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Philippe Vandermaelen

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Philippe Vandermaelen
Description de cette image, également commentée ci-après
Philippe Marie Guillaume Vandermaelen par F. de Meersman[Note 1]

Naissance
Bruxelles (France, Dyle (département))
Décès (à 73 ans)
Molenbeek-Saint-Jean (Belgique)
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique
Domaines géographe, cartographe

Philippe Vandermaelen (Philippe Vander Maelen, Van der Maelen ou van der Maelen), né à Bruxelles, le , décédé à Molenbeek-Saint-Jean, le est un éminent géographe et cartographe, célèbre pour avoir conçu un Atlas universel qui fit autorité, et pour avoir fondé l'Établissement géographique de Bruxelles à Molenbeek-Saint-Jean. Philippe Vandermaelen établit de nombreuses cartes de haut niveau scientifique, à des échelles basées sur le système métrique récemment introduit en Belgique[1]. Alex Pasquier a écrit de lui en 1936 : « Géographe comme Mercator, organisateur comme Théodore Verhaegen, assembleur de fiches comme Paul Otlet, Philippe Vandermaelen personnifiait à un degré remarquable, au milieu du XIXe siècle, les qualités de méthode et d'ordre laborieux qui caractérisent notre pays. »

Éléments biographiques

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Établissement géographique de Bruxelles vers 1840

La famille Vandermaelen est originaire de Louvain. Riches cultivateurs, ils y exploitèrent sur plusieurs générations la ferme Diependael appartenant à l'Abbaye de Vlierbeek. Guillaume Vandermaelen, le père de Philippe, fera des études de médecine. Les parents de Philippe Vandermaelen étaient Guillaume et Barbe-Anne De Raymaeker. Ceux-ci s'installent à Bruxelles et y développent une activité dans l'industrie savonnière. Ils étaient domiciliés[2] en 1812 aux numéros 1265 et 1266[3] de la rue du Rempart-des-Moines — ou en néerlandais Papenvest — avec leurs enfants Thérèse, âgée de 20 ans, Philippe alors âgé de 16 ans et Jean-François, âgé de 14 ans.

Philippe était né à Bruxelles, le à la rue du Rempart-des-Moines[4]. Dès l'enfance, il se passionne pour la cartographie qu'il étudie sans relâche, en autodidacte. Dès 1805, il suit, dit-on, les campagnes napoléoniennes sur des cartes. Il est pourtant destiné à reprendre l'entreprise familiale mais lorsque son père meurt en 1816, Philippe cède la savonnerie à son frère, François, et se tourne résolument vers sa passion: la cartographie. En 1827, le retentissement de son premier Atlas universel est énorme. Le , il devient membre de l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles. En 1830, héritant d'une blanchisserie de coton achetée par ses parents en 1815, il y fonde l'Établissement géographique de Bruxelles. En 1836, il est fait chevalier de l'ordre de Léopold et devient membre de nombreuses sociétés savantes en Belgique et à l'étranger. Philippe Vandermaelen décède à Bruxelles, le à l'âge de 73 ans[5].

Il est inhumé au Cimetière de Laeken[6].

Thérèse-Françoise, sa sœur, a épousé Pierre-Joseph Meeûs, le futur bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean.

Établissement géographique de Bruxelles

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En 1830, Philippe Vandermaelen, fonde l'Établissement géographique de Bruxelles, — inspiré de celui de Justus Perthes (1749-1816), à Gotha. Il l'installe dans des bâtiments qu'il fit construire en 1829 sur le terrain d'une ancienne blanchisserie héritée de ses parents à Molenbeek-Saint-Jean[7]. Son frère, Jean-François, passionné de botanique, y développe un jardin botanique. Outre une entreprise cartographique, cet institut s'était doté de sa propre imprimerie lithographique. Ce procédé avait vu le jour dans le domaine artistique mais Philippe Vandermaelen fut le premier à percevoir son utilité pour les cartographes[Note 2]. Il le perfectionna ensuite et eut recours à la taille-douce et même à l'eau-forte. Les cartes tirées en noir, étaient souvent colorisées manuellement à l'aquarelle. Parmi les nombreux ouvrages sortis de cet institut, on compte l'Atlas de l'Europe au 1600000e, la carte des Concessions houillères du Couchant de Mons (1850), la reproduction de la carte topographique de la Belgique au 180000e, les travaux divers de topographie et d'hydrographie, des plans cadastraux, des plans urbains, des manuels scolaires, des globes terrestres, des tableaux astronomiques, des dictionnaires, et jusqu'à des indicateurs de chemin de fer.

Cette entreprise bruxelloise a produit entre 1830 et 1877 des centaines de plans de Bruxelles sur base des plans cadastraux plus anciens qui provenant des régimes précédents et actualisés par l'administration belge[Note 3]. Ces plans revêtent une grande valeur pour les historiens en ce sens qu'ils permettent de suivre pas à pas la croissance et les transformations qui ont orienté Bruxelles au XIXe siècle[Note 4],[Note 5].

Le rayonnement de l'établissement fut important. Ceci fut lié à sa large ouverture sur le grand public voulue par son créateur qui lui adjoint une bibliothèque, une mappothèque, un musée ethnographique, un planétarium, un cabinet d'anatomie comparée et de physique et même une galerie d'histoire naturelle. Philippe Vandermaelen forme de nombreuses personnes à la cartographie faisant de son établissement un centre d'échange et de documentation. L'établissement hébergeait également plusieurs écoles (une école moyenne, une école normale) et proposait des conférences dans différents domaines.

Le projet Vandermaelen initié par la Bibliothèque royale de Belgique tend à étudier le rayonnement de cette institution qui fut un foyer de développement pour la Belgique[8].

L’Établissement géographique de Bruxelles fermera néanmoins ses portes en 1880, la Bibliothèque royale de Belgique récupère, en partie du moins, ses archives et ses collections[9]. L'Institut géographique national dont les fondements remontent à 1831 détient également une collection Vandermaelen.

Production cartographique

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  • 1796-1869 Partie,Vielle California
  • 1825-1827: Atlas universel de Géographie physique, politique, statistique et minéralogique [Note 6] (réalisé en 40 livraisons de 10 feuilles). Dédié au roi des Pays-Bas, Guillaume Ier[10]. Il s'agit de la première carte du monde réalisée à la même échelle et selon le même procédé de projection conique. Cet Atlas est le premier à être réalisé par impression lithographique, il présente également la particularité de pouvoir être assemblé pour former un globe de 7,755 m de diamètre[Note 7]. Quatre exemplaires de cet atlas (dont un de la première livraison) sont conservés à la Bibliothèque royale de Belgique. Le succès de cette première production est immédiat et d'ampleur internationale[11].
  • 1827: Atlas de l'Europe (165 feuilles)[11].
  • 1830: Carte de Belgique d'après les cartes de Ferraris (42 feuilles)[11]. Cette carte sera imprimée à grande échelle sur pierre, ce qui en diminua un peu la qualité (au regard des tirages sur cuivre) mais lui assura son rayonnement vu son faible coût dans cette Belgique naissante[5].
  • 1831: Carte des frontières entre la Belgique et les Pays-Bas, établie à la demande de l'administration belge avec laquelle il collaborera désormais étroitement. Il réalisera ainsi des cartes des routes, des canaux, des chemins vicinaux, des chemins de fer, des réseaux télégraphiques, des ressources minières, etc[11].
  • 1853: Carte de Belgique au 180000 (25 feuilles)[11].
  • 1846-1854: Carte de Belgique au 120000 (250 feuilles)[11].
  • 1866: carte de Belgique au 120000 en couleurs, très appréciée. L'initiative de Philippe Vandermaelen incarne la révolution cartographique dans le cadre de la jeune nation belge[12].
La carte archéologique, ecclésiastique et nobiliaire de la Belgique de 1866 (voir en très haute définition (chargement très long))

.

Entre 1842 et 1879, Philippe Christian Popp reprend l'ambitieux programme initié par Philippe Vandermaelen de réaliser un Atlas cadastral parcellaire de la Belgique[13].

Joseph Vandermaelen, son fils, essaya pendant quelque temps de maintenir l'œuvre paternelle. Archéologue, héraldiste et numismate, il publia une carte archéologique, ecclésiastique et nobiliaire en 1877[14] et les vingt feuilles d'une première carte routière de la Belgique parurent entre 1869 et 1872[7].

Publications

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Philippe Vandermaelen

Année de naissance et décès

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Certaines sources le mentionnent erronément être né en 1791.

Acte de naissance, le 23 décembre 1795, registres paroissiaux des naissances, Bruxelles, paroisse Sainte Catherine.
Actes de décès, le 29 mai 1869, paroisse de Molenbeek-Saint-Jean.

Reconnaissances

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Références

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  1. Athena no 214, p. 84-88.
  2. Antoine Massin Bruxelles, Qui est qui en 1812, d'après les registres du recensement de la population de la Mairie de Bruxelles, Bruxelles 1997, tome V, P. 962.
  3. Il s’agit ici de la numérotation urbaine par habitation de la commune, et non de la numérotation par voies communales, comme c’était l’usage notamment sous les régimes français de la Ire république et du Ier empire (1795-1815).
  4. Il fut baptisé à l'église Sainte-Catherine et l'acte de baptême précise qu'il est né en la demeure de ses parents sise au Papenvest.
  5. a b et c Alphonse Wauters in Biographie Nationale, t. 13, Bruxelles : Bruylant-Christophe & Cie, imprimeurs-éditeurs, 1894-1895, col. 62.
  6. Derniers Domiciles Connus.
  7. a b c et d Charles Sury, "Philippe Van der Maelen et les établissements géographiques de Bruxelles", in Ciel et Terre, t. 40. Bulletin of the Société Belge d'Astronomie, Bruxelles, 1924, p. 176.
  8. Le projet Vandermaelen de la Bibliothèque royale de Belgique
  9. Tulippe Omer, "Philippe Vandermaelen, cartographe et géographe 1795-1869", in Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Bruxelles : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p. 531-549
  10. Liliane Wellens-De Donder, « Le globe géant de Philippe Vandermaelen à l’Établissement géographique de Bruxelles », in Der Globusfreund, 18-20 (mai 1970), p. 130-133
  11. a b c d e et f Fiche auteur de Philippe Vandermaelen sur le site de la Bibliothèque royale de Belgique
  12. Voir C. Lemoine-Isabeau, La Carte de Belgique et l'Institut cartographique militaire (Dépôt de la Guerre). 1830-1914, Bruxelles, Musée royal de l'armée et de l'histoire militaire, 1988.
  13. Bibliothèque royale de Belgique
  14. Bibliothèque nationale de France
  15. Dictionnaire géographique de la Province de Namur
  1. Gravure sur cuivre insérée hors texte dans l'annuaire de l'Académie royale de Belgique, 1873, Bruxelles, in-16.
  2. La lithographie venait d'être inventée en 1801 par Aloys Senefelder, de Prague - Paul Dupont, Histoire de l'Imprimerie, Librairie ancienne et moderne Edouard Rouveyre à Paris (2 vol), s. d., (probablement 1853)
  3. Sept provinces belges sont couvertes par le cadastre à ce moment. Les provinces contestées de Limbourg et de Luxembourg seront achevées après le traité de paix avec la Hollande, entre 1839 et 1844.
  4. Ces plans sont décrits dans M. Silvestre et M. Fincoeur, Inventaire raisonné des collections cartographiques Vandermaelen. IV. Bruxelles, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2000.
  5. À la fermeture de l'établissement, Alphonse Wauters, qui y avait fait ses débuts, dira cependant que lors de la vente du et des jours qui ont suivi "j'y ai vu débiter des ouvrages utiles au mètre cube" in Alphonse Wauters, Biographie nationale, t. 13, Bruxelles : Bruylant-Christophe & Cie, imprimeurs-éditeurs, 1894-1895, col. 62.
  6. à l’échelle 11641836e
  7. 23 pieds, 10 pouces, 6 lignes de France

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Marguerite Silvestre, Philippe Vandermaelen, Mercator de la jeune Belgique, Bruxelles, 2016
  • Jacques Dubreucq, Bruxelles 1000 : une histoire capitale, vol. IV : La section du canal, Bruxelles, Dubreucq, , p. 416-420
  • Alex Pasquier et Gaston Lebrun (dir.), « Philippe Vandermaelen », dans Grandes Figures de la Belgique indépendante : 1830-1930, Bruxelles, Bieleveld, , 484 p., p. 339-340
  • Catalogue de l'Exposition de l'industrie nationale de 1830 à Bruxelles, Fonderie et Imprimerie normales, chez Libry-Bagnano, 1830
  • J.-C. Houzeau, « Notice sur Ph.-M.-G. Van der Maelen », Annuaire de l'Académie royale de Belgique, vol. 39,‎ , p. 109–148 (lire en ligne [html])