Philippe Aghion
Président Association française de science économique (d) | |
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Katheline Schubert (d) |
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Philippe Aghion, né le [2] à Paris, est un économiste français post-schumpétérien, et professeur au Collège de France, à l'INSEAD et à la London School of Economics. Il est à l'origine, avec Peter Howitt, du développement de la théorie de la croissance schumpétérienne en sciences économiques, un canon dans l'étude jointe des dynamiques de croissance agrégée et de l'innovation réalisée par des firmes hétérogènes.
Il a enseigné à l'université Harvard, à University College London et à Nuffield College, Oxford. Il est depuis octobre 2015 professeur au Collège de France. Il est également membre du Cercle des économistes et associé à PSE - École d'économie de Paris et depuis 2023 co-président du Comité de l'intelligence artificielle générative.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et études
[modifier | modifier le code]Philippe Aghion est le fils de Raymond Aghion (Alexandrie, 1921 - Paris, 2009) militant communiste et propriétaire d'une galerie d'art[3],[4],[5] et de Gaby Aghion, styliste de prêt-à-porter de luxe et fondatrice de la maison de mode Chloé[6].
Ancien élève de l'École normale supérieure de Cachan (section mathématiques, 1976-1980), il poursuit des études de mathématiques appliquées en économie à l'université Paris I où il obtient successivement un DEA en 1981 puis un doctorat de 3e cycle en 1983. Il reçoit un doctorat en économie de l'université Harvard en 1987[7],[8].
Parcours professionnel
[modifier | modifier le code]Dès l'obtention de son doctorat en économie, Philippe Aghion est recruté comme professeur assistant au MIT (1987-1989). En 1989, il retourne en France pour être nommé chargé de recherche au CNRS. En 1990, il quitte cette fonction pour devenir économiste à la BERD, poste qu'il conserve jusqu'en 1992.
En 1992, Philippe Aghion est nommé fellow au Nuffield College de l'université d'Oxford. Il y enseigne jusqu'en 1996, date à laquelle il est nommé professeur d'économie au University College de Londres. Il y reste jusqu'en 2002.
En 2002, il est nommé Robert C. Waggoner Professor of Economics à l'université d'Harvard. Il quitte ce poste en 2015, lorsqu'il est nommé à la chaire « Économie des institutions, de l'innovation et de la croissance » au Collège de France, où il crée le Farhi Innovation Lab[9]. Il est parallèlement Centennial Professor à la London School of Economics[7],[8]et enseigne à la Paris School of Economics.
Autres fonctions
[modifier | modifier le code]Il a été membre du Conseil d'analyse économique (CAE) et a fait partie de la Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali, dont le rapport a été rendu le au président Nicolas Sarkozy. Il était l'un des conseillers en économie de François Hollande.
Depuis 2023, il est co-président du Comité de l'intelligence artificielle générative[10].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Philippe Aghion a reçu, entre autres, le prix Yrjo Jahnsson du meilleur économiste européen de moins de 45 ans en 2001, le prix John Von Neumann en 2009 et le BBVA Frontiers of Knowledge Award[11]avec Peter Howitt en 2020 pour avoir développé "une théorie de la croissance économique via l'innovation qui repose sur le processus de destruction créatrice".
Travaux de recherche
[modifier | modifier le code]Aghion-Howitt 1992 et le paradoxe de la destruction créatrice[12]
[modifier | modifier le code]Selon Ufuk Akicigit, le cadre de pensée développé par Philippe Aghion et Peter Howitt dans leur article de 1992[13] révolutionne l’analyse des dynamiques de croissance économique endogène en permettant d’établir des allers retours entre la théorie et les données sur les firmes, d’où la prospérité du modèle dans la littérature économique. Leur approche est caractérisée par l’introduction du mécanisme de destruction créatrice schumpétérien, selon lequel les innovations rendent les anciennes technologies obsolètes (business stealing effect) et qui gouverne les créations et les faillites de firmes. L’effort d’innovation est une réponse à la recherche de rentes de la part des entreprises. Ces rentes agissent comme une carotte et la création destructrice comme un bâton, néanmoins, lorsque les rentes sont trop importantes, elles permettent d’établir des barrières à l’entrée de nouvelles firmes sur un marché. Dans le même temps, la motivation à l’effort d’innovation disparaît et il est possible de se retrouver avec une croissance ralentie lorsqu’il n’y a plus de bâton et que la carotte est acquise. C’est notamment la prise en compte de l’hétérogénéité des firmes qui caractérise l’originalité de ce paradoxe, permettant d’étudier la dynamique de croissance selon qu’elles soient petites ou grandes, déjà actrices d’un marché ou nouvellement créées, à la pointe de l’innovation ou en position d’imitation.
La step by step innovation et l'évitement de la compétition
[modifier | modifier le code]Le papier Aghion-Howitt 1992 suppose que l’innovation se fait à saute-mouton (leapfrog innovation) : un innovateur dépasse nécessairement le leader dès lors qu’il innove. Des papiers ultérieurs déploient à l’inverse le mécanisme canonique de step-by-step innovation, dans lequel l’innovation s’effectue pas à pas le long d’une échelle : il est donc possible d’égaler l’innovation du leader sans nécessairement le dépasser. La distance des firmes à la frontière technologique, mesurée en nombre de pas nécessaires pour atteindre le leader (neck-and-neck competition) permet de quantifier le degré de compétition dans l’économie. Cette compétition agit comme un catalyseur d’innovation à mesure que la distance se réduit puisque les firmes leader souhaitent conserver leur rente, c'est le phénomène d'évitement de la compétition (escape-competition effect). Néanmoins les firmes plus en retard peuvent être découragées, d'où l'importance de prendre en compte la composition d'une économie pour étudier sa performance.
Prises de position
[modifier | modifier le code]Lors de l'élection présidentielle française de 2012, il signe l'appel des économistes en soutien du candidat François Hollande en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[14]. Lors de celle de 2017, il apporte son soutien à Emmanuel Macron[15].
Rapports
[modifier | modifier le code]Rapport Aghion, Pisani-Ferry & Cohen (2006)
[modifier | modifier le code]Philippe Aghion est l'un des rédacteurs (avec Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry) du rapport Politique économique et croissance en Europe[16] publié par le Conseil d'analyse économique en 2006. Dans ce rapport, Philippe Aghion indique qu'il est favorable à la déréglementation du marché des biens et à la libéralisation du marché des services, deux domaines « cruciaux » pour la relance de l'intégration économique européenne[17] :
S'agissant plus particulièrement des marchés financiers, Philippe Aghion soutient dans ce même rapport qu'il est nécessaire de poursuivre la financiarisation de l'économie pour assurer la croissance de l'Europe à long terme (cette financiarisation n'aurait par ailleurs et selon ses analyses pas d'impact sur le chômage[18]).
« Il est connu de longue date que les marchés financiers sont l’un des domaines où la contribution de l’intégration européenne à l’efficacité économique peut être la plus forte. Celle-ci apporte en effet à la fois liquidité et diversification des risques. Elle permet donc simultanément de réduire les coûts, de réduire les primes de risque, et d’assurer la stabilité macroéconomique en présence de chocs sectoriels ou idiosyncrasiques, contribuant ainsi à la croissance à long terme. Cette dimension nous semble régulièrement sous-estimée dans l’évaluation des obstacles à la croissance européenne. (page 140) »
Rapport Aghion (2010)
[modifier | modifier le code]Philippe Aghion a animé un groupe de réflexion d'une dizaine d’experts internationaux[19] dont le travail a porté initialement sur une comparaison internationale de l’autonomie des universités, puis sur la mise en œuvre des campus d'excellence universitaire[19]. Un rapport en 2 parties est rendu en et juillet 2010 à la ministre de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse.
Ce rapport recommande de mettre en place une « gouvernance équilibrée » dans les établissements universitaires. S’appuyant sur les exemples de Harvard, du MIT, d’Oxford ou de Cambridge, il admet qu’il n’y a pas de modèle unique de gouvernance.
Il préconise la mise en place de deux conseils à la tête des universités. Le premier, le conseil d’administration, serait composé de personnalités pour la plupart extérieures à l’université, qui désigneraient un président doté de pouvoirs étendus. Le second s’incarnerait dans un « sénat académique », véritable force de proposition en matière scientifique et pédagogique[20].
Distinctions
[modifier | modifier le code]- 1995 : Médaille de bronze du CNRS
- 2001 : Prix de la Revue française d'économie
- 2001 : Prix Yrjö Jahnsson décerné par l'European Economic Association
- 2005 : Docteur honoris causa de l'École d'économie de Stockholm
- 2006 : Médaille d'argent du CNRS[21]
- 2006 : Schumpeter Prize of the International Joseph A. Schumpeter Society (en)
- 2009 : Prix John von Neumann
- 2012 : Chevalier de la Légion d'honneur
- 2014 : Prix Zerilli-Marimo de l'Académie des sciences morales et politiques pour l'ouvrage Changer de modèle.
- 2016 : Global Award for Entrepreneurship Research
- 2017 : Membre honoraire étranger de l'American Economic Association
- 2017 : Sun Yefang Economic Science Award
- 2018 : Docteur honoris causa de l'université nationale de Tucumán
- 2021 : Docteur honoris causa de l'université de Liège[22]
- 2023 : Docteur honoris causa de l'université du Québec à Montréal
Ouvrages
[modifier | modifier le code]Livres
[modifier | modifier le code]- (en) Endogenous Growth Theory avec Peter Howitt, Cambridge, MIT Press, 1998
- (en) Handbook of Economic Growth, Elsevier, 2005
- L’Économie de la croissance, Paris, Economica, 2010
- Repenser l'État avec Alexandra Roulet, Paris, Le Seuil, 2011
- Changer de modèle avec Gilbert Cette et Elie Cohen, Paris, Odile Jacob,
- Repenser la croissance économique, Paris, Fayard, 2016
- Le Pouvoir de la destruction créatrice, avec Céline Antonin et Simon Bunel, Paris, Odile Jacob, 2020
Rapports
[modifier | modifier le code]- « Éducation et croissance », Conseil d'analyse économique, La Documentation française, 2004 (avec Élie Cohen);
- « Mondialisation, les atouts de la France », Conseil d'analyse économique, La Documentation française, 2007 (avec Patrick Artus, Élie Cohen et Daniel Cohen);
- « Les leviers de la croissance française » Conseil d'analyse économique, La Documentation française, 2007 (avec Élie Cohen, Gilbert Cette, et Jean Pisani-Ferry);
- « L'excellence universitaire : leçons des expériences étrangères », MESR, La Documentation française, 2010.
- 1ère partie du Rapport de la mission Aghion, 26 Janvier 2010, 50 pages (rapport officiel)
- 2ème partie, 12 Juillet 2010, 59 pages (rapport officiel).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ « https://dash.harvard.edu/browse?authority=8681b230e8873c8657a5774c2a888bcf&type=author »
- ↑ Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF
- ↑ Gaby Aghion, fondatrice de la marque Chloé, est morte, lemonde.fr, 27 septembre 2014.
- ↑ Raymond Aghion (fils de Maurice Moise Frederic Aghion et Linda Curiel) et Gabrielle "Gaby" Hanoka.
- ↑ Disparition de Raymond Aghion.
- ↑ Aghion, Philippe et Banerjee, Abhijit Volatility And Growth. Oxford University Press, 2005 (voir dédicace : « To our parents Gaby and Raymond Aghion… »).
- « Curriculum vitae », sur college-de-france.fr (consulté le ).
- (en) « Aghion Harvard CV », harvard.edu, (lire en ligne).
- ↑ (en) « Center for Research on the Economics of Innovation | Collège de France », sur www.college-de-france.fr, (consulté le )
- ↑ « Comité de l'intelligence artificielle générative », sur gouvernement.fr (consulté le )
- ↑ (en) « Find out about the BBVA Foundation Frontiers of Knowledge Award. », sur Premios Fronteras (consulté le )
- ↑ The economics of creative destruction: new research on themes from Aghion and Howitt, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-27036-7, 978-0-674-29306-9 et 978-0-674-29305-2)
- ↑ Philippe Aghion et Peter Howitt, « A Model of Growth Through Creative Destruction », Econometrica, vol. 60, no 2, , p. 323–351 (ISSN 0012-9682, DOI 10.2307/2951599, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Philippe Aghion et al., « Nous, économistes, soutenons Hollande », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron », sur lemonde.fr, .
- ↑ La lettre Analyses économiques n° 1/2006 - Janvier 2006. Philippe Aghion, Élie Cohen et Jean Pisani-Ferry, Politique économique et croissance en Europe, rapport n° 59, 23 juin 2006.
- ↑ Philippe Aghion, Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry, Politique économique et croissance en Europe, page 43
- ↑ ibid. p.108
- Natacha Polony, « Un rapport pour mieux diriger les universités de demain », sur lefigaro.fr/, (consulté le )
- ↑ Philippe Jacqué, « Des pistes de réflexion pour les futurs "campus d'excellence" », sur lemonde.fr, (consulté le )
- ↑ CNRS, « Médaille d’argent du CNRS - 2006 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur cnrs.fr, (consulté le ), p. 30.
- ↑ « Philippe Aghion — Docteur honoris causa — Rentrée académique 2021-2022 », sur www.uliege.be (consulté le )
Liens externes
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- Ressources relatives à la recherche :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Page de Philippe Aghion sur le site de Harvard
- Entretien vidéo avec Philippe Aghion, La Vie des idées,
- (en) « The Economics Advisory Panel », sur newclimateeconomy.net, (consulté le ) for The New Climate Economy Report
- Économiste français du XXe siècle
- Économiste français du XXIe siècle
- Professeur à l'université Harvard
- Professeur à la London School of Economics
- Professeur au Collège de France
- Docteur en économie de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne
- Docteur en économie de l'université Harvard
- Membre correspondant de la British Academy
- Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences
- Membre de l'Academia Europaea
- Membre associé de la Société d'économétrie
- Élève de l'École normale supérieure Paris-Saclay
- Officier de l'ordre national du Mérite
- Chevalier de la Légion d'honneur décoré en 2012
- Docteur honoris causa de l'École d'économie de Stockholm
- Docteur honoris causa de l'université de Liège
- Lauréat de la médaille d'argent du CNRS
- Lauréat du prix Yrjö-Jahnsson
- Lauréat du prix John-von-Neumann
- Naissance en août 1956
- Naissance à Paris
- Schumpéterien