Parc éolien en baie de Saint-Brieuc

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Parc éolien en baie de Saint-Brieuc
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Administration
Localisation
Coordonnées
Propriétaire
Mise en service
Prévue fin 2023
Statut
En projet
Caractéristiques
Type d'installation
Éoliennes en mer
Nombre de turbines
62
Type de turbine
Siemens Gamesa Renewable Energy SG 8.0-167 DD (8 MW)[1]
Superficie
75 km2[2]
Puissance installée
496 MW[2]
Production d’électricité
Production annuelle
1 820 GWh[2]
Facteur de charge
43 %
Densité de puissance
2,8 W/m2[Note 1]

Site web
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Géolocalisation sur la carte : Manche
(Voir situation sur carte : Manche)
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Le parc éolien en baie de Saint-Brieuc est un projet d'implantation de soixante-deux éoliennes en mer dont l'achèvement est prévu en 2023. Sa construction entraînera un investissement de 2,5 milliards d'euros et la création de 140 emplois pour son entretien[3]. Il est néanmoins au centre d'une polémique en raison de l'impact paysager, écologique et halieutique du projet.

Premiers projets éoliens en baie de Saint-Brieuc[modifier | modifier le code]

Les premiers projets d'implantation d'éoliennes off-shore en baie de Saint-Brieuc datent de la fin des années 2000 à la suite de la libéralisation du marché de l'énergie au . En 2009, l'opérateur Poweo et le cabinet d'études lorientais Nass&Wind ont déposé des demandes d'autorisation d'occupation de l'espace marin. C'est en 2011 que le ministère de l'énergie et du développement durable lance un grand appel d'offres pour la construction et l'exploitation de cinq parcs éoliens off-shore en Bretagne (Saint-Brieuc), en Pays-de-la-Loire (Saint-Nazaire) et en Normandie (Courseulles-sur-Mer, Fécamp et Le Tréport). Seuls quatre d'entre eux ont été attribués (Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire) qui ont fait l'objet en 2013 d'un débat public. Les anciens promoteurs éoliens se sont alliés avec les grands énergéticiens porteurs de projets (notamment EDF, GDF-SUEZ et Iberdrola) et continuent à participer aux projets[4].

Emplacement et port d'entretien[modifier | modifier le code]

Localisation de la zone accordée au développement du parc.

Le parc éolien sera implanté à 16,3 km au large du cap d'Erquy sur une zone de 75 km2 déjà exploitée pour les produits de la mer. Saint-Quay-Portrieux a été choisie comme base arrière pour l'entretien des éoliennes[5].

Capacité et envergure du projet[modifier | modifier le code]

La Bretagne produit actuellement près de 20 % de sa consommation électrique. La puissance du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc est de 496 MW[6].

Le maître d'ouvrage (le consortium Ailes marines : Iberdrola, RES et la Caisse des Dépôts) prévoit que l'ensemble du parc produise 1 820 GWh par an, l'équivalent de la consommation annuelle d'électricité de 835 000 habitants. Soixante-deux éoliennes de 8 MW[7] seront fabriquées par Siemens Gamesa au Havre (les pales, les nacelles et les génératrices). Ce site comprend également une zone logistique dédiée à l’installation des projets éoliens en mer[8].

Le projet global représente un investissement d’un montant de 2,4 milliards d’euros[8].

Certains composants des fondations des éoliennes seront assemblés sur un site dédié de 11 hectares sur le polder du port de Brest[8].

La hauteur des éoliennes au-dessus du niveau de la mer sera de 207 mètres (de la base au niveau de la mer jusqu'au bout des pales)[8].

Le poste électrique en mer du parc éolien appartient à Ailes marines, il est chargé de renvoyer le courant à terre[9].

La station de raccordement au réseau de transport national est à la charge de RTE[5], le gestionnaire public du réseau de transport d'électricité. RTE devra raccorder le parc éolien en baie de Saint-Brieuc au réseau de transport d’électricité par la création d’une liaison double sous-marine puis souterraine 225 000 volts jusqu’au réseau existant. Trois communes sont traversées : Erquy, Saint-Alban et Hénansal[9].

Le prix de rachat de l'électricité produite sera de 155 euros le mégawatt heure, un tarif garanti pour 20 ans (en 2021, le prix moyen pour les nouveaux projets d'éoliennes en mer est de 51 euros le mégawatt heure)[5].

Le démantèlement de la centrale et la remise en état du site(estimé à 250 millions d'euros en 2011) dans 40 ans seraient à la charge de l'État en cas de défaillance dans le financement ou la réalisation d'Ailes marines et de sa garantie bancaire Iberdrola pour éviter « un cimetière d'éoliennes au large ». Des maires concernés demandent une garantie financière sécurisée par une consignation progressive des sommes nécessaires[5],[10].

Impacts environnementaux[modifier | modifier le code]

La baie de Saint-Brieuc est déjà exploitée par les pêcheurs, notamment pour la pêche de coquilles Saint-Jacques. Les associations environnementales et les pêcheurs de la baie s'inquiètent cependant de la perte de diversité halieutique qui résulterait du bruit des éoliennes et des vibrations produites, de la pollution à l'aluminium (environ 64 tonnes par an seraient rejetés dans la mer), de la destruction des fonds marins entraînée par les travaux, de la menace que le projet porte sur les activités de pêche[5].

Le 14 juin 2021 à h 30, le bateau plateforme Aeolus, qui réalise l'installation des éoliennes, a déclaré une fuite de 100 litres d'huile. Une nappe de près de 16 km de long est confirmée par satellite, puis par avion. Selon les autorités, il s'agit d'une pollution d'« ampleur significative »[7],[11].

En septembre 2021, Sea Shepherd publie un communiqué exposant le manque d'étude relative à l'impact environnemental du projet, et les potentielles conséquences sur les écosystèmes marins, en particulier sur certaines espèces d'oiseaux marins menacées ou en danger critique d’extinction, pour lesquelles des dérogations de destruction ont été accordées[12]. L'association réalise également des actions en mer[13].

Enjeux économiques locaux[modifier | modifier le code]

Le projet entraînera la création d'emplois locaux dans la fabrication et la maintenance du parc. L'exploitation générera des taxes Enr(Énergies renouvelables) de plus de 9 millions par an pendant 20 ans réparties entre office français de la biodiversité, les comités des pêches, la SNSM, les communes littorales en covisibilité (Erquy, Fréhel, Pléneuf, Plévenon, Plurien)[6],[14]

Avancement du projet[modifier | modifier le code]

  •  : sondage géotechnique[15]
  • mi-mars à mi- : débat public[16]
  • 2013-2017 : Étude des fonds marins, dépôt du dossier à l'administration pour recevoir les autorisations
  • 2017 : Ailes Marines reçoit les autorisations
  • 2019-2021 : Étude des fonds marins (carottage)
  • 2021-2023 : Fabrication et installation des éléments constitutifs du parc
  • 2023 : Mise en service et exploitation du parc éolien en mer

Recours en justice[modifier | modifier le code]

Annoncé le 27 août 2021, le comité des pêches des Côtes-d’Armor a déposé plainte contre le projet de construction du parc éolien en baie de Saint-Brieuc pour pollution et atteintes à l’environnement. Ils accusent le projet, de « détruire, altérer et dégrader la biodiversité »[17].

Le choix de la société Ailes Marines pour la construction du parc éolien avait été jugé «irrégulier» par le Conseil d’Etat. En septembre 2021, le comité des pêches des Côtes-d’Armor saisit le parquet national financier(PNF) pour « recel de favoritisme» et réclame «des investigations pénales». La société concurrente Eolien maritime France avait été désignée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE)[18]. Le PNF ouvre une enquête sur l’attribution du marché[19].

Le 24 septembre 2021, d'autre part, les avocats du comité des pêches ont annoncé avoir déposé deux recours devant le tribunal administratif de Rennes pour faire suspendre puis annuler un arrêté autorisant les travaux du parc éolien[19].

Le 7 janvier 2022, l'association Gardez les Caps et l'ONG Sea Shepherd déposent plainte devant le Conseil d'État pour contester les 59 dérogations de destruction d'espèces et d'habitats protégés accordés pour la réalisation du projet. En février 2022, les deux associations portent l'affaire devant la Commission européenne[20],[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Ailes Marines et Siemens Gamesa signent le contrat de fourniture des éoliennes du parc éolien en mer de Saint-Brieuc », sur ailes-marines.bzh, (consulté le ).
  2. a b et c « Le projet en bref ».
  3. « Iberdrola annonce la création de 2 000 emplois », sur Ouest-France.
  4. « Poweo se désengage des énergies vertes », sur Le Figaro, (consulté le ).
  5. a b c d et e Catherine Bazille, « Parc éolien en Baie de Saint-Brieuc : les raisons de la colère », sur France 3 Bretagne, (consulté le )
  6. a et b « Pourquoi le parc eolien en baie Saint-Brieuc tiendra le cap », Le Télégramme,‎ .
  7. a et b « En baie de Saint-Brieuc, les travaux d’un parc éolien provoquent une pollution maritime « significative » », sur Le Monde, (consulté le )
  8. a b c et d Véronique Maignant, « Parc éolien en baie de Saint-Brieuc : Siemens Gamesa remporte une commande pour 62 éoliennes », sur bretagne-economique.com, (consulté le )
  9. a et b « Raccordement à 225 000 volts du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc », sur rte-france.com (consulté le )
  10. « En baie de Saint-Brieuc des maires demandes des assurances sur le démantèlement », Le Télégramme,‎
  11. « Éoliennes en baie de Saint-Brieuc : des rejets toxiques en mer ? », sur Reporterre,
  12. « Projets français d'usines éoliennes en mer : une bombe à retardement écologique » Accès libre [PDF], sur seashepherd.fr,
  13. Equipe Editoriale, « Usine éolienne dans la baie de Saint-Brieuc : Sea Shepherd lance l’opération « Les Vents de la Colère » », sur Sea Shepherd France, (consulté le )
  14. « Emploi et retombées fiscales : les promesses du parc éolien en baie de Saint-Brieuc », sur LeTelegramme.fr, (consulté le ).
  15. « Saint-Brieuc. Ils sondent le fond de la baie pour le futur parc eolien offshore », sur Ouest-France.
  16. http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/eolien-offshore-baie-saint-brieuc-debat-public-mars-juillet-2013-03-12-2012-77135
  17. « A Saint-Brieuc, les pêcheurs portent plainte contre le projet de construction du parc éolien », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
  18. « Parc éolien en baie de Saint-Brieuc : les pêcheurs saisissent le PNF pour « recel de favoritisme » », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
  19. a et b « Le PNF ouvre une enquête sur l’attribution du marché du parc éolien en baie de Saint-Brieuc », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
  20. Equipe Editoriale, « Usine éolienne en baie de Saint-Brieuc Nous déposons plainte devant la Commission européenne », sur Sea Shepherd France, (consulté le )
  21. « Eoliennes en baie de Saint-Brieuc. Pourquoi Sea Shepherd et Gardez les Caps déposent plainte devant la Commission européenne », sur France 3 Bretagne (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]