Péage

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Le péage est un droit que l'on doit acquitter pour franchir un passage ou emprunter un ouvrage d'art. Il peut s'appliquer aux personnes, aux véhicules, ou aux marchandises transportées. Le terme désigne aussi dans le langage courant le poste de péage (ou barrière de péage) dans lequel ce droit est perçu.

À l'origine, le « péage » ne concerne qu'un « passage à pied » car l'étymon provient du latin pes, pedis, le pied. En particulier, l'ancien français péage attesté en 1190 est issu du latin populaire pedaticum, qui est le droit de mettre le pied. Le terme impliquait originellement le piéton, et non le verbe « payer ». Actuellement mais aussi très tôt, avant le XIIe siècle, il est associé à l'idée de droit de passage payant, quel que soit le moyen de transport ; il peut s'appliquer à des personnes, des animaux, des marchandises ou des véhicules. Les termes octroi et barrière de péage sont aussi usités.

Cabine de péage routier du XIXe siècle à Kings County, New York.

Histoire

Autrefois, la perception de péages était assez courante, notamment à l'entrée des villes (octroi). Dans le Saint-Empire romain germanique et en d'autres pays d'Europe, les Juifs étaient soumis à un péage corporel connu en région germanophone sous le nom de Leibzoll. De nos jours, le péage est essentiellement un moyen de remboursement du financement des travaux par les usagers des ouvrages d'art importants et de certains réseaux de communications, ce qui évite à l'État de recourir à l'impôt. Ces ouvrages sont généralement gérés par des sociétés privées, ou d'économie mixte, titulaires d'une concession d'exploitation.

L'acquittement des droits est traditionnellement lié au franchissement de points de contrôle matérialisés et signalés. En Europe, l'application de l'écotaxe aux transports routiers de marchandises devrait toutefois introduire de nouvelles formes de péage plus sophistiquées, faisant notamment appel à des techniques de géolocalisation satellitaire.

Exploitations

À gauche schéma de péage autoroutier à quatre barrières, une par voie d'accès. À droite système à deux barrières qui nécessite plus d'ouvrages d'arts.

Europe

Belgique

Les autoroutes sont gratuites sur l'ensemble du royaume, à la seule exception du tunnel de Liefkenshoek sur le Ring 2 d'Anvers, en région flamande[1],[2]. Un nouveau système de péage devrait pourtant entrer en vigueur, sans doute aux alentours de 2016, mais pas avant : les poids lourds disposeraient d'un système GPS spécifique, tandis que pour les autres automobilistes, un système de vignette forfaitaire pourrait être d'application[3].

Italie

Les autoroutes en Italie sont généralement soumises à péage. Seule l'autoroute A3 (Naples-Reggio Calabria) est exempte de péage.

France

En France, le péage s'applique principalement aux réseaux d'autoroutes de liaisons interurbaines, la plupart des autoroutes urbaines ou de dégagement d'agglomérations étant gratuites[4] (à quelques exceptions près, comme l'autoroute A14 et le Duplex A86, le contournement de Nice sur l'A8, le contournement sud de Reims ou le boulevard périphérique nord de Lyon). Un péage est également en vigueur sur une large partie du réseau de Voies Navigables de France[5]. Il concerne les navires de plaisance, ainsi que les navires commerciaux.

Modulation des péages : elle est possible en application du droit européen, le péage peut être modulé, mais la loi Grenelle II (juillet 2010) précise que :

  • Les modulations de péages doivent être fixées de manière à rester « sans effet sur le montant total des recettes de l'exploitant. La structure de la modulation est modifiée dans les deux ans suivant la fin de l'exercice au cours duquel la structure précédente est mise en œuvre[6] » ;
  • « Au plus tard le 1er janvier 2010 ou, pour les contrats de délégation de service public en cours, dès leur renouvellement, les péages sont modulés en fonction de la classe d'émission EURO du véhicule, au sens de l'annexe 0 de la directive 1999 / 62 / CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 1999 relative à la taxation des poids lourds pour l'utilisation de certaines infrastructures. Le péage modulé à acquitter ne peut être supérieur de plus de 100 % au péage appliqué aux véhicules équivalents qui respectent les normes d'émission les plus strictes[6] » ;
  • « Les péages peuvent être modulés en fonction du moment de la journée, de la date et du jour de la semaine. Le péage modulé à acquitter ne doit pas être d'un montant supérieur de plus de 100 % à celui prévu au titre de la période bénéficiant du tarif le plus bas. Si cette dernière période bénéficie d'une exonération tarifaire, la modulation prévue pour la période au tarif le plus élevé n'excède pas 50 % du montant du péage normalement applicable au véhicule en cause[6] ».
Péage du pont de l'Île de Ré.

Il s'applique aussi à des ouvrages d'art importants :

Enfin, il existe encore quelques rares routes à péage, menant le plus souvent vers des sites protégés, comme derniers kilomètres de la route menant au Cirque de Troumouse[7], ou, jusqu'en 2010, au Puy-de-Dôme.

Les tarifs des péages dépendent du véhicule conduit, on distingue 5 classes[8] :

  • classe 1 : véhicules ou ensembles roulants (véhicules tractant une remorque ou une caravane) dont la hauteur totale est inférieure ou égale à 2 mètres et dont le Poids total autorisé en charge (PTAC) est inférieur ou égal à 3,5 tonnes ;
  • classe 2 : véhicules ou ensembles roulants dont la hauteur totale est comprise strictement entre 2 mètres et 3 mètres et dont le PTAC est inférieur ou égal à 3,5 tonnes ;
  • classe 3 : véhicules à deux essieux dont la hauteur totale est supérieure ou égale à 3 mètres ou dont le PTAC est supérieur à 3,5 tonnes ;
  • classe 4 : véhicules ou ensembles roulants à plus de deux essieux, dont la hauteur totale est supérieure ou égale à 3 mètres ou dont le PTAC est supérieur à 3,5 tonnes ;
  • classe 5 : véhicules motorisés à deux ou trois roues.

Espagne

Portugal

Exemple de péage électronique similaire à ceux que l'on peut trouver au Portugal.
Panneau portugais annonçant un tronçon d'autoroute soumis au péage exclusivement électronique.

Depuis 2010, le Portugal s’est équipé de péages exclusivement électroniques sur certaines de ses autoroutes dont la liste, les emplacements et les modalités de fonctionnement sont disponibles sur le site dédié du concessionnaire Estradas de Portugal, SA (en)[9].

Contrairement à un péage traditionnel, il n’y a plus de halte de paiement pour les péages exclusivement électroniques. Ce sont des portiques situés au-dessus des voies de circulation qui lisent les signaux émis par les boîtiers embarqués dans les véhicules des usagers et qui enregistrent le passage des véhicules en photographiant leur plaque minéralogique à l’avant et à l’arrière. Ces péages exclusivement électroniques sont signalés 300 mètres en avant par un panneau bleu montrant une voiture et le symbole Euro, parfois, précédés d'un panneau indiquant en anglais ELECTRONIC TOLL ONLY. Ces panneaux sont suivis d'autres panneaux indiquant les tarifs par catégorie de véhicule. L'usager qui ne souhaite pas emprunter le tronçon concerné par ces péages, a la possibilité de sortir immédiatement après le panneau annonçant le péage électronique.

Les portugais résidents peuvent s’équiper de dispositifs électroniques à placer à l’intérieur du véhicule, ou régler leur passage a posteriori dans les bureaux de poste.

Les étrangers de passage disposent également de divers moyens de paiement, comme le système EasyToll accessible aux frontières sur des aires dédiées permettant l'association des plaques minéralogiques à une carte bancaire pour un paiement en fonction des passages aux péages.

Le non-acquittement du péage électronique est sanctionné par une amende représentant 10 fois le montant dû avec un plancher de 25 .

Danemark

Les routes au Danemark sont généralement disponibles gratuitement. Seulement la liaison du Grand Belt et le pont de l'Øresund sont à péage.

Grande-Bretagne

Les autoroutes en Grande-Bretagne ne sont généralement pas soumises à péage. Seuls l'autoroute M6 Toll près de Birmingham et certains ponts et tunnels sont à péage, par exemple le Dartford Crossing.

Allemagne

Pour les voitures, les autoroutes allemandes ne font l'objet ni de péages ni de vignette, mais sont financées par la fiscalité générale, tout comme les autres types de voies de circulation. Pour les camions, dont une part croissante appartient à des sociétés de transports étrangères donc non soumises à la fiscalité allemande, le système à portiques Toll Collect a été mis en service le 1er janvier 2005. Exception, le tunnel sous la Warnow près de Rostock est à péage.

En Norvège

Les péages sont assez nombreux en Norvège. On en dénombre actuellement[Quand ?] 23. Les routes sont gratuites, mais le passage par certaines infrastructures est payant (ponts, tunnels). Une fois le montant investi remboursé, les infrastructures deviennent gratuites (ainsi de 2010 à 2012, 6 infrastructures sont devenues gratuites)[10],[11].

Pays avec vignette

Dans les pays suivants les autoroutes peuvent être utilisées seulement avec vignette automobile : Bulgarie, Autriche, Suisse (le tunnel du Grand-Saint-Bernard applique néanmoins un péage), Slovaquie, Slovénie, République tchèque, Hongrie.

Afrique

Cameroun

Au Cameroun, la route principale entre Yaoundé et Douala comporte 3 barrières de péage. Les péages routiers du Cameroun ne reflètent d'aucun modernisme et les moyens employés gangrènent la corruption autour des recettes issues de péage routier. l’État camerounais compte moderniser ce système en utilisant les moyens sophistiqués tels que les caméras de surveillances et de structures de centralisation de données (bases de données) et des logiciels capables de gérer les recettes, la sécurité routière, les contrôles de plaques minéralogiques et les traitement des images prises dans les systèmes de vidéos surveillances.

Côte d'Ivoire

En Côte d'Ivoire, le pont principal, le pont henry konan bedier reliant les deux communes d'Abidjan Marcory et Cocody possède un péage routier. L’État ivoirien ayant modernisé ce dernier de caméras de surveillances et de structures de centralisation de données (bases de données) et des logiciels capables de gérer les recettes, la sécurité routière, les contrôles de plaques minéralogiques et les traitement des images prises dans les systèmes de vidéos surveillances fait de la Côte d'Ivoire le premier pays à avoir réalisé des infrastructures hors norme en Afrique de l'Ouest.

Évolution

Plaque rappelant la levée en 1914 du péage sur un pont de la ville de York (G-B)[12].

Une forme moderne de péage est le péage urbain qui consiste à faire payer l'entrée dans le centre ville d'agglomérations importantes, et qui a surtout un but dissuasif afin de limiter la congestion et la pollution dues à la circulation automobile. De tels péages ont été mis en place à Oslo, à Singapour et à Londres. Ce ne sont pas des péages à proprement parler comme on en voit sur les autoroutes, du fait qu'il sont dématérialisés et utilisent généralement un système de vidéosurveillance qui analyse en permanence les plaques d'immatriculation des véhicules entrant dans la zone payante (généralement le centre-ville). Le choix de ce système est dû au fait qu'il serait impossible d'installer des péages classiques dans toutes les rues d'accès à la zone payante.

Le péage dégressif d'autoroute est en cours. En effet, il s'agit d'un péage dégressif en fonction du nombre de personnes dans le véhicule. Plus il y a de passagers dans le véhicule, moins le péage est cher. Ce dispositif sert à favoriser le covoiturage et donc contribue à diminuer l'effet de serre. Un système par analyse de l'image de caméras permet de compter le nombre de personnes dans une voiture.

Péage routier et santé

Les pollutions d'origine automobiles et routière sont source de problèmes de santé environnementale, et en particulier l'une des causes probables de l'augmentation de certains cancers.

Les préposés aux péages sont particulièrement exposés à ces pollutions, surtout aux heures de pointe et au moment des départs et retours de vacances.

Avec l'interdiction – dans certains pays – des additifs au plomb dans l'essence, et l'apparition des pots catalytiques, la nature et la quantité des polluants émis ont changé. Le benzène (mutagène et cancérigène) qui a remplacé le plomb, ou les métaux toxiques du « groupe du platine ». Ces métaux (platine, palladium et rhodium et jusqu'à 228 ppt d'osmium, volatil aux températures de fonctionnement des pots catalytiques, et très toxique quand il s'oxyde en forme tétraoxydée) sont perdus en petite quantité par les pots catalytiques). Ces pertes cumulées de métaux non dégradables, sont la source de nouvelles pollutions chroniques, qui pourraient affecter la santé, dont la santé reproductive déjà affectée, au moins par les oxydes d'azote et le plomb (une étude[13] récente a montré que la pollution automobile pouvait contribuer à la délétion de la spermatogenèse humaine ; ainsi, les employés de péage autoroutier exposés aux oxydes d'azote produisent des spermatozoïdes en nombre normal, mais significativement moins mobiles et moins fécondants. Les sujets ayant le plus de plomb dans leur organisme avaient en plus des spermatozoïdes moins nombreux[13]. Les auteurs ont conclu que l'inhalation d'oxyde d'azote et de plomb nuisait à la qualité du sperme[13].

Critiques

Les modalités de fonctionnement des péages en France a été critiquée à de nombreuses reprises. En 2013, un rapport de la Cour des comptes souligne les conditions désavantageuses pour l'État des concessions octroyées aux sociétés bénéficiaires et avance que « les conditions actuelles ne permettent pas de garantir que les intérêts des usagers et de l'État soient suffisamment pris en compte ». Il dénonce un « modèle [qui] ne peut qu'aboutir à une hausse constante et continue des tarifs ». La Cour des comptes s'alarme également des obligations d'entretien du réseau routier qui ne sont pas respectées et observe « d'importantes dégradations des chaussées [décollement du revêtement] sur des sections étendues du réseau »[14].

Alain Bonnafous, professeur émérite de l'université de Lyon et chercheur au Laboratoire d'économie des transports, rappelle cependant que lors des privatisations d'autoroutes en 2002 et 2006, sous les gouvernements Jospin et Villepin, les concessionnaires ont déboursé 22,5 milliards d'euros et repris quelque 20 milliards d'encours de dette des concessions anciennes, ces sommes devant être amorties sur la durée des concessions. L'équilibre économique des concessions avait été calculé sur la base de taux de rentabilité interne (TRI) de l'ordre de 8 %, identiques à celui imposé à un établissement public tel que RFF par ses ministères de tutelle pour ses investissements ; c'est également sur une base du même ordre qu'ont été établis en 2013 les nouveaux contrats de plan avec des TRI de 7,04 % à 8,28 % pour les six concessions historiques ; les augmentations de tarifs des concessions privées ne sont d'ailleurs pas supérieures à celles des concessions non privatisées des tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus (+2,65 %)[15].

Notes et références

  1. Péage en Belgique MoniteurAutomobile.be.
  2. Péages au Benelux EuroTrafic.com.
  3. Pas de péage sur nos autoroutes avant 2016, article du journal Sudpresse, publié le 20 juillet 2012.
  4. « Selon un responsable communiste du Val-de-Marne Le gouvernement renoncerait au péage sur l'autoroute A 4 », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. Voir http://www.vnf.fr/vnf/content.vnf?action=content&occ_id=35539
  6. a b et c Article L119-7 du Code de la voirie routière, créé par l'art. 60 de la Loi Grenelle II, no 2010-788 du 12 juillet 2010.
  7. Néanmoins libre d'accès la nuit et en hiver.
  8. Classification des véhicules sur autoroutes.fr (consulté le 7 juin 2014).
  9. http://www.portugaltolls.com/
  10. o/bompenger-i-norge/kart-over-bomstasjoner/ Carte des péages en Norvège.
  11. Informations extraites de l'article norvégien Les routes à péage en Norvège (no).
  12. « Ce pont a été formellement libre de péage le 1er avril 1914 par le révérend Henry Rhodes Brown, Lord Mayor. Rober Rembald Ray, chef de la police. Horman Green, président du Comité du pont. »
  13. a b et c Michele De Rosa, Stefano Zarrilli, Luigi Paesano, Umberto Carbone, Bartolomeo Boggia, Mario Petretta, Antonella Maisto, Francesca Cimmino, Giancarmelo Puca, Annamaria Colao, et Gaetano Lombardi ; « Traffic pollutants affect fertility in men » ; Hum. Reprod. (2003) 18(5): 1055-1061 doi:10.1093/humrep/deg226 ; résumé.
  14. Le scandale des péages privatisés, Emmanuel LÉVY, marianne.net, 29 octobre 2013.
  15. La paille, la poutre et les péages autoroutiers, Les Échos, 18 février 2015.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes