Peuples anatoliens

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Les peuples anatoliens étaient un groupe de différents peuples indo-européens du Proche-Orient, caractérisé par l’utilisation des langues anatoliennes[1]. Ils font partie des groupes ethnolinguistiques indo-européens les plus anciens et les plus archaïques, car les Anatoliens figuraient parmi les premières branches des peuples Indo-Européens à se séparer de la communauté proto-indo-européenne originale, elle-même à l’origine des différents peuples indo-européens[2],[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Représentation des migrations indo-européennes (en) telles que décrites dans The Horse, the Wheel, and Language (en) de David W. Anthony

Avec les Proto-Tokhariens, qui ont migré vers l’est, les Anatoliens ont représenté les premières vagues connues d’émigrants indo-européens en provenance de la steppe eurasienne[3]. Il est probable qu’ils ont atteint le Proche-Orient en arrivant par le nord, via les Balkans ou le Caucase, en -3000 avant J.-C.[1],[4],[5]. Cette migration reste toutefois à prouver d’un point de vue archéologique[5],[6]. Bien qu’ils aient disposé de chars, ils ont probablement émigré avant que les Indo-Européens aient appris à s’en servir[3],[7]. La comparaison entre les termes agricoles hittites et ceux des autres sous-groupes indo-européens signifie que les peuples anatoliens se sont séparés des autres groupes indo-européens avant l’établissement d’une nomenclature agricole commune, ce qui suggère qu’ils sont arrivés au Proche-Orient dans un seul mouvement, en formant une entité homogène[5].

Les peuples anatoliens étaient des intrus dans une région où la population locale avait déjà fondé des villes, établi des bureaucraties instruites et instauré ses cultes propres[2]. Une fois arrivés dans la région, les cultures des populations locales, et particulièrement des Hattis, les ont influencés de manière importante en termes linguistiques, politique et religieux[5]. Christopher I. Beckwith suggère que les peuples anatoliens se sont d’abord imposés en Anatolie, après avoir été enrôlés par les Hattis pour combattre contre les groupes indo-européens qui les avaient envahis[6].

Âge du bronze[modifier | modifier le code]

Porte des Sphinx à Hattusa, capitale de l’empire hittite.

Les premières attestations linguistiques et historiques des peuples anatoliens sont des noms mentionnés dans des textes commerciaux assyriens datant du XIXe siècle av. J.-C. à Kanesh[6],[8]. Kanesh était à l'époque le centre d'un réseau de marchands assyriens, chargés de surveiller le commerce entre l'Assyrie et les États belligérants. Cela a certainement renforcé le pouvoir des peuples anatoliens qui résidaient dans la ville[2].

Les Hittites sont de loin le peuple le plus célèbre d’Anatolie. Se désignant à l'origine sous le nom de Neshites d'après leur capitale à Kanesh (qu’ils avaient prise pendant un certain temps aux Hattis), les Hittites s’emparèrent de la capitale hatti Hattusa. Par la suite, la langue hittite a progressivement supplanté le hatti en tant que langue prédominante en Anatolie[1]. Avec l’union de plusieurs royaumes hattis indépendants en Anatolie, les Hittis ont commencé à établir un empire du Moyen-Orient au XVIIe siècle av. J.-C.[2]. Ils pillèrent Babylone, prirent d’assaut les villes assyriennes et combattirent l’Empire Égyptien lors de la Bataille de Qadesh, la plus grande bataille de chars de l’Antiquité[2]. Leur empire disparut avec l'effondrement de l'âge du bronze au XIIe siècle av. J.-C. Comme le hittite était la langue de l’élite, celle-ci disparut en même temps que l’empire[2].

Les Louvites, autre peuple d’Anatolie, ont migré vers le sud-est de l’Anatolie au début de l’Âge du bronze[9]. Contrairement au hittite, la langue louvite ne contient aucun mot emprunté au hatti, ce qui indique qu’elle était originellement parlée en Anatolie de l’ouest[2]. Les Louvites occupaient une grande région et leur langue était toujours parlée après la chute de l’empire hittite[2].

Relief de Yariri (en) et Kamani (en) , VIIIe siècle av. J.-C., dirigeants de Karkemish, un État néo-hittite (malgré leur nom, les Néo-hittites étaient majoritairement Louvites et non Hittites).

Le groupe anatolien le moins connu était le peuple de Pala (en), qui résidait dans la région de Pala, dans le nord de l’Anatolie[9]. Cette région avait probablement déjà été occupée par les Hattis. Ce peuple pourrait avoir disparu avec l’invasion des Gasgas au XVe siècle av. J.-C.[10].

Âge du fer[modifier | modifier le code]

À la suite de l’effondrement de l'âge du bronze, quelques petits royaumes néo-hittites résistèrent jusqu’au VIIIe siècle av. J.-C. Plus tard, durant l’âge du fer, certaines langues anatoliennes étaient toujours parlées par les Lyciens, les Lydiens, les Cariens, les Pisidiens ainsi que plusieurs autres peuples. Ces langues se sont éteintes pendant l’époque hellénistique, au IIIe siècle av. J.-C., bien que certains vestiges aient survécu plus tardivement. L’isaurien (en) pourrait avoir survécu jusqu’à l’Antiquité tardive, avec la découverte d’inscriptions funéraires datées jusqu’au Ve siècle av. J.-C.

Culture[modifier | modifier le code]

Loi[modifier | modifier le code]

Les lois anatoliennes les plus connues étaient les lois hittites, qui faisaient office de jurisprudence. Ces lois étaient organisées en huit groupes principaux, différents selon leur sujet. Les lois hittites allaient généralement à l’encontre de la peine de mort. En effet, la peine usuelle pour les infractions graves pouvait varier de l’esclavage aux travaux forcés. Cependant, pour certains cas très graves, la peine de mort était exceptionnellement appliquée.

Liste[modifier | modifier le code]

Régions d’Anatolie/d’Asie Mineure à la fin de l’Âge du bronze (vers 1200 av. J.-C.) avec les principales agglomérations.
Anatolie/Asie Mineure à l’époque gréco-romaine. Les régions antiques et leurs principales agglomérations (vers 200 av. J.-C.).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Mallory 1997, p. 12–16
  2. a b c d e f g et h Anthony 2007, p. 43- 48
  3. a et b Beckwith 2009, p. 32
  4. Hock et Joseph 1996, p. 520
    • 521
  5. a b c et d « Anatolian languages », sur Encyclopædia Britannica Online (consulté le )
  6. a b et c Beckwith 2009, p. 37-39
  7. Anthony 2007, p. 64-65
  8. Fortson, IV 2011, p. 48
  9. a et b « Anatolia: The rise and fall of the Hittites », Encyclopædia Britannica Online (consulté le )
  10. Anna Giacalone Ramat et Paolo Ramat, The Indo-European Languages, Routledge, (ISBN 113492187X, lire en ligne), p. 172 :

    « The Palaic peoples were very quickly overwhelmed by the invasions of the Kaskas, a non-IE people from the East, who swept them away and for centuries kept attacking the Hittite kingdom »

Sources[modifier | modifier le code]