Numelyo

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Logo de Numelyo

Adresse http://numelyo.bm-lyon.fr
Description Bibliothèque numérique de la Bibliothèque municipale de Lyon
Commercial non
Type de site Bibliothèque numérique
Langue Français, Anglais, Espagnol, Portugais, Allemand
Siège social Lyon, Rhône-Alpes
Drapeau de la France France
Propriétaire Bibliothèque municipale de Lyon
Lancement 2012

Numelyo est la bibliothèque numérique de la Bibliothèque municipale de Lyon. En libre accès, elle regroupe des livres numérisés, des revues, des photos, des affiches et des estampes.

Le site a été lancé en [1].

Historique

Gérard Collomb, maire de Lyon (PS), donne son feu vert le pour que Google engage la numérisation d'ouvrages patrimoniaux de la Bibliothèque municipale de Lyon, qui est la deuxième de France (1,3 million de titres)[2]. Il s'agit du premier accord avec une bibliothèque française, et le vingt-neuvième dans le monde. D'une durée de 10 ans, il porte sur les livres tombés dans le domaine public, soit entre 450 et 500 000 ouvrages imprimés entre le XVIe et la fin du XIXe siècle (ce qui inclut des impressions rares lyonnaises de Maurice Scève ou de Nostradamus, de grands traités scientifiques, des récits de voyages, etc.) À cette occasion, Google implante son premier site local de scanner en France, dans la banlieue lyonnaise, pour un investissement qui pourrait s'élever à 60 millions d'euros - et permettrait d'atteindre le rythme de 2 000 livres scannés par semaine[3]. L'entreprise « s'engage à prendre à sa charge, sans contrepartie financière, la numérisation et la mise en ligne d'une collection de 450 000 ouvrages imprimés au minimum et de 500 000 ouvrages imprimés au maximum, dans un délai de dix ans au maximum […] Les ouvrages sont sélectionnés par la Bibliothèque […] uniquement parmi ses ouvrages imprimés et libres de droits »[3]. L'échange consiste donc en un prêt de livre, en contrepartie d'une copie des fichiers produits, avec à la clé pour Google une exclusivité commerciale sur les fichiers pour 25 ans.

Critiques

L'accord fait l'objet de critiques diverses ; le rapport Tessier sur la numérisation du patrimoine écrit souligne ainsi que « l'autonomie de Lyon ne sera acquise qu'à l'issue de la période d'exclusivité de 25 ans prévue par l'accord »[4]. Jean-Claude Guédon, membre de l'Internet Society, condamne plus fermement cette opération qu'il qualifie de « hold-up culturel »[5], ce qu'il justifie par les conditions de distribution des fichiers imposées à la bibliothèque (la Ville de Lyon peut en effet « permettre le téléchargement gratuit des images numérisés d’un ouvrage à partir de sa propre bibliothèque numérique, en tout ou partie, à condition que ce soit à l’unité, pour un usage individuel») :

« La numérisation à la Google est un piège. En effet, le document numérisé demeure la propriété de Google et la bibliothèque impliquée doit empêcher tout autre moteur de recherche autre que Google d'indexer sa collection numérisée. En d'autres mots, Lyon pourra consulter la version indexée en interne, et ne pourra exposer au reste du monde que du « papier numérique » (pages images). Il est vrai que nous aurons ainsi accès à des milliers de livres rares, mais ces ouvrages ne seront disponibles que sous la forme de pages-images que l'on ne pourra que lire. Toute recherche plein texte devra s'effectuer par le truchement du site de Google. Toute autre opération sur le texte sera impossible, sauf à refaire le travail de reconnaissance des caractères. Bref, le « cadeau » de Google, c'est un document numérique aussi proche du papier que possible. »

Pour Olivier Ertzscheid, cet accord s'inscrit dans l'objectif à long terme pour Google Livres de s'imposer comme éditeur et diffuseur des ouvrages, notamment par la vente de copies numériques[6]. Son analyse, qui voit dans les formes qu'emprunte le projet Books une forme d'« eugénisme documentaire », est en partie soutenue par Lionel Maurel, auteur du blog S.I.Lex[7]. Ce dernier montre que si dans le contrat (rendu public en ) qui unit Google et la BML rien ne mentionne explicitement une exclusivité d'indexation des contenus numérisés, le CCTP précise que la mise en ligne des fichiers doit se faire « dans le cadre d’une solution hébergée propre à la Ville de Lyon » qui consistera en « un service distant via Internet que Google hébergera, à ses frais, sur ses serveurs ». Or « les fonctionnalités, le design et le contenu de ce service restent entièrement sous le contrôle du titulaire. Par design du site, il faut entendre : l’ergonomie, la présentation, l’interface et les fonctionnalités techniques de la bibliothèque numérique propre à la ville qui sera hébergée par le titulaire ». Techniquement, rien n'empêche donc Google d'interdire aux autres moteurs de recherche d'indexer les contenus numérisés, quand bien même le texte prévoit que la ville de Lyon « peut librement constituer avec les ouvrages imprimés numérisés par le titulaire, au fur et à mesure de la réalisation de la prestation, sa propre bibliothèque numérique et la rendre consultable par le public gratuitement, sur place ou via Internet ».

Face à ces critiques, le directeur de la BML Patrick Bazin explique que Google a été la seule entreprise à répondre à l'appel d'offre lancé par l'établissement en 2006, et ajoute[3] :

« Nous aurions bien aimé que Yahoo!, Microsoft ou France Télécom présentent leur candidature. [...] En 1989, j'ai été appelé par le délégué scientifique de la Bibliothèque de France pour réfléchir avec d'autres sur la place des nouvelles technologies dans la future BNF. Des amis, à Berkeley, m'avaient donné un avant-goût d'Internet et, pour moi, il était clair que la révolution numérique se jouerait dans la connexion des bibliothèques entre elles. Pas dans la construction de bibliothèques gigantesques, un modèle qui appartient au passé. J'ai donc suggéré, avec d'autres, que sur les 10 milliards alloués à la BNF, on en mette 8 dans le numérique et le reste dans le ripolinage de la Bibliothèque Richelieu. On nous a répondu : « Le numérique, c'est du vent, la vraie pensée, c'est la lenteur. » Étonnez-vous qu'on ait perdu la main, aujourd'hui... »

Il souligne par ailleurs que l'efficacité du modèle économique de Google dépend directement de l'accessibilité des informations au monde entier, et qu'empêcher d'ajouter au projet Books les publications françaises serait le meilleur moyen d'offrir à la culture américaine une position dominante. Enfin, dans de nombreux cas les données fournies par la BML sont également disponibles ailleurs : « Vous trouvez intelligent que la première édition du Gargantua de Rabelais - un pur patrimoine lyonnais - renvoie à l'université de Californie ? Nous avons la même dans notre fonds ! ». Le directeur du programme Google Books France, Philippe Colombet, souligne de son côté que l'entreprise ne fera pas payer l'accès aux livres libres de droits d'auteur, et n'affichera pas de publicité face aux pages demandées ; enfin Google garantit la pérennité des fichiers produits, dans la mesure où ils sont fournis dans un format standard.

Licences

Numelyo publie les œuvres numérisées dans le domaine public sous la Licence Ouverte[8].

Thématiques représentées

Notes et références

  1. Anne-Caroline Jambaud, « Lyon aura "la plus importante bibliothèque numérique en Europe" : merci Google ? », Rue89,‎ (lire en ligne)
  2. « Accord entre Google et la bibliothèque de Lyon » - Le Monde.fr
  3. a b et c « Lyon se livre à Google » - Télérama.fr
  4. « RAPPORT SUR LA NUMÉRISATION DU PATRIMOINE ÉCRIT », p. 18 - Culture.gouv.fr
  5. « Google - Lyon : réaction de Jean-Claude Guédon » - In Libro Veritas
  6. « Dans le télérama » - Affordance.info.
  7. Contrat Google/Bibliothèque de Lyon : l’ombre d’un doute… - S.I.Lex
  8. Calimaq (Lionel Maurel), « La Bibliothèque de Lyon libère le domaine public avec la Licence Ouverte », sur scinfolex.com (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes