Paul Mouësan de la Villirouët

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Paul Mouësan de la Villirouët
Illustration.
Fonctions
Maire d'Augan

(16 ans)
Élection 1884
Réélection 1888, 1892, 1896
Prédécesseur Mathurin Hamery
Successeur Raoul du Boisbaudry

(9 ans)
Élection 1871
Réélection 1874, 1878
Prédécesseur François Thomas
Successeur Mathurin Hamery
Biographie
Titre complet Comte de la Villirouët
Date de naissance
Lieu de naissance Rennes (France)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Augan (France)
Nationalité Française
Parti politique Légitimiste
Religion Catholicisme
Résidence Château de Lémo

Paul Marie Joseph Mouësan, comte de la Villirouët, né le et mort le est un aristocrate, intellectuel et homme politique breton. Châtelain de Lémo, il occupa les fonctions de maire de la commune d'Augan (Morbihan) entre 1871 et 1900[1].

Origines familiales[2],[3][modifier | modifier le code]

Originaire de l'Est des Côtes-du-Nord, les Mouësan de la Villirouët (ou de la Villerouët) étaient établis dans les paroisses d'Éréac et de La Bouillie au XIVe siècle. Fils de Charlemagne Mouësan de la Villirouët[4] et d'Agalé Le Doüarain de Lémo[5], Paul Mouësan est né à Rennes le . Son père, après avoir été professeur d'histoire, puis de langues et de mathématiques au collège des Oratoriens de Juilly, avait exercé les fonctions d'auditeur au Conseil d'État et de contrôleur des Postes avec le grade de colonel à Saint-Brieuc. Fidèle à la maison de Bourbon, Charlemagne Mouësan démissionne à l'avènement du roi Louis-Philippe en 1830. Il choisit de se retirer au château de la Touraille, à Augan dans le Morbihan, pour se consacrer à l'écriture et à l'éducation de ses enfants. Il avait hérité cette propriété de la famille de son épouse, fille unique du comte Jacques Marie Joseph Le Doüarain de Lémo, conseiller général pour le canton de Guer et maire d'Augan de 1818 à 1828. À la mort de ce dernier en 1834, les Mouësan héritent aussi du château de Lémo et reconstituèrent ainsi un domaine forestier et agricole de près de 600 hectares, constitué d'une dizaine de métairies réparties sur les communes d'Augan et de Campénéac. Esprit brillant, en relation avec beaucoup d'intellectuels et d'hommes politiques de son temps, Charlemagne Mouësan se passionnait pour l'étude des nombres[6], goût qu'il avait transmis à son fils Paul.

Mariages et descendance[modifier | modifier le code]

Ancien élève du collège des Eudistes Saint-Sauveur de Redon, Paul de la Villirouët[7] a épousé en premières noces, le , Angèle de Baglion de la Dufferie[8] à Grazay en Mayenne. Veuf une première fois le des suites d’un accouchement, il se remarie en Touraine, le , avec Anne-Marie de la Rüe du Can. Elle meurt à son tour en couches le , laissant Paul Moüesan veuf pour la seconde fois à l'âge de 36 ans[9]. Partageant sa vie entre ses nombreuses propriétés, de Lamballe, de Rennes, de Grazay et d’Augan, il éduque seul ses trois filles, Angèle, née de son premier mariage, ainsi qu'Anne-Marie et Jeanne, issues du second. Héritier du château de Lémo à la mort de son père, le comte Charlemagne de la Villirouët en 1874, il entreprend de vastes travaux de transformation, conférant au bâtiment son aspect et ses commodités actuels. Paul Moüsan et ses trois filles s'y établissent de manière permanente en 1877, le château étant à ce moment-là encore le siège de la municipalité.

Engagements politiques et mandats[10][modifier | modifier le code]

Fervent catholique, Paul de la Villirouët[11] s'engage comme zouave pontifical[12] le en 1867[13], quelques jours après la bataille de Mentana. Durant 6 mois, il participa à la défense du Saint-Siège en guerre avec les chemises rouges du général Garibaldi[14].

Malgré son hostilité aux idées républicaines, Paul de la Villerouët sera nommé maire d'Augan le [15] sous la Troisième République[16]. De son propre aveu, il ne ceindra pas l'écharpe tricolore et ne se prosternera jamais devant la bannière nationale. Il en sera révoqué le [17].

Sur fond d'affaires scolaires, concernant notamment la rémunération des vicaires et des religieuses[18], faisant office d'instituteurs à Augan, sa prise de parole dans un banquet royaliste, organisé à Rennes le [19] précédent, offre au préfet du Morbihan l'occasion de le congédier[20]. Prosper de l'Estourbeillon, conseiller général du canton de Guer et maire de Porcaro[21], lui-même présent à ce rassemblement interdit des partisans du duc de Bordeaux[22], est démis le même jour, pour les mêmes motifs. Mathurin Hamery, éphémère successeur de Paul de la Villirouët comme maire d'Augan, sera à son tour révoqué[23] en pour ses opinions[24] et en particulier sa farouche hostilité aux lois Ferry sur l'école publique.

La loi du [25], rénovant en profondeur la démocratie municipale, donne à Paul Moüesan de la Villirouët l'occasion de se soumettre au suffrage universel et d'être largement élu[26] maire d'Augan. Il choisit Mathurin Hamery[27] comme premier adjoint et sera réélu à trois reprises, en 1888, 1892 et 1896.

Sous la magistrature de Paul Moüsan, est édifiée en 1875 la mairie actuelle d'Augan[28]. La devise de la République n'est pas inscrite au frontispice du bâtiment qui est en revanche orné d'une statue du Christ, sous laquelle il est toujours possible de lire cette phrase renvoyant sans ambiguïté aux idées monarchistes qu'il défendait : « Cœur sacré de Jésus, régnez sur nous »[29]. La mandature de Paul Mouësan est aussi marquée par la construction du bureau de poste, mis en service le . Il avait également initié la construction de la gare d'Augan que son successeur, Raoul du Boisbaudry, inaugurera en 1903.

Paul de la Villirouët se retire de la vie politique en 1900 après avoir lutté en vain contre l'expropriation de la commune d’Augan par le ministère de la guerre, qui, en créant le camp militaire de Coëtquidan[30], avait amputé le territoire communal de plusieurs centaines d'hectares, engloutissant au passage des hameaux et villages, ainsi que l'emblématique château du Bois-du-Loup.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Bien que référencées au nom de Paul Mouësan de la Villirouët, il est possible que les œuvres ci-dessous, d'une grande érudition et publiées à compte d'auteur sous le timbre de «La Villirouët », aient tout aussi bien pu être écrites par Charlemagne Mouësan de la Villirouët[6], père du précédent, ou qu'elles aient été écrites à deux mains. «Dans son Manuel bibliographique des sciences physiques ou occultes»[31], paru en 1912, Albert Louis Caillet opte pour le père tout en laissant planer le doute.

Recherches sur les fonctions providentielles des dates et des noms dans les annales de tous les peuples - 1852[32]

Ce texte insolite traite de l'application des principes de la numérologie à la vie des souverains européens et en particulier aux monarques français, dont il cherche à expliquer le sort et à éclairer la postérité. Cet ouvrage prophétique, érigeant les dates en science divinatoire, n'existe qu'en de rares exemplaires. L'exercice se voulait à la fois scientifique et prédictif de l'avenir et porte la marque incontestable d'un esprit brillant. On le retrouve notamment dans la bibliothèque du comte de Chambord[33], prétendant au Trône de France, que les Mouësan, père et fils, ont soutenu en désespoir de cause.

Parlons hardiment - 1871[24]

La Villirouët a publié en 1871 un essai politique, intitulé Parlons hardiment, dans lequel il développe ses convictions catholiques et royalistes.

Cette ode à la monarchie absolue de droit divin, seul régime capable à ses yeux de garantir le salut du peuple, d'incarner l’État et de protéger la Nation, se livre à une revue politique du XIXe siècle, débutant par un réquisitoire sévère contre la République et l'Empire. L'auteur expose une foi inébranlable en un gouvernement « surnaturel » en même temps qu'il exprime une profonde angoisse face à la progression de l'athéisme et au recul des valeurs politiques de l'Église catholique en France et en Europe. Il dépeint Napoléon Ier en despote irascible, persécuteur du pape et des souverains européens. Louis-Philippe, notamment qualifié d'« usurpateur », est taxé d'avoir porté une « atteinte fatale à la morale en laissant se répandre la corruption ». Il reproche à Napoléon III d'avoir « précipité la France dans un abîme de malheurs et d'infamies » en avivant les velléités guerrières de la Prusse, comparée à une « bête féroce ». L'abomination suprême ayant été atteinte pour Paul Mouësan avec la Commune de Paris[34].

Fin de vie et postérité[modifier | modifier le code]

Retiré au château de Lémo, Paul Mouësan, dernier comte de la Villirouët, y meurt le à l'âge de 90 ans[35],[36].

Ses propriétés d'Augan et de Campénéac passent alors à son gendre Pierre Libault de la Chevasnerie[37] qui avait épousé Anne-Marie de la Villirouët en 1895.

Armoirie[modifier | modifier le code]

Blason de la famille Mouësan de la Villirouët.
Blasonnement [38]
  • D'azur à 3 molettes d'argent, une fleur de lis de mesme en abisme

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Paul Marie Joseph MOUËSAN de La VILLIROUËT 1829–1919 – Généalogie de la famille Bellabre », sur www.bellabre.com (consulté le )
  2. Cmt X. de Bellevüe, Généalogie de la famille Mouësan de la VillIrouët, Nantes, , « Paul Marie Joseph »
  3. a et b X. De Bellevüe, Une femme avocate,épisode de la Révolution à Lamballe et à Paris : Mémoires de la comtesse de La Villirouët, née de Lambilly, (lire en ligne)
  4. Francis Bertin, Secret, initiations et sociétés modernes : Histoire et Secrets prophétiques des nombres, L'Age d'Homme, n°5 - 1991, 57-62 p. (ISBN 978-2-8251-0230-5, lire en ligne), Charlemagne Mouësan
  5. a et b Cte de Auteur du texte Bellevue, Généalogie de la famille Desgrées du Lou : Cte de Bellevüe : Branche Mouësan de Villerouët (Charlemagne), (lire en ligne)
  6. a et b Jean-Pierre Brache, Histoire et Secret prophétique des nombres, , 135 p. (ISBN 978-2-8251-0230-5, lire en ligne), Page 57 à 64
  7. a et b François Xavier de Bellevue, Généalogie de la maison Fournier, actuellement représentée par les Fournier de Bellevüe : Branche Mouësan de Villerouët, (lire en ligne), (Paul Marie Joseph)
  8. « Maison de BAGLION - Généalogie - page 4 », sur www.baglion.com (consulté le )
  9. Poudouvre, « Généalogie de la famille Mouësan » (Blog), sur OverBlog, (consulté le )
  10. X. de Bellevue, Généalogie de la famille Mouësan de la Villerouët : Paul Mouësan de la Villirouët, Nantes, Émile Grimaud et fils,
  11. Généalogie de la famille de Lambilly : A Paul Marie Joseph Mouësan, comte de la Viilirouët, Nantes, Emile Grimaud & fils, (lire en ligne), p. 48-49
  12. « Souscriptions pour le concile », sur Gallica, L'Univers - Quotidien catholique, (consulté le ), P. 3 - 1ère colonne
  13. Matricule des zouaves pontificaux. Liste des zouaves du n° 4001 au n° 11030, 1910-1920 (lire en ligne)
  14. Diocèse de Vannes, « La semaine religieuse : Nouvelles de Rome », sur Archives départementales du Morbihan, (consulté le ), p. 10
  15. « Loi du 14 avril 1871, maires et adjoints à la nomination du Président du conseil des ministres, puis du Président de la République », sur FranceArchives (consulté le )
  16. « Maires et adjoints élus par les conseils municipaux : Arrondissement de Ploërmel », sur Archives départementales du Morbihan, Le Courrier de Bretagne, (consulté le ), P. 3 - 1ère colonne
  17. « Le Banquet de Rennes - Lettre de P. la Villirouët à M. le préfet du Morbihan », sur Archives départementales du Morbihan, (consulté le )
  18. « Commune d'Augan : Suppression du traitement des vicaires », sur Archives départementales du Morbihan, Le Petit Breton, journal du peuple, (consulté le ), P. 3 - 1ère colonne
  19. Aux convives du banquet de Rennes : Aux royalistes de l'Ouest, Toujours et quand même, Rennes, L. Hamont, (lire en ligne)
  20. « Morbihan et Bretagne : Le Banquet de Rennes », sur Archives départementales du Morbihan, Le Courrier indépendant, (consulté le ), p. 1-2
  21. « Généalogie de Prosper de L'ESTOURBEILLON », sur Geneanet (consulté le )
  22. Courrier de Bretagne, « Service pour le repos de l'âme de M le Comte de Chambord », sur Archives départementales du Morbihan, (consulté le )
  23. « Suspensions et révocations », sur Archives départementales du Morbihan, Le Morbihannais, Vannes, (consulté le ), P.3 - 1ère colonne
  24. a et b Paul-Marie-Joseph Auteur du texte Mouësan de La Villirouët, Parlons hardiment : par M. de La Villirouët,..., (lire en ligne)
  25. « La loi du 5 avril 1884 sur l’organisation municipale | Le blog de Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  26. « Morbihan - Elections municipales : Augan : 150 voix de majorité », sur Archives départementales du Morbihan, Le Courrier de Bretagne, (consulté le ), P.2 - 5ème colonne
  27. Le Courrier des campagnes (page 2) (dir.), « Augan - Election municipale - Victoire à la liste conservatrice », sur Archives départementales du Morbihan, (consulté le )
  28. M. Le Franc, « Rapports du Préfet et délibérations du Conseil général du Morbihan : Commune d'Augan - Construction d'une mairie-école - Demande de secours », sur Gallica, (consulté le ), p. 13-14 & 49-50
  29. Au delà de l’incontestable symbole politique, l'abbé Jean Brageul auteur d'une monographie sur Augan en 2006, indique que l'installation de la statue a été justifiée par la pose de la première pierre de l'édifice communal le 6 juin 1876, jour où à Paris était consacrée la basilique du Sacré Coeur de Montmartre. Le frère Alexandre, directeur de l'école voulu placer pour cette raison, l'école d'Augan sous la protection du sacré-cœur renvoyant à l'idée de l'ordre moral et de l'exaltation du sentiment national.
  30. Xavier de Bellevue, Mis de Bellevüe. Le Camp de Coëtquidan, anciens monuments et seigneuries qui existaient sur son territoire, (lire en ligne)
  31. Albert Louis Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes., vol. Volume III - M-Z, (lire en ligne), P. 148
  32. Paul Marie Joseph MOUËSAN DE LA VILLIROUËT, Recherches sur les fonctions providentielles des dates et des noms dans les annales de tous les peuples, Dumoulin, (lire en ligne)
  33. (en) « Recherches sur les fonctions providentielles des dates et des noms dans les annales de tous les peuples. by MOUËSAN DE LA VILLIROUËT (Paul-Marie-Joseph) : (1852) | Librairie Historique F. Teissèdre », sur www.abebooks.com (consulté le )
  34. Le choix de dédier l'école communale d'Augan au sacré-cœur reflète ces convictions faisant écho au projet politique sous-jacent à la construction du Sacré-Cœur de Montmartre
  35. « L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial », sur Gallica, (consulté le )
  36. « Le Nouvelliste de Bretagne 17 juillet 1919 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
  37. « Généalogie de Pierre Libault de La Chevasnerie », sur Geneanet (consulté le )
  38. Charles Poplimont, La France héraldique, Paris, impr. de J. Boyer & Cie, 1870-1874 (lire en ligne)
  39. « 14 mars - 14/03/1880 Archives départementales du Morbihan, France », sur Archives départementales du Morbihan (consulté le )
  40. « Gallica », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  41. Xavier de Bellevue (1854-1929), « Bibliographie sur Gallica », sur data.bnf.fr (consulté le )
  42. Cte de Auteur du texte Bellevue, Généalogie de la famille de Lambilly : Cte de Bellevüe : A Charlemagne Mouësan, comte de la Villirrouët, (lire en ligne)
  43. Association bretonne et Union régionaliste bretonne Auteur du texte, « Comptes-rendus, procès-verbaux, mémoires... / Association bretonne, Archéologie, Agriculture », sur Gallica, (consulté le )