Police partout, justice nulle part

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Le député Victor Hugo, caricaturé par Honoré Daumier en 1849.

« Police partout, justice nulle part » est une partie d'une citation de Victor Hugo prononcée en à l'Assemblée nationale. Ce « mot » (selon les propres termes de son auteur) sera repris lors de manifestations ou de mouvements de protestations à l'égard de la police, notamment durant les XXe siècle et XXIe siècle[1].

Origine[modifier | modifier le code]

L'écrivain français Victor Hugo, alors représentant (député) de la Seine[2], participe au débat de l'Assemblée nationale législative élue en 1849 et intervient contre la loi Rouher qui limite la liberté de la presse. Pressentant les tentatives de déstabilisation du régime par le président Louis-Napoléon Bonaparte[3] qui demandait une révision de la constitution pour lui permettre de se représenter dès la fin de son mandat et ses tentatives de compromis avec le parti de l'ordre, l'auteur de Notre-dame de Paris prononce cette phrase le [4] devant les députés :

« Ce gouvernement, je le caractérise d’un mot : la police partout, la justice nulle part. »[5]

Postérité[modifier | modifier le code]

Cette phrase, plus que centenaire, est encore utilisée au XXIe siècle, en France et dans d'autres pays occidentaux, notamment par des groupes ou des mouvements généralement liés à l'extrême gauche qui considèrent généralement l'exercice de la justice légale comme une « justice de classe » et ainsi dénoncée comme étant à la solde du système capitaliste[6].

Elle reste une des citations politiques les plus célèbres de l'auteur avec notamment « L’Église chez elle et l’État chez lui », phrase prononcée lors d'un discours devant cette même assemblée, un an auparavant.

Années 2000[modifier | modifier le code]

Pancarte portant le slogan "Police Everywhere, Justice Nowhere" tenue par un manifestant devant le capitole de Saint-Paul aux USA
  • Le colloque « Police partout, justice nulle part ? ou la gestion des incivilités », colloque organisé le à Bruxelles (Belgique)[7].
  • En 2009, en France, l'affaire Julien Coupat, militant proche des situationnistes, suspecté d'avoir formé une « cellule invisible » et à laquelle est imputé le sabotage d'une caténaire de ligne TGV déclenchera une importante polémique. Le , une manifestation pour la libération de Julien Coupat est organisée à Paris dont les participants scandent des slogans tels que « police partout, justice nulle part ! »[8].

Années 2010[modifier | modifier le code]

  • Le , une manifestation contre la violence policière est organisée dans les rues du centre-ville de Montréal (Canada). De nombreux manifestants rassemblés lancent la phrase « Police partout, justice nulle part ! »[9].
  • Le , à Paris selon la police et des témoins, de nombreux contre-manifestants violents scandant « Police partout, justice nulle part » en marge d'une manifestation de policiers située non loin de là, s'en prennent à une voiture de police et à des policiers[10].
  • Le , la décision du jury populaire qui a acquitté un policier de Saint Anthony dans le Minnesota, qui avait abattu un automobiliste noir, entraînent des manifestations devant le Capitole de l'État[11]. Un manifestant porte une pancarte indiquant la traduction anglaise de la citation hugolienne : « Police Everywhere Justice Nowhere » (photo).
Lors du mouvement des gilets jaunes, de nombreux manifestants ont lancé des slogans opposant leur vision d'une justice absente et d'une police omniprésente
  • Le , durant une manifestation contre les violences policières et en soutien aux migrants organisée à Paris, des manifestants ont scandé des slogans dont « Police partout, justice nulle part »[12].
  • Au lendemain de la manifestation française du , liée à la deuxième journée de manifestations du mouvement des Gilets jaunes de l'automne 2018, un article d'Alexis Feertchak évoque la citation en ces termes « un de nos journalistes a aussi pu identifier vers 20h00, un petit groupe scander "Justice nulle part, police partout", slogan de l'ultra gauche inspiré de Victor Hugo. »[13].
  • Toujours pendant le mouvement français des Gilets jaunes, le , pendant une manifestation lycéenne contre Parcoursup, la réforme du baccalauréat et les violences policières, le slogan est utilisé[14].
  • À la suite de l'enquête liée à l'affaire Steve Maia Caniço et répondant au mot d’ordre « après Steve, à qui le tour ? », quelques centaines de « gilets jaunes » ont défilé dans les rues piétonnes de Toulouse, en scandant : « police partout, justice nulle part », le [15]. Cette phrase a également été lancée, dans ce cadre, le même jour à Montpellier[16].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Texte original[modifier | modifier le code]

Le recueil de notes et de mémoires de Victor Hugo « Choses vues », publié à titre posthume, évoque cette citation.

Évocations de la citation[modifier | modifier le code]

  • La revue « Les temps nouveaux » présente dans son premier numéro (), un article dénommé « Banlieues, police partout, justice nulle part ? » signé par Evelyne Sire-Marin, ancienne présidente du syndicat de la magistrature[17].
  • « L'admirable police : Tenir Paris au siècle des Lumières » (dont le chapitre 10 s'intitule « Police partout, justice nulle part ? ») par Vincent Milliot, édition Champ Vallon, (ISBN 979-10-267-0439-3)[18].
  • La Vengeance de Baudelaire : cette phrase est citée dans un sens péjotratif, dans le chapitre 28 roman de Bob Van Laerhoven[20].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Site Horizons du Monde, article "« Police partout, justice nulle part », crient les banlieues françaises", publié le 3 avril 2017
  2. Site du Sénat, page sur le bicentenaire de Victor Hugo, représentant de la Seine, consulté le 24 octobre 2018
  3. Site OpenEdition, livre "Victor Hugo : Espace et Politique (jusqu'à l'exil : 1823-1852", chapitre VII, de Franck Laurent
  4. « Discours à l’Assemblée législative 1849-1851 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  5. Citations de Victor Hugo, homme politique, Sénat.fr, consulté le 20 octobre 2018
  6. Site du NPA, page "Police partout, justice nulle part… Que faire ?", consulté le 22 octobre 2018.
  7. Site du Journal du Droit des jeunes sommaire du numéro 246 de juin 2005, consulté le 22 octobre 2018
  8. Site du journal 20 minutes, article "Manifestation de soutien à Julien Coupat à Paris", publié le 31 janvier 2009.
  9. Site la presse, article "Manifestation contre la brutalité policière: peu de casse, 258 arrestations", publié le 16 mars 2011.
  10. Site Capital.fr, article "les policiers manifestent contre la haine anti-flics", publiée le 18 mai 2016
  11. Site du quotidien Libération, article "Etats-Unis : acquittement du policier qui a abattu Philando Castile en 2016"publié le 16 juin 2016
  12. Site du quotidien "Le Monde", article "À Paris, une manifestation contre les violences policières et en soutien aux migrants", publié le 17 mars 2016
  13. Site du journal le figaro, article d'Alexis Feertchak "«Gilets jaunes» : le point sur la situation au lendemain d'une journée émaillée d'incidents, publié le 25 novembre 2018
  14. « Lycéens : « Macron nous fait la guerre et sa police aussi ! » », sur lepoint.fr,
  15. « Affaire Steve Maia Caniço: Tensions lors de la manifestation contre les violences policières à Nantes », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  16. « Mort de Steve : des rassemblements à Perpignan et Montpellier », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le )
  17. Site BNF Gallica "Revue La Pensée N°363, juillet/septembre 2010, consulté le 22 octobre 2018
  18. Google livre "« L'admirable police »: Tenir Paris au siècle des Lumières, consulté le 22 octobre 2018
  19. Google livre "Islanova, consulté le 22 octobre 2018
  20. [https://books.google.fr/books?id=0BQDbUSZyAQC&pg=PT112&dq=police+partout+justice+nulle+part&hl=fr&sa=X&ved Google livre "La vengeance de Baudelaire", consulté le 9 novembre 2018

Articles connexes[modifier | modifier le code]