Pentecôte

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Pentecôte
La Pentecôte, Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet, musée Condé, Chantilly.
La Pentecôte, Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet, musée Condé, Chantilly.

Observé par les chrétiens
Type Célébration religieuse
Signification Commémore la descente de l'Esprit saint sur les Apôtres
le 50e jour à partir de Pâques.
Date 7 semaines après le dimanche de Pâques (50 jours en comptant celui-ci)
Date précédente 28 mai 2023
Date courante 19 mai 2024
Date suivante 8 juin 2025
Lié à Chavouot
Pâques

La Pentecôte (du grec ancien πεντηκοστὴ ἡμέρα / pentêkostề hêméra, « cinquantième jour ») est une fête chrétienne qui célèbre l'effusion du Saint-Esprit, le cinquantième jour à partir de Pâques, sur un groupe de disciples de Jésus de Nazareth, dont les Douze Apôtres, suivant un récit relaté dans les Actes des Apôtres.

L'Église considère la Pentecôte comme le point de départ de sa mission publique dans le monde. Selon elle, c'est la réalisation de la promesse du Christ aux apôtres au moment de son Ascension, dix jours plus tôt.

« Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

— Actes 1:8

Cette fête, qui clôt le temps pascal et dont la célébration est attestée localement à partir du IVe siècle, puise son origine dans la fête juive de Chavouot, prescrite dans l'Ancien Testament, dans les livres de l'Exode et des Nombres.

La Pentecôte se célèbre le septième dimanche après le dimanche de Pâques, à une date mobile calculée par le Comput. Elle tombe toujours un dimanche entre le et le . Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « lundi de Pentecôte ». La Pentecôte est une des Douze Grandes Fêtes de l'Église orthodoxe.

Origines de la fête

La fête hébraïque

Dans le calendrier juif, Chavouot se déroule « sept semaines entières » ou cinquante jours jusqu'au lendemain du septième sabbat »[v 1], après la fête de Pessa'h. De là son nom de Fête des Semaines (Chavouot, en hébreu) et celui de Pentecôte (cinquantième [jour], en grec ancien) dans le judaïsme hellénistique. Cinquante jours constituent sept semaines, selon la façon de compter de la Bible, et le chiffre 7 est éminemment symbolique[1].

Fête à considérer comme un sursaut de la tradition prophétique qui tend à s'estomper dans le judaïsme du Second Temple au profit d'une religion sacerdotale, elle puise ses origines dans une fête célébrant les moissons[v 2] qui devient progressivement la célébration de l'Alliance sinaïtique entre Dieu et Moïse et de l'instauration de la Loi mosaïque[2]. Prescrite dans les livres de l'Exode et des Nombres [3], vers le début du Ier siècle elle devient l'un des trois grands pèlerinages annuels, surtout célébré par certains juifs hellénisés[n 1] et par certaines sectes juives[n 2] tout en conservant hors de ces groupes minoritaires sa dimension agricole jusqu'au Ier siècle de notre ère. Ce n'est qu'à partir du IIe siècle que le pharisianisme liera la fête de la moisson à la commémoration du don de la Loi au Sinaï[4].

Nouveau Testament

La Pentecôte par Hans Multscher.

Les Actes des Apôtres situent explicitement lors de cette fête juive[5] le récit où les premiers disciples de Jésus de Nazareth, qui sont réunis au nombre de cent-vingt[6], reçoivent l'Esprit saint et une inspiration divine dans le Cénacle de Jérusalem : des langues de feu se posent sur chacun d'eux, formalisant la venue de l'Esprit dans un épisode de communication inspirée qui permet aux disciples de s'exprimer dans d'autres langues que le galiléen sans qu'on sache s'il s'agit plutôt de polyglottisme ou de glossolalie[2].

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. »

— Actes 2:1-4[v 3]

Le récit des Actes insiste à la fois sur l'universalité de l'évènement, qui concerne environ cent-vingt disciples de Jésus — au nombre desquels les Douze — et dont sont témoins des gens venus de « toutes les nations », ainsi que sur son caractère cosmique[6]. L'image du feu — conforme à la tradition juive de l'époque sur l'épisode de la révélation sinaïtique que l'épisode entend renouveler — matérialise la Voix divine. La tradition chrétienne perçoit et présente la Pentecôte comme la réception du don des langues qui permet de porter la promesse du salut universel aux confins de la terre[2] ainsi que semble en attester l'origine des témoins de l'événement, issus de toute la diaspora juive[v 4].

La prise de possession des disciples par l'Esprit-Saint évoque les transes prophétiques et l'apôtre Pierre, qui cite une prophétie de Joël[v 5] qui concerne tant la Terre que le Cosmos[v 6], annonce la venue d'un peuple de prophètes, un statut accordé à tout disciple de Jésus qui peut s'engager dans une mission universelle[6] et assurer la diffusion de l'Évangile : le discours de Pierre conduit 3 000 juifs pieux au baptême[7].

« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes. »

— Actes 2:41

Dans un épisode rapporté par le seul évangile selon Jean, celui de la dernière Cène qui se déroule la veille de sa Passion, Jésus annonce la venue du Paraclet (traduit par le Consolateur ou le Défenseur) :

« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous[v 7],[v 8]. »

Les évangiles synoptiques n'évoquent pas cette annonce.

Histoire

Inscription dans le calendrier liturgique

Émail sur cuivre de Pierre Reymond (1522), La Pentecôte, musée d'art de Saint-Louis.

Si une période festive de cinquante jours est attestée dans certaines communautés chrétiennes à partir de la fin du IIe siècle, elle n'était pas généralisée et ce n'est qu'à partir du IVe siècle qu'est instituée la fête de la Pentecôte au dernier jour de cette période[8] ; elle est attestée à Rome et Milan vers 380[9].

À l'époque de Charlemagne, la Pentecôte était devenue une fête d'obligation, mentionnée comme telle lors du concile régional de Mayence[10], au cours de laquelle l'Église catholique romaine s'adressait aux nouveaux baptisés et confirmés.

La Pentecôte fait aussi partie des douze fêtes majeures du calendrier liturgique orthodoxe.

Époque moderne

Au début du XXe siècle apparaît le pentecôtisme, appelé aussi mouvement de Pentecôte, une mouvance protestante évangélique accordant une importance spéciale aux dons du Saint-Esprit, tels ceux manifestés par les apôtres et autres fidèles rassemblés le jour de la Pentecôte.

Depuis le concile Vatican II, l'octave de la Pentecôte n'est plus solennisée hormis dans les branches traditionalistes de l'Église. Depuis ce concile qui a remis à l'honneur le culte rendu à l'Esprit saint, cette fête donne parfois lieu à des célébrations particulièrement festives, notamment au sein des communautés charismatiques.

Symbolique

La Pentecôte par Duccio di Buoninsegna (1308).

Dans les traditions chrétiennes, la fête de la Pentecôte est une occasion spécifique de célébrer le Saint-Esprit, troisième personne de la trinité chrétienne.

En cette occasion, les prières des chrétiens invoquent Dieu pour que l'Esprit-Saint leur soit accordé[11].

La Pentecôte commémore la fondation de l'Église[12],[13].

Célébrations

Messes chantées

Dans la tradition catholique, la messe chantée à la fête de la Pentecôte comporte la séquence grégorienne Veni Sancte Spiritus. Dans quelques rares églises catholiques d'Europe occidentale, usage hérité du Moyen Âge, des pétales de roses sont lancés sur les fidèles pendant le chant de la séquence.

Le compositeur français Olivier Messiaen a composé une de ses œuvres majeures pour orgue, la Messe de la Pentecôte, pour célébrer cette fête.

Calendrier

Fête mobile

La Pentecôte est célébrée le septième dimanche, soit quarante-neuf jours après le dimanche de Pâques. La date en est variable puisque Pâques est une fête mobile[n 3]. Elle est toujours comprise entre le et le .

Elle est la troisième des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.

Les dates récentes ou imminentes de cette fête religieuse mobile par rapport au calendrier grégorien sont les dimanches suivants dans l'Église catholique, selon le comput[14],[15] :

  • année précédente : dimanche 28 mai 2023 ;
  • année courante : dimanche 19 mai 2024 ;
  • année suivante : dimanche 8 juin 2025.

Caractère férié

La Pentecôte dans un missel du XIVe siècle.

La fête de la Pentecôte a lieu un dimanche, jour férié dans les pays de culture chrétienne.

Dans certains pays, le lendemain est également férié : le lundi de Pentecôte est actuellement jour férié en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Hongrie, en Islande, au Liechtenstein, en principauté de Monaco, au Luxembourg, aux Pays-Bas, dans certains cantons suisses, en Norvège, au Danemark[16], en Ukraine, en Roumanie, à Chypre, en Grèce (secteur public et certains secteurs du privé), à Madagascar, au Bénin, au Togo, en Côte d'Ivoire et au Sénégal qui, pourtant, est un pays à 90 % musulman.

En Suède, il ne l'est plus depuis 2005, année où le (fête nationale suédoise) est devenu férié. Mais il ne l'est pas dans des pays pourtant de tradition catholique comme l'Italie[n 4], le Brésil, l'Irlande, l'Espagne, le Canada[n 5], le Portugal, la Pologne, ni au Cameroun, ni dans certains pays de tradition orthodoxe comme la Russie.

En France, le lundi de Pentecôte a été jour férié depuis le concordat de 1801 jusqu'en 2004. Entre 2004 et 2007, à la suite de la décision du gouvernement Raffarin d'en faire une journée de solidarité envers les personnes âgées, il devient non chômé pour beaucoup d'entreprises, les salariés devant travailler à titre gratuit. Les règles concernant ce travail non rémunéré sont toutefois assouplies dès 2008, et les salariés ne sont plus tenus de travailler ce jour-là[17]. Dans la polémique liée à cette mise en place, l'épiscopat français déclara qu'il n'y avait pas objection d'ordre religieux à sa suppression, mais réclama une concertation[18].

Notes et références

Notes

  1. À l'instar des communautés où fut composé le Livre des Jubilés.
  2. À l'instar des communautés de Qumrân.
  3. par exemple le dimanche de Pentecôte de l'année 2025 prochaine se déroulera le 8 juin, alors que celui de l'année 2024 en cours est le 19 mai.
  4. Ce jour férié existait en Italie jusqu'à ce que le gouvernement l'incorpore aux congés payés pour éviter un pont à effet délétère sur l'économie.
  5. Le Canada célèbre la Fête de la Reine Victoria et la Journée nationale des patriotes au Québec le lundi qui précède le 25 mai, date qui correspond parfois au lundi de Pentecôte.
Versets
  1. Lv 23. 15-16.
  2. Ex 23. 16.
  3. Ac 2. 1-4.
  4. Ac 2. 5-11.
  5. Jl 2. 2-3, cité par Lémonon, 1998, op. cit.
  6. Ac 2. 19, cité par Lémonon, 1998, op. cit.
  7. 15-31 Jn 14, 15-31.
  8. Jn 14,15.

Références

  1. Pentecôte ou le cinquantième jour.
  2. a b et c Marie Françoise Baslez, Bible et Histoire, éd. Gallimard, coll. Folio Histoire, 2003, p. 219-243.
  3. Exode 23:16-17, 34:26, Nombres 28:26.
  4. Hugues Cousin, « Le récit de Pentecôte (Actes 2,1-13) », supplément au Cahier Évangile no 124, éd. du Cerf, 2003, article en ligne.
  5. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 103.
  6. a b et c Jean-Pierre Lémonon, L'Esprit Saint, éditions de l'Atelier, (ISBN 9782708233546, lire en ligne), p. 88-89.
  7. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 104-105.
  8. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, éd. P.U.F., coll. Nouvelle Clio, 2006, p. 448.
  9. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 104.
  10. Rémy Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, L. Vivès, 1863, p. 643-644, § 8.
  11. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 105-106.
  12. Ron Rhodes, The Complete Guide to Christian Denominations: Understanding the History, Beliefs, and Differences, Harvest House Publishers, USA, 2015, p. 9
  13. Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, p. 105.
  14. (fr) « Dates des fêtes de 2010 à 2035 », sur www.lexilogos.com (consulté le ).
  15. (fr) www.imcce.fr : date de Pâques (ajouter 7 semaines soit 49 jours pour le dimanche de Pentecôte, ou 50 jours pour le lundi).
  16. « Jour férié sur borger.dk (da) ».
  17. « « Journée de solidarité » : le lundi de Pentecôte, un jour férié pas comme les autres », sur europe1.fr, Europe 1, (consulté le ).
  18. « Sacré lundi de Pentecôte ! », Le Parisien, 31/12/2003.

Voir aussi

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Bibliographie

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Ouvrages historiques
Ouvrages et articles de théologie
  • Arnaud Join-Lambert, « Quel sens pour les fêtes chrétiennes ? », dans Études no 4123, , p. 355-364.
  • Robert Le Gall, « Année liturgique et vie spirituelle », dans La Maison Dieu no 195, 1993, p. 197-210.
  • Thomas J. Talley, Les Origines de l’année liturgique. Paris, Cerf, 1990 (Liturgie 1).

Articles connexes

Liens externes