Obsolescence

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L'obsolescence[1] est le fait pour un produit d'être dépassé, et donc de perdre une partie de sa valeur d'usage en raison de la seule évolution technique (on parle alors d'« obsolescence technique ou de la mode (on utilise alors plutôt le mot « démodé »), même s'il est en parfait état de fonctionnement. Ainsi la règle à calcul a été supplantée par la calculatrice électronique en très peu de temps car elle n'était compétitive techniquement ni en vitesse, ni en précision, même à égalité de coût.

L'obsolescence indirecte est induite par une impossibilité de réparer un produit, alors que l'obsolescence psychologique résulte d'effets de mode ou de la mise sur le marché de nouveaux produits paraissant plus efficaces ou séduisants, souvent à l'aide de la publicité.

En 2016 paraît le livre L'obsolescence, de Mathias Rollot, qui revendique être le premier ouvrage francophone à porter pleinement sur le concept philosophique "d'Obsolescence" lui-même[2].

En 2017, Pascal Durand — auteur d'un rapport sur le sujet — s'étonne du peu d'intérêt de l'Europe pour ce sujet et en particulier du fait que la Commission européenne n'ait pas souhaité traiter du sujet dans le cadre du paquet économie circulaire avant de finalement vouloir se pencher sur la question de l'obsolescence accélérée (pour son plan d'action sur l'écoconception pour la période 2016-2019[3]).

Enjeux

Les enjeux sont à la fois socio-économiques et environnementaux :

  • L'obsolescence peut enrichir l'entreprise qui la pratique, mais au détriment des consommateurs (notamment les plus pauvres) et aussi au risque lui faire perdre une clientèle frustrée, qui peut alors se détourner vers des produits lui paraissant plus durables ou vers une économie servicielle ;
  • L'obsolescence est aussi une source d'affaiblissement du secteur de la réparation qui a pourtant, selon un rapport de 2017, un potentiel d'environ 296 emplois par 10 000 tonnes de biens usés ou en panne ;
  • Les plus pauvres sont les premières victimes, car ne pouvant acheter que des produits à bas prix, souvent conçus pour être inutilisables plus rapidement[réf. nécessaire] ;
  • L'obsolescence est une énorme source de gaspillage ou surexploitation de ressources, de temps perdu, d'émission de gaz à effet de serre, de pollution et de consommation évitable d'énergie.

Contre l'obsolescence

Pour se prémunir contre ce phénomène, les entreprises peuvent s'appuyer sur la R&D, sur la veille technologique ou la veille sociétale pour fabriquer des produits plus solides et réparables, et pour prévoir, avec autant d'avance que possible, les changements risquant de remettre en question la valeur de leur savoir-faire.

Obsolescence programmée

C'est une stratégie et un ensemble de techniques qui visent à volontairement réduire la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement.

Une entreprise peut décider de fabriquer et mettre sur le marché des produits dits à « vieillissement programmé », ou bien encore non réparables, parce que lors de leur sortie celui qui les remplacera est déjà à l'étude, parce qu'on estime que la réparation coûterait plus cher qu'un remplacement, ou pour forcer le consommateur à ensuite racheter de nouveaux produits. Ceci vaut pour des biens de consommation courante (d'équipement des ménages notamment) comme les appareils électroménagers, les automobiles ou l'électronique grand public (postes de télévision et de radio, hi-fi, téléphones mobiles, ordinateurs...).

Ces produits ne sont parfois pas conçus pour durer beaucoup plus que le temps d'arrivée sur le marché de leur remplaçant. Des fabricants modifient parfois aussi les normes d'assemblage des pièces constituant ces appareils dans un délai inférieur à la durée nominale de fonctionnement des organes vitaux, toujours dans la même optique de renouvellement forcé du parc. En France le Code de la Consommation Art. L. 111-1 stipulait seulement que le consommateur devait être informé de la durée de disponibilité des pièces de rechange. Depuis 2015, l'obsolescence programmée est un délit en France[4].

Parfois, même le changement de parties à durée de vie faible est impossible ou incommode : pile soudée à une carte-mère, batterie non remplaçable par l'utilisateur parce que le constructeur estime que le changement n'aura jamais lieu.

Position européenne

À ce jour, aucune légalisation européenne ne traite directement du sujet, mais la Commission européenne a publié le son plan d'action sur l'écoconception et avant une présentation en plénière du , la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs du Parlement européen étudiera fin mai-début , un rapport intitulé « Une durée de vie plus longue des produits : avantages pour les consommateurs et les entreprises », présenté par l'eurodéputé Pascal Durand, rapport qui pourrait éventuellement être suivi d'une proposition de directive[3].

Ce rapport ne propose pas de créer un délit d'obsolescence programmé, mais un allongement de la garantie légale de conformité à plus de deux ans pour les produits consommant de l'énergie, et au moins cinq ans pour le gros électroménager et les biens meubles durables, tout en obligeant les distributeurs à fournir les pièces détachées essentielles au bon fonctionnement des biens, à un prix et dans un délai raisonnables, ainsi qu'à afficher sur les produits leur durée escomptée d'usage. Il propose aussi un label européen sur la durabilité des produits[3].

En France

La législation intègre peu à peu et explicitement cette question avec notamment :

  • La loi dite « loi Hamon », qui a porté à deux ans au minimum la durée de la garantie légale de conformité, et qui oblige les producteurs à communiquer au public la durée pendant laquelle les pièces détachées nécessaires à leur réparation sont disponibles. L'association les Amis de la Terre a déploré que « sous la pression de la distribution, le gouvernement [ait] fait le choix d'un simple affichage et non d'une obligation de mettre à disposition des pièces détachées »[3]. Le , treize ONG et acteurs de l'allongement de la durée de vie des produits dont lancé un appel à étendre la garantie des produits à dix ans[3] ;
  • La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV), promouvant un allongement de la durée de vie des produits, et qui définit l'obsolescence programmée, en en faisant un délit passible de sanctions[3].

Cependant, en 2017, selon la DGCCRF, de nombreux grands magasins spécialisés, supermarchés, magasins de détails, d'occasion et sites Internet ne respectent pas ces obligations, ni ne donnent d'informations sur la disponibilité des pièces détachées ou de garantie. Un rapport du Gouvernement, annoncé pour début 2017, mais en retard doit analyser l'intérêt d'étendre la garantie légale de conformité[3].

Notes et références

  1. Obsoletus, participe passé et adjectif d'obsolescere « tomber en désuétude, sortir de l'usage », remis en usage par la suite comme anglicisme.
  2. Rollot, Mathias., L'obsolescence : ouvrir l'impossible, MētisPresses, cop. 2016, impr. 2016 (ISBN 9782940406951 et 2940406952, OCLC 962022023, lire en ligne)
  3. a b c d e f et g « Le Parlement européen veut ouvrir le débat sur l'obsolescence des produits », Actu-Environnement, (consulté le ).
  4. Daniel Pascoal, « L'obsolescence programmée est un délit », sur www.cnetfrance.fr, CNET France, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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