Panchaea

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Panchaea, en grec Παγχαΐα, aussi Panchée ou Panchaia, est une île du monde connu des anciens, peut-être imaginaire, dans la mer Érythrée, près de la côte de l’Arabie Heureuse.

Dans l'Antiquité[modifier | modifier le code]

Elle est rapportée par Évhémère, qui affirme y avoir fait un séjour enchanteur. Sa description figure dans son ouvrage L'Écriture sacrée, aujourd'hui perdue, mais dont des extraits furent repris postérieurement par plusieurs auteurs. Ainsi, Diodore de Sicile reprend sa description de l'île dans les tomes V[1] et VI de sa Bibliothèque historique. Ce sixième tome est également perdu, mais le passage concernant l'île nous est connu grâce à Eusèbe de Pamphile, qui l'évoque dans La préparation évangélique[2]. Le cinquième tome explique que l'île fait partie d'un ensemble de trois îles près de l’Arabie Heureuse. La première, appelée l'île Sacrée, produit peu de fruits, mais quantité d'encens et de myrrhe. Elle est distante de sept stades de la seconde, Panchaia. Elle est aussi éloignée de trente stades de la troisième île, située à l'est, d'où les Indes sont à peine visibles de très loin.

L’existence ou tout au moins la situation exacte de cette île, habitée par des Indiens, des Scythes et des Crétois, appelés collectivement Panchéens, est contestée. Plusieurs auteurs antiques contestèrent la véracité du récit d’Evhémère. Dans ses Histoires (IIe siècle av. J.-C.), Polybe estime le récit d'Évhémère faux, mais plus crédible que celui de l'explorateur grec Pythéas[3]. Strabon reprend cette opinion dans sa Géographie (écrite entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C.)[4]. Dans sa diatribe Isis et Osiris, Plutarque traite carrément Evhémère d'imposteur, soulignant que personne d'autre que lui n'a abordé cette fameuse île[5].

D’après Pomponius Méla dans son De situ orbis (Ier siècle), les Panchéens habitaient, non pas une île, mais une contrée située sur la côte de la mer Érythrée, au delà du golfe Arabique. Ce peuple est qualifié d'ophiophage car se nourrissant de serpents[6].

L'île est évoquée par Lygdamus dans la troisième de ses élégies[7]. Virgile y fait allusion dans ses Géorgiques (terminé en -29)[8].

Après l'Antiquité[modifier | modifier le code]

Dans les temps modernes, quelques géographes croient retrouver Panchæa dans l’île Massera, sur la côte orientale de l’Arabie, au sud du cap Rasalgat.

Source[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, tome V (XXVIII - XXIX), lire en ligne.
  2. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, tome VI (fragments), lire en ligne.
  3. "Mais un particulier, et un particulier peu riche, comme Pythéas, a-t-il donc pu faire des voyages de si long cours, tant par terre que par mer ? Comment Ératosthène, doutant s’il devait en général ajouter foi aux relations de ce navigateur, les adopte-t-il en particulier à l’égard de la Bretagne, de Gadès et de l’Ibérie ? Autant et mieux vaudrait s’en rapporter à Évhémère de Messine : au moins celui-ci ne prétend-il avoir été par mer que dans une seule contrée inconnue, dans la Panchaïe ; l’autre se donne pour avoir visité toute l’Europe septentrionale jusqu’aux bornes du monde. Hermès lui-même se vantât-il d’en avoir fait autant, on ne le croirait pas. Toutefois, Ératosthène, qui traite Évhémère de bergéen, veut croire aux récits de Pythéas, et cela quand Dicéarque lui-même n’y croit pas." Polybe , Histoires , livre XXXIV, III (lire en ligne)
  4. "N'eût-il pas mieux valu cent fois, dit Polybe, croire au récit du Messénien ? Celui-ci du moins ne s'est vanté que d'une seule découverte, de sa navigation à l'île de Panchaia, tandis que l'autre prétend avoir atteint aux limites mêmes du monde et avoir exploré toute la région septentrionale de l'Europe, allégation qu'on ne croirait même pas sortant de la bouche d'Hermès. " Strabon, Géographie, livre II, chapitre IV, 2 (lire en ligne)
  5. "c'est enfin donner comme une sanction manifeste aux impostures de cet Evhémère de Messine qui, en imaginant les fables les plus absurdes, les plus destituées de fondement, a semé l'impiété dans tout l'univers par son audace à effacer en quelque sorte les noms de tous ces dieux généralement reçus qu'il transforme en rois, en princes, en généraux d'armée, qui ont, dit-il, existé dans des temps fort éloignés, et dont il a trouvé les noms écrits en lettres d'or dans l'île de Panchée. Cependant, jamais aucun Barbare ni aucun Grec n'en a eu connaissance , et il faudra croire que le seul Evhémère a abordé dans cette île des Panchéens et des Triphylliens, peuples qui n'existent et n'ont jamais existé nulle part. " Plutarque, Œuvres morales : Isis et Osiris, 23 (lire en ligne)
  6. Pomponius Mela, De situ orbis (ou De chorographia), livre III, 81 (lire en ligne, en latin)
  7. Lygdamus, Élégies, livre III, partie II (lire en ligne, en latin).
  8. "Mais ni la Médie si riche en forêts, ni le Gange et ses belles rives, ni l'Hermus qui roule un limon d'or, ni la Bactriane, ni l'Inde, ni la Panchaïe tout entière, avec ses sables où vient l'encens, ne le disputeraient en merveilles à l'Italie" Virgile, Géorgiques, livre II (lire en ligne)