Opération Steinbock

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Opération Steinbock

Informations générales
Date Janvier - Mai 1944[1]
Lieu Sud du Royaume-Uni
Issue Victoire des Britanniques
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Roderic Hill (en) Oberst Dietrich Peltz
Forces en présence
500+ chasseurs de nuit 522 bombardiers, 25 chasseurs–bombardiers[2]
Pertes
inconnues 329 Bombardiers

Seconde Guerre mondiale

Coordonnées 51° 30′ 28″ nord, 0° 07′ 41″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Opération Steinbock

L'opération Steinbock a été menée par la Luftwaffe à la fin de la Seconde Guerre mondiale entre janvier et sur des objectifs du sud de l'Angleterre, en particulier sur Londres et ses alentours au cours de la nuit. Les Anglais ont surnommé cette opération le Baby Blitz (petit Blitz) en raison de sa faible importance au regard du bombardement stratégique de la Luftwaffe sur les îles britanniques en 1940–1941.

Placée sous le commandement du Generalmajor Dietrich Peltz, la Luftflotte 3 rassemble 474 bombardiers pour l'offensive. L'opération — conduite en réaction à la campagne du Bomber Command[3] connue sous le nom de Bataille de Berlin[4], mais sur une plus petite échelle — est lancée surtout pour des raisons de propagande et par mesure de représailles. Son intérêt reste pratiquement assez faible et les pertes s'élèvent à 329 appareils au cours des cinq derniers mois d'opération avant son abandon[5]. Des commandants de la Luftwaffe, comme Hugo Sperrle, ont eu l'idée d'utiliser ces moyens contre la flotte d'invasion alliée dont ils prévoyaient qu'elle atterrirait au Nord de la France au cours de l'été. En fin de compte, les attaques de représailles ont permis l'interruption de l'invasion imminente de la France par les Alliés[6], mais Steinbock ayant perdu une part importante de la flotte de bombardiers allemande, il n'était plus possible d'opposer une contre–attaque sérieuse[7].

Cette opération marque la fin des grandes offensives lancées par la Luftwaffe contre l'Angleterre, par la suite seuls des V1 et des V2 seront utilisés contre les îles britanniques.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

À la fin du mois de , le Generalmajor Dietrich Peltz est convoqué à une réunion au cours de laquelle Hermann Göring lui fait savoir qu'il est chargé d'une nouvelle opération de bombardement de grande envergure sur l'Angleterre et surtout sur Londres[8]. On espère alors pouvoir commencer les bombardements dès le mois de décembre et bien que ceci paraisse complètement irréaliste, dès la troisième semaine de une force de près de 600 avions est réunie en dégarnissant cinq Kampfgruppen (groupes de combat) du front italien et en reconstituant des unités de bombardiers de l'Ouest[8]. Le Göring ordonne l'Unternehmen Steinbock (opération Capricorne), l'objectif étant « une attaque de représailles terrible contre l'ennemi »[2]. Wolfram von Richthofen fournit à Peltz six Kampfgruppen pendant que l'Oberkommando der Luftwaffe en apporte trois autres qui étaient disponibles[2]. Les bombardiers emportent ce qu'on appelle l'« English mixture » (mélange anglais) composée 70 % de bombes incendiaires et 30 % de bombes à haut pouvoir explosif comprenant de grosses bombes d'une tonne et des mines[2].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

La Luftwaffe[modifier | modifier le code]

Bien qu'une flotte de bombardiers lourds Heinkel He 177 soit maintenant disponible, la force compte surtout des bombardiers bimoteurs de taille moyenne. Les Ju 188 et Do 217 sont de conception assez récente, la grande majorité des Ju 88 sont des modèles A–4 pratiquement sans aucune modification depuis le Blitz en 1941[9].

En plus des bombardiers classiques de taille moyenne ou lourds, la Luftwaffe utilise des bombardiers rapides comme le Ju 88S (version améliorée du Ju 88A-4) ou le Me 410 Hornisse, ainsi que des avions d'attaque au sol connus sous le nom de Jabos dans la Luftwaffe[9]. Ces derniers sont plus difficiles à intercepter en raison de leur grande vitesse mais ne peuvent emporter qu'une charge limitée par rapport aux bombardiers classiques[9].

La composition de la flotte change en permanence. Les unités de bombardiers sont démantelées pour être remises en état, modifiées ou redéployées vers d'autres théâtres d'opération selon les exigences de la situation. Vers la mi–mars la flotte de Peltz comporte 232 avions en état de fonctionner étant donné que III./KG 2[10] sont réservés pour être convertis en Ju 188, et que III./KG 30[11] ainsi que les groupes II. et III. du KG 6[12] sont redéployés pour participer à l'occupation de la Hongrie[13].

Radar[modifier | modifier le code]

Pour tromper les radars anglais, les nacelles ventrales de quelques Ju 88 sont équipées de systèmes de brouillage appelés Kettenhund (chien de garde), et quelques bombardiers possèdent le radar de queue d'alerte FuG 216 pour détecter de nuit les chasseurs britanniques avant qu'ils ne puissent attaquer[9].

Ordre de bataille[modifier | modifier le code]

Unités de la Luftwaffe ayant participé à l'Opération Steinbock[8] :

  • Kampfgeschwader 6
    • Stab (Junkers Ju 88)
    • I./KG 6 (Junkers Ju 188 Rächer)
    • II./KG 6 (Junkers Ju 88)
    • III./KG 6 (Junkers Ju 88)
  • Kampfgeschwader 54
    • Stab/KG 54 (Junkers Ju 88)
    • I./KG 54 (Junkers Ju 88)
    • II./KG 54 (Junkers Ju 88)

Opérations[modifier | modifier le code]

Janvier[modifier | modifier le code]

La première attaque sur Londres a eu lieu dans la nuit du 21 au [14]. Son nom de code était « Unternehmen Mars ». Les différents secteurs de la capitale britannique avaient comme nom de code le nom de villes allemandes détruites comme Berlin, Hambourg ou Hanovre pour accentuer le côté représailles de l'opération dans l'esprit des équipages[14]. Le premier objectif concernait le quartier nommé Munich en code, c'est-à-dire le quartier de Waterloo dans Londres, en deux vagues totalisant 400 raids de bombardiers. Bien que les cibles aient été marquées par des fusées blanches et vertes par les aéronefs marqueurs de la Luftwaffe, à peine quelques bombardiers ont atteint leur objectifs en raison du manque d'expérience des équipages. Les bombes et les bombes incendiaires ont été larguées sur les Home Counties[14] .

Hitler a été scandalisé de ce que la Luftwaffe n'aie pas été capable de trouver Londres située à 150–200 km du contrôle terrestre allemand alors que les Anglais avaient frappés des villes allemandes, pas de grandes métropoles, situées à 1 000 km et par mauvais temps. Pelz, le commandant–en–chef de l'assaut, estime que la faute est due autant au manque d'équipements radio insensibles aux brouillages qu'au manque d'entraînement des équipages. Il ajoute que les Britanniques, avec leurs radar H2S et le système GEE (en), sont en avance sur les Allemands. Le manque de groupes d'aéronefs marqueurs bien opérationnels sont aussi la source de problèmes de navigation étant donné que le petit nombre d'avions engagés dans cette mission courent un plus grand risque d'affrontement que s'ils avaient été plus nombreux. La puissante défense anglaise oblige souvent la Luftwaffe à voler en zigzag ce qui fait que les équipages allemands perdent leur route. Les vols de reconnaissance sur l'Angleterre sont suspendus ce qui supprime toute chance à la Luftwaffe de découvrir les fréquences radio des Britanniques[15].

Environ 40 bombardiers se sont perdus pour différentes raisons[14].

La première opération coïncide avec le débarquement des alliés à Anzio en Italie et, immédiatement, trois des Kampfgruppen doivent retourner en Italie[14]. Le mauvais temps s'abattant sur l'Angleterre oblige à retarder le raid suivant au avec seulement des bombardiers rapides Messerschmitt Me 410 et des chasseurs bombardiers Focke-Wulf Fw 190. La nuit suivante une mission avec des bombardiers lourds 285 est à l'origine d'un très important incendie dans les Surrey Commercial Docks de Londres[14].

Février[modifier | modifier le code]

Mars[modifier | modifier le code]

Avril[modifier | modifier le code]

Mai[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Beale, 2005. pp. 312-320.
  2. a b c et d (en) Hooton, 1997. p. 276.
  3. Le Bomber Command est une unité militaire organisationnelle dépendant généralement de l'armée de l'air. Plusieurs pays ont leur Bomber Command mais les plus connus sont en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Cette unité est le plus souvent engagée dans des opérations de bombardement stratégique.
  4. La Bataille de Berlin est une campagne de bombardement britannique conduite sur Berlin de novembre 1943 à mars 1944.
  5. (en) Caldwell & Richard Muller.
  6. (en) Beale, 2005. p. 318.
  7. (en) Boog 2008, p. 420.
  8. a b et c (en) Beale, 2005. p. 312.
  9. a b c et d (en) Beale, 2005. p. 314.
  10. Le KG 2 ou Kampfgeschwader 2 (Groupe de combat 2) était une unité de bombardiers de la Luftwaffe au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cette unité a été créée en 1939.
  11. Le KG 30 ou Kampfgeschwader 30 (Groupe de combat 30) était une unité de bombardiers de taille moyenne de la Luftwaffe au cours de la Seconde Guerre mondiale.
  12. Le KG 6 ou Kampfgeschwader 6 (Groupe de combat 6) était une unité de bombardiers de taille moyenne de la Luftwaffe au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cette unité a été créée entre avril et septembre 1942.
  13. (en) Beale, 2005. p. 317.
  14. a b c d e et f (en) Beale, 2005. p. 315.
  15. (en) Boog 2008, p. 418.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Boog, Horst. Krebs, Gerhard. Vogel, Detlef. Germany and the Second World War, Volume IX/I: German Wartime Society 1939-1945: Politicization, Disintegration, and the Struggle for Survival (L'Allemagne et la Seconde Guerre mondiale, vol. IX/I : la société allemande au temps de la guerre, de 1939 à 1945 : politisation, déliquescence et la lutte pour la vie). Oxford University Press. 2008. (ISBN 978-0199282777)
  • (en) Donald Caldwell & Richard Muller. The Luftwaffe over Germany - Defense of the Reich (La Luftwaffe et l'Allemagne – Défense du Reich.). Greenhill books, MBI Publishing; 2007. (ISBN 978-1-85367-712-0)