Paul Louis

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L'abbé Paul Louis, dit Abbé Choc, né le à Guérande (Loire-Atlantique) et mort dans la nuit du 23 au à Clichy (Hauts-de-Seine), est un prêtre français ordonné le .

Il assure aussitôt la direction d'un patronage paroissial jusqu'en . Engagé dans la Résistance à partir de cette date, capturé et torturé en , il s’évade pour rejoindre à nouveau le maquis et participer à la Libération. Bien que diminué physiquement par ces épreuves, il assure ensuite l'aumônerie des gens du voyage.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vicaire sportif[modifier | modifier le code]

Il découvre et pratique la gymnastique pendant sa jeunesse à Argenteuil dans le patronage paroissial de la Saint-Georges d'Argenteuil sous la bienveillante autorité de Joseph Batut qu'il seconde un temps comme trésorier[1]. Il rejoint ensuite l’ordre des Fils de la charité[N 1] où il est ordonné prêtre régulier en 1934. Il est aussitôt nommé dans une paroisse « difficile » de cette ville de banlieue[2] où l’un de ses ex-coéquipiers sportifs, Maurice Weber, dirige déjà depuis plusieurs années la section de gymnastique du patronage de l'Étoile sportive des Champioux. Ensemble, ils le transforment en un lieu d’action sociale, y développant particulièrement la gymnastique et le basket-ball.

Dès le début de l’Occupation, il se consacre à l’écoute de Radio Londres dont il diffuse les informations à ses paroissiens et son confrère le pasteur Neel. Sa hiérarchie, inquiète pour sa sécurité, le déplace en 1941[3] à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Clichy mais son successeur à Argenteuil, l’abbé Guillonnet est du même crû si l’on en croit le témoignage du futur général Jean Guerniou qui, encore enfant, lui servait de couverture pour ses nombreux déplacements rue des Saints-Pères à la librairie Bonaparte, lieu de ralliement du réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy[4].

Religieux résistant[modifier | modifier le code]

Comme en témoignent les archives de son ordre[5], l'abbé Louis s’engage dans la Résistance dès son arrivée à Clichy. Membre du réseau Turma-Vengeance, il fonde le groupe Corrèze (devenu groupe Landy en 1942). Sa tête est mise à prix par la gestapo à laquelle il échappe de justesse le . Le commandant Ginas — président de la confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance (CNCVR) de 1954 à 1975 — organisait son transfert pour l'Angleterre lorsqu’il est lui-même arrêté et interné à Compiègne[6]. Il faut cinq mois pour réorganiser son évasion par l’Espagne.

L’abbé Louis embarque le en gare de Toulouse avec sept pilotes américains pour Saint-Laurent/Saint-Paul[N 2]. Le lendemain 35 fugitifs s’engagent avec trois passeurs dans la montagne où ils errent deux jours dans la tempête. Abandonnés par leurs guides, ils sont arrêtés par les Allemands dans un refuge près de la frontière le 21 à 15 heures 30. L’abbé Louis est incarcéré et torturé à la prison Saint-Michel de Toulouse,en même temps qu'André Malraux, jusqu’au où il monte dans un convoi ferroviaire pour Compiègne.

Le , apprenant que sa propre destination est Fresnes, il saute du train à hauteur de La Ferté-Bernard pour rejoindre à nouveau le maquis. Recueilli par le curé de Saint-Antoine puis hébergé par le clergé du Mans, il participe, à peine rétabli, aux combats de libération de cette ville sous le pseudonyme d’Abbé Choc sous les ordres du colonel Raspail puis assure la liaison avec la résistance parisienne. Son passage dans la 2e division blindée (2e DB), évoqué lors d'interviews n'est pas avéré[7].

Aumônier des gens du voyage[modifier | modifier le code]

En dépit de graves handicaps consécutifs aux tortures subies qui lui laissent des troubles de l’équilibre et nécessitent des soins constants, il assure à partir d' l’aumônerie des gens du voyage et c’est à l’un d’entre eux que l’orateur emprunte cette formule de son oraison funèbre prononcée « en présence des autorités civiles et militaires » le à Clichy : « Le père Louis, il était valable »[7].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Le capitaine Paul Louis est officier de la Légion d'honneur[8],[5]. La croix d'honneur de commandeur de l'ordre national du Mérite civique lui est attribuée le [5]. Il est aussi titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance française, de la médaille des évadés, de la médaille de la France Libre, de la médaille de la déportation et de l'internement[5] et de la médaille de la Liberté.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. nouvellement créé le par le père Jean-Émile Anizan
  2. gare rattachée à la commune de Saint-Laurent-de-Neste. Pendant la Seconde Guerre mondiale cette gare se trouve à la limite de la zone libre et de la zone occupée

Références[modifier | modifier le code]

  1. Vieille amitié 1947, p. 59.
  2. Guy Avanzini et François Hochepied 2010, p. 111.
  3. Pierre Arnaud 2002, p. 169.
  4. Pierre Arnaud 2002, p. 176.
  5. a b c et d Fiche abbé Louis, Paul, Marie, Julien, du 27 juin 1962, référence AMB, archives des fils de la Charité (Issy-les-Moulineaux), consultée le 7 décembre 2010.
  6. Ordre de la Libération
  7. a et b Pierre Arnaud 2002, p. 175.
  8. Attestation du colonel André Dulac, chef de réseau du Bureau de contre-espionnage, renseignements et action (BCRA), du 17 octobre 1945 (2e direction 203/9519/I-H.L), archives des fils de la Charité (Issy-les-Moulineaux), consultée le 7 décembre 2010.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre Arnaud, Le sport et les français pendant l’occupation, t. 2, Paris, éditions L'Harmattan, , 280 p. (ISBN 2-7475-2078-1, BNF 38849993), p. 167-179 . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Guy Avanzini et François Hochepied, Les cultures du corps et les pédagogies chrétiennes XIXe et XXe siècles, Paris, éditions Don Bosco, , 349 p. (ISBN 978-2-914547-67-3 et 2-914547-67-6, BNF 42161441), p. 97-124 . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Vieille amitié, Un remarquable éducateur, M. le chanoine Joseph Batut, à compte d’auteur, . Document utilisé pour la rédaction de l’article

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]