Porte de la Craffe

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Porte de la Craffe
Vue depuis la Grande-Rue.
Présentation
Type
Style
Gothique
Construction
Propriétaire
Ville de Nancy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Région historique
Département
Commune
Quartier
Coordonnées
Carte

La porte de la Craffe est une porte de Nancy, imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVe siècle au nord de la ville-vieille.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Sise au sein du quartier Ville Vieille - Léopold, la porte marque la limite septentrionale de la Grande-Rue qu'elle relie à la rue de la Citadelle.

Description[modifier | modifier le code]

Côté intérieur de la ville[modifier | modifier le code]

Mâchicoulis en accolades et à consoles formées d'un triple tore.

L'imposant bâtiment, constitué d'une tour centrale carrée où s'insère la porte elle-même, flanquée de deux tours rondes plus élevées, borne la Grande-Rue au nord. Les murs en pierres de taille parées de briques rouges dans les parties basses sont épais de trois mètres[1].

La porte centrale, en forme d'arc brisé en tiers-point, est surmontée d'une niche où l'on a placé une statue en ronde-bosse d'une vierge à l'enfant du XIVe siècle. Deux fenêtres encadrent cette niche et, de part et d'autre, deux bas-reliefs des profils casqués des ducs de Lorraine Raoul (à l'ouest) et Jean (à l'est) se regardent. Un chardon lorrain orne le sommet de la niche, elle-même surmontée d'une croix de Lorraine et d'une ceinture de mâchicoulis en accolades et à consoles formées d'un triple tore, d'un style résolument gothique.

De part et d'autre de la croix de Lorraine, deux têtes casquées en bas-relief se font face. Selon les inscriptions, il s'agit des effigies de Charles II, vainqueur de Louis d'Orléans en à la bataille de Champigneulles et de René II, vainqueur de Charles le Téméraire en à la bataille de Nancy.

L'ensemble est encadré par deux gigantesques tours rondes aux toits coniques, percées de fenêtres permettant les tirs de tous côtés et dont les plus hautes sont surmontées de corbeaux destinés à soutenir des volets de bois disparus[2].

À côté de la tour ouest, un escalier extérieur donne accès à la terrasse au-dessus du passage voûté, ce qui permet de découvrir une échauguette carrée en briques rouges située à l'arrière de la tour est, invisible depuis la rue, ainsi que la façade interne du bâtiment Renaissance surmontant la porte au nord, du côté de la rue de la citadelle.

Passage couvert[modifier | modifier le code]

Côté extérieur de la ville[modifier | modifier le code]

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Le nom de Craffe donné à l'ancienne porte des Bordes de 1380, lui vient soit d'un gentilhomme napolitain, Caraffa, ou du mot allemand Kraft, porte fortifiée, ou plutôt - terme populaire - des détails d'architecture, crampons, agrafes, retenant les pierres[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Unique vestige des fortifications nancéiennes antérieures à Vauban, la porte de la Craffe était la seule entrée située au nord de la ville-vieille de Nancy. Outre sa fonction défensive, elle servit de porte d'honneur aux ducs de Lorraine jusqu'en 1610[1]. Au cours de son histoire, elle connut diverses modifications et restaurations.

Lors de son édification sous le duc Jean Ier de Lorraine (1346-1390) au milieu du XIVe siècle, elle comportait uniquement la tour carrée centrale[4] garnie de mâchicoulis et de bretèches[1] sur les deux faces. Les deux tours rondes, furent ajoutées en 1463[5] et disposaient d'une dizaine de salles fortes[1] qui ont servi de prison jusqu'au milieu du XIXe siècle[4]. Ces tours jumelles, crénelées à l'origine, ont reçu leurs toitures caractéristiques en poivrière surmontées de lanternons au XVIe siècle[5].

En 1505, sous René II, la défense extérieure a été renforcée par la création d'un terre-plein dans le prolongement de la porte, côté campagne au nord, en direction de l'ancien village de Saint-Dizier (actuel faubourg des trois maisons). Ce boulevard est percé d'une nouvelle porte, la porte Notre-Dame, reliée à la Craffe par un tunnel voûté[2].

Lors de la création des bastions à orillons le Duc et le Marquis, à la fin du XVIe siècle (1598), une troisième porte fut ajoutée à l'extérieur de la première enceinte. Elle prit initialement aussi le nom de porte Notre-Dame, prêtant à confusion, mais est connue ensuite sous l'appellation de porte de la Citadelle.

Au XVIIe siècle (1616), la porte de la Craffe fut surmontée d'un toit avec lanternon qui contenait une cloche provenant de l'église Saint-Epvre. En 1633, sous l'occupation française, la façade côté ville est profondément modifiée : Louis XIII y fait plaquer un ordre grec[4] (fronton triangulaire et piliers doriques) qui subsistera jusqu'en 1861, date à laquelle le commandant Trancart la fit restaurer dans le style gothique qu'on lui connaît depuis.

Deux portes piétonnes entourant la porte principale ont été percées en 1870 à la base de chaque tour ronde par Prosper Morey[2].

Au XXe siècle les salles ont été aménagées en musée[6] où étaient entre autres exposés des instruments de torture[1]. La porte a fait l'objet d'une importante restauration en 2012-2013[7] pour régler les problèmes d'étanchéité de la voûte qui causaient des dégradations importantes (dépôt blancs sur les parements en briques, développement de mousses) du fait d'infiltrations des eaux pluviales, pour remplacer le sol de béton et d'enrobé du passage voûté (où la circulation automobile était possible jusqu'en 1991) par un pavage en granit bleu, réparer le sol de la terrasse et conforter les fondations sous l'échauguette.

La Porte est classée monument historique depuis [8].

La Porte de la Craffe est flanquée de deux pavillons XVIIIe siècle tous les deux inscrits depuis 1945, l'un à l'est[9], l'autre à l'ouest[10].

Anciens noms[modifier | modifier le code]

La Porte de la Craffe a eu d'autres noms dans le passé : porte des Bordes, porte Notre Dame, ou Porte Lescraffe[note 1]. Jean-Jacques Lionnois a écrit que le premier nom de cette porte était Porte de la Garaffa du nom d'un gouverneur, gentilhomme napolitain, nommé de la Casa de Garaffa. Dom Calmet en fait un ingénieur qui l'aurait construite[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « La porte de la Craffe tire peut-être son nom du dépotoir, l'escraffe qui se situait à l'extérieur des remparts, près des bordes des lépreux, d'où le nom de porte des bordes trouvé dans un document de 1382 », Sylvie Bazin-Tacchela, Peste et santé publique à Nancy à la Renaissance, in Regards croisés sur la Lorraine et le Monde à la Renaissance. Annales de l'Est, n°1 - 2014. (ISSN 0365-2017), pages 91 à 105.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e [PDF] Nancy tourisme, pages 18 à 20
  2. a b et c Porte de la Craffe, nancy tourisme.fr, consulté le décembre 2015
  3. Émile Badel : Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905 - Tome 1
  4. a b et c La porte de la Craffe, toutnancy.com, consulté le 16 décembre 2015.
  5. a et b La porte de la Craffe sur pss-archi.eu, consulté le 16 décembre 2015.
  6. Visite de la porte de la Craffe, Vidéo INA (1967)
  7. L'aventure du chantier de restauration de la Porte de la Craffe, reportage de la ville de Nancy sur Youtube, mai 2013.
  8. « Porte de la Craffe », notice no PA00106313, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. « Pavillon Est de la porte de la Craffe », notice no PA00106307, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  10. « Pavillon Ouest de la porte de la Craffe », notice no PA00106308, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. Dom Calmet, Notice de la Lorraine qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'Électorat de Trêves, les trois évêches (Metz, Toul et Verdun), chez Mme Georges libraire-éditeur, Lunéville, 1840, tome 2, p. 133 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Jacques Lionnois, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy depuis leur fondation jusqu'en 1788, 1811, tome 1, p. 15-19, 366, 377 (lire en ligne).
  • Pierre Marot, « Nancy. Les fortifications des deux villes », dans Congrès archéologique de France. 96e session. Nancy et Verdun. 1933, Société française d'archéologie, Paris, 1934, p. 36-40
  • Marie-Claire Burnand, « La porte de la Craffe », dans Lorraine gothique, Picard éditeur, Paris, 1989, p. 244-245


Articles connexes[modifier | modifier le code]


Liens externes[modifier | modifier le code]