Pétasite du Japon

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Petasites japonicus

Le pétasite du Japon (Petasites japonicus), en japonais : 菜蕗, également appelé fuki (フキ), est une espèce de plante à fleurs du genre Petasites et de la famille des Asteraceae.

C'est une plante herbacée vivace. Cette plante est native de l'Asie de l'est et cultivée au Japon principalement dans la préfecture d'Aichi [1]. Les jeunes pousses et les bourgeons floraux [2] sont consommés comme un "légume de montagne" sansai (山菜 = さんさい)ou légume sauvage comestible. Elle a été introduite en Colombie-Britannique par des immigrants japonais[3]. C'est l'un des symboles de la préfecture d'Akita, au Japon.

Il en existe deux variétés [4] :

  • La variété basse jusqu'à 1.2 m. de hauteur, diamètre de la feuille jusqu'à 0.4 m[2]. La plus répandue est le pétasite hâtif d'Aichi à pétiole charnu [5], elle est proche du pétasite de Montagne yamafuki ( 山フキ) dont le pétiole est violet à la base.
  • la variété giganteus, akitafuki (アキタフキ), qui peut atteindre une hauteur de 2 m., un diamètre de la feuille de 1 m. en milieu favorable[6] et qui serait meilleure au gout [2]. Un cultivar variegatus est diffusé comme plante décorative.

Culture[modifier | modifier le code]

La plante demande un sol humide, une situation ombragée, un pH du sol entre 6.1 et 8.5 (peu acide à alcalin) et un climat frais (zone de rusticité USDA : 5a à 9b)[7].

La récolte des bourgeons floraux se fait en mai, celle des tiges en juin [8].

Elle est envahissante dès lors que les conditions de végétation sont favorables (en Europe les pays du nord où elle est listée invasive [9]).

Utilisation[modifier | modifier le code]

Le pétasite du Japon serait une plante de cueillette consommée dès avant notre ère par les premiers occupants du Japon [10]. Son apport nutritionnel est quasi nul, il est riche en fibre et pauvre en vitamines[11].

La préparation traditionnelle de ce légume inclut un pré-traitement avec des cendres ou du bicarbonate de sodium pour supprimer son astringence, une technique connue sous le nom de aku-nuki (灰汁抜き, littéralement « retrait de l’astringence »?). Les pousses peuvent être pelées, puis coupées et revenues avec du miso, pour cuisiner un plat appelé fuki-miso, qui est mangé comme un condiment sous forme de pâte grossière servie au-dessus d'un bol de riz chaud.

On le sert également mariné et bouilli, mijoté, sauté, au four avec viande ou poisson, en salade après avoir été bouilli [12]

Les bourgeons floraux fukinotō (ふきのとう) sont légèrement saumurées puis servis en tenpura [13].

Pharmacologie et toxicité[modifier | modifier le code]

La plante appartient à la pharmacopée traditionnelle comme antiasthmatique et antispasmodique[14]. Les divers composés phénoliques et sesquiterpènes ont un effet antioxydant démontré sur le cerveau de la souris[15].

L'Agence européenne des médicaments classe le pétasite du Japon dans sa liste des plantes médicinales contenant des alcaloïdes de pyrrolizidine insaturés toxiques[16]. L'effet cancérigène en cas d'administration continue [17] est démontré chez le rat pour le pétasite du Japon.

L'hépatotoxicité est démontrée chez l'humain pour une espèce proche : le grand pétasite (pétasites hybridus, en. Butterbur)[18] qu'on trouve recommandé comme antimigraineux, ce qui a conduit la Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (en) britannique et la New Zealand Medicines and Medical Devices Safety Authority (Medsafe (en)) à en déconseiller l'utilisation[19],[20].

Mythologie[modifier | modifier le code]

Les pétasites du Japon sont liés aux Koropokkuru (« hommes sous les feuilles de pétasite » en Aïnou), petits lutins ou esprits végétaux du folklore aïnou habitant sous terre et dans les tiges des feuillages de tussilages ou de pétasites et dont ils tiennent leur nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « AKITA FUKI [Japan House] », sur www.tasteofjapan.ru (consulté le )
  2. a b et c (en) Eric Toensmeier, Perennial Vegetables : From Artichokes to Zuiki Taro, A Gardener's Guide to Over 100 Delicious and Easy to Grow Edibles, Chelsea Green Publishing, , 224 p. (ISBN 978-1-60358-138-7, lire en ligne)
  3. Pojar, Jim, MacKinnon, Andy, Plants of the Pacific Northwest Coast, Lone Pine Publishing, 1994, p. 294, (ISBN 978-1-55105-040-9)
  4. (ja) « Encyclopédie des plantes saisonnières », sur foodslink.jp
  5. « 愛知早生フキ | 野菜・イモの苗/キノコ・山菜などの苗 » (consulté le )
  6. « アキタフキ | 野菜・イモの苗/キノコ・山菜などの苗 » (consulté le )
  7. « PlantFiles: Japanese Butterbur, Sweet Coltsfoot, Fuki », sur Dave's Garden (consulté le )
  8. « 巨大フキみずみずしく:「北から南ナビ」JWN[全国新聞ニュース網] », sur www.jwn.ne.jp (consulté le )
  9. « DAISIE - Species Factsheet », sur www.europe-aliens.org (consulté le )
  10. Hiroyuki Iketani, « Native fruit tree genetic resources in Japan », Breeding Science, vol. 66,‎ , p. 82–89 (ISSN 1344-7610, DOI 10.1270/jsbbs.66.82, lire en ligne, consulté le )
  11. Analyse sur foodslink.jp
  12. (ja) « Encyclopédie des plantes saisonnières, page cuisine », sur foodslink.jp
  13. « 山フキ | 野菜・イモの苗/キノコ・山菜などの苗 » (consulté le )
  14. « Petasites japonicus Sweet Coltsfoot, Japanese sweet coltsfoot, Butterbur PFAF Plant Database », sur www.pfaf.org (consulté le )
  15. (en) D.-E. Sok, S. H. Oh, Y.-B. Kim et H.-G. Kang, « Neuroprotection by extract of Petasites japonicus leaves, a traditional vegetable, against oxidative stress in brain of mice challenged with kainic acid », European Journal of Nutrition, vol. 45,‎ , p. 61–69 (ISSN 1436-6207 et 1436-6215, DOI 10.1007/s00394-005-0565-8, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) European medecines agency, « Public statement on the use of herbal medicinal products containing toxic, unsaturated pyrrolizidine alkaloids (PAs) », Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC),‎ (lire en ligne)
  17. (en) Iwao Hirono, Hideki Mori, Kiyoyuki Yamada et Yoshimasa Hirata, « Carcinogenic Activity of Petasitenine, a New Pyrrolizidine Alkaloid Isolated From Petasites japonicus Maxim », Journal of the National Cancer Institute, vol. 58,‎ , p. 1155–1157 (ISSN 0027-8874 et 1460-2105, PMID 191625, DOI 10.1093/jnci/58.4.1155, lire en ligne, consulté le )
  18. « Butterbur for Migraine May Be Unsafe », sur Neurology Times, (consulté le ).
  19. (en) « MHRA Safety Alert concerning herbal product », sur Community Pharmacy South Central, .
  20. (en) « Complementary Corner: Butterbur and Liver Toxicity », sur Medsafe (en), .


Liens externes[modifier | modifier le code]

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