Parti social-fédéraliste géorgien

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Parti social-fédéraliste géorgien
საქართველოს სოციალისტ-ფედერალისტთა პარტია
Présentation
Président Guiorgui Laskhichvili (1917)
Fondation 1904
Siège Genève, puis Tiflis
Positionnement Centre gauche (et Centre droit au début)
Idéologie sociale (et libérale au début)
Représentation
Député Doumas russes (1906-1917)
1  /  497
Députés Assemblée parlementaire transcaucasienne (février 1918-mai 1918)
10  / 
Députés Conseil national géorgien (mai 1918-février 1919)
16  /  150
Députés Assemblée constituante géorgienne (février 1919 – mars 1921)
8  /  130

Le Parti social-fédéraliste géorgien (en géorgien : საქართველოს სოციალისტ-ფედერალისტთა პარტია) est un parti politique qui a été fondé clandestinement en 1904 : il s'inspire à la fois des mouvements sociaux-révolutionnaires russes et du réveil des nationalités touchant l'Empire russe[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Naissance dans l'Empire russe[modifier | modifier le code]

Les premières réunions du mouvement social-fédéraliste se tiennent fin du XIXe siècle et début du XXe siècle à l'étranger, par exemple en 1895 pour les Akhalgazda Iverielebi (Jeunes Ivériens) qui publie Sakartvelo (Géorgie) à Paris[2]. Le parti est cofondé officiellement à Genève en 1904 par notamment Ivané Abachidzé, Chalva Alexis-Meskhichvili, Ioseb Baratachvili, Andria Dékanozichvili, Guiorgui Dékanozichvili[3], Artchil Djordjadzé, Guiorgui Laskhichvili, Tedo Sokhia et Varlam Tcherkézichvili[Note 1],[4].

Il se réclame du socialisme — à ce titre participe à la 2e Internationale où il est représenté par Guiorgui Dekanozichvili[5] —, mais n’adhère pas au marxisme : il défend la propriété privée, l’attribution des terres aux paysans qui les cultivent, l’autonomie de la Géorgie au sein de l’Empire russe et l’utilisation de la langue géorgienne dans la société[6].

Il joue un rôle en 1905 lors de la révolution en obtenant des armes des services secrets de l’empire du Japon et ensuite en se finançant par des attaques des trésoreries russes[7].

Parlementarisme dans l’Empire russe[modifier | modifier le code]

Lors des élections de la 1re Douma, il compte un élu à Tiflis, Ioseb Baratachvili[8] et s’allie au Parti social-démocrate dans l’opposition.

Parlementarisme en Transcaucasie[modifier | modifier le code]

Lors des élections constituantes de l’ex-Empire russe du , il compte quatre élus sur le territoire géorgien qui ne siègent pas, Lénine ayant dissous l’assemblée le  : ils sont cooptés le à l’ assemblée parlementaire provisoire de Transcaucasie couvrant les territoires arménien, azerbaïdjanais et géorgien. Ils soutiennent les gouvernements transcaucasiens successifs d’Evguéni Guéguétchkori et d’Akaki Tchenkéli[Note 2].

Acte de retour à l'indépendance, signé le par des membres du Parti social-fédéraliste

Parlementarisme et participation au pouvoir exécutif en Géorgie[modifier | modifier le code]

Les sociaux-fédéralistes participent au Conseil national géorgien qui déclare l’indépendance du pays le et proclame la République démocratique de Géorgie: ils sont représentés à l’assemblée parlementaire géorgienne provisoire[Note 3] présidée par Nicolas Tchéidzé et entrent au gouvernement de Noé Ramichvili avec deux ministres, Guiorgui Laskhichvili à l’Èducation nationale et Chalva Alexis-Meskhichvili à la Justice : ils sont reconduits dans le gouvernement de Noé Jordania qui succède au précédent[2].

Certains autres membres du parti social-fédéraliste appartiennent à l'encadrement militaire de l'armée nationale géorgienne, comme Ioseb Guédévanichvili tour à tour commandant de garnison en Abkhazie, à Bortchalo et sur les fronts sud et sud-est.

Opposition parlementaire en Géorgie[modifier | modifier le code]

Lors des élections de l’Assemblée constituante de Géorgie du , 8 députés sociaux-fédéralistes sont élus : le Parti social-fédéraliste se retire du gouvernement et passe dans l’opposition. Néanmoins, Simon Mdivani et Samson Pirtskhalava sont élus tour à tour vice-président, Ioseb Baratachvili[9] et Guiorgui Laskhichvili[10] sont élus à la Commission constitutionnelle.

Résistance interne ou exil[modifier | modifier le code]

Après l'invasion du territoire géorgien par l'Armée rouge, en février 1921, une partie reste en Géorgie ; certains, comme Chalva Noutsoubidzé et Théodoré Glonti, tentent de jouer le multipartisme en défendant leurs positions (autonomie de la Géorgie, langue nationale, partage des terres au profit des paysans, ...) et finalement dissolvent le parti social-fédéraliste (aile de gauche) dans le parti communiste géorgien le [2]; d'autres, comme Samson Dadiani[11] ou Artchil Djadjanachvili[12], entrent dans une résistance active contre les bolcheviks avant d'être arrêtés et de s'incliner.

Une dernière partie de ses cadres s'exile comme la plupart des membres de la classe politique géorgienne : leurs chefs de file en France sont Simon Mdivani et Samson Pirtskhalava. Ce dernier, porteur de parts de la Société civile immobilière du château de Leuville, retourne en Géorgie en 1948 avec l'espoir de ne pas être inquiété par le pouvoir soviétique : il meurt sur le chemin de la déportation en Asie centrale.

Héritage[modifier | modifier le code]

Ayant participé, minoritairement, à l'exercice du pouvoir exécutif du au , le parti social-fédéraliste géorgien a eu une influence limitée sur la conduite des affaires de la Géorgie. Par contre durant une quarantaine d'années il a été le creuset de deux idées fondamentales, celle du réveil national et celle de la justice sociale ; pris sur sa droite par un parti issu de ses rangs et privilégiant le réveil national, et sur sa gauche par un parti privilégiant la justice sociale, il est demeuré d'abord un parti d'idées et de débats, traversé par de multiples tendances. Après la prise de pouvoir communiste, l'une des tendances a collaboré un temps avec le pouvoir pour disparaître politiquement après le soulèvement national géorgien de 1924 et physiquement lors des purges staliniennes de 1937, l'autre tendance a renoncé à toute ambition politique. Pour les tendances ayant pris le chemin de l'exil, le Mouvement Prométhée destiné à contenir l'URSS — dans lequel Simon Mdivani s'est impliqué — et l'attaque d'Hitler contre Staline — soutenue par certains cadres du parti en exil — ont constitué un temps des espoirs : la chute de la Pologne de Józef Piłsudski et l'issue de la Seconde Guerre mondiale en sonnent la fin. Les nouvelles formations politiques, créées après 1991, n'ont pratiquement pas eu de proximité idéologique avec lui[13].

Membres notables du Parti social-fédéraliste géorgien[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La transcription en langue française des patronymes géorgiens a été stable jusqu’à la fin du XXe siècle : les règles constituées par l’intermédiation de la langue russe, confirmées par la Légation de la République démocratique de Géorgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue géorgienne, étaient utilisées sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministère français des Affaires étrangères et par la plupart des universitaires français s’intéressant à la Géorgie. L’usage a progressivement changé avec l’intermédiation de la langue anglaise et la définition d’une translittération latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi ვარლამ ჩერქეზიშვილი donne Varlam Tcherkézichvili en transcription française et Varlam Cherkezishvili en transcription anglaise (et en translittération latine).
  2. Guiorgui Laskhichvili, Grigol Rtskhiladzé, Chalva Alexis-Meskhichvili, Ioseb Guédévanichvili, Samson Pirtskhalava, Dimitri Ouznadzé, Ioseb Baratachvili, I. Bakradzé, Simon Mdivani, A. Tsérétéli siégeaient à l'assemblée parlementaire provisoire de Transcaucasie
  3. Grigol Rtskhiladzé, Ioseb Baratachvili, Samson Pirtskhalava Simon Mdivani, I. Bakradzé, A. Tsérétéli, Dimitri Ouznadzé, Samson Dadiani, Ioseb Guédévanichvili, Théodoré Glonti, Ch. Mikéladze, Chalva Noutsoubidzé, Artchil Djadjanachvili, A. Torotadzé, A. Paghava, S. Kaukhtchichvili siégeaient au Conseil national géorgien

Références[modifier | modifier le code]

  1. Georges Mamoulia, Les Combats indépendantistes des Caucasiens. Entre l'URSS et puissances occidentales. Le cas de la Géorgie, Paris, L’Harmattan, , p. 10.
  2. a b et c (ka) « სოციალისტ-ფედერალისტთა პარტია », sur National Parliamentary Library of Georgia (consulté le ).
  3. « Georges Dékanozichvili », sur Colisée,
  4. « Géorgie. Les partis politiques avant 1991 », sur Colisée,
  5. Archives nationales de France, « Papiers Georges Dekanozichvili (1888-1904) », sur France Archives, .
  6. Michel Khoundadze, La Révolution de février 1917. La social-démocratie contre le bolchévisme, Paris, Anthropos,
    « Pendant la campagne électorale, Tseretelli ne rencontra qu’un seul adversaire sérieux, Zdanovitch, le leader du parti fédéraliste géorgien qui, par son idéologie, était apparenté aux sociaux-révolutionnaires russes, combattant pour les idées de la philosophie politique populiste et en même temps pour l’autonomie nationale de la Géorgie dans le cadre de la Fédération panrusse ».
  7. Georges Mamoulia, Les combats indépendantistes des Caucasiens. Entre l'URSS et puissances occidentales. Le cas de la Géorgie, Paris, L’Harmattan, , p. 11.
  8. (en) Suny, Ronald Grigor, The making of the Georgian nation, Studies of nationalities in the USSR. Bloomington [u.a.]: Indiana Univ. Pr, , p. 173.
  9. (en) « Iese Baratashvili », sur First Republic.
  10. (en) « Giorgi Laskhishvili », sur First Republic.
  11. a et b (ka) « დადიანი სამსონ პლატონის ძე », sur Sov Lab (consulté le ).
  12. a et b (ka) « ჯაჯანაშვილი არჩილ », sur National Parliament Library of Georgia (consulté le ).
  13. « Géorgie : les partis politiques (de 1991 à 2009) », sur Colisée, .
  14. (ka) « ი ბაქრაძე », sur Georgian Parliament (consulté le ).
  15. (ka) « როგორ გააძევა დარბაზიდან გიორგი ზდანოვიჩმა ალექსანდრ კერენსკ », sur Week End,‎ .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]