Pacte de Varsovie

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Pacte de Varsovie
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Carte de l'organisation
Les pays du pacte de Varsovie.

Devise : « L'Union de la paix et du socialisme »

Situation
Création
Dissolution
Type Alliance militaire.
Siège Drapeau de l'URSS Moscou, URSS.
Langue Russe, polonais, allemand, tchèque, slovaque, hongrois, roumain, bulgare, albanais.
Organisation
Membres Drapeau de l'URSS Union soviétique
Albanie (jusqu'en 1968)
 Bulgarie
Drapeau de la Roumanie Roumanie
Drapeau de la Hongrie Hongrie
Drapeau de la Pologne Pologne
Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie
Drapeau de l'Allemagne de l'Est Allemagne de l'Est
Personnes clés Nikita Khrouchtchev

Le pacte de Varsovie est une ancienne alliance militaire groupant les pays d'Europe de l'Est avec l'URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. Il est conclu le entre la plupart des pays communistes du bloc soviétique par un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l'artisan, l'avait conçu dans le cadre de la guerre froide comme un contrepoids à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) qui avait vu le jour en avril 1949.

La principale raison ayant motivé la formation du pacte de Varsovie, selon l'exposé des motifs, fut l'adhésion de la République fédérale d'Allemagne « en voie de remilitarisation » au traité de l'Atlantique nord au moment de la ratification des accords de Paris le .

L'alliance issue du pacte de Varsovie est dissoute en juillet 1991.

Pacte

Le palais présidentiel de Varsovie, où fut signé le pacte.
Photographie des dirigeants de l'Europe de l'Est lors d'un sommet du pacte de Varsovie : Gustáv Husák, Todor Jivkov, Erich Honecker, Nicolae Ceaușescu, Wojciech Jaruzelski, János Kádár et Mikhaïl Gorbatchev, au centre, en 1987.
Axes possibles d'attaque en cas d'offensive du pacte de Varsovie contre l'Allemagne de l'Ouest si la situation avait dégénéré en Troisième Guerre mondiale à travers la trouée de Fulda et la plaine d'Allemagne du Nord. Sur le territoire de l’Allemagne de l’Est sont indiquées les armées du groupement des forces armées soviétiques en Allemagne.

Le pacte de Varsovie se composait d'un préambule et de onze articles. Il fut établi en quatre exemplaires, dont un en russe, un en polonais, un en tchèque et un en allemand. Le traité de Varsovie se proclamait ouvert à tous les États, « indépendamment de leur régime social et politique ». L'adhésion de nouveaux membres restait toutefois soumise au consentement des États signataires (art. 9).

Le traité créait un commandement unifié et un comité consultatif politique, où chaque État était représenté et qui se réunit deux fois par an. Le premier commandant en chef fut le maréchal Koniev. Les forces armées de la République démocratique allemande ne furent officiellement intégrées au pacte qu'en . La République populaire socialiste d'Albanie le quitta en en réaction à l'intervention le mois précédent de l'URSS, de la Bulgarie, de la RDA, de la Pologne et de la Hongrie en Tchécoslovaquie. Elle avait cessé de participer à ses travaux depuis 1961. La République populaire de Chine, dont un observateur participait aux séances du pacte, cessa d'être représentée en 1962.

Le traité fut établi pour une durée de vingt ans. Il resta en vigueur pendant les dix années suivantes pour les États qui ne l'avaient pas dénoncé. Il fut reconduit pour vingt ans en 1985. Mais entretemps l'intervention en Tchécoslovaquie modifiait un article du pacte : « le régime politique et social » marxiste-léniniste devenait obligatoire et irréversible.

Liste des pays signataires

Les États membres du pacte de Varsovie après le retrait de l'Albanie.

Les huit pays signataires étaient :

Un observateur de la République populaire de Chine assistait à la séance.

La République fédérale socialiste de Yougoslavie, pourtant communiste, n'a pas pris part à cette alliance en raison de la politique de neutralité observée par Tito depuis la rupture avec Staline en 1948 et l'indépendance politique vis-à-vis de Moscou qui en découlait.

Les membres de l'alliance se promettaient un secours mutuel en cas d'agression d'un des pays membres. Le pacte s'acheva le et fut officiellement rompu lors d'une rencontre à Prague le 1er juillet de la même année.

Histoire et rôle du pacte

En 1955, Nikita Khrouchtchev institua le pacte de Varsovie, prétendument en réaction à l'entrée de l'Allemagne de l'Ouest dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord mais il s'agissait surtout d'un stratagème d'ordre tactique. En proposant le démantèlement simultané des deux alliances, Khrouchtchev croyait pouvoir se débarrasser de l'OTAN tout en maintenant un système d'accords de défense bilatéraux avec les pays de l'Europe de l'Est.

Néanmoins, une fois le pacte de Varsovie devenu une réalité, les dirigeants soviétiques ont eu de plus en plus de mal à résister aux efforts de leurs alliés d'Europe de l'Est visant à en faire une alliance authentique, comparable à l'OTAN. Lorsque les premiers essais de réforme n'eurent donné aucun résultat tangible, l'incapacité des Soviétiques d'accorder à leurs alliés une plus grande égalité de statut a refroidi l'enthousiasme de certains pays d'Europe de l'Est pour la nouvelle alliance. Ces pays se sont trouvés de plus en plus dans une situation où ils étaient obligés de partager les risques inhérents aux entreprises de l'Union soviétique sans avoir leur mot à dire dans la gestion de ces risques.

Après la crise des missiles de Cuba de 1962, la République socialiste de Roumanie informa secrètement les États-Unis qu'elle comptait rester neutre en cas de guerre nucléaire[1].

Le pacte de Varsovie était dominé par l'URSS. Les tentatives d'abandon du pacte par les autres pays furent écrasées par la force à plusieurs reprises. Ainsi, durant la Révolution hongroise de 1956, la Hongrie projetait de quitter le pacte et de devenir neutre durant la guerre froide, mais en , l'Armée rouge intervint et élimina toute résistance en deux semaines.

Les forces du pacte de Varsovie furent également utilisées lors du Printemps de Prague de 1968, quand elles envahirent la République socialiste tchécoslovaque pour mettre un terme à la réforme démocratique que le gouvernement était en train d'implanter.

Ces faits mirent en lumière une nouvelle politique que menait l'URSS concernant le pacte. La doctrine Brejnev stipulait, d'ailleurs : « Quand des forces hostiles au socialisme cherchent à faire dévier des pays socialistes vers le capitalisme, cela devient un problème, non seulement de la nation intéressée, mais un problème commun à tous les pays socialistes. » Il y avait contradiction avec l'article du traité ouvrant le pacte à tout État indépendamment de son régime politique et social[réf. nécessaire].

Après l'invasion de la Tchécoslovaquie, l'Albanie se retira le du pacte qu'elle avait déjà cessé de soutenir depuis . Ce retrait fut rendu possible par l'isolement géographique de ce pays par rapport aux autres membres du pacte, puisque l'Albanie ne partageait ses frontières qu'avec la Grèce et la Yougoslavie.

Les nations appartenant à l'OTAN et au pacte de Varsovie ne se sont jamais affrontées directement dans un conflit armé, mais se sont combattues indirectement dans le cadre de la guerre froide durant plus de 35 ans.

En , Gorbatchev, président de l'Union soviétique, annonça la doctrine Sinatra qui stipulait l'abandon de la doctrine Brejnev et la liberté de choix pour les États est-européens.

Le , lors de la réunification de l’Allemagne, l'ex-RDA fut le premier membre du pacte à intégrer à l’OTAN. La RDA s'était retirée du pacte officiellement, le , trois jours avant la réunification allemande. Pour s’assurer de l’accord soviétique à une entrée de l’Allemagne réunifiée dans l’OTAN, il fut décidé qu’aucune troupe étrangère, qu'aucune arme nucléaire ne seraient stationnées à l’Est et, enfin, que l’OTAN ne s’étendrait jamais plus à l’est[2].

Quand il apparut que l'URSS n'emploierait plus la force pour imposer sa politique, il s'ensuivit une série de changements politiques rapides. Les nouveaux gouvernements de l'Europe orientale ne soutinrent plus la politique du pacte et, en , la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Pologne annoncèrent leur retrait du pacte pour le .

La Bulgarie, étant un État traditionnellement proche de la Russie, ne se retira, elle, qu'en février 1991 lorsqu'il apparut que le pacte était définitivement mort.

L'URSS reconnut l'état de fait et le pacte fut dissous officiellement lors d'une réunion à Prague le .

Puissance militaire

Effectifs des forces armées du Pacte de Varsovie en 1989[3]
Pays Forces du pays Forces soviétiques
stationnées dans le pays
Groupe de forces soviétiques
Allemagne de l'Est 173 000 380 000 Groupe de forces Ouest
Bulgarie 117 000
Hongrie 91 000 65 000 Groupe de forces Sud
Pologne 412 000 40 000 Groupe de forces Nord
Roumanie 171 000
Tchécoslovaquie 200 000 70 000 Groupe de forces Centre
TOTAL 1 164 000 555 000

Le dispositif du pacte constitue, encore de nos jours, le plus formidable déploiement de forces militaires en temps de paix et était largement en supériorité numérique sur les forces de l’OTAN.

L’armée soviétique est de très loin la plus puissante des forces du Pacte. Elle déploie sur le territoire de ses alliés quatre groupement de forces, le plus important étant le groupement des forces armées soviétiques en Allemagne, les autres Étant le groupe des forces du nord (Pologne), le groupe des forces centrales (Autriche jusqu’en 1955, Tchécoslovaquie, Hongrie) et le groupe des forces du sud (Balkans).

T-72 de l'armée polonaise.

Sur les 866 400 km2 que représentent les superficies du Benelux, de l'Allemagne de l'Ouest, de la RDA, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie qui constituent le théâtre Centre-Europe étaient concentrés dans les années 1980 plus de 90 000 engins blindés de toute nature (dont 69 000 pour le pacte de Varsovie), plus de 21 000 pièces d’artillerie (dont 17 000 pour le pacte de Varsovie), environ 6 000 avions tactiques (dont 4 000 pour le pacte de Varsovie), et 130 divisions (dont 95 pour le pacte de Varsovie).

En 1991, à la veille de sa dissolution, le pacte de Varsovie alignait dans la seule zone « ATTU » (Atlantic To The Urals - de l'Atlantique à l'Oural), 2 365 700 militaires, 105 480 blindés dont 33 870 chars de combat répartis en 145 divisions et autres unités. Et la défunte Nationale Volksarmee de la RDA ne faisait plus partie du pacte[4].

Effectifs des forces armées de l'OTAN et du pacte de Varsovie en 1959 :
  • Pays membres de l'OTAN
  • Pays membres du pacte de Varsovie
  • Pays neutres
  • Le chiffre sur la péninsule Ibérique comprend les effectifs américains stationnés dans la région et à ceux de l'armée portugaise.
    Effectifs des forces armées de l'OTAN et du pacte de Varsovie en 1973 :
  • Pays membres de l'OTAN
  • Pays membres du pacte de Varsovie
  • Pays neutres
  • Pays s'étant retirés de leurs alliances respectives (France et Albanie)
  • Les chiffres en Islande et en Espagne correspondent aux effectifs américains stationnés dans ces pays.
    Le chiffre pour Malte correspond aux effectifs de la marine soviétique dont les navires étaient autorisés à stationner dans le port de La Valette.

    Le passage des anciens membres du pacte à l'OTAN

    Le , les anciens membres du pacte de Varsovie (République tchèque, Hongrie et Pologne) rejoignirent l'OTAN. En 2004, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, cette dernière n’ayant jamais fait partie de la sphère d’influence de l’URSS, rejoignirent l'OTAN. Ces faits furent très mal perçus par Moscou qui y vit une pénétration occidentale dans sa « sphère d'influence ».

    Bibliographie

    Notes et références

    Notes

    Références

    1. Petr Lunak, « Un nouveau regard sur les alliances de la Guerre froide », sur Revue de l'OTAN, (consulté le ).
    2. (en) Stephen F. Cohen, « Gorbachev's Lost Legacy », The Nation, 24 février 2005.
    3. IISS 1989, p. 28-42.
    4. Ligne de Front, no 2, novembre 2006.

    Annexes

    Articles connexes

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