Politique étrangère du Sri Lanka

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La politique étrangère du Sri Lanka désigne l’ensemble des relations internationales du république socialiste démocratique du Sri Lanka depuis sa proclamation en mais 1972, vingt-deux ans après son indépendance du Royaume-Uni proclamée en . Lors de l'indépendance, les dirigeants refusèrent de rejoindre l'Union Indienne, rappelant la spécificité du pays, dont la majorité de la population bouddhiste, mais le Sri Lanka est resté proche de l'Inde et de son ancienne puissance coloniale en étant membre du Commonwealth.

Le ministre d'État aux Affaires étrangères du Sri Lanka est Vasantha Senanayake. L'économie du pays, largement dépendante du tourisme, rend indispensable son ouverture sur l'extérieur.

Chronologie des relations[modifier | modifier le code]

Premières années après l'indépendance[modifier | modifier le code]

Le , un gouvernement dirigé par le Premier ministre Don Stephen Senanayake, déclara l'indépendance Les dirigeants refusent de rejoindre l'Union Indienne, rappelant la spécificité du pays, dont sa majorité bouddhiste. Après la mort de Senanayake, une coalition nationaliste singhalaise menée par Bandaranaike gagna les élections. Le gouvernement de S. W. R. D. Bandaranaike, au pouvoir en 1956, instaura le singhalais comme seule langue officielle, première loi emblématique discriminante à l'égard de la minorité tamoule.

En 1972, le bouddhisme est décrété religion d'État et l'admission des Tamouls à l'université devient sélective.

La guerre civile[modifier | modifier le code]

Les Tamouls prennent alors les armes sous forme de plusieurs groupes de guérilla. En 1977, une modification de la loi sur la langue officielle reconnaît à nouveau — mais un peu tard — le tamoul comme langue officielle.

Une guerre civile prend de l'ampleur en 1983, opposant le gouvernement central à l'organisation des Tigres de libération de l'Îlam tamoul (en anglais LTTELiberation Tigers of Tamil Eelam), conduite par Velupillai Prabhakaran, et devenue unique représentante de la résistance armée.

En 2009, le gouvernement de Mahinda Rajapakse lance une offensive décisive avec l'appui logistique de la Chine et du Pakistan, faisant près de 40 000 morts. Les LTTE cessent le combat le après l'annonce de la mort de M. V. Prabhakaran, à la suite de quoi Mahinda Rajapakse déclarera solennellement le devant le Parlement la victoire écrasante de la République démocratique et socialiste du Sri Lanka.

Depuis la fin de la guerre civile[modifier | modifier le code]

En 2011 la RDS du Sri Lanka continue de percevoir des fonds importants de l'ensemble de la Communauté internationale sous forme d'aide au développement et à la reconstruction.

En absence d'observateurs, ou de journalistes étrangers, le gouvernement reste libre de comptes à rendre sur ses intentions de dialogue, mais il est à signaler que son budget d'armement n'a pas baissé depuis 2009.

Des ONG dénoncent le fait que le gouvernement a abandonné les populations tamoules et a donné les pleins pouvoirs et assuré l'impunité à l'armée dans les régions tamoules depuis la fin de la guerre contre les terroristes du LTTE[1].

Relations avec les pays d'Asie-Pacifique[modifier | modifier le code]

En 1997, le Sri Lanka est devenu membre de l'Initiative de la baie du Bengale pour la coopération technique et économique multisectorielle (BIMSTEC) qui inclut également le Bhoutan, l'Inde, le Népal, la Thaïlande et le Myanmar.

Relations avec l'Inde[modifier | modifier le code]

Le président du Sri Lanka Maithripala Sirisena en compagnie du Premier ministre indien Narendra Modi en février 2015

L'Inde et le Sri Lanka partagent une frontière maritime délimitée en 1976 au niveau du Détroit de Palk[2].

Les deux pays sont également proches sur le plan économique, l'Inde étant le plus grand partenaire commercial du Sri Lanka et partenaire au sein d'une zone de libre-échange, complétée en 2016 par Accord de coopération économique et technologique (ETCA)[3].

L'Inde et le Sri Lanka sont tous deux membres du Commonwealth.

Relations avec la Chine[modifier | modifier le code]

La Chine est de longue date un investisseur majeur au Sri Lanka, une tendance qui s'est accéléré sous la présidence de Mahinda Rajapakse entre 2005 et 2015, créant une forte dépendance de Colombo lourdement endetté à l'égard de Pékin[4]. En 2021, Selon le gouvernement sri-lankais, le Sri Lanka doit environ 10% de sa dette extérieure de 35 milliards de dollars à la Chine, soit plus de 3 milliards de dollars[5].

Le port de Hambantota, construit entre 2008 et 2010 avec des financements chinois, est passé sous le contrôle de China Merchants Port Holdings fin 2017 dans le cadre d’un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans, après que le Sri Lanka eut échoué à honorer la dette contractée pour sa construction[6], en échange de l'effacement d'un milliard de dollars d'emprunt chinois[5].

En janvier 2022, le Ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, se rend au Sri Lanka pour une visite de 2 jours pour échanger avec le président Gotabaya Rajapaksa et d'autres responsables et pour célébrer les 65 ans de relations diplomatiques entre les deux pays[7].

Relations avec le Japon[modifier | modifier le code]

En 2007, 2,4 % des exportations du Sri Lanka étaient destinées au Japon, essentiellement constituées de thé, du caoutchouc, du poisson et des pierres précieuses[8].

Relations avec les Maldives[modifier | modifier le code]

Le Sri Lanka a une frontière maritime avec les Maldives située sur un seul point dans l'Océan Indien[9].

Les Maldives ont une ambassade au Sri Lanka depuis leur sortie du Commonwealth en 2014. Le premier ambassadeur des Maldives au Sri Lanka est alors une femme, l'ambassadrice Zahiya Zareer. Elle est démise en 2017 pour un différend diplomatique à propos d'un complot[10],[11].

Relations avec les pays européens et occidentaux[modifier | modifier le code]

Relations avec les États-Unis[modifier | modifier le code]

L'ambassadrice américaine au Sri Lanka est Alaina Teplitz[12].

En , le secrétaire d'État américain Mike Pompeo se rend à Colombo et rencontre le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa avec qui il déclare lors d'une conférence de presse que le Sri Lanka est un puissant partenaire stratégique pour les États-Unis sur la scène mondiale[13].

Relations avec l'Union européenne[modifier | modifier le code]

Les relations entre le Sri Lanka et l’Union européenne remontent à 1975 avec la conclusion d'un accord de coopération commerciale[14]. La délégation de l’Union à Colombo est ouverte en 1995, suivi la même année par l'entrée en vigueur d'un accord de partenariat et de développement[14].

Relations avec le Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Le Sri Lanka a été une colonie britannique entre 1796 à 1948. Au XIXe siècle, à l'instar de l'Inde, l'administration anglaise introduit au Sri Lanka la culture du thé, ainsi qu'un réseau ferroviaire.

En 2018, près de 250 000 Britanniques ont visité le Sri Lanka, soit la troisième nationalité la plus représentée parmi les visiteurs étrangers[15].

Relations avec la Norvège[modifier | modifier le code]

Pendant la guerre civile du Sri Lanka, la Norvège a joué un rôle de médiateur officiel entre 2000 et 2009, sans parvenir à une réconciliation entre les parties en conflit[16]. En , le gouvernement du Sri Lanka fait part à la Norvège de son exclusion du processus de paix, ce à quoi le pays scandinave répond que sa mission avait de facto déjà pris fin à la suite de la reprise des hostilités en 2006[16].

Relations avec le Vatican[modifier | modifier le code]

Le pape Jean-Paul II se rend au Sri Lanka en 1995[17].

En , le pape François se rend au Sri Lanka pour une visite de deux jours axée sur la réconciliation et le respect des droits de l'homme, où il est acclamé par des centaines de milliers de personnes le long de la route entre l'aéroport et le centre-ville Colombo[18].

Il déclare devant des responsables bouddhistes, hindous, chrétiens et musulmans réunis au mémorial Bandaranaike que « les croyances religieuses ne doivent jamais être autorisées à être détournées en faveur de la violence et de la guerre »[18].

Le Sri Lanka compte environ 7 % de chrétiens, mais l'Église joue un rôle particulier de médiateur entre les communautés puisqu'il y a des catholiques tant chez les Cinghalais que chez les Tamouls[18].

Relations avec le Moyen-Orient.[modifier | modifier le code]

Relations avec Israël[modifier | modifier le code]

Sri Lanka et Israël ont noué des relations diplomatiques en 2000[19].

En , le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou offre son aide au Sri Lanka après les attentats islamistes du Sri Lanka[19].

Le Sri Lanka participe aux forces internationales de la FINUL chargé de sécuriser la frontière entre le Liban et Israël, avant un contingent de 8000 soldats sri-lankais[20].

Relations avec le Liban[modifier | modifier le code]

Le Sri Lanka a une ambassade au Liban depuis 1997 où l'ambassadrice zctuelle est Wijerathno Mendis, mais le Liban n'a pas d'ambassade à Colombo[20].

En , le ministre d'État aux Affaires étrangères du Sri Lanka est Vasantha Senanayake se rend au Liban et rencontre son homologue libanais Gebran Bassil, ainsi que le président du Liban Michel Aoun[20]. Leurs échanges portent sur le développement de relations bilatérales, via des vols directs entre les deux pays, l'ouverture d'une ambassade à Colombo, et davantage d'échanges commerciaux[20].

Le Sri Lanka participe aux forces internationales de la FINUL chargé de sécuriser la frontière entre le Liban et Israël, avant un contingent de 8000 soldats sri-lankais[20].

En , à la suite de l'explosion au port de Beyrouth provoquant la mort de plus de 200 habitants de la capitale libanaise, le Sri Lanka envoi de près de deux tonnes de thé de Ceylan pour les sinistrés[21].

Relations avec l'Iran[modifier | modifier le code]

Le Sri Lanka entretient des relations commerciales avec l'Iran, consistant essentiellement en des échanges de matières premières énergiques et alimentaires[22]. Le Sri Lanka importe d'Iran du pétrole et du gaz, principaux produits d'exportations de la République islamique, tandis que les Iraniens, grands consommateurs de thé, en importaient près de la moitié du Sri Lanka en 2016[22].

En décembre 2021, le Sri Lanka, dans l'impossibilité de régler financièrement une importation pétrolière d'Iran à cause des sanctions américaines bloquant les transactions financières, paie sa dette avec une exportation de thé d'un montant de 251 millions de dollars[22].

Les exportations non pétrolières d'Iran vers le Sri Lanka sont minimes, inférieures à 100 millions de dollars par an[22].

Relations avec le continent africain[modifier | modifier le code]

Relations avec le Nigéria[modifier | modifier le code]

En , le général sri-lankais Jayasuriya se rend au Nigeria, pour faire part à l'état-major de l'armée nigériane de son expérience anti-insurrection après la fin de la guerre civile[23]. Le Nigeria est alors en proie à l'insurrection islamiste de Boko Haram, et déclare vouloir s'inspirer du Sri Lanka pour en venir à bout[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Vanessa Dougnac, « Sri Lanka : la face cachée du tourisme », sur lepoint.fr, .
  2. « SRI LANKA », sur www.un.org (consulté le )
  3. « India, Sri Lanka to sign ETCA pact this year: Wickremesinghe », The Economic Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Comment la Chine a fait main basse sur le Sri Lanka », sur Courrier international, (consulté le )
  5. a et b « À court d'argent, le Sri Lanka demande un rééchelonnement de sa dette à la Chine », sur RFI, (consulté le )
  6. « Face à la Chine, les pays asiatiques craignent pour leur souveraineté – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  7. « Le Sri Lanka cède à la pression chinoise sur les engrais », sur lexpress.mu, (consulté le )
  8. (en) « Sri Lanka should make better use of existing trade deals: experts »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Bilaterals.org, (consulté le )
  9. « greement between Sri Lanka, India and Maldives concerning the Determination of the Trijunction Point between the three Countries in the Gulf of Mannar », UN,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « Govt to dismiss Maldivian ambassador to Sri Lanka », The Edition (consulté le )
  11. (en-US) « Expulsion of ‘bomb plot suspect’ from Sri Lanka sparks diplomatic row » (consulté le )
  12. « Sri Lanka: les Etats-Unis assurent n'avoir eu aucune information préalable sur des attentats », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  13. « En tournée en Asie, Pompeo dénonce le comportement prédateur de la Chine », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  14. a et b SEAE - 2013
  15. « Attentats : le Royaume-Uni ne déconseille plus les voyages au Sri Lanka », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  16. a et b « Colombo met fin à la médiation de paix norvégienne », sur France 24, (consulté le )
  17. « Apostolic Journey to Sri Lanka: Meeting with the Bishops of the Episcopal Conference of  Sri Lanka (January 21, 1995) | John Paul II », sur www.vatican.va (consulté le )
  18. a b et c « François au Sri Lanka, entre ferveur et tiédeur... », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  19. a et b « Israël conseille à ses ressortissants de quitter le Sri Lanka », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  20. a b c d et e « Le Sri Lanka veut développer ses relations avec le Liban », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  21. « Baabda se défend d'avoir détourné 1.675 kilos de thé srilankais à destination des sinistrés », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  22. a b c et d « Le Sri Lanka va payer à l'Iran une dette de pétrole avec du thé », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  23. a et b « Nigeria : faire avec Boko Haram comme le Sri-Lanka avec les Tigres Tamouls ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )