Paludiculture

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Exemple de paludiculture dans un marais

La paludiculture (du latin palus "marais" et "culture") est la production de biomasse agricole dans un milieu humide naturel ou remouillé[1].

Les milieux humides ont longtemps été considérés comme des «wastelands» ou des terres en friche et ont par conséquent été drainés afin d'améliorer leur productivité. Toutefois, à long terme, l'agriculture par le drainage des milieux humides (particulièrement des tourbières) n'est pas une activité durable[2]. En effet, avec le temps, les sols organiques se compactent et leurs propriétés hydrauliques sont modifiées, les rendant impropres à l'agriculture et émetteurs de gaz à effet de serre (N2O, CO2)[2].

La paludiculture provient du besoin de préserver les services écosystémiques des milieux humides (régulation et filtration de l'eau, refuge de biodiversité...) tout en permettant leur culture. Différents types de plantes peuvent être cultivés ou récoltés en milieux humides, des petits fruits (surtout en tourbières), du fourrage pour le bétail et des biocarburants (p. ex., à partir du roseau ou de la quenouille)[3]. La filière, expérimentée en Allemagne[4], permet notamment de produire de l'énergie à partir de la biomasse de roseaux Phragmites australis[5]. Elle est aujourd'hui testée en France dans certains projets en Alsace et en Camargue[6].

Un cas particulier de paludiculture est la culture de sphaignes dans des tourbières remouillées par des actions de restauration. Actuellement, la matière première la plus importante dans la production de substrat de croissance horticole est la tourbe de sphaigne (tourbe blonde). Environ 30 millions de m3 de tourbe de sphaigne sont utilisés annuellement dans la production de substrat de croissance[7]. Cependant, l'extraction de la tourbe de sphaigne détruit les fonctions écosystémiques des tourbières desquelles elle est extraite, et comme cette dernière prend des milliers d'années à se former elle doit être considérée comme une ressource finie, non renouvelable.

Une alternative est actuellement développée sous la forme de culture de fibres de sphaigne non décomposées sur une base durable et renouvelable de fibres de sphaigne. Les sphaignes non décomposées et la tourbe de sphaigne ont des propriétés très similaires et les fibres de sphaigne peuvent remplacer, même à 100 % la tourbe de sphaigne sans diminuer la qualité du substrat horticole[8]. Comme la culture de sphaigne s'effectue sur des tourbières remouillées, certaines fonctions écosystémiques sont donc restaurées (séquestration de carbone, refuge de biodiversité...). La culture de sphaignes apparaît donc une alternative intéressante à l'extraction de la tourbe et une avenue intéressante pour la gestion responsable des tourbières[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Paludiculture »
  2. a et b Tapio-Biström, Marja-Liisa., Joosten, Hans., Tol, Susanna. et Mitigation of Climate Change in Agriculture Programme., Peatlands : guidance for climate change mitigation through conservation, rehabilitation and sustainable use, Food and Agriculture Organization of the United Nations, [2012] (ISBN 9789251073025, OCLC 823864361, lire en ligne)
  3. H. Joosten, G. Gaudig, R. Krawczynski et F. Tanneberger, Managing soil carbon in Europe: paludicultures as a new perspective for peatlands. (DOI 10.1079/9781780645322.0297, lire en ligne), p. 297–306
  4. (de) Kuntze, H. (1983). Probleme der modernen landwirtschaftlichen Moornutzung, in: Telma 13: 137–152
  5. Schröder, C., Dahms, T., Wichmann, S., Wichtmann, W., & Joosten, H. (2012): Paludikultur - Ein regionales Bioenergiekonzept für Mecklenburg-Vorpommern. 6. Auflage. Universität Rostock, Rostock. 76 S.
  6. Syndicat Mixte de la Camargue Gardoise. 2003. Contrats types Natura 2000, Exploitation et gestion environnementale de la roselière, Chambre d’agriculture du Gard, Station biologique de la Tour du Valat, janvier 2003.
  7. (en) Steve Chapman, Alexandre Buttler, André-Jean Francez et Fatima Laggoun-Défarge, « Exploitation of northern peatlands and biodiversity maintenance: a conflict between economy and ecology », Frontiers in Ecology and the Environment, vol. 1, no 10,‎ , p. 525–532 (ISSN 1540-9309, DOI 10.1890/1540-9295(2003)001[0525:eonpab]2.0.co;2, lire en ligne, consulté le )
  8. Philippe Jobin, Jean Caron et Line Rochefort, « Developing new potting mixes with Sphagnum fibers », Canadian Journal of Soil Science, vol. 94, no 5,‎ , p. 585–593 (ISSN 0008-4271, DOI 10.1139/CJSS2013-103, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) H. Joosten & D. Clarke, « Wise use of mires and peatlands – Background and principles including a framework for decision-making », International Mire Conservation Group / International Peat Society,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]