Pieter de Hooch

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Pieter de Hooch
Autoportrait (1648), Rijksmuseum, Amsterdam
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pieter Hendricksz. De Hooch
Nationalité
néerlandaise
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Activité
Maître
Élève
Lieux de travail
Mouvement
Mécène
Justus de La Grange
Influencé par
A influencé
Œuvres principales

Pieter Hendricksz. de Hooch[1] (Rotterdam, baptisé le [2] – Amsterdam, entre 1684 et 1694[3]) est un peintre néerlandais (Provinces-unies) du siècle d’or. Représentant du baroque, il est considéré comme l’un des principaux maîtres de la scène de genre.

Biographie

Portrait de famille dans une cour de Delft (1658-1660), Académie des beaux-arts de Vienne

Pieter de Hooch est baptisé à l’Église réformée de Rotterdam le . Son père, Hendrick Hendricksz. De Hooch, était maçon, et sa mère, Annetge Pieters, sage-femme. Il est l’aîné de cinq enfants, mais les quatre autres mourront tous en bas âge. Selon Arnold Houbraken, c’est à Haarlem, entre 1645 et 1647 environ, qu’il aurait fait son apprentissage en même temps que Jacob Ochtervelt chez le peintre paysagiste Nicolaes Berchem ; son œuvre ne montre cependant aucune parenté stylistique avec celle de ce dernier. Roland E. Fleischer, quant à lui, soutient l’hypothèse que de Hooch aurait été à Rotterdam l’élève de Ludolf de Jongh[4], ce qui semble plausible, étant données les similitudes de style entre les premières œuvres de De Hooch et les réalisations de De Jongh. Par la suite, De Hooch subira l’influence de Rembrandt et de Carel Fabritius.

La première source qui le mentionne comme résidant à Delft date d’ : lui et Hendrick van der Burch, son apprenti, sont alors mentionnés comme témoins lors de l’ouverture d’un testament. Il y travaille surtout pour un riche marchand de linge et collectionneur de peintures du nom de Justus de La Grange, lequel possédera en 1655 au moins onze œuvres du peintre. De Hooch épouse la sœur de Van der Bruch, Jannetje, en  – de leur union naîtront sept enfants. Dès l’année suivante, en 1655, il est inscrit dans la guilde de Saint-Luc locale. Les débuts de la période à Delft sont marqués par la pauvreté car, si l’on excepte les commandes de La Grange, ses œuvres, scènes comiques aux couleurs sombres, ne rencontrent pas le succès.

Vers 1658, le style de De Hooch évolue vers plus de clarté ; ses représentations deviennent plus aérées et, grâce à l’utilisation de la perspective, elles gagnent également en profondeur. Vraisemblablement influencé par Johannes Vermeer (voir plus bas) il réalise ses meilleures œuvres pendant cette courte période – jusqu’en 1662 environ.

Personnages dans une arrière-cour (1663-1665), Rijksmuseum, Amsterdam

En 1660 ou 1661, il part s’établir à Amsterdam, où l’une de ses filles – Diewertje – se fait baptiser dans la Westerkerk (« Église de l’Ouest ») en date du . Là, de Hooch entre sans doute en contact avec la haute société comme l'attestent les riches et élégants intérieurs qu'il représente. Les formats sont plus grands, mais le style pictural plus lourd, avec des ombres moins transparentes. On connaît de cette période moins d’œuvres de Pieter de Hooch.

Malgré de riches clients, Pieter de Hooch passe ses premières années à Amsterdam dans un quartier pauvre. Ce n’est qu’en 1668 qu’il emménage dans un meilleur quartier, ses moyens ne lui permettant toutefois pas d’acheter sa propre maison.

Peu de choses sont connues des dernières années de la vie de Pieter de Hooch. On l’a souvent, alors, confondu avec son fils, Pieter Pietersz. De Hooch, qui semble avoir été également son apprenti. Celui-ci est mort dans l’Asile de fous (la Dolhuis) d’Amsterdam, où il était interné depuis 1679, et fut enterré le au cimetière Saint-Antoine (St. Anthonius Kerkhof)[5]. On ignore l’année où Pieter de Hooch père est mort, soit la même année que son fils, soit dans la décennie qui suivit.

Œuvre

Fête musicale dans une cour (1677)
National Gallery, Londres

Arnold Houbraken, important auteur de biographies de peintres, ne disposait en 1719 que de peu d’informations concernant Pieter de Hooch. Dans le jugement qu’il porte sur son œuvre, il le qualifie comme « ayant excellé dans la peinture d’intérieurs avec des groupes de messieurs et dames ». Néanmoins, Houbraken ne reprend pas de Hooch – pas plus d’ailleurs que Vermeer –, dans sa liste des meilleurs artistes du XVIIe siècle[6].

Le style de Pieter de Hooch est caractérisé par le raffinement lyrique de la composition picturale et une grande maîtrise de la profondeur spatiale.

Au début de sa carrière, de Hooch, comme beaucoup de jeunes peintres à son époque, peint surtout la vie des soldats, des paysages avec des cavaliers et des archers par exemple ; mais, il ne s’intéresse pas tant aux sujets qu’au développement de son traitement de la lumière, de la couleur et de la perspective. Après son arrivée à Delft, il se met à réaliser des scènes de genre avec des personnages qui mangent, boivent et jouent de la musique.

Plus tard, à partir de 1658, Pieter de Hooch représente surtout les intérieurs du siècle d'or, avec des personnages essentiellement féminins. De façon frappante, il peint quasi systématiquement des sols en carrelage, qui permettent d’observer sa maîtrise évidente des lignes de perspective. La profondeur des peintures est en général renforcée par une vue vers l’extérieur – vers une cour, ou une autre pièce de la maison –, qui est toujours plus éclairée que la scène principale du tableau.

La représentation d’un intérieur paisible était populaire au siècle d’or, ce qui peut s’expliquer par le fait que la Guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648) venait juste de prendre fin et que l’on aspirait à la paix et à la tranquillité.

En peignant des femmes au travail, Pieter de Hooch idéalise la vie domestique hollandaise, les vertus simples, la gestion ménagère efficace, et la bonne éducation des enfants. Ainsi dit-on du tableau Tâche maternelle, qui représente une mère épouillant son enfant, qu’il se réfère à un poème de Jacob Cats : « Kam, kam u menigmaal, en niet het haar alleen, maar ook dat binnen schuilt, tot aan het innig been. », (« Peignez, peignez-vous moult fois, et pas les cheveux seulement, aussi ce qui se cache en dedans, jusqu’à l’os intérieur. »), qui signifie que l’on ne doit pas seulement soigner et nettoyer ses cheveux, mais aussi son âme.

Pieter de Hooch utilise une palette de couleurs chaude, avec beaucoup de rouge et de tons rouge-brun.

Influences

Le nom de Pieter de Hooch est souvent cité aux côtés de celui de Vermeer. Il n’est pas évident de savoir lequel des deux influença l’autre - et peut-être l’influence fut-elle réciproque - mais les deux œuvres, affectionnant les femmes occupées à des tâches ménagères, sont tout à fait différents. Les peintures de Pieter de Hooch contiennent presque toujours une vue vers l’extérieur, tandis que Vermeer se limite la plupart du temps à une fenêtre laissant pénétrer la lumière depuis la gauche. Vermeer préfère représenter l'humanité des scènes intimes, et peint avec une douceur extrême qui rend ses femmes particulièrement charmantes, vivantes et presque accessibles. De Hooch, quant à lui, joue sur la précision du contexte culturel et social, ce qui fait de son œuvre un témoignage précieux sur la société hollandaise du XVIIe siècle.

D’autres peintres sont également cités parmi les influences de De Hooch : pour sa période du début, Rembrandt, Carel Fabritius et Nicolaes Maes. Jan Steen, ensuite, même si les intérieurs de De Hooch sont toujours plus propres et rangés. Enfin citons Gerard Ter Borch.

Quelques œuvres

La Buveuse (1658), musée du Louvre, Paris
L'Armoire à linge (1665), Rijksmuseum, Amsterdam

À Amsterdam


Notes et références

  1. On rencontre également les graphies de Hoogh et de Hooghe.
  2. Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie – RKD.
  3. Un Pieter de Hooch mourut à l’asile de fous d’Amsterdam et fut enterré le 24 mars 1684, mais il s’agit en fait vraisemblablement de l’un des fils du peintre. L’inscription du fils à l’asile constitue la dernière source écrite dans laquelle il soit fait mention du peintre – F. Grijzenhout (2008) –, cependant au moins une des œuvres de Pieter de Hooch père est datée de 1684 – RKD.
  4. R.E. Fleischer (1978)
  5. RKD.
  6. J. Giltaij (2005).
  7. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Musée du Louvre Editions, , 589 p. (ISBN 2-35031-032-9), p. 471

Annexes

Bibliographie

  • (en) Roland E. Fleischer, « Ludolf de Jongh and the Early Work of Pieter de Hooch », dans Oud Holland, 92 (1978), p. 49-67.
  • (de) Jeroen Giltaij, Der Zauber des Alltäglichen. Holländische Malerei von Adriaen Brouwer bis Johannes Vermeer, Hatje Cantz Verlag, Ostfildern-Ruit, 2005, p. 227.
  • (en) Frans Grijzenhout, « New Information on Pieter de Hooch and the Amsterdam Lunatic Asylum », dans Burlington Magazine, 150 (), p. 612-613.
  • (en) Peter C. Sutton, Pieter de Hooch, Complete edition, Oxford, Phaidon, 1980.
  • (fr) André Scala, Pieter de Hooch, Paris, Séguier, 1991.
  • (en) Peter C. Sutton, Pieter de Hooch, 1629 - 1684, London, Yale University Press, 1998-1999.

Liens externes

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