Nouveau mouvement religieux

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Un membre de l'Association internationale pour la conscience de Krishna à Moscou.

Un nouveau mouvement religieux (NMR) est une communauté religieuse, éthique ou spirituelle dont l'apparition remonte généralement au début du XIXe siècle. L'adjectif "nouveau" apparait donc discutable si on considère l'ancienneté de certains de ces mouvements. L'expression nouveau mouvement religieux est une expression récente[1] désignant un mouvement à caractère religieux apparu au cours de l'époque contemporaine[2]. L'expression a été inventée par la sociologue britannique Eileen Barker entre autres raisons afin d'éviter, dans l'étude des expressions religieuses, l'utilisation du terme secte qui a pris, au cours du XXe siècle, une connotation péjorative[3],[4].

Les NMR peuvent être des créations totalement nouvelles ou être issus de religions plus anciennes mais dans ce cas, ils se distinguent des dénominations préexistantes par leurs réinterprétations importantes des doctrines. Les nouveaux mouvements religieux sont souvent syncrétiques et proposent une nouvelle vision du monde, s'écartant plus ou moins des doctrines des religions traditionnelles. Souvent, ils se concentrent plus particulièrement sur le bien-être individuel et s'appuient sur l'esprit communautaire, générant parfois des ruptures sociales[5] :29[6] [7].

Le niveau d'adhésion des adeptes des NMR est très variable. Selon la communauté, cela va d'une affiliation lâche basée sur de nouvelles approches de la spiritualité aux adhésions communautaristes qui exigent une forte conformité au groupe et la construction d'une identité sociale qui peut aller jusqu'à séparer les adeptes de la société. Certains NMR sont très controversés et qualifiés de sectes. Certains NMR comptent plusieurs millions de membres, d'autres seulement quelques-uns[8].

Il ne s'agit pas d'un phénomène uniquement européen, les fondations de nouveaux mouvements religieux sont nombreuses, notamment en Asie. Dès le XIXe siècle, on voit apparaitre de nouvelles religions chinoises ou encore les Shinshūkyō : nouvelles religions japonaises.

Controverse[modifier | modifier le code]

L'utilisation de ce terme est controversé pour plusieurs raisons. D'une part, sur le caractère « nouveau » : l'emploi de l'expression pour désigner certains mouvements religieux minoritaires tels que les Témoins de Jéhovah ou les mormons est discutable, puisqu'ils existent depuis le XIXe siècle[3](à noter qu'à l'échelle de l'humanité, le XIXe siècle reste un passé proche).

D'autre part, le mot « religieux » pose également un problème : il est récusé par certains mouvements qui définissent leurs pratiques comme spirituelles, et non religieuses[9]; inversement les adversaires de la scientologie lui dénient tout caractère religieux.

En dépit de ces défauts, l'expression est employée par la plupart des sociologues[10],[11] et universitaires[12], fréquemment sous la forme NMR.

Si les nouveaux mouvements religieux sont parfois des sectes au sens premier du terme (l'étymologie renvoie au latin secta, dérivé du verbe sequi, « suivre »[n 1], c'est-à-dire « une voie que l'on suit, un parti, une cause, une doctrine »[13],[14]), ils ne sont pas tous des sectes au sens de « association dont le comportement porte atteinte aux droits de l'Homme et à l'équilibre social »[15].

En effet, la définition canonique de la secte identifiait historiquement les formes de communalisation chrétienne. De plus, les définitions élaborées par Max Weber (qui fait partie des défenseurs de l'association sectes et religions) ne s'appliquent pas aux mouvements apparus à la fin du XXe siècle[16].

Selon leurs détracteurs, l’utilisation de ce terme est un moyen pour des sectes dangereuses de se donner une image respectable[17].

Liste des nouveaux mouvements religieux[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. la dérivation étymologique à partir du latin secare, qui signifie « couper », est erronée (cf. Pascal Boulhol, « Secta : de la ligne de conduite au groupe hétérodoxe », Revue de l'histoire des religions,no  219-1, p.6)

Références[modifier | modifier le code]

  1. La naissance de nouvelles religions, sur scienceshumaines.com
  2. Dans Historiens et géographes, Numéros 393 à 394, p. 441, Jean-François Mayer fait la différence entre les « nouveaux mouvements religieux » qui se créent par milliers et les « nouvelles religions » extrêmement plus rares
  3. a et b "Nouveaux mouvements religieux" : une expression dépassée ? Interview de Massimo Introvigne sur le site Religioscope
  4. voir dans Les sectes en question: Se questionner et questionner Par Noël M. Rath, Marcel Gilbert, L'Harmattan, 2005 « le document choisit la désignation « nouveau mouvement religieux ». Tant qu'il n'y aura pas de terminologie universellement acceptée, nous devons adopter un terme qui soit le plus impartial et précis possible »
  5. New religious movements and rapid social change, Londres, Sage Publications, (ISBN 978-0-8039-8003-7, lire en ligne).
  6. Nelson 1987, p. 107.
  7. Swenson 2009, p. 206.
  8. New religious movements: challenge and response, Londres [u.a.], Routledge, (ISBN 978-0-415-20049-3).
  9. Les nouveaux mouvements religieux, article de Jean-François Mayer, Encyclopédie des religions Universalis, 1991
  10. Sectes, Églises et nouveaux mouvements religieux, article de Nathalie Luca sur le site Eduscol
  11. Les nouveaux mouvements religieux sont un phénomène qui met au défi les typologies existantes. Le concept de « secte », largement utilisé, de manière spécifique par les sociologues mais également de façon moins rigoureuse par tout un chacun, ne remplit plus son rôle De Bryan Wilson, “The New Religions: Some Preliminary Considerations”, Japanese Journal of Religious Studies, 6/1-2 (1979), 195 et dans New Religious Movements: A Perspective for Understanding Society, ed. E. Barker, (New York & Toronto: The Edwin Mellen Press, 1982).
  12. Voir également les universitaires américains qui utilisent le terme dans ce document du FBI
  13. Pascal Boulhol, « Secta : de la ligne de conduite au groupe hétérodoxe », Revue de l'histoire des religions, no  219-1, 2002, p.6.
  14. « SECTE : Définition de SECTE », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  15. Les sectes et l'ordre public, Gilbert Klein
  16. Esquerre 2009, p. 331.
  17. Sur le site de l'UNADFI

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arnaud Esquerre, La Manipulation mentale : Sociologie des sectes en France, Paris, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », , 376 p. (ISBN 978-2-213-63835-5). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-François Mayer, « Nouveaux mouvements religieux : une perspective historique et interculturelle », dans Silvio Ferrari (dir.), Diritti dell'uomo e libertà dei gruppi religiosi, Padova, CEDAM, 1989, p. 17-40.
  • Jean-François Mayer, « L'évolution des nouveaux mouvements religieux : quelques observations sur le cas de la Suisse », dans Social Compass (en), 42/2, , p. 181-192.
  • Jean-François Mayer, La Science comparée des religions face aux nouveaux mouvements religieux, Fribourg, Université de Fribourg, coll. « Science comparée des religions », 1999, 31 p.
  • Raphaël Liogier, Un nouveau mouvement religieux face à la modernité politique : la Soka Gakkaï, en ligne.
  • Alain Bouchard, Les « Nouveaux mouvements religieux » et le phénomène des « sectes », en ligne.
  • Nathalie Luca, Sectes, Églises et nouveaux mouvements religieux, en ligne.
  • Massimo Introvigne, « Nouveaux mouvements religieux : une expression dépassée ? », dans Religioscope, en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]