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Opération Confinement

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Opération Confinement
Description de cette image, également commentée ci-après
Véhicule blindé du Coordenadoria de Recursos Especiais durant l'opération.
Informations générales
Date
Lieu Favelas de Penha et d'Alemão, Rio de Janeiro (Brésil)
Belligérants
Comando Vermelho
Commandants
Cláudio Castro Edgard Alves de Andrade
Forces en présence
2 500 policiers
32 véhicules blindés
Plusieurs centaines de gangsters présumés
Pertes
2 policiers militaires du BOPE tués[1]
2 policiers civils tués[2]
13 policiers blessés (9 policiers militaires et 4 policiers civils), dont 2 grièvement[3]
121[4] à 132 morts[5]
123 arrestations[6]
118 armes saisies, dont 93 fusils[7],[8]

Conflit pour le contrôle territorial des favelas

Coordonnées 22° 51′ 23″ sud, 43° 17′ 20″ ouest

L’opération Confinement (portugais : Operação Contenção) est une opération policière de grande ampleur lancée le par le gouvernement de l'État de Rio de Janeiro, visant à freiner l'expansion de l'organisation criminelle Comando Vermelho. Environ 2 500 agents des forces de sécurité y participent et exécutent des centaines de mandats destinés à l'arrestation de dirigeants criminels dans 26 communautés de la zone nord de Rio de Janeiro, principalement dans les complexes de Penha et d'Alemão[9],[10].

De violents affrontements se déroulent tout au long de la journée. Les groupes criminels incendient des barricades et utilisent des explosifs largués par drones contre les unités des forces spéciales. L'opération permet la saisie de 93 fusils[11] et entraîne la mort de 132 personnes[5]. Le gouverneur de l’État, Cláudio Castro, affirme que les victimes appartiennent à des organisations criminelles[5] et qualifie l'intervention de « réussite »[12].

Il s’agit de l'opération policière la plus meurtrière de l'histoire de l’État[13], dépassant la fusillade de Jacarezinho[14] ainsi que les 111 morts survenues lors du massacre de Carandiru, pendant une rébellion dans la prison de São Paulo en 1992[15].

La police de l'État de Rio de Janeiro mène fréquemment des opérations de grande envergure contre les organisations criminelles, principalement dans les favelas, terme utilisé au Brésil pour désigner les bidonvilles. De telles interventions ont déjà eu lieu avant des événements majeurs accueillis par la ville, comme les Jeux olympiques d'été de 2016, le sommet du G20 en 2024 ou encore le sommet des BRICS en 2025. L'opération en question se déroule une semaine avant la tenue à Rio du sommet du C40 Cities Climate Leadership Group et de la remise du prix Earthshot[10].

Selon le centre de recherche InSight Crime, le Comando Vermelho constitue la plus ancienne organisation criminelle encore active dans le pays. Son nom signifie « Commandement rouge » en portugais et fait référence à une organisation de détenus d'orientation gauchiste formée durant la dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985[16].

L’opération, planifiée deux mois à l'avance[5], est lancée tôt le matin afin d'exécuter environ cent mandats d'arrêt, auxquels s'ajoutent près de 250 mandats supplémentaires émis au cours de l'intervention[10]. Les équipes déployées sur place dès les premières heures font face à une forte riposte de la part des trafiquants de drogue, qui érigent rapidement des obstacles et des barricades, parfois enflammées, dans plusieurs zones des deux complexes. En réponse, les groupes criminels ont également recours à des drones et à des explosifs contre les forces de police[17].

Deux hélicoptères, douze engins de démolition appartenant à l'unité de soutien aux opérations spéciales de la police militaire de l'État de Rio de Janeiro, ainsi que trente-deux véhicules blindés de la force nationale de sécurité publique et plusieurs ambulances sont mobilisés. Par ailleurs, la police civile de l'État de Rio de Janeiro déploie l'ensemble de ses unités spécialisées[18].

Les autorités placent 113 personnes en détention[19]. Des stupéfiants sont saisis[20] ainsi que 93 fusils[11]. Un nombre non précisé de personnes sont blessées[10]. Le lendemain matin, les habitants découvrent au moins 63 corps — peut-être plus de 70 — dans une zone de broussailles près de la favela de Penha. La police ouvre une enquête sur ces décès, affirmant qu'ils ne sont pas liés directement à l'opération et qu'il s'agit probablement également de trafiquants de drogue[21]. Le gouvernement de l'État annonce un bilan de 119 morts, tandis que la défense publique en recense 132[20]. Ce total inclut quatre policiers, dont deux agents du BOPE et deux membres de la police civile[16],[22].

Edgard Alves de Andrade, surnommé « Doca » et présenté comme le principal chef du Comando Vermelho dans la région, parvient à s'échapper au cours de l'opération. Selon Victor Santos, secrétaire à la Sécurité publique de l'État de Rio de Janeiro, le chef du groupe aurait utilisé des « soldats » du trafic pour créer une barrière de protection et faciliter sa fuite[23]. Parmi les 123 personnes arrêtées figurent Thiago do Nascimento Mendes, l'un des dirigeants du Comando Vermelho dans la zone, et Nicolas Fernandes Soares, identifié comme l'opérateur financier de Doca[24].

Conséquences

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Policiers civils durant l'opération.

En représailles, les groupes criminels bloquent plusieurs axes routiers, dont l’avenida Brasil ainsi que les lignes Jaune et Rouge, en utilisant 71 bus volés, ce qui contraint de nombreux habitants à rentrer à pied[25]. Les services de santé, d'éducation et de transport sont perturbés[10]. Les municipalités voisines de São Gonçalo et de Niterói sont également touchées par ces blocages[26]. Les trains, le métro, le tramway et les traversées maritimes continuent de fonctionner, mais des files d’attente se forment aux points d'accès en raison du nombre élevé d'usagers cherchant à rentrer plus tôt[27].

La Police militaire signale également des tirs provenant de criminels retranchés à Morro do Dezoito, dans le quartier d'Água Santa, visant la ligne Amarela[27].

Le département de l'Éducation de la ville annonce la fermeture de 46 établissements scolaires dans les quartiers de Penha et d'Alemão, tandis que l'Université fédérale de Rio de Janeiro, annule ses cours du soir et recommande aux personnes présentes sur le campus de se mettre à l’abri[28].

Le lendemain de l'opération, des informations transmises à la ligne d'appel anonyme permettent l'arrestation de trois suspects, Luiz Carlos Mourão de Matos, Celso Luiz Gitahy Ferreira et Rodrigo dos Santos Lourenço, cachés dans le quartier de Campinho. Des armes, des munitions et des stupéfiants sont saisis dans la résidence où ils sont appréhendés[29].

Le gouverneur de l'État de Rio de Janeiro, Cláudio Castro, s'exprimant au sujet de l'opération Confinement lors d'une conférence de presse en présence du ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Ricardo Lewandowski, le 30 octobre 2025.

Cláudio Castro, gouverneur de l'État de Rio de Janeiro, déclare que la ville est « en guerre » et qualifie l'opération de plus vaste jamais menée contre le groupe Comando Vermelho[30]. Il ajoute que le Brésil « reste ferme face au narcoterrorisme »[10].

Selon Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro, la ville « ne peut pas être prise en otage par des groupes criminels »[31].

La police civile de l'État déclare que les « attaques lâches » menées par les criminels contre ses agents ne resteront pas impunies[28].

Ricardo Lewandowski, ministre de la Justice et de la Sécurité publique, indique que le gouvernement fédéral n'a reçu aucune demande d'appui de la part des autorités de l'État avant le déroulement de l'opération[28]. Après celle-ci, afin de contribuer au démantèlement de la structure de commandement du groupe, le gouvernement fédéral autorise le transfert d'au moins dix dirigeants du Comando Vermelho vers des prisons fédérales situées dans d'autres États[32].

Gleisi Hoffmann, secrétaire aux Affaires institutionnelles et membre de la Chambre des députés, se montre favorable à la nécessité d'actions coordonnées, tout en rappelant qu'une récente opération fédérale contre le blanchiment d'argent illustre l'engagement du gouvernement national dans la lutte contre le crime organisé[28].

Le rapporteur de la proposition d'amendement à la Constitution connue sous le nom de « PEC de la sécurité publique », le député Mendonça Filho (Démocrates, PE), annonce qu'il avancera la présentation de son rapport au mois de novembre de la même année[33].

Le 29 octobre, à l'issue d’une réunion avec des membres de son gouvernement, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva condamne le crime organisé. Il souligne la nécessité d'une action coordonnée visant le cœur des réseaux de trafic, sans exposer inutilement les policiers, les enfants et les familles. Il défend également la proposition d'amendement, présentée comme un moyen d'améliorer la sécurité publique[34].

Le président du Sénat fédéral, Davi Alcolumbre (en) (Union Brésil, AP), publie une déclaration dans laquelle il annonce avoir ordonné l'installation d’une commission parlementaire d'enquête sur le crime organisé. Celle-ci doit commencer ses travaux le 4 novembre de la même année[35].

Le 29 octobre, des manifestations ont lieu devant le palais de Guanabara, siège du gouvernement de l'État[36]. Deux jours après l'opération, des proches des victimes se rassemblent sur l’avenida Francisco Bicalho, devant l'Institut médico-légal où les corps sont déposés, dénonçant l'absence d'informations sur leurs familles[37]. Le député Reimont (PT-RJ) tente d'engager une médiation afin de libérer la voie pacifiquement, mais avant qu'un accord ne soit conclu, la police militaire disperse la manifestation à l'aide de gaz poivre, afin de débloquer cette artère qui constitue l'un des principaux accès au centre-ville[38].

Le , une autre manifestation a lieu : des habitants, habillés de blanc, parcourent à moto les rues du quartier de Penha. Des militants et plusieurs figures politiques y prennent part, notamment la conseillère municipale Monica Benício, veuve de Marielle Franco, ainsi que les députés Glauber Braga et Tarcísio Motta, tous du PSOL[39]. Ce même jour, dix-neuf autres mobilisations sont prévues dans différentes villes du pays[40].

Internationales

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Operation Containment » (voir la liste des auteurs).
  1. Ana Julia Bertolaccini, « Quem eram os policiais do Bope mortos em Megaoperação no Rio de Janeiro »,
  2. Bruna Lopes, « hQuem eram os policiais civis mortos em megaoperação no RJ »,
  3. « Treze policiais feridos na megaoperação nos complexos do Alemão e da Penha seguem internados; dois PMs estão estado grave » [archive du ], sur O Globo, (consulté le )
  4. (pt-BR) « Polícia atualiza para 121 o número de mortos em megaoperação no Rio », sur CNN Brasil, (consulté le )
  5. a b c et d (en-GB) Buschschlüter, « At least 132 killed in Rio police raid, officials say » [archive du ], BBC, (consulté le )
  6. « Bandidos de outros estados reforçam o CV e dificultam identificação de mortos no Rio », sur Info Money, (consulté le )
  7. Caio Ramos, « Arsenal achado com o CV tem fuzis de forças militares de outros países », (consulté le )
  8. « Megaoperação no Alemão e na Penha tem apreensão de 93 fuzis e faz número anual bater 686, novo recorde no RJ », (consulté le )
  9. (pt-BR) « Governo do Rio deflagra operação com 2,5 mil agentes nos complexos do Alemão e da Penha », Portal O São Gonçalo, (consulté le )
  10. a b c d e et f « At least 64 killed in Rio police raids ahead of climate conferences », Reuters, (consulté le )
  11. a et b (en) « At least 60 reported killed in Rio's worst day of violence amid police favela raids », The Guardian, (consulté le )
  12. (pt-BR) « "Operação no Rio de Janeiro foi um sucesso", diz Cláudio Castro », CNN Brasil (consulté le )
  13. (pt-BR) « Número de mortes em megaoperação no Rio passa de 130, diz defensoria », CNN Brasil, (consulté le )
  14. (pt-BR) « Operação policial é a mais letal da história do RJ: veja ranking », O Tempo, (consulté le )
  15. (pt) Kleber Tomaz, « Total de mortos após megaoperação no Rio supera o Massacre do Carandiru », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Zegarra, Saltman et Padinger, « Largest ever police raid in Rio de Janeiro leaves at least 132 dead, public defender's office says » [archive du ], CNN, (consulté le )
  17. (pt-BR) « Operação no Alemão e na Penha contra o CV tem mais de 60 mortos », G1, (consulté le )
  18. (pt-BR) « Drones com bomba, fuzis, helicópteros e blindados: o arsenal da guerra entre a polícia e o CV no Rio », Estadão, (consulté le )
  19. "Mortos em megaoperação no RJ: veja a lista atualizada". G1 (in Brazilian Portuguese). 29 October 2025. Retrieved 29 October 2025
  20. a et b (en) « What we do and don't know about Rio's deadly police raid », France 24, (consulté le )
  21. (pt-BR) « Número de mortes em megaoperação no Rio passa de 130, diz defensoria », Noticias.uol.com.br (consulté le )
  22. (pt) « Saiba quem são os 4 policiais que morreram na operação mais letal da história do RJ », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (pt-BR) Carol Castro, « Doca, o número 2 do CV que driblou a maior e mais letal operação policial da história do Brasil », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. (pt-BR) « O que se sabe e o que falta esclarecer sobre a megaoperação nos complexos do Alemão e Penha, no Rio », sur O Dia (consulté le )
  25. (pt-BR) « O que está acontecendo no Rio de Janeiro: veja perguntas e respostas sobre a situação da cidade em dia de megaoperação », G1, (consulté le )
  26. (pt-BR) « Criminosos bloqueiam vias em São Gonçalo e Niterói em represália a megaoperação no Complexo do Alemão », O São Gonçalo, (consulté le )
  27. a et b (pt-BR) « Situação do Rio de Janeiro agora: saiba como está metrô, BRT e trem », sur G1, (consulté le )
  28. a b c d et e (en) « Huge Brazilian raid on Rio gang leaves at least 64 people dead and 81 under arrest », AP News, (consulté le )
  29. (pt-BR) « Com informações do Disque Denúncia, polícia prende em Campinho três homens que fugiram da megaoperação no Alemão e Penha », sur G1, (consulté le )
  30. (pt-BR) « Operação no Rio é a maior em 15 anos e a mais letal no estado », Agência Brasil, (consulté le )
  31. « 'Rio não pode ficar refém de grupos criminosos', diz Paes sobre operação », CNN Brasil, (consulté le )
  32. (pt-BR) « Cúpula do Comando Vermelho é transferida para cadeia de segurança máxima no Rio antes ser levada a presídio federal », G1 (consulté le )
  33. (pt) Luiz Felipe Barbiéri, Paloma, « Após operação da PM com dezenas de mortos no RJ, relator diz que vai antecipar parecer de PEC da Segurança », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. LulaOficial, « Me reuni hoje pela manhã com ministros do meu governo e determinei ao ministro da Justiça e ao diretor-geral da Polícia Federal que fossem ao Rio para encontro com o governador.

    Não podemos aceitar que o crime organizado continue destruindo famílias, oprimindo moradores e espalhando drogas e violência pelas cidades. Precisamos de um trabalho coordenado que atinja a espinha dorsal do tráfico sem colocar policiais, crianças e famílias inocentes em risco.

    Foi exatamente o que fizemos em agosto na maior operação contra o crime organizado da história do país, que chegou ao coração financeiro de uma grande quadrilha envolvida em venda de drogas, adulteração de combustível e lavagem de dinheiro.

    Com a aprovação da PEC da Segurança, que encaminhamos ao Congresso Nacional, vamos garantir que as diferentes forças policiais atuem de maneira conjunta no enfrentamento às facções criminosas.
     », sur X, ?
  35. (pt) « Alcolumbre determina instalação de CPI do Crime Organizado após megaoperação no Rio », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. (en-US) France-Presse, « Brazil police raid leaves at least 119 dead, triggering protests and claims of executions and a decapitation – CBS News », www.cbsnews.com, (consulté le )
  37. (pt-BR) « Parentes de mortos em megaoperação protestam em frente ao IML e fecham via », sur G1 (consulté le )
  38. (pt-BR) « =Mais uma covardia contra a população que não consegue sequer enterrar seu filhos. Estamos acompanhando para garantir que cada família tenha seus direitos respeitados. », sur Instagram (consulté le )
  39. (pt-BR) « Penha tem manifestação contra mortes em megaoperação no RJ », sur G1 (consulté le )
  40. (pt-BR) « Atos em todo país contestam megaoperação no Alemão e na Penha », sur O Dia (consulté le )
  41. (pt-BR) « Argentina declara CV e PCC como organizações narcoterroristas; fronteiras estão em alerta máximo », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. (pt-BR) « Presidente da Colômbia reage à megaoperação no Rio: 'Barbárie' », CNN Brasil, (consulté le )
  43. (pt-BR) Luisa Belchior, « Fuga do Comando Vermelho: após Argentina, Paraguai reforça fronteiras com Brasil por megaoperação no Rio », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  44. (pt) « ONU "horrorizada" com megaoperação que matou pelo menos 64 pessoas no Rio de Janeiro », SAPO (consulté le )
  45. (pt-BR) « Governo dos EUA emite alerta de segurança para viajantes após operação no Rio com 64 mortos », G1,‎ (lire en ligne, consulté le )