Opiliones

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Opilions

Opiliones, les Opilions, mieux connus sous le nom vernaculaire de « faucheurs », « faucheux » ou « faucheuses » (peut-être en raison du fait qu'ils apparaissent dans les champs à l'époque des moissons et se déplacent en agitant leurs pattes comme des faux) sont un ordre d'arachnides, comme les araignées, les scorpions ou les acariens. Le nom opilion provient du latin opilio et signifie « berger de brebis », qui a possiblement comme origine les pâtres qui se tiennent sur des échasses dans certains pays[1]. Le nom a été donné par le naturaliste Martin Lister, en référence au nom vernaculaire anglais shepherd spider, « araignée bergère »[2].

Description[modifier | modifier le code]

Détail du corps d'un opilion.

Les opilions se distinguent des araignées par l'absence de venin et de soie et par le fait que leur abdomen segmenté et leur céphalothorax sont fusionnés, formant un corps brunâtre ou grisâtre[3], globuleux et mou, de un (Sironidae) à vingt-deux millimètres (Trogulus torosus Simon, 1885[4]).

L'envergure de certaines espèces peut atteindre 185 mm (Gonyleptidae). Comme tous les arachnides, ils portent deux chélicères et deux pédipalpes. Généralement deux petits yeux, dont la fonction semble uniquement la photoréception rythmant les activités diurnes et nocturnes, occupent souvent une petite bosse dorsale appelée mamelon oculaire ou ocularium, à l'avant du céphalothorax[5]. Certains genres possèdent trois épines placées sur la partie antérieure du céphalothorax, juste devant l'ocularium, nommées « trident ».

Ils possèdent quatre paires de pattes filiformes. Ils présentent une bande plus ou moins foncée sur le dos nommée « selle ».

Biologie[modifier | modifier le code]

Le céphalothorax et l'abdomen fusionnés de l'Opilion le distinguent des araignées.

Les opilions sont observables un peu partout dans le monde hormis dans des biotopes particulièrement humides (mers, fleuves, torrents, etc.) ou trop froids comme l'Antarctique. Certaines espèces sont cavernicoles et d'autres fortement anthropisées. On les trouve souvent au sol, sur des arbustes, voire des arbres pour certaines espèces arboricoles, sous des objets divers (pierres, morceaux de bois), dans des morceaux de bois, dans les fissures des pierres, etc.

Les opilions sont plutôt des solitaires errants mais plusieurs espèces de Leiobunum peuvent former des rassemblements de plusieurs milliers d'individus dans des abris, généralement en période de froid[6].

La reproduction est généralement sexuée mais la parthénogenèse est connue chez cet ordre d'arachnide. La fécondation est interne et s'effectue directement (le mâle possédant un pénis) ou pour certaines espèces plus primitives à l'aide d'un spermatophore (Cyphophthalmi). Certains mâles possèdent des appendices plus développés comme des pattes postérieures plus imposantes ou des apophyses sur les chélicères [Phalangium opilio Linnaeus, 1758 ; Rilaena triangularis (Herbst, 1799)]. Des combats rituels peuvent parfois opposer les mâles avant la parade amoureuse, brève, et l'accouplement.

Juste après avoir été fécondée ou quelques mois plus tard, la femelle pond ses œufs à l'aide d'un ovipositeur, dans les sols, les fissures ou peut les déposer sur les parois des grottes ou sur ou sous des objets divers comme des feuilles ou des morceaux de bois. Il arrive qu'un des deux sexes ou les deux prennent soin des œufs.

Quelques jours ou quelques mois plus tard, les jeunes naissent. Le développement post-embryonnaire varie de quelques semaines à de nombreux mois en passant par 4 à 8 mues. Les adultes vivent quelques semaines ou plusieurs mois voire parfois plusieurs années. Contrairement aux araignées, qui ne consomment que le produit de leur chasse, les opilions peuvent se nourrir de cadavres d'insectes et d'autres petits animaux. Opportuniste, le régime alimentaire des opilions est généralement omnivore (carnivore[7], détritivore, végétarien).

Les prédateurs et les parasites des opilions sont nombreux, telles les araignées, d'autres opilions (le cannibalisme reste rare), les fourmis, les batraciens, les reptiles, les oiseaux et quelques mammifères. Quelques acariens et diptères Ceratopogonidae sont hématophages. Des bactéries, des champignons, des protozoaires, des nématodes peuvent aussi les parasiter.

Les pattes des opilions se détachent facilement (autotomie), et il est fréquent de rencontrer des individus ayant moins de huit pattes. Un autre mécanisme de défense est la présence de glandes répugnatoires qui sécrètent des composés chimiques nocifs via des ozopores. Ils peuvent également faire vibrer leur corps, faire le mort (thanatose), rester immobiles, produire des sons, bouger leurs pattes épineuses ou se réunir en grand nombre.

Systématique[modifier | modifier le code]

Les opilions constituent un groupe ancien, comme l'atteste la découverte de trois spécimens fossilisés d'Eophalangium sheari de la flore de Rhynie du Dévonien[8] soit au moins 400 millions d'années. Seuls 34 fossiles sont actuellement connus et restent rares car leur exosquelette peu minéralisé et leur biologie sont peu favorables à leur fossilisation.

1 600 genres et 6 500 espèces sont connus (dont 350 en Europe et environ 130 en France), répartis entre quatre sous-ordres. Les opilions se trouvent un peu partout dans le monde mais sont plus fréquents et diversifiés dans les forêts, particulièrement les forêts tropicales[9].

Selon World Catalogue of Opiliones (01/11/2021)[10] :

Auxiliaire pour le biocontrôle[modifier | modifier le code]

Certains opilions sont des prédateurs des escargots et des limaces, ils sont ainsi très utiles comme auxiliaires carnivores qu’il est intéressant de pérenniser dans les jardins. Contrairement aux araignées, les opilions n’ont pas de venin et sont par conséquent complètement inoffensifs pour l’homme. L’espèce la plus répandue en France est certainement Dicranopalpus ramosus (opilion cerf) mais il est aussi possible de trouver des espèces de manière localisée dans certains départements comme Dicranopalpus caudatus dans les Pyrénées-Orientales[11].

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • Sundevall, 1833 : Conspectus Arachnidum. C.F. Berling, Londini Gothorum, p. 1-39.

Légendes[modifier | modifier le code]

Aux États-Unis, les opilions ont conservé une réputation de petites bêtes venimeuses, à tort car ils ne possèdent pas de venin et sont inoffensifs[5].

Ils ne tissent pas non plus de toile et leurs pattes ne se régénèrent pas.

En France, croiser un opilion porte chance suivant une légende ancienne, tandis qu'en Turquie il est annonciateur de bonnes nouvelles[réf. nécessaire].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lucien Berland, Ordre des Opilions, Traité de Zoologie 6, 1968, p. 784-792
  • Emmanuel Delfosse, Catalogue préliminaire des Opilions de France métropolitaine, Le bulletin de Phyllie, 20, 2004, p. 34-52
  • Emmanuel Delfosse, « Les Opilions ». Insectes, 177, 2015, p. 3-6
  • Jason A. Dunlop, David Penney & Denise Jekel, 2013. « A summary list of fossil spiders and their relatives » in : Platnick N. I. (Ed.), The World Spider Catalog, version 14.5, American Museum of Natural History
  • R. J. Garwood , Prashant Pradeep Sharma, Jason A. Dunlop & Gonzalo Giribet. « A Paleozoic stem group to mite harvestmen revealed through integration of phylogenetics and development ». Current Biology, 24, 2014, p. 1017-1023
  • Paul D., « Hillyard. Harvestmen ». In : Synopses of the British Fauna, 4 (third edition), 2005, p. 1-167
  • Dick Jones, Guide des araignées et des opilions d'Europe, Delachaux et Niestlé, 1990, 384 p.
  • Christian Juberthie. « Recherches sur la biologie des Opilions ». Annales de ppéléologie, 19 (1), 1964, p. 1-237
  • Arturo Munoz-Cuevas, « Les Opilions (ou faucheurs) ». Pénélope, 16, 1995, p. 4-29
  • (en) Ricardo Pinto-da-Rocha, Glauco Machado, Gonzalo Giribet. Harvestmen : The Biology of Opiliones, Harvard University Press, 2007: 597 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Garwood et al. 2014
  • Dunlop et al. 2013
  • Juberthie, 1964
  • Delfosse, 2015

Références[modifier | modifier le code]

  1. Berland, 1968 ; Pinto-da-Rocha et al., 2007.
  2. (en) Martin Lister (trad. du latin), Martin Lister's English Spiders, 1678. [« Tractatus de Araneis »], Colchester, Essex:, Harley Books, , p. 26 & 30.
  3. Il existe des opilions très colorés.
  4. Simon, 1885.
  5. a et b William Shear, « Les faucheux », Pour la Science, no 393,‎ , p. 28.
  6. William Shear, op. cit., p. 30 et 31.
  7. Les genres Ischyropsalis et Trogulus consomment même des escargots.
  8. (en) J.A.Dunlop et col, « Preservedorgans of Devonian harvestmen », Nature, vol. 425,‎ , p. 916.
  9. William Shear, op. cit., p. 29.
  10. World Catalogue of Opiliones (WCO-Lite 2.3.0) consulté le 1er novembre 2021.
  11. « Les opilions », sur Jardiner autrement (consulté le ).