Opération Searchlight

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Opération Searchlight
Description de cette image, également commentée ci-après
Restes humains et matériel de guerre provenant du génocide de 1971 au Musée de la Guerre de libération (en), Dhaka, Bangladesh
Informations générales
Date 26 mars 1971 - 25 mai 1971[1]
Lieu Pakistan oriental (aujourd'hui le Bangladesh)
Casus belli officiellement selon l'armée pakistanaise : réaction aux violences contre les Biharis commises par les Bengalis début 1971
Issue victoire stratégique du Pakistan. Le gouvernement provisoire du Bangladesh déclare son indépendance envers le Pakistan et les Bengalis organisent leur résistance.
Changements territoriaux occupation militaire du Pakistan oriental
Belligérants
gouvernement provisoire du Bangladesh
Mukti Bahini
Awami League
avec le soutien de l'Inde et de l'URSS[2]
Forces armées pakistanaises
Pertes
Mukti Bahini : + 10 000 tués ou blessés ; environ 4 000 prisonniers de guerre[3] environ 6 000 tués et blessés ; peu de prisonniers de guerre[4]

Notes

Pertes civiles : entre 300 000 et 3 000 000 bengalis et environ 150 000 biharis[5],[6],[7],[8]

guerre de libération du Bangladesh

L'opération Searchlight est le nom de code d'une opération militaire préparée et menée du au par les Forces armées pakistanaises afin de mater le mouvement nationaliste bangladais dans ce qui est, à l'époque, le Pakistan oriental[9],[10]. Rétrospectivement, le Pakistan justifie l'opération en s'appuyant sur la violence anti-Bihari commise massivement par les Bangladais début mars[11],[12]. Commandée par le gouvernement central du Pakistan occidental, la campagne d'origine prévoit de s'emparer de toutes les villes principales du Pakistan oriental le 26 mars, puis d'éliminer tous les opposants bengalis, tant politiques que militaires[13], au cours du mois suivant. Les chefs de l'armée du Pakistan occidental n'ont pas anticipé la résistance prolongée des Bengalis ni l'intervention militaire de l'Inde[14]. La phase principale de l'opération Searchlight s'achève mi-mai 1971 avec la chute de la dernière grande ville tenue par les Bengalis. Cette opération accélère le génocide au Bangladesh, qui coûte la vie à un nombre compris entre 300 000 et 3 000 000 de Bengalis et cause la fuite de 10 millions de réfugiés vers l'Inde[15],[16]. L'opération Searchlight cible notamment les élites intellectuelles et universitaires bengalis ainsi que les hindous et les musulmans nationalistes du pays : des exécutions extrajudiciaires sont perpétrées en masse. Ces massacres systématiques rendent les Bengalis furieux et les décident à déclarer leur indépendance envers l'union du Pakistan pour devenir une nation distincte : le Bangladesh[17].

Les grandes violences commises pendant l'opération Searchlight aboutissent, en fin de compte, à la guerre de libération du Bangladesh dans laquelle les milices de la Mukti Bahini, soutenues par l'Inde, combattent pour repousser l'armée pakistanaise hors du pays. La guerre civile prend une nouvelle ampleur au cours des mois suivants car des loyalistes du Pakistan oriental (principalement des Biharis persécutés) forment leurs propres groupes paramilitaires pour soutenir les troupes pakistanaises contre celles de la Mukti Bahini. Néanmoins, le conflit prend un tour favorable aux Bengalis après l'échec de l'opération Chengiz Khan (en), qui provoque l'intervention des forces armées indiennes dans la guerre civile ; le conflit s'achève avec la capitulation du Pakistan[18] le .

Références[modifier | modifier le code]

  1. Salik, Siddiq, Witness To Surrender, p. 90 (ISBN 984-05-1373-7)
  2. « Bilateral Talks between Foreign Minister Dr. Dipu Moni and Russian Foreign Minister Mr. Sergey Lavrov » [archive du ], sur Ministère des Affaires étrangères (Bangladesh) (en)
  3. Hamdoor Rahman Commission Report, Chapter IV, paragraph II
  4. Islam, Major Rafiqul, A Tale of Millions, p. 274 (ISBN 984-412-033-0)
  5. « Chronology for Biharis in Bangladesh » [archive du ], sur The Minorities at Risk (MAR) Project (consulté le )
  6. « Statistics Of Pakistan's Democide » [archive du ], Hawaii.edu (consulté le )
  7. Abdul Rahman Siddiqi, East Pakistan: The Endgame: An Onlooker's Journal 1969–1971, Oxford University Press, (ISBN 978-0195799934), p. 171
  8. Yasmeen Niaz Mohiuddin, Pakistan: A Global Studies Handbook, ABC-CLIO, (ISBN 978-1851098019, lire en ligne), p. 174
  9. Sumit Ganguly, Conflict Unending: India-Pakistan Tensions Since 1947, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-12369-3, lire en ligne), 60
  10. Abu Md. Delwar Hossain, « Banglapedia: National Encyclopedia of Bangladesh », Asiatic Society of Bangladesh,
  11. Ian Talbot, India and Pakistan, Oxford University Press, (ISBN 978-0-511-99741-9, lire en ligne), p. 258
  12. Bina D'Costa, Nationbuilding, Gender and War Crimes in South Asia, Routledge, (ISBN 9780415565660), p. 103
  13. Salik, Siddiq, Witness To Surrender, pp. 63, 228–229 (ISBN 984-05-1373-7)
  14. Pakistan Defence Journal, 1977, Vol. 2, pp. 2–3
  15. « Bangladesh Islamist leader Ghulam Azam charged », BBC, (consulté le )
  16. « Bangladesh sets up war crimes court – Central & South Asia » [archive du ], Al Jazeera, (consulté le )
  17. Katherine Southwick et Maureen Jessica Lynch, Statelessness and Citizenship: A Comparative Study on the Benefits of Nationality, Edward Elgar Publishing, , p. 119
  18. Salik, Siddiq, Witness To Surrender, p. 235, Text of Surrender Document (ISBN 984-05-1373-7)