Plateforme de glace de Bach

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Plateforme de glace de Bach
Plateforme de glace de Bach et la péninsule Antarctique
Plateforme de glace de Bach et la péninsule Antarctique

Pays Drapeau de l'Antarctique Antarctique
Région
Type Plateforme de glace
Superficie 4 536 km2 (2010)
Coordonnées 72° S, 72° O

Géolocalisation sur la carte : Antarctique
(Voir situation sur carte : Antarctique)
Plateforme de glace de Bach

La plateforme de glace de Bach, ou barrière de glace de Bach, est une plateforme de glace située en Antarctique, au sud de l'île Alexandre-Ier.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Portrait de Jean-Sébastien Bach, qui a donné son nom à la plateforme de glace.

La plateforme de glace tire son nom du compositeur, musicien et organiste allemand Jean-Sébastien Bach. La grande majorité des modelés de l'île sur laquelle est adjacente la plateforme de glace de Bach porte le nom de compositeurs. Bien que les russes soient les premiers à découvrir l'île, ce sont les membres du British Antarctic Survey, un comité gouvernemental britannique, qui nomment les différents modelés. C'est quand les connaissances sur le continent se sont accrues que le Dr Brian Birley Roberts propose de nommer les nouveaux modelés de façon simplifiée, c'est-à-dire non plus par rapport au nom du découvreur ou explorateur mais bien par rapport à un thème donné. Il s'avère que l'île Alexandre-Ier s'est rapidement vu attribuer pour thème principal les compositeurs classiques[1].

Le nom de la plateforme est officiel et ne connait pas de variant. Il reçoit le nom du compositeur allemand le 1er janvier 1961 par l'UK Antarctic Place-names Committee (UK-APC)[2].

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

La péninsule Beethoven et ses modelés, avec la plateforme de glace de Bach au sud-est de la carte, dans le coin inférieur droit.

La plateforme de glace se situe au sud de l'île Alexandre-Ier, dans la mer de Bellingshausen[3], au niveau de la baie Couperin et de l'entrée de Ronne. La comprend quatre unités d'écoulement, des anses : Weber, Boccherini, Stravinsky et Williams[4]. Deux autres modelés se situent directement à l'intérieur de la plateforme, faisant partie non pas de l'île Alexandre-Ier mais de son archipel. Ces modelés sont l'île Ives et les îles Landy[5]. Elle est directement rattachée à l'île, d'ouest en est, aux péninsules Beethoven, Shostakovich et Monteverdi[5],[6].

Plusieurs glaciers viennent directement plonger sur la plateforme. Ce sont, d'ouest en est, les glaciers Alyabiev, Arensky, Dargomyzhsky et Glazunov. Les autres modelés de l'île situés le long de la plateforme sont, d'ouest en est : le cap Berlioz, le dôme Bennett, le pic Gluck, le pic Hageman, le pic Duffy, les pics Staccato, le pic Krieger, la crête Polarstar, l'Obélisque, le pic Gilliamsen, les nunataks Astraea, les nunataks Ceres et le cap Rossini[5].

Revendication[modifier | modifier le code]

C'est une situation presqu'unique qui s'offre à la plateforme de glace de Bach : elle est revendiquée par trois pays. Bien que, depuis le Traité sur l'Antarctique, il soit impossible d'annexer quelque partie qu'il soit de l'Antarctique, les pays souverains ont le droit de revendiquer et de se disputer des parts de l'Antarctique. La péninsule Antarctique étant très convoitée, la plateforme de glace est revendiquée par le Chili (Territoire chilien de l'Antarctique), par le Royaume-Uni (Territoire antarctique britannique) et par l'Argentine (Antarctique argentin).

Superficie et épaisseur[modifier | modifier le code]

Avec le changement climatique, les plateformes de glace de l'Antarctique fondent beaucoup et perdent en superficie. La plateforme de glace de Bach s'étend en 2010 sur 4 536 km2[4]. Entre cette mesure de superficie et 2020, la plateforme a perdu 120,6 km2[7] selon Tom Holt. En 2022, il est encore prévu que 3,2 % de sa superficie totale peut encore fondre sans changer la dynamique de la plateforme[4],[8]. Mais d'autres sources, par exemple celle des scientifiques Alison Cook et David Vaughan, donnent des chiffres différents (4 487 km2 de superficie à l'été austral de 2008 à 2009 pour 311 km2 de perdu depuis 1950)[9] tandis que Andrew Shepherd et Neil Peacock avançaient une superficie de 4 700 km2 environ[3] ou encore les chiffres avancés par Michael Schodlok, Dimitris Menemenlis et Eric Rignot[10]. Sans compter les différents facteurs comme par exemple l'eau plus chaude en provenance de l'entrée de Ronne, qui affecte cependant beaucoup moins cette plateforme de glace que d'autres[11],[12].

En 2005, la plateforme avait une épaisseur moyenne de 14,6 mètres[4] et perdait, sur la période entre 1994 et 2016, un peu moins de 0,2 mètre d'épaisseur par an[13].

Ces deux données sont logiquement influencées par les différents écoulements dont les vitesses les plus importantes ont été enregistrées sur la période 2019-2020 sur l'anse de Boccherini[14], avec une vitesse de 150 mètres par an[15].

Histoire[modifier | modifier le code]

La plateforme est découverte en février 1940 pendant l'expédition américaine menée par l'amiral Richard Byrd. Il faut attendre les premières images aériennes pour qu'une cartographie approximative soit faite mais c'est pendant l'été austral de 1947-1948 qu'une cartographie complète sera réalisée sur base de photographies aériennes prises lors de l'expédition américaine de Finn Ronne.

Glaciologie[modifier | modifier le code]

Le glaciologue britannique David Glyn Vaughan, après avoir étudié et observé des marées sur la plateforme de glace de Filchner-Ronne, a appliqué un modèle de flexion des marées sur les bords de plateformes de glace sur celle de Bach, et ce fut un succès, obtenant des données scientifiques jusque là jamais obtenues. Après cette expérience, il affirme pouvoir facilement appliquer ce modèle ailleurs[16].

En 2022, une étude menée par le Centre de Glaciologie du Département de Géographie et des Sciences de la Terre de l'Université d'Aberystwyth, au Pays de Galles, permet, grâce à des images satellites de Landsat 7, Landsat 8, Sentinel-2 et ASTER, datant de 1999 à 2020, de mesurer la diminution de surface et d'épaisseur de plusieurs plateformes de glace dont celle de Bach avec Stange et George VI[17],[18]. Parmi les trois plateformes de glace, celle de Bach a le plus reculée sur les vingt dernières années. Pour la décennie 2030, la plateforme de glace de Bach pourrait diminuer encore plus rapidement, la glace stabilisatrice ayant déjà presque disparue. Cette fonte se constate surtout sur le front; sur la période 1973-1974, la forme était sinusoïdale[19] et a tendance à devenir concave plus la fonte s'accentue[14].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Alison J. Cook et David Glyn Vaughan, Overview of areal changes of the ice shelves ont the Antarctic Peninsula over the past 50 years, vol. 4 : The Cryosphere, Cambridge, British Antarctic Survey, , p. 77-98. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Andrew Shepherd et Neil R. Peacock, Ice shelf tidal motion derived from ERS altimetry, vol. 108 : Journal of Geophysical Research, Londres, University College de Londres, , 9 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) David Glyn Vaughan, Tidal flexure at ice shelf margins [« Flexion des marées sur les bords des plateformes de glace »], vol. 100/B4 : Journal of Geophysical Research: Solid Earth, , p. 6213-6224. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Geoffrey Hattersley-Smith, The History of Place-Names in the British Antarctic Territory [« L'histoire des toponymes dans le Territoire antarctique britannique »], vol. 113/1 : British Antarctic Survey Scientific Reports, Cambridge, British Antarctic Survey, , 349 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Helen Amanda Fricker et Laurie Padman, Thirty years of elevation change on Antarctic Peninsula ice shelves from multimission satellite radar altimetry, vol. 117 : Journal of Geophysucal Research, , 17 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Michael P. Schodlok, Dimitris Menemenlis et Eric J. Rignot, Ice shelf basal melt rates around Antarctica from simulations and observations, vol. 121 : Journal of Geophysical Research: Oceans, AGU Publications, , p. 1085-1109. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Susheel Adusumilli, Helen Amanda Fricker, Matthew R. Siegfried, Laurie Padman, Fernando S. Paolo et Stefan R. M. Ligtenberg, Variable Basal Melt Rates of Antarctic Peninsula Ice Shelves, 1994-2016, vol. 45 : Geophysical Research Letters, AGU 100, , p. 4086-4095
  • (en) Tom Holt, An Assessment on the Stability of Southwest Antarctic Peninsula Ice Shelves, Université d'Aberystwyth,
  • (en) Tom Holt et Neil F. Glasser, Changes in area, flow speed and structure of southwest Antarctic Peninsula ice shelves in the 21st century [« Changements dans la superficie, la vitesse d'écoulement et la structure des plateformes de glace du sud-ouest de la péninsule Antarctique au XXIe siècle »], vol. 68/271 : Journal of Glaciology, Aberystwyth, Université d'Aberystwyth, , p. 927-945. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Hattersley-Smith 1991, p. 88
  2. « Geographic Names Information System », sur edits.nationalmap.gov (consulté le )
  3. a et b Shepherd et Peacock 2003, p. 2
  4. a b c et d Holt 2022, p. 929
  5. a b et c « Antarctic Research Atlas », sur lima.usgs.gov (consulté le )
  6. Cook et Vaughan 2010, p. 87
  7. Holt 2022, p. 930
  8. Holt 2022, p. 939
  9. Cook et Vaughan 2010, p. 81
  10. Schodlok, Menemenlis et Rignot 2015, p. 1090
  11. Schodlok, Menemenlis et Rignot 2015, p. 1101
  12. Flicker et Padman 2012, p. 13
  13. Holt 2022, p. 938
  14. a et b Holt 2022, p. 934
  15. Holt 2022, p. 931
  16. Vaughan 1995, p. 6213
  17. Holt 2022, p. 927
  18. Holt 2022, p. 928
  19. Holt 2022, p. 932