemagne de l'Est Parti socialiste unifié d'Allemagne
Sozialistische Einheitspartei Deutschlands - SED
Parti du socialisme démocratique
Partei des Demokratischen Sozialismus - PDS
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine Ligue des communistes de Bosnie-Herzégovine
Savez komunista Bosne i Hercegovine - SK BiH
Parti social-démocrate
Socijaldemokratska Partija BiH - SDP
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie Parti communiste bulgare
Bǎlgarska komunističeska partija - BKP
Parti socialiste bulgare
Bulgarska sotsialisticheska partiya - BSP
Drapeau de la Croatie Croatie Ligue des communistes de Croatie
Savez komunista Hrvatske - SKH
Parti social-démocrate de Croatie
Socijaldemokratska Partija Hrvatske - SDP
Drapeau du Danemark Danemark Parti communiste danois
Danmarks Kommunistiske Parti - DKP
Alliance rouge et verte
Enhedslisten - de rød-grønne - Ø
Drapeau de l'Estonie Estonie Parti communiste d'Estonie
Eestimaa Kommunistlik Partei - EKP
Parti travailliste démocratique estonien
Eesti Demokraatlikuks Tööparteiks - EDTP
Drapeau de la Finlande Finlande Parti communiste finlandais
Suomen Kommunistinen Puolue - SKP
Alliance de gauche
Vasemmistoliitto - Vas
Drapeau de la Hongrie Hongrie Parti socialiste ouvrier hongrois
Magyar Szocialista Munkáspárt - MSzMP
Parti socialiste hongrois
Magyar Szocialista Párt - MSZP
Drapeau de l'Italie Italie Parti communiste italien
Partito comunista italiano - PCI
Parti démocrate de la gauche
Partito Democratico della Sinistra - PDS
Drapeau de la Lituanie Lituanie Parti communiste de Lituanie
Lietuvos komunistų partija - LKP
Parti démocratique du travail lituanien
Lietuvos demokratinė darbo partija - LDDP
Drapeau de la Macédoine du Nord Macédoine du Nord Ligue des communistes de Macédoine
Sojuz na Komunistite na Makedonija - СКМ
Union sociale-démocrate de Macédoine
Socijaldemokratski Sojuz na Makedonija – SDSM
Drapeau du Monténégro Monténégro Ligue des communistes du Monténégro (en)
Savez komunista Crne Gore - SKCG
Parti démocratique socialiste du Monténégro
Demokratska Partija Socijalista Crne Gore – DPS
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Parti communiste des Pays-Bas
Communistische Partij Nederland - CPN
Gauche verte
GroenLinks - GL
Drapeau de la Pologne Pologne Parti ouvrier unifié polonais
Polska Zjednoczona Partia Robotnicza - PZPR
Social-démocratie de la République de Pologne
Socjaldemokracja Rzeczypospolitej Polskiej - SdRP
Drapeau de la Serbie Serbie Ligue des communistes de Serbie
Savez komunista Srbije - SKS
Parti socialiste de Serbie
Socijalistička partija Srbije – SPS
Drapeau de la Slovaquie Slovaquie Parti communiste de Slovaquie (sk)
Komunistická strana Slovenska - KSS
Parti de la gauche démocratique
Strana demokratickej ľavice - SDĽ
Drapeau de la Slovénie Slovénie Ligue des communistes de Slovénie
Zveza komunistov Slovenije - ZKS
Parti du renouveau démocratique
Stranka demokratične prenove - SDP
Drapeau de la Suède Suède Parti de gauche – Les communistes
Vänsterpartiet Kommunisterna - VPK
Parti de gauche
Vänsterpartiet - V
Drapeau de l'Ukraine Ukraine Parti communiste d'Ukraine
Komunistychna Partia Ukraïny - KPU
Parti socialiste d'Ukraine
Sotsialistytchna partiya Ukrayiny - SPU

Les révélations sociales et économiques[modifier | modifier le code]

Le début de la transition économique des anciens pays communistes est marqué par la disparition des statistiques truquées et la révélation au grand jour du niveau de vie réel de la population, soumise au chômage de masse et à la pauvreté. Le système étatique, qui permettait de « chômer au travail » contre un salaire modeste, mais assuré, qui tolérait que l'on s'active de manière informelle pendant les heures de « travail », qui contrôlait étroitement la violence et l'insécurité en les encadrant au sein des organes de sécurité du régime (il n'y avait pas d'autre violence publique que celle de l'État) et qui encadrait également les prix, disparaît : les grands combinats industriels incapables de rivaliser avec la concurrence de l'économie de marché ferment, des millions de salariés sont licenciés, les prix atteignent leurs niveaux réels souvent inaccessibles aux retraités et aux salariés surtout modestes.

Les privatisations[modifier | modifier le code]

Cette situation favorise le maintien ou le retour au pouvoir de la nomenklatura, et à travers elle des anciens cadres des partis uniques. Ceux-ci, élus sur des programmes protectionnistes à connotation sociale et « de gauche », n'en déploient pas moins des politiques marquées par la privatisation du secteur public d'État et des systèmes de protection sociale... mais d'abord au profit des oligarques de chaque pays.

Sur le plan immobilier et foncier, la nomenklatura au pouvoir freine la rétrocession des propriétés nationalisées par les régimes communistes à leurs débuts, mais favorise l'accession à la propriété des locataires des grands ensembles immobiliers collectifs construits pendant la période communiste, qui peuvent acquérir leurs logements à des prix modiques, et des ex-kolkhoziens qui acquièrent eux aussi des parcelles de terres arables à peu de frais : cela assure aux forces politiques ex-communistes une base électorale reconnaissante et fidèle qui leur permet de se maintenir au pouvoir, sinon dans l'exécutif (présidences), au moins dans le législatif (parlements).

Effets internationaux[modifier | modifier le code]

Effets en Occident[modifier | modifier le code]

En Europe occidentale, le post-communisme a également une influence sur la ligne politique :

  • des partis communistes de l'Internationale communiste, alignés sur le modèle soviétique qui, en Italie, en Allemagne et en France, sont privés de la logistique du bloc de l'Est et poursuivent leur déclin électoral au profit des partis socialistes ou d'extrême-droite tandis que l'extrême-gauche trotskiste, historiquement opposée à la dérive stalinienne de l'URSS, ne parvient pas à attirer à elle les électeurs ex-communistes ;
  • des forces politiques de droite qui, ne rencontrant plus d'opposition de gauche puissante et structurée, et ne craignant plus de radicaliser cette opposition, formulent des programmes de plus en plus conservateurs, les uns favorisant l'économie mondialisée, les autres le souverainisme.

Effets sur la guerre froide[modifier | modifier le code]

L'effondrement du bloc communiste et la mutation libérale de la Chine ont contribué à la fin de la guerre froide en privant de leurs armements et logistiques une partie des mouvements de guérilla d'inspiration marxiste-léniniste dans le monde, qui ont du cesser leurs combats en Amérique du Sud, Afrique et Asie ; des régimes satellites comme le communisme éthiopien s'effondrent et de leur côté, les États-Unis et leurs alliés en profitent pour cesser leur soutien à des mouvements anticommunistes comme l'Unita angolaise[2]. D'autres guérillas comme les FARC ou les Naxalites ont encore longtemps continué la lutte armée, mais ont du pour cela trouver des ressources locales[3].

La transition post-communiste dans la culture[modifier | modifier le code]

L'Ostalgie[modifier | modifier le code]

La période de transition politique en Europe centrale est particulièrement féconde en production culturelle. Des films comme Good Bye, Lenin! ou plus discrètement Moskva tér mobilisent ainsi les ressorts d'une certaine nostalgie de la période communiste, et a fortiori des premières années de transition. En Allemagne, ce phénomène socio-culturel prend le nom d'Ostalgie, néologisme allemand fondé sur Ost (« Est ») et Nostalgie. En Roumanie, en , soit 16 ans après la fin du régime communiste, la Fondation pour une Société ouverte avait publié un sondage[4] indiquant que les Roumains considèrent le communisme réel, tel que le pays l'a connu, comme :

  • 12 % - une bonne idée aux conséquences globalement positives ;
  • 41 % - une bonne idée mal appliquée aux conséquences globalement négatives ;
  • 34 % - une mauvaise idée aux mauvaises conséquences ;
  • 13 % - autre chose ou ne sait pas.

La culture urbaine contemporaine[modifier | modifier le code]

Dans la cour intérieure du Szimpla Kert à Budapest.

À Berlin, Varsovie, Prague, Budapest et d'autres grandes villes d'Europe centrale, le post-communisme se caractérise également par l'émergence de lieux de vie ou de fête aménagés dans d'anciens immeubles délabrés des centres-villes. Ce sont aussi bien les squats artistiques berlinois que les romkocsmas hongrois. Ce phénomène d'appropriation des centres urbains anciens par une jeunesse éduquée et une classe moyenne en formation peut s'apparenter au phénomène de gentrification observée dans d'autres capitales occidentales.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-François Soulet, Histoire comparée des États communistes de 1945 à nos jours, Armand Colin, coll. « U » 1996 ; Archie Brown, (en) The Rise and Fall of communism, Vintage Books 2009 et Alexandre Zinoviev, Le Communisme comme réalité, Julliard 1981.
  2. Melvyn P. Leffler et Odd Arne Westad, (en) The Cambridge History of the Cold War (Vol. III) : Endings, vol. 3, Cambridge University Press, 2010, 694 p. (ISBN 978-1-107-60231-1).
  3. Paul Kennedy, (en) The Rise and Fall of the Great Powers : Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000, Unwin Hyman, 1988, 704 p. (ISBN 978-0679720195).
  4. « Roumanie : le fantôme du communisme lutte jusqu’à la dernière minute », sur roumanie.com,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]