Nom hébreu

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Le nom hébreu se construit sur une racine, généralement trilitère[1] qui, complétée par un morphème discontinu vocalique, forme un thème nominal à partir duquel se construit un nom apte à fonctionner lorsqu'il s'intègre dans une phrase[2].

Du thème nominal au nom[modifier | modifier le code]

Le chargement d'un morphème vocalique thématique[3] (משקל) sur le morphème consonantique radical[4] (שורש) génère un thème nominal[5]. La traduction littérale de michkal étant « un poids », la grammaire de l'hébreu utilise ce mot pour signifier le « pesant de voyelles » de ce thème nominal[6].

L'ajout de morphèmes affixés au thème nominal forme un lemme nominal, un nom[7] (שם) apte à intégrer un énoncé[8] (משפט). Un jeu de morphèmes suffixés permet de noter le genre, le nombre, et l'appartenance de ce nom[9]. Quelques morphèmes préfixés, construits à l'aide de particules spécifiques, permettent de lever l'indéfinition du nom, et de le situer dans un environnement syntaxique[10].

Morphèmes préfixés[modifier | modifier le code]

Les morphèmes préfixés sont qualifiés, en raison de la fonction qu'ils exercent, de préfixes déterminatif, ablatif, conjonctif, locatif, datif, et comparatif.

Un thème nominal peut être préfixé par un seul morphème ou par une succession de morphèmes combinés.

Préfixe déterminatif[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé déterminatif ha- s'assimile à l'article défini du français. Ce morphème est parent du préfixe utilisé par les pronoms personnels huʾ , hiʾ , hem, hen et les pronoms démonstratifs lointains correspondants.

Un nom sans préfixe est indéfini.

  • Exemple : tapuz se traduit en français par "une orange" (une orange quelconque), bien que l'hébreu ne connaisse pas d'article indéfini.

L'usage du préfixe ha- rend le nom défini.

  • Exemple : hatapuz se traduit par "l'orange", cette orange et pas une autre, ou cette orange dont on vient de parler.
hatapuz
hatapuz

Les noms propres étant définis par nature, ils ne sont jamais précédés d'un morphème préfixé déterminatif.

  • Exemple : Daniʾel est un nom propre, donc défini.

Préfixe ablatif[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé ablatif mi- généré par contraction de la préposition min marque l'extraction, l'origine, ou le point de départ, et se traduit par la préposition française de, ou par le cas ablatif en latin.

Ce morphème peut être préfixé directement au thème nominal qui reste alors indéfini, il peut aussi précéder un thème nominal défini par le préfixe déterminatif ha-, vu ci-dessus, formant ainsi avec lui un morphème préfixé complexe.

  • Exemples : le bruit peut provenir mireḥov d'une rue, ou mehareḥov de la rue.

Ce dernier exemple montre que mi- se vocalise toujours me- devant une consonne gutturale.

Préfixe conjonctif[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé conjonctif v- (lettre vav) se traduit en français par la conjonction de coordination et. Ce préfixe permet de lier entre eux des mots ou des propositions. Il s'attache directement au thème nominal indéfini, ou précède les autres préfixes d'un thème déjà porteur de morphèmes préfixés.

  • Exemples : vreḥov et une rue, vhareḥov et la rue vmireḥov, et d'une rue, vmehareḥov et de la rue.

Préfixe locatif[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé locatif b- généré par contraction de la préposition beyn se traduit en français par la préposition dans, ou par le cas locatif dans les langues indo-européennes.

Lorsque ce morphème précède le préfixe déterminatif ha-, de ce dernier disparait l'aspiration initiale et donc la lettre qui indiquait cette aspiration, mais la voyelle a se maintient pour signaler que le nom qu'elle précède est bien défini.

  • Exemple : bmidbar dans un désert, bamidbar dans le désert.

Préfixe datif ou directionnel[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé datif ou directionnel l-, généré par contraction de la préposition 'èl indiquant une direction, une destination, un but, se traduit en français par les prépositions à, vers, pour, ou par les cas datif, bénéfactif, causal ou directionnel des langues indo-européennes.

  • Exemples : lʿaṣakim pour les affaires, lhitraʾoṯ à se revoir (au revoir).

Lorsque, comme pour le préfixe locatif, ce morphème précède le préfixe déterminatif ha-, de ce dernier disparait l'aspiration initiale et donc la lettre qui indiquait cette aspiration, mais la voyelle a se maintient pour signaler que le nom qu'elle précède est bien défini.

  • Exemples : lḥaverah pour une amie, laḥaverah pour l'amie.

Ce morphème se vocalise parfois en le-, la-, li-. Il se préfixe aussi à un thème verbal pour former l'infinitif considéré comme une forme nominale du verbe.

  • Exemples : likhtov écrire (à écrire, pour écrire, au sens de l'anglais to write).

Préfixe comparatif[modifier | modifier le code]

Le morphème préfixé comparatif k-, généré par contraction de la préposition kmo, se traduit par la conjonction "comme" en français.

Morphèmes suffixés[modifier | modifier le code]

Suffixes marquant le genre[modifier | modifier le code]

Marquent le féminin singulier les suffixes-ah, -eṯ et -it.

  • Exemples : ḥavayah une expérience, rakévèṯ un train tsimḥoniṯ végétarienne.

Ces exemples rappellent que le genre des noms peut différer de l'hébreu au français.

États absolu et construit d'un nom[modifier | modifier le code]

L'état construit se nomme smikhouṯ.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. construite à l'aide de trois consonnes non vocalisées.
  2. cet article provient d'une scission de l'article Grammaire hébraïque le 1 août 2008 et fait suite à l'article Morphologie de l'hébreu qu'il convient de lire avant d'aborder celui-ci.
  3. orthographe massorétique : מֽשְׁקָל, translittération phonétique : [mišəqāl], transcription francophone : michkal, traduction littérale : un poids. Les traductions littérales sont tirées de : Sander & Trenel Dictionnaire hébreu-français (voir bibliographie).
  4. orthographe massorétique : שֹׁרֵשׁ, translittération phonétique : [šorēš], transcription francophone : chorech, traduction littérale : racine.
  5. pour une explication plus détaillée, voir Morphologie de l'hébreu.
  6. Shmuel Bolozky 501 Hebrew Verbs fully conjugated page IV de l'Introduction (voir bibliographie).
  7. orthographe massorétique : שֵׁם, translittération phonétique : [šēm], transcription francophone : chem, traduction littérale : nom.
  8. orthographe massorétique : מֽשְׁפָּט, translittération phonétique : [mišəpāt], transcription francophone : michpat, traduction littérale : sentence.
  9. Brigitte Donnet-Guez Grammaire de l'hébreu simple et pratique pages 101 et suivantes (voir bibliographie).
  10. ces préfixes se traduisent en français à l'aide de prépositions.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Joüon, Grammaire de l'hébreu biblique, 624 pages, Pontificio Istituto Biblico, 1996, (ISBN 8876534989).
  • Nathaniel Philippe Sander et Isaac Léon Trenel, Dictionnaire Hébreu-Français, 811 pages, réimpression de l'édition de Paris de 1859, Slatkine reprints, Genève, 2005, (ISBN 2051019606).
  • Shmuel Bolozky, 501 Hebrew Verbs, fully conjugated in all the tenses in a new easy-to-learn format alphabetically arranged by root, 910 pages, Barron's Educational Series, New York, 1996.
  • Brigitte Donnet-Guez, Grammaire de l'hébreu, 243 pages, éditions Verapax, Montreuil, 1993 réédité en 2004, (ISBN 2950809502).