Personne

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Étymologie et sens[modifier | modifier le code]

En français : un nom commun féminin.

Le mot personne provient probablement de l'étrusque phersu et du latin persona, mais déjà le mot grec prosopon « ce qui se présente (pros) à la vue (ôps) », c’est-à-dire le visage et par extension la personne elle-même[1], désignait le masque que portaient les comédiens au théâtre, et aussi pour l'étrusque et le latin. Ces masques donnaient l'apparence, incarnaient chaque « personnage ».

Le mot « personne » évoque l'idée d'une présence ou d'une absence « humaine », et surtout d'un échange réciproque avec l'autre, tandis qu'individu est utilisé pour désigner l'un, en tant qu'indivisible, d'une espèce, d'un groupe. Individu peut également avoir une connotation péjorative selon le contexte, « cet individu... » peut être synonyme de « cet énergumène ». Personne est plutôt mélioratif, puisqu'il désigne la personnalité dans sa complexité.

Droit[modifier | modifier le code]

En droit, la personnalité juridique est l'aptitude à être sujet de droits et de devoirs. On distingue la personne physique et la personne morale.

Philosophie[modifier | modifier le code]

Théologie[modifier | modifier le code]

On parle en théologie de « personne divine » : voir hypostase.

Selon Saint Thomas d'Aquin, la « personne » est un mot noble puisque « Seuls les êtres humains, les anges et Dieu peuvent être des personnes » (Persona significat id quod est perfectissimum in tota natura[2]).

Sociologie[modifier | modifier le code]

Dans son livre intitulé La Mise en scène de la vie quotidienne, le sociologue Erving Goffman propose un axe de compréhension d'une personne, dans ses interactions sociales, à partir des accidents qui se produisent dans l'idée qu'elle veut donner d'elle-même auprès de son groupe humain et auprès des tiers. Dans une civilisation occidentale, une personne s'investit énormément dans l'apparence qu'elle délivre, considérant qu'il s'agit, non seulement d'elle, mais encore du ou des groupes dont elle fait partie. À chaque fois qu'elle se met en jeu quelque part elle se considère, et les autres la considèrent, comme représentante de ces groupes, que ça soit ses collègues, son équipe ou son organisation sociale. À chaque fois, par sa présence, la personne engage des acteurs sociaux plus grands qu'elle-même. Si elle n'est pas à la hauteur, si un imprévu vient démasquer l'apparence, s'il y a une fausse note, alors la relation sociale s’interrompt dans la gêne et la confusion, il y a de l'embarras, et le système social miniature de cette interaction se désorganise. Chacune de ces interactions donne lieu à une épreuve de la légitimité, non seulement de la personne, mais encore de tout ce qu'elle représente. Par exemple si un chirurgien réalise mal une opération, c'est toute la clinique dans laquelle il officie qui risque de voir sa réputation compromise. Ces ruptures de représentation mettent ainsi en relief trois niveaux différents : celui de la personnalité, celui de l'interaction et celui de la structure sociale. Il n'existe pas d'interaction qui soit sans risques, ni dans laquelle la personne ne s'implique pas profondément. Et ses efforts pour que tout se passe bien mettent en jeu les trois niveaux simultanément. Ces accidents dans la représentation sociale délivre donc un moyen de comprendre et d'appréhender la vie sociale. -[3].

Médiation professionnelle[modifier | modifier le code]

Il est possible d'identifier quatre conceptions de la personne qui interfèrent, soulignent les médiateurs professionnels, dans l'ensemble des relations qu'une personne peut avoir avec une autre, les choses et les idées[4] :

  1. Personne est un terme théologique qui est synonyme d'hypostase. On parle de la consubstantialité des personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit dans la Sainte Trinité.
  2. la personne est un sujet de droit et d'obligation. Dans cette perception, la personne doit se soumettre, être rappelée à la loi, faire rédiger des actes...
  3. la personne est définie par un modèle de type psychothérapeutique et, avec cette perception, doit être soignée, être dans la complexité de pulsions, de traumatismes, faisant son archéologie d'éventuelles névroses, de comportements psychotiques...
  4. la personne est un sujet apprenant, ignorant et naturellement maladroit, présentant un potentiel de progression ; il s'agit de l'approche conjuguant comportementalisme et philosophie.

Patronyme[modifier | modifier le code]

Personne est un nom de famille notamment porté par :

Grammaire[modifier | modifier le code]

  • En grammaire, la personne grammaticale représente un moyen pour représenter la distance entre le locuteur et son auditoire.
  • « personne » sert de pronom, avec un sens proche de celui de « quelqu'un » / « quelqu'une » sans distinction de genre.
  • « Ne ... Personne » désigne l'absence d'individus dans un lieu (« Il n'y a personne ici. ») ou sujet à une responsabilité (« Ce n'est la faute de personne » par exemple). Mais dans l'usage commun (notamment, mais pas seulement, en français) il y a ellipse du « ne » de sorte que « personne » signifie souvent « nulle personne » c'est-à-dire l'exact opposé. Cette ambiguïté est souvent exploitée par des jeux de mots[Lesquels ?][réf. souhaitée].

Dans les arts[modifier | modifier le code]

Odyssée d'Homère[modifier | modifier le code]

Dans l’Odyssée d'Homère, Personne (Οὖτίς / Oûtís en grec ancien) est le nom par lequel le cyclope Polyphème désigne Ulysse qui s'est identifié auprès de lui sous ce nom avant de lui crever l'œil. Le jeu de mots permet d'éviter le renfort des autres cyclopes, qui croient alors leur congénère devenu fou, n'étant attaqué par « personne ». Ulysse peut ainsi fuir l'île des cyclopes avec ses marins.

  • dans le film Mon nom est Personne, la même idée est reprise. Elle est un jeu entre le héros finissant et un de ses jeunes admirateurs, sur la notion de notoriété.

Personnages de fiction[modifier | modifier le code]

Titre d’œuvres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Prosopon, prosopopée, personne » (consulté le )
  2. Thomas d’Aquin, Somme Théologique, I, 29, 3
  3. Erving Goffman (trad. Alain Accardo), La présentation de soi, Paris, Les Éditions de Minuit, , 251 p. (ISBN 2-7073-0014-4, BNF 37496128), p. 228, Conclusion / Personnalité, interaction; sociétéVoir et modifier les données sur Wikidata
  4. Sur le wikimediation, 4 conceptions de la personne

Voir aussi[modifier | modifier le code]