Ancien palais de justice de Caen

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Palais de justice de Caen
Façade sur la place Fontette
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Aucune
Style
Architecte
Armand Lefebvre
Construction
Propriétaire
Ville de Caen
Patrimonialité
Localisation
Commune
Coordonnées
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L' ancien palais de justice de Caen, dit aussi palais Fontette, est un ancien palais de justice construit sur la place Fontette, dans le centre-ville ancien de Caen, entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle. Il est désaffecté depuis .

Situation[modifier | modifier le code]

L'ancien palais de justice est situé dans le centre-ville ancien de Caen. Son terrain d'assiette est compris entre la rue Saint-Manvieu au nord, la rue Bertauld à l'ouest, la place Fontette et la place Saint-Sauveur au sud et une rue fermée à la circulation, parfois nommée rue du Bailliage[N 1], à l'est.

Carte

Histoire[modifier | modifier le code]

Années 1780 – Années 1810 : construction de la première partie[modifier | modifier le code]

Le projet initial

En 1758, on émet l'idée de réunir dans un même bâtiment le bailliage et le bureau des finances de la généralité de Caen[1]. On décide de construire cet édifice dans la partie nord de la place Fontette, alors en cours d'aménagement. De fait, la construction de ces bâtiments s’insère dans un projet de réaménagement urbain plus large dont seule une partie sera réalisée[2]. En 1779, les plans dressés par Armand Lefebvre, ingénieur des ponts et chaussées de la généralité de Caen, sont acceptés. Les adjudications pour la construction des prisons sont passées le et celles pour la salle d'audience du bailliage le 26 octobre ; il faut attendre le pour que les travaux de construction de la façade principale sur la place Fontette soient adjugés[3]. Les travaux commencent cependant dès 1783[1] et les prisonniers sont transférés en 1792 dans le nouveau pénitencier construit à l'emplacement de l'ancienne tour Chastimoine[4].

En 1789, le gros œuvre est terminé[5]. Bien que le bâtiment ne soit pas achevé, les institutions judiciaires s'y installent en [5]. Le bâtiment est officiellement inauguré le sans qu'il ne soit réellement terminé[5]. Les différentes institutions s'entassent dans le bâtiment et de nouvelles salles sont créées en cloisonnant la salle dite des procureurs (salle des pas perdus)[5]. En 1804, le tribunal civil part s'installer dans le palais des facultés, ce qui permet de relancer des travaux pour améliorer la distribution intérieure et finir les travaux de second œuvre[5]. Les travaux reprennent lentement en 1808[5] sous la direction de l'architecte départemental Jean-Baptiste Harou-Romain[6]. La façade principale est achevée à cette époque. L'escalier de droite est construit en 1816. En 1817, le frontispice de la façade sud est remplacé par l'actuel fronton. Cette année-là, les travaux de la première partie du palais sont terminés.

Années 1830 – Années 1860 : construction de la seconde partie et premiers réaménagements[modifier | modifier le code]

L'État entame la construction de la partie est du palais afin d'y abriter la cour Royale et ainsi permettre le retour du tribunal civil dans la partie ouest du bâtiment (appartenant au Département)[5]. Les plans de Nicolas-Philippe Harou-Romain, fils du précédent architecte, sont approuvés le . Des immeubles sur la place Saint-Sauveur sont démolis pour permettre la construction de la nouvelle aile qui commence en 1831 pour s'achever en 1842[5]. Paul Vérolle reprend la direction des travaux sans changer les plans[5]. Le tribunal civil, ainsi que le tribunal correctionnel prennent possession de leurs locaux en 1843[4]. Sous le grand proche, l'escalier oriental est achevé en 1846. La porte sur la place Saint-Sauveur est réalisée en 1847. Une rue, fermée par des grilles en 1849, est créé à l'est entre la place Saint-Sauveur et la rue Saint-Manvieu[5]. Les aménagements extérieurs prennent fin à la même période : en 1840, les colonnes, trop fragiles, doivent être restaurées ; en 1847, le perron en granit de Vire et les grilles sont installés ; enfin en 1849, deux bas-reliefs sont installés sur la façade principale[4].

En 1844, puis en 1848, Paul Vérolle propose de réaménager l'aile centrale[5]. Le réaménagement, comprenant la reconstruction de la grande salle des audiences, ne commence qu'en 1866 selon les plans dessinés par Léon Marcotte[5].

Réaménagements postérieurs[modifier | modifier le code]

En , le conseil municipal approuve l'acquisition de la prison attenante au palais de justice. Celle-ci est rasée pour percer une nouvelle voie entre la place Fontette et la rue Saint-Manvieu. La façade nord-ouest du palais de justice donnant sur cette nouvelle rue, baptisée rue Charles Bertaud en , fut reconstruite par Auguste Nicolas, architecte du département, qui imita le style original du bâtiment[7].

En 1898, est installé un buste de l'avocat Alexandre Carel, réalisé par Charles Lemarquier[8]. C'est un buste en marbre blanc sur un fond de mosaïque. Il est installé dans un édicule à fronton soutenu par deux colonnes. De l'autre côté, est placé en 1927 un monument en l'honneur de Louis Guillouard, également réalisé par Charles Lemarquier[5].

Buste d'Alexandre Carel, par Charles Lemarquier.

En 1974, un projet de restructuration du palais est présenté. En 1979, le tribunal pour mineurs est construit au nord[5]. La cour intérieure occidentale est couverte et la salle des assises divisée en trois niveaux[5]. Dans la partie ouest, les décors intérieurs du XVIIIe siècle, remaniés au siècle suivant, sont détruits. Un nouveau concours est organisé en 1987-1988 pour l'extension et la restructuration du palais, mais le projet est abandonné.

Désaffectation progressive et reconversion[modifier | modifier le code]

Un nouveau Palais de Justice est construit sur la place Gambetta en 1996 afin de loger la Cour d’appel, la Cour d'assises, le Conseil de prud'hommes et le Tribunal de commerce ; le Tribunal d'instance étant installé dans l'Hôtel Daumesnil, le Tribunal de grande instance est le seul à occuper les locaux de la place Fontette. Le bâtiment nécessite une opération de restructuration lourde (défaut de solidité des planchers sur environ 50 % des surfaces du bâtiment et fragilisation des façades). Une importante restructuration du site est projetée, mais, en raison du coût jugé trop lourd, le ministère de la Justice renonce à restaurer le bâtiment et décide donc de faire construire un nouveau bâtiment sur la presqu'île portuaire. Les dernières audiences dans le palais Fontette ont lieu le , le nouveau palais de justice ouvrant ses portes le [9].

Lors du conseil municipal du , l'opportunité de déplacer le centre de congrès de Caen dans le palais Fontette est évoquée sans qu'aucune décision ne soit prise à ce stade[10]. Lors du conseil municipal du , est inscrite à l'ordre du jour une information relative au lancement d'un appel d'offres en vue de reconvertir l'ancien palais de justice en hôtel de luxe à l'instar de ce qui a été fait avec l'ancien palais de justice de Nantes (actuel Hôtel Radisson Blu)[11]. Après rachat du bâtiment à l'État et au conseil départemental du Calvados, la Ville de Caen devient officiellement propriétaire du palais Fontette le [12]. Le , il est annoncé lors d'une conférence de presse que le bâtiment sera reconverti en hôtel quatre étoiles de 159 chambres ; un centre d'affaires doit être également construit à l'emplacement de l'ancien tribunal pour enfants, après démolition de ce dernier[13]. Ce nouvel équipement, dont l'ouverture est attendue au mieux pour 2026, devrait remplacer l'actuel centre de congrès de Caen[14].

Architecture[modifier | modifier le code]

Au cours du XXe siècle, le palais de justice a fait l'objet de nombreux travaux qui ont modifié considérablement la disposition des pièces et leurs décors. Seule la Cour d'appel a conservé son organisation originelle. Les deux escaliers de la Cour d'appel, ainsi que la Salle des abeilles avec son décor sont donc inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du  ; les façades et les toitures de l'ensemble des bâtiments, le péristyle, le vestibule sont également inscrits[15].

Le bâtiment est construit en pierre de Caen[16].

Anecdote[modifier | modifier le code]

  • Plusieurs scènes du film La Horse, sorti en salles en [17], y ont été filmées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette rue ne doit pas être confondue avec la rue du Bailliage qui relie la rue de Geôle à la rue Gemare.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dossier pédagogique du Musée de Normandie, réalisé par l’Association des Amis du Musée de Normandie : Caen à l'époque classique, [lire en ligne (page consultée le 22 juillet 2009)]
  2. « Plan du terrain compris au dehors et joignant les murs de la ville de Caen depuis la porte St Julien jusques et compris la tour Chatimoine dite aussi Tour aux Fous, ensemble l'emplacement destiné à la Construction des bâtiments pour le baillage et la réunion des autres juridictions, et des prisons royales, avec des projets de cours et places au lieu des fossés actuels - C/1125/1 », sur Archives du Calvados (consulté le )
  3. Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1870 ; Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne, 1970, pp. 198–199
  4. a b et c Philippe Lenglart, Caen, architecture et histoire, Éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2008, pp. 198–199
  5. a b c d e f g h i j k l m n et o Patrice Gourbin, Le Palais de justice de Caen : construction et transformation de 1781 à 2006 dans les Annales de Normandie (ISSN 0003-4134), Laboratoire d'ethnographie régionale, Caen, 2007, vol. 57, no 1-2, pp. 75-94 [lire en ligne]
  6. Base Mérimée
  7. Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989, p. 116–117
  8. « Bibliothèque universitaire », sur Bibliothèque universitaire (consulté le ).
  9. « À Caen, la justice ne sera plus rendue au Palais Fontette », Tendance Ouest, 23 juillet 2015 [lire en ligne]
  10. Compte-rendu intégral de la séance du conseil municipal de Caen du 30 mars 2015, pp. 302-304 [lire en ligne] [PDF]
  11. Nathalie Lecornu-Baert, « Caen. Qui veut redonner vie à l’ancien tribunal de la place Fontette ? », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  12. Margaux Rousset, « À Caen, l’avenir de l’ancien palais de justice décidé au printemps 2019 », Liberté – Bonhomme libre,‎ (lire en ligne)
  13. « Caen. Un hôtel haut de gamme et un centre d’affaires dans l’ancien palais de justice », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  14. « Caen : L'ancien palais de justice va devenir un hôtel et un centre des congrès », France Bleu,‎ (lire en ligne)
  15. Notice no PA00111190, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Laurent Dujardin, « Extraction et vente de la pierre dans une carrière de Caen de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Etude d'un registre d'exploitation », Annales de Normandie, vol. 2 « La pierre de Caen »,‎ 45e, p. 115-193 (DOI 10.3406/annor.1995.4650, lire en ligne)
  17. La Horse, date de sortie en salles : 22 février 1970

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrice Gourbin, Le Palais de justice de Caen : construction et transformation de 1781 à 2006 dans les Annales de Normandie (ISSN 0003-4134), Laboratoire d'ethnographie régionale, Caen, 2007, vol. 57, no 1-2, pp. 75-94 [lire en ligne]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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