Porte Beulé

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Porte Beulé
L'extérieur de la porte Beulé, depuis le sud-ouest.
Présentation
Type
Civilisations
Fondation
IIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Partie d'un site du patrimoine mondial UNESCO (d) ()
Site archéologique de Grèce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
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Coordonnées
Carte

La porte Beulé est une porte fortifiée, construite à l'époque romaine, qui donne accès aux Propylées et à l'ensemble de l'Acropole d'Athènes.

La porte Beulé, au premier plan, devant les Propylées. Reconstitution de l'acropole au IIIe siècle.

Histoire[modifier | modifier le code]

La porte se dresse au pied du grand escalier qui, du temps des Romains, menait aux Propylées situés environ 36 mètres à l'est. On a donné à cette porte fortifiée le nom de l’archéologue français Charles Ernest Beulé, membre de l'École française d'Athènes, qui la redécouvrit en 1853 sous un bastion ottoman[1],[2].

Elle a été construite au IIIe siècle, soit à l'époque de l'empereur Valérien[3], autrement dit avant le pillage de la ville par les Hérules en l'an 267-268 apr. J.-C., soit une dizaine d'années après cette incursion germanique[4] par le consul Flavius Septimius Marcellinus[5]. L'édifice intègre une quantité importante de pierres de remploi provenant du monument chorégique de Nicias[6], dont on peut voir des éléments de décoration sur la face extérieure.

Vers le milieu du XIIIe siècle, à l'époque du duché latin d'Athènes, la porte Beulé fut renforcée et sa fonction de passage fut supprimée au profit de la porte de la Victoire située au pied du temple d'Athéna Nikè[7],[8]. À partir du milieu du XIXe siècle, dans le cadre d'un vaste projet de démolition de tous les bâtiments post-classiques présents sur le site de l'acropole[9], la porte Beulé nouvellement redécouverte retrouva sa fonction d'accès monumental[10]. Depuis les années 1960, les visiteurs accèdent toutefois à l'acropole par le cheminement latéral sud-est[11], la porte Beulé faisant office de sortie du site archéologique[5].

Description[modifier | modifier le code]

La porte Beulé mesure près de 23 mètres de large. La partie centrale, d'environ 7 mètres de hauteur et de largeur, est flanquée par deux tours qui s'avancent de plus de 5 mètres vers l'ouest. L'encadrement de porte, d'une hauteur de 3,87 mètres et d'une largeur de 1,89 mètre à sa base, est aligné avec l'entrée principale des Propylées[1].

Détail de la partie centrale de la porte, avec l'inscription dédicatoire du monument de Nicias.

La partie sommitale de la structure centrale est de style dorique, composée d'une architrave en marbre pentélique surmontée de métopes en tuf et de triglyphes en marbre. Au-dessus figure une corniche à mutules réhaussée d'un attique[1].

L'inscription visible sur l'entablement (IG IG II/III³ 4, 467), qui n'est autre que la dédicace du monument chorégique de Nicias, se lit comme suit :

Νι[κ]ί[α]ς Νι[κ]οδήμου Ξυ[π]εταιὼν ἀνέθηκε νικήσας χορηγῶν Ϛεκροπίδι
Πανταλέων Σικυώνιο[ς] ηὔλει, ἆισμα Ἐλπήνωρ Τιμοθέου, Νέ[αι]χμο̣ς ἦρ[12]
« Nicias, fils de Nicomède, du dème de Xypétè (en)[13], a dédié cet autel pour commémorer sa victoire dans le concours avec des garçons de la tribu des Cécropides. Pantaléon de Sicyone a joué de l'aulos, tandis que le chant interprété était Elpénor de Timothée. Neaechmos étant archonte. »[14],[15].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Guides Joanne 1888, p. 41.
  2. Jacques Lucan, Composition, non-composition: architecture et théories, XIXe – XXe siècles, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 612 p. (ISBN 978-2-88074-789-3, lire en ligne), p. 107.
  3. Guides Joanne 1888, p. 42.
  4. (en) Sarah A. Rous, Reset in Stone: Memory and Reuse in Ancient Athens, Madison, University of Wisconsin Press, , 392 p. (ISBN 978-0-299-32280-9, lire en ligne), p. 57–61.
  5. a et b (en) Claire L. Lyons et J. Paul Getty Museum, Antiquity & Photography: Early Views of Ancient Mediterranean Sites, Los Angeles, Getty Publications, , 240 p. (ISBN 978-0-89236-805-1, lire en ligne), p. 131.
  6. Chantal Liaroutzos-Bauer, Que faire avec les ruines ? Poétique et politique des vestiges, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 290 p. (ISBN 978-2-7535-5778-9, lire en ligne), p. 183.
  7. Pascal Dibie, Ethnologie de la porte : des passages et des seuils, Paris, Éditions Métailié, , 422 p. (ISBN 978-2-86424-833-0, lire en ligne), p. 53.
  8. (el) Eftérpi Makrí, Konstantínos Tsákos et Angelikí Vavylopoúlou-Charitonídou, « Το Ριζόκαστρο. Σωζόμενα υπολείμματα: Νέες παρατηρήσεις και επαναχρονολόγηση » [« Rizókastro. Traces survivantes : nouvelles observations et nouvelles datations »], Bulletin de la Société archéologique chrétienne, vol. 32,‎ , p. 329–366 (ISSN 1105-5758, lire en ligne, consulté le ), p. 330.
  9. (el) Thanásis Giochálas et Tónia Kafetzáki, Αθήνα. Ιχνηλατώντας την πόλη με οδηγό την ιστορία και τη λογοτεχνία [« Athènes. Retracer la ville avec un guide d'histoire et de littérature »], Athènes, Estia,‎ , 664 p. (ISBN 978-960-05-1559-6), p. 138.
  10. Jean-Michel Leniaud, Les archipels du passé : Le patrimoine et son histoire, Paris, Fayard, , 374 p. (ISBN 978-2-213-65690-8, lire en ligne), p. 58.
  11. Jean Baelen 1958, p. 92.
  12. IG II/III³ 4, 467
  13. Dème de l'Attique : grec ancien : Ξυπέτη ou Ξυπετῆ.
  14. (en) John M. Camp, The Archaeology of Athens, New Haven, Yale University Press, , 340 p. (ISBN 978-0-300-13815-3, lire en ligne), p. 162.
  15. (en) « IGII34 467 Choregic monument of Nikias, 320/19 BC », sur www.atticinscriptions.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]