Paul et Pierrette Girault de Coursac

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Paul Girault de Coursac, né le à Morlac (Cher) et mort le à Paris (20e arrondissement), et son épouse Pierrette Girault de Coursac, née Pierrette Rachou le à Paris (17e arrondissement) et morte le à Bergerac (Dordogne), sont deux auteurs et historiens français, spécialisés dans l'étude de la vie de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ils sont connus pour avoir exploré des documents qui n'ont pas été exploités depuis leur archivage (ouverture de fonds sur la fin de l'Ancien Régime et la Révolution française aux archives d'État d'Autriche à Vienne puis dans celles de Londres et à Paris aux archives nationales et aux archives du ministère des affaires étrangères).

Biographie

Pierrette Girault de Coursac est agrégée et docteur d'histoire : sa thèse portant sur l'éducation de Louis XVI a été publiée en 1972, chez Gallimard, sous le titre L'éducation d'un Roi, Louis XVI. Paul Girault de Coursac, né à Morlac (Cher)[1], est de formation scientifique (mathématicien et physicien). Il est décédé le , tandis que son épouse Pierrette est décédée le . Leur fils, Louis Auguste Girault de Coursac (1952-2007)[2], porte les mêmes prénoms que le roi Louis XVI, Louis Auguste de France.

Thèses

En 1973, encouragés par le philosophe Gabriel Marcel, ils entreprennent le lancement de Découverte, une revue historique où paraissaient chaque trimestre les résultats de leurs travaux sur le règne de Louis XVI (les réformes, la politique extérieure, la guerre d'Amérique, les découvertes et les progrès techniques, la vie conjugale, etc)[3].

Les travaux, accomplis par le couple Girault de Coursac durant près de trente ans, ont abouti à de nouvelles visions sur Louis XVI et sur la connaissances des événements de son règne et de la Révolution française. Voici le résumé de leurs thèses :

  • L'éducation de Louis XVI était intellectuellement très complète ; et après la légende tenace d'un roi borné et manuel, les historiens reconnaissent aujourd'hui en Louis XVI un intellectuel et un scientifique de bon niveau.
  • Louis XVI aurait eu plusieurs lignes directrices durant son règne qu'il aurait toujours suivies, comme le refus de la guerre civile et de ce qui pourrait la déclencher.
  • Louis XVI n'aurait jamais été gouverné par ses ministres, mais ceux-ci auraient souvent récupéré à leur actif des réformes décidées par le Roi.
  • Louis XVI n'aurait jamais été gouverné par son épouse (au contraire Marie-Antoinette qui, quand elle s'intéressait aux affaires politiques, était manipulée par différents clans dont celui des Autrichiens, comme le montre la mise au jour de correspondances avec sa mère, son frère, Mercy-Argenteau et plus tard avec le comte d'Artois, Fersen et d'autres émigrés).
  • Durant la Révolution, il aurait bien mené une politique cohérente, visant à jouer le jeu qu'on[Qui ?] lui aurait imposé. La politique menée par Marie-Antoinette durant cette période l'aurait été à son insu. Les lettres adressées à des souverains étrangers en leur demandant de l'aide et présentées comme de lui seraient des faux émanant de la reine et de son entourage, l'examen attentif de certains manuscrits étant pour le moins troublants.
  • La découverte de l'armoire de fer, lors de l'instruction préalable au procès du roi Louis XVI, constituait une machination élaborée par le ministre de l'intérieur nommé depuis le 10 août 1792 Roland pour accuser le roi de complot et de dissimulation de ces dits agissement contre la patrie ; or, ces pièces issues de différents cabinets des Tuileries ont fait l'objet d'un inventaire par une commission de douze conventionnels créée dès le , jour de la découverte de Roland. Ces pièces sont disponibles aux archives nationales et ont été ainsi exploités par le couple Girault de Coursac[4].

Controverses

Les différents ouvrages réalisés ne sont souvent pas retenus par une partie de la communauté des historiens français, étant donné leur approche que certains d'entre eux jugent "partisane" en faveur de Louis XVI et des thèses audacieuses non soutenues par les faits[réf. nécessaire] comme leur contestation de l'existence de "l'armoire de fer". Certains historiens leur reprochent une écriture « royaliste »[5]. Il leur est reproché aussi d'avoir publié un ouvrage en faveur de la béatification de louis XVI : Louis XVI, Roi Martyr. Tequi (1976) ; (ISBN 2-85244-209-4).

D'autres historiens français renommés comme Pierre Chaunu ont, au contraire, soutenu leurs travaux. Dans le monde anglo-saxon, nombre d'historiens de cette période ont rendu hommages à leurs travaux comme le professeur Philip Mansel, John Hardman[6], Munro Price[7].

Les ouvrages des Girault de Coursac sont largement utilisés et leurs conclusions reprises dans les publications évoquant la personne de Louis XVI, sans être toujours cités. La minutie de leurs recherches demeure inégalée sur de nombreux points du règne controversé du petit-fils de Louis XV. L'historien Jean-Christian Petitfils reprend certaines de leurs conclusions dans sa biographie sur Louis XVI[8].

La singularité de leurs travaux se définit par la volonté de rouvrir le procès de Louis XVI, en vérifiant le fondement des accusations le concernant, s'appuyant sur un travail inégalé d'exhumation de sources manuscrites, préféré à la compilation des mémorialistes et des études universitaires. Ils soutiennent l'existence d'une collusion d'intérêts entre les jacobins, partisans de la République, et les émigrés, rassemblés autour des frères du Roi, alors que l'historiographie française se résumait à un affrontement dogmatique entre écrivains de sensibilité républicaine ou royaliste, partisans ou contempteurs de la Révolution.

La conclusion des Girault de Coursac est que Louis XVI a suivi une voie personnelle, médiane entre les partisans de l'Ancien Régime et ceux de la table rase, que son procès a été truqué, et que le « roi des Français » demeure encore aujourd'hui un « gêneur » dans l'inconscient collectif national ainsi que dans la mémoire de l'Église.

Dans les années 1980, ils ont été régulièrement sollicités par la mairie de Paris, soit comme commissaire d'exposition soit comme contributeur, sur des expositions concernant Louis XVI, Louis XVII, ou la guerre d'Amérique[9].

Œuvres

Voir aussi

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Références

  1. Registre d'état civil de la commune de Morlac (Cher), acte de naissance n° 10, année 1916, consultable en ligne page 36/101, Archives départementales du Cher.
  2. Hommage à Louis Auguste Girault de Coursac
  3. présentation des auteurs in Enquête sur le procès du Roi Louis XVI. La Table Ronde (1982), couverture
  4. Enquête sur le procès du Roi Louis XVI. La Table Ronde, 1982, Paris, pages 76 à 96
  5. Cécile Berly, Marie-Antoinette et ses biographes. Histoire d’une écriture de la Révolution française, Paris, L’Harmattan, 2006
  6. Hardman, John. Louis XVI, The Silent King, Yale University Press, 1994 - 264 pages
  7. Munro Price, page 311, "The Fall of the French Monarchy", Pan Macmillan Ltd London, 2002 (ISBN 0-330-48827-9)
  8. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Perrin, 2005
  9. catalogues des expositions Louis XVII, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, 1987 ; Louis XVI, du Serment du sacre à l'édit de tolérance, Bibliothèque historique de la ville de Paris, 1988, ou encore La famille royale à Paris, Paris-Musées, 1993.

Lien externe