Ottokar II de Bohême

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Ottokar II Přemysl de Bohême
Illustration.
Ottokar II
Titre
Roi de Bohême

(24 ans, 11 mois et 3 jours)
Prédécesseur Venceslas Ier
Successeur Venceslas II
Margrave de Moravie

(28 ans et 9 mois)
Prédécesseur Vladislav III de Moravie
Successeur Néant
Biographie
Dynastie Premyslides
Nom de naissance Ottokar Přemysl
Date de naissance Vers 1230
Lieu de naissance Prague
Date de décès
Lieu de décès Bataille de Marchfeld
Nature du décès Tué au combat
Sépulture Cathédrale Saint-Guy de Prague
Père Venceslas Ier de Bohême
Mère Cunégonde de Souabe
Fratrie Vladislav III de Moravie, Božena (Béatrix), Anežka (Agnès)
Conjoint Marguerite d'Autriche & Cunégonde de Slavonie
Enfants Henri, Cunégonde de Bohême, Agnès, Venceslas II,
Religion Catholique
Roi de Bohême

Ottokar II (aussi écrit Otakar ou Přemysl Otakar/Ottokar) (v. 1230 à Dürnkrut en Autriche) est roi de Bohême de 1253 à 1278.

Origine

Il est le fils de Venceslas Ier Premysl et de Cunégonde de Souabe (tchèque : Kunhuta), ce qui fait de lui le petit-fils de Philippe de Souabe. Du vivant de son père, à la mort de son frère ainé, il reçoit le titre de Margrave de Moravie en 1247. Il est désigné comme héritier du trône le et opposé à son père par un parti de nobles hostiles à la politique du roi, jugée trop favorable au pape Innocent IV face à l'empereur Frédéric II. En , Venceslas Ier défait les partisans de son fils à Most et il reconquiert Prague en . Ottokar est brièvement emprisonné à Prinda[1].

L'Héritage des Babenberg

Venceslas Ier et son fils se réconcilient dès lorsque le roi confie à son fils le margraviat de Moravie et l'année suivante ils entreprennent de capter l'héritage de Frédéric II d'Autriche. En le margrave Hermann VI de Bade-Bade qui contrôlait certaines parties de l'Autriche[2] meurt suivi peu après par l'empereur Frédéric II. Othon II de Bavière qui avait été nommé comme nouvel administrateur du duché d'Autriche par le défunt empereur, tente d'y imposer son fils. Venceslas intervient militairement et le les ordres autrichiens après de longues négociations lui rendent l'hommage. Béla IV de Hongrie occupe la Styrie pendant qu'Ottokar est désigné comme gouverneur par son père. Le , le jeune prince épouse Marguerite de Babenberg, qui est son aînée de 18 ans, sœur de Frédéric le Batailleur et héritière de l'Autriche et de la Styrie. Cette accroissement de puissance suscite les protestations de Béla IV qui envahit l'est de l'Autriche et la Moravie mais aussi du duc de Bavière et des duchés Piast de Silésie et de Romain de Halitch nouvel époux de Gertrude de Babenberg une autre héritière potentielle de l'Autriche[3]. Conrad IV englué dans les conflits en Italie se désintéresse de la succession d'Autriche. Après la mort de son père Venceslas Ier le , Ottokar II se rapproche d'Innocent IV qui négocie une paix avec Béla IV le , l'accord prévoit que la Hongrie, garde la Styrie mais laisse à Ottokar II la quasi totalité de l'Autriche[4].

Règne

Les possessions d'Ottokar Přemysl entre 1253 et 1271.

Ottokar II Přemysl apparaît comme le plus puissant souverain tchèque de sa dynastie. Conformément à une des clauses de l'accord conclu avec le pape, Ottokar II participe dès à une croisade avec les chevaliers teutoniques en Prusse et fonde avec eux la forteresse de Königsberg en janvier 1255 avant de revenir dans son royaume. Une seconde expédition prévue en 1267 contre les Borusses païens est finalement annulée[5].

Après la mort de Guillaume de Hollande en 1256, Ottokar II hésite entre les deux prétendants Richard de Cornouailles et Alphonse X de Castille. Il se déclare finalement pour Richard et reçoit de ce dernier l'Autriche et la Styrie comme fiefs impériaux. En 1259, Ottokar II met à profit une révolte des nobles de Styrie contre le roi Béla IV pour s'emparer du duché de Styrie. Le roi de Hongrie se met en marche contre les Tchèques avec ses auxiliaires Coumans. Lors d'une bataille à Kressenbrun en 1260, la chevalerie d'Ottokar II massacre les hordes de Béla. Le roi de Bohême répudie ensuite son épouse Marguerite qui se retire dans un couvent et afin d'améliorer ses relations avec la Hongrie épouse Cunégonde de Slavonie, petite fille par sa mère de Béla IV. En 1268, Ottokar II conclut un accord d'héritage avec Ulrich III de Carinthie au détriment de l'héritier de ce dernier son frère Philippe de Carinthie, patriarche d'Aquilée qui lui permet de s'emparer de la Carinthie et de la Carniole en [6].

En 1271, lors d'un conflit avec le nouveau roi de Hongrie Étienne V, les Tchèques occupent la partie occidentale de l'actuelle Slovaquie. Les combats cessent le après la signature de la paix de Pozsony qui rétablit le statu quo du règne de Béla IV[7].

Ottokar II est à l'origine de l'édification du couvent de Žďár nad Sázavou (allemand : Saar) sur les collines de Bohême-Moravie en 1251, de celui de Vyšší Brod en 1259 et en remerciements de sa victoire sur les Hongrois à Kressenbrun, de celui de Zlatá Koruna sur la Vltava. En fondant Vyšší Brod (en allemand : Hohenfurth), Zlatá Koruna et la cité de České Budějovice en 1262, le roi cherche aussi à arrêter l'expansion de la haute noblesse dans le sud de la Bohême où elle est très puissante[8].

Sur le plan intérieur, le roi s'assure de l'appui de la bourgeoisie des villes et de la petite noblesse des chevaliers. Il procède à une colonisation massive avec des Allemands, d'abord rurale puis minière, pour développer l’exploitation des mines d'argent découvertes sur le pourtour de la Bohême-Moravie[9]. En Europe centrale, ses annexions de la Carinthie, la Carniole et la Styrie, constituent un vaste empire, de la Bohême à l’Adriatique.

Apogée et chute

En 1272, après la mort de Richard de Cornouailles, Ottokar II espère que la curie romaine soutiendra sa candidature au titre de « roi des Romains » mais le pape Grégoire X laisse aux princes allemands la liberté d'élection. Ces derniers jaloux de sa puissance désignent son rival le modeste comte souabe Rodolphe de Habsbourg. Le Rodolphe Ier de Habsbourg est élu à l'unanimité par les princes allemands et sous la pression du pape, Ottokar II se soumet. Le nouvel empereur ordonne la restitution des fiefs d'empire acquis pendant le « Grand Interrègne », mesure qui vise implicitement le roi de Bohême. En la diète de Nuremberg instruit un procès en investiture contre Ottokar II. Sommé de se présenter à Wurzbourg le roi Ottokar II refuse. Il réplique en mettant en doute la légitimité de l'élection de Rodolphe et la diète d'Augsbourg en proclame la confiscation des biens usurpés et le met au ban de l'Empire le . En l'archevêque de Werner de Mayence prononce son excommunication.

Une guerre s’ensuit dans laquelle Ottokar perd toutes ses conquêtes de la région des Alpes. Le burgrave Frédéric de Nuremberg enlève Eger, le comte de Tyrol Meinhard de Goritz et son fils Albert occupent la Carinthie et la Carniole. À l'automne 1276, Rodolphe Ier et ses alliés hongrois mettent le siège devant Vienne. Le 21 novembre, Ottokar II de Bohême abandonné par une partie de la haute noblesse n'engage pas le combat et doit céder l’Autriche, la Styrie, la Carinthie et la Carniole à l’empereur augmentant considérablement la puissance des Habsbourg. Ottokar II doit demander son pardon dans le camp allemand le 25 novembre et ne conserve que la Bohême et la Moravie. Un mariage entre son héritier Venceslas et Gutta est également prévu pour sceller l'accord[10]

Ottokar II réprime en 1277 la contestation de la haute noblesse il fait exécuter Boreš de Ryzmburk pendant que Záviš de Falkenštejn s'exile. Il noue ensuite des contacts avec la Thuringe le Brandebourg, la Saxe et même la Pologne ainsi qu'avec un parti de nobles autrichiens qui lui est resté fidèle pour trouver des alliés contre l'empereur. Lorsque Rodolphe Ier découvre ses intrigues en Autriche en il décide d'en finir. Toujours allié aux hongrois avec qui il fait sa jonction le 23 aout au confluent de la Morava et du Danube, il entre en guerre. Ottokar II est vaincu et tué d'un coup de poignard lors de la bataille de Marchfeld, près de Vienne, le . Rodolphe soumet la Bohême et s’attribue les possessions autrichiennes du vaincu. Rodolphe II, fils de l’empereur, épouse Agnès, fille d’Ottokar, et Wenceslas, fils d'Ottokar, épouse Gutta, fille de Rodolphe[11]

Unions et postérité

Ottokar II ne laissera aucun enfant de son union avec Marguerite d'Autriche, épousée en 1252 et dont il divorce à l'automne 1261. Il épouse en secondes noces le Cunégonde (1245-1285), fille de Rotislav de Tchernigov et Halicz, et petite-fille de Béla IV de Hongrie, dont[12] :

D'Agnès de Kuenringune, Ottokar II Přemysl laisse sept enfants six filles et un fils légitimé le  :

D'une autre maîtresse anonyme il a :

  • Elisabeth, qui épouse en 1275 Henri [V] von Kuenring, noble autrichien chef du parti favorable à son beau-père.

Postérité littéraire

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Notes et références

  1. Jörg K.Hoensch, Histoire de la Bohême, Éditions Payot, Paris, 1995 (ISBN 2-228-88922-9) p. 82.
  2. En tant qu'époux de Gertrude de Babenberg, héritière du duché d'Autriche
  3. veuve du frère aîné d'Ottokar II Vladislav III de Moravie
  4. J örg K. Hoensch, Op.cit p. 83.
  5. Francis Dvornik, Les Slaves histoire, civilisation de l'Antiquité aux débuts de l'Époque contemporaine, Éditions du Seuil, Paris, 1970 p. 325.
  6. Francis Dvornik, Op.cit p. 326-327.
  7. Gyula Kristo Histoire de la Hongrie Médiévale Tome I le Temps des Arpads Presses Universitaires de Rennes (2000) (ISBN 2868475337) p. 149.
  8. Jörg K. Hoensch Op.cit p. 93.
  9. Georges Castellan, « Drang nach Osten », l'expansion germanique en Europe centrale et orientale, clio.fr, [1]
  10. Joseph Calmette Le Reich allemand au Moyen Âge Payot, Paris 1951 p. 316-317.
  11. Pavel Bělina, Petr Čornej et Jiří Pokorný Histoire des Pays tchèques Points Histoire U 191 Éditions du Seuil Paris (1995) (ISBN 2020208105) p. 62.
  12. (de) Europäische Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh, Francfort-sur-le-Main, 2004 (ISBN 3465032926), Die Könige von Böhmen Volume III Tafel 56

Sources

  • Francis Dvornik, Les Slaves histoire, civilisation de l'Antiquité aux débuts de l'Époque contemporaine, Éditions du Seuil, Paris, 1970
  • Jörg K.Hoensch, Histoire de la Bohême, Éditions Payot, Paris, 1995 (ISBN 2-228-88922-9)
  • Pavel Belina, Petr Cornej et Jiri Pokorny, Histoire des Pays tchèques, Points Histoire U 191, Éditions du Seuil, Paris, 1995 (ISBN 2-02-020810-5)

Lien externe