Passation des pouvoirs entre les présidents de la République française sous la Cinquième République

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Nicolas Sarkozy, président sortant, et François Hollande, président élu, sur le perron de l'Élysée le .

La passation des pouvoirs sous la Cinquième République est une étape majeure de l'investiture du président de la République. Entouré de secret, il est un instant de discussion entre l'ancien et le nouveau Président de la République française, qui dure entre trente minutes et deux heures.

Historique[modifier | modifier le code]

1959[modifier | modifier le code]

Charles de Gaulle est accueilli par René Coty le [1]. L'entrevue ne dure que quelques minutes[2]. Après la remise du grand collier de la Légion d'honneur et des discours brefs de l'ancien et du nouveau président, le général de Gaulle déjeune avec Coty. Ils se rendent ensuite à l'Arc de triomphe de l'Étoile[3].

1969[modifier | modifier le code]

Georges Pompidou est élu au second tour de l'élection présidentielle de 1969 face au président par intérim, Alain Poher.

S'ensuit la première passation de pouvoir du régime, après la réélection puis la démission de Charles de Gaulle. Elle est organisée le . Le président sortant ayant démissionné le , c'est Alain Poher qui accueille Georges Pompidou à l'Élysée. Il lui transmet les codes nucléaires dans une enveloppe et sous la forme du médaillon du général de Gaulle[4].

1974[modifier | modifier le code]

La mort de Georges Pompidou rappelle Alain Poher à l'Élysée en tant que président par intérim. Il accueille ainsi Valéry Giscard d'Estaing après son élection à l'élection présidentielle de 1974, et lui transmet les codes nucléaires sous la forme du médaillon du général de Gaulle.

1981[modifier | modifier le code]

La passation des pouvoirs est conduite par le socialiste Pierre Bérégovoy, chargé d'une « antenne présidentielle » par François Mitterrand afin d'organiser la passation des pouvoirs dans les meilleures conditions à la suite de la défaite de Valéry Giscard d'Estaing[5]. Elle a lieu le 1981. L’entretien entre le président sortant et le président nouvellement élu dure au total quelque cinquante minutes[5].

Rompant avec le protocole, c’est à pied, comme il l'avait fait sept ans plus tôt à son arrivée à l'Élysée, que Valéry Giscard d'Estaing quitte le palais, à 10 heures 15 : il est alors pris à partie par des militants socialistes, qui le sifflent et le huent, masquant les applaudissements de ses partisans[5],[6].

1995[modifier | modifier le code]

La passation de pouvoir a lieu le . L'entretien dure environ une heure[7].

2007[modifier | modifier le code]

L'entretien entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy dure 36 minutes[8]. Il est tendu du fait des désaccords politiques et personnels importants entre les deux hommes de droite[9].

Jacques Chirac insiste sur la question du Liban, qu'il souhaite que la France continue d'aider[10]. Son interlocuteur accède à peu de ses requêtes, comme le maintien en fonction de Thierry Breton au ministère de l’Économie et de François Baroin au ministère de l'Intérieur ou la nomination d’Hubert Védrine plutôt que de Bernard Kouchner aux ministère des Affaires étrangères[11]. Nicolas Sarkozy montre à Jacques Chirac une photographie du premier congrès du RPR, où il s'est rendu et où ils apparaissent tous les deux[12].

2012[modifier | modifier le code]

L'entretien entre l’ancien et le nouveau chef de l’État dure une quarantaine de minutes[13]. Les deux hommes, qui se tutoient, parlent notamment de l'opération Barkhane[14]. François Hollande propose à Nicolas Sarkozy de l'appeler s'il a besoin de quelque chose[15].

Le président sortant demande que trois de ses anciens collaborateurs, dont au premier rang Xavier Musca, trouvent un point de chute honorable[15].

Parallèlement, les deux premières dames effectuent un entretien pour transmettre des informations sur le protocole et le rôle de la « première dame »[16].

2017[modifier | modifier le code]

L'entretien dure une heure pleine, ce qui dépasse ce qui avait été prévu par le protocole. Une grande partie de la conversation est d'ordre personnel[17]. Emmanuel Macron annonce à son prédécesseur qu'il compte nommer Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur. François Hollande met en garde le président contre un affranchissement de son Premier ministre, Édouard Philippe[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Max Gallo et Yves Guéna, De Gaulle, les images d'un destin, Cherche midi, (ISBN 978-2-7491-0777-6), p. 128.
  2. Solenn de Royer-Dupré et Alexis Brézet, Le Deuil du pouvoir, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-07008-3, lire en ligne).
  3. Claude Dulong, La Vie quotidienne à l'Elysée au temps de Charles de Gaulle, Hachette, (ISBN 2-01-016506-3).
  4. Jean Guisnel, Le président et la bombe : Jupiter à l'Élysée, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-3387-8).
  5. a b et c Nicole Gauthier, « En 1981, une alternance plutôt crispée : le passage de relais entre Giscard et Mitterrand se fit dans un climat de méfiance », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Valéry Giscard d'Estaing quitte l'Elysée », sur ina.fr (consulté le ).
  7. « PrésidenScope - La passation des pouvoirs », sur www.presidenscope.fr (consulté le ).
  8. « Vidéos. Ces passations de pouvoir qui ont marqué la Ve République », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  9. Patrice Duhamel et Jacques Santamaria, Les Jours d'après, Humensis, (ISBN 979-10-329-0005-5, lire en ligne)
  10. Pierre Péan et Vanessa Ratignier, Une France sous influence: Quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu, Fayard, (ISBN 978-2-213-67983-9, lire en ligne)
  11. Bruno D, LE DERNIER CHIRAC, Mareuil Éditions, (ISBN 978-2-37254-160-2, lire en ligne)
  12. Michèle Cotta, Le Rose et le Gris: Prélude au quinquennat de François Hollande, Fayard, (ISBN 978-2-213-67536-7, lire en ligne)
  13. « Passation des pouvoirs entre présidents : un rituel marquant de la Ve République », sur leparisien.fr, (consulté le )
  14. Xavier Panon, Dans les coulisses de la diplomatie française - De Sarkozy à Hollande, L'Archipel, (ISBN 978-2-8098-1716-4, lire en ligne)
  15. a et b Nicolas Sarkozy, La France pour la vie (ISBN 978-2-259-24894-5).
  16. Jacques Houriez, « Première Partie. Les drames de la conversion », dans L’inspiration scripturaire dans le théâtre et la poésie de Paul Claudel, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-251-60594-4, lire en ligne), p. 23–171.
  17. Bruno Dive, Crimes et renoncements. Quand la politique dépasse la fiction, Humensis, (ISBN 979-10-329-0224-0, lire en ligne).
  18. Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Le Traître et le néant, 2021, Fayard (ISBN 978-2213705309)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Bigaut, « La passation des pouvoirs des présidents de la République française », La Revue administrative, vol. 59, no 354,‎ , p. 572–581 (JSTOR 41942345).

Articles connexes[modifier | modifier le code]