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Nicole Croisille

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Nicole Croisille
Nicole Croisille vers 1970.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Nicole CroisilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Jean Croisille (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Germaine Croisille (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Taille
1,7 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Label
Fontana
Disc'AZ
La Compagnie
Butterfly
Tréma
Spot
Sonopresse
Flarenasch
Panda
Pathé Marconi
RCA
WEA
CY Records
Wagram
MVS
United Music Foundation
Genre artistique
Distinctions

Nicole Croisille, née le à Neuilly-sur-Seine (Seine) et morte le à Paris, est une chanteuse, danseuse et actrice française.

Elle est danseuse à la Comédie-Française, puis, tour à tour, mime avec Marcel Marceau, meneuse de revue, actrice de théâtre, de cinéma et de comédie musicale. C'est toutefois par la chanson qu'elle s’illustre auprès du grand public.

Après avoir commencé à chanter dans des caves de Saint-Germain-des-Prés et dans des clubs de Chicago, Nicole Croisille connaît un grand succès en 1966 en interprétant avec Pierre Barouh Un homme et une femme (la chanson du film homonyme de Claude Lelouch), ainsi que dans les années 1970 avec des titres comme Parlez-moi de lui, Une femme avec toi ou Téléphone-moi.

Enfance et adolescence

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Nicole Croisille[1] naît en à Neuilly-sur-Seine d'un père directeur d'agence de tourisme et d'une mère pianiste. Attirée très tôt par la scène et montrant des dispositions pour le chant et la danse, elle devient danseuse à l'Opéra de Paris dès l'âge de huit ans. Néanmoins, son père ne veut pas que sa fille devienne une artiste professionnelle, et refuse qu'elle se présente au concours des petits rats. Nicole Croisille délaisse son rêve de devenir danseuse classique et suit des cours de dactylographie pendant son adolescence. En parallèle, elle suit toutefois les classes de la Comédie-Française et intègre le ballet de la compagnie[2].

Pendant les années 1950, Nicole Croisille suit les cours de Marcel Marceau et devient mime ; en 1957, elle effectue une première tournée en Amérique du Sud. Fascinée par le jazz, elle découvre les États-Unis en 1960, lors d'une autre tournée de Marceau. Elle assiste à des concerts dans des clubs de Chicago et, aidée par ses aptitudes en anglais, accompagne parfois des musiciens au chant[2].

En France, Nicole Croisille poursuit sa carrière de danseuse et participe en 1958 à la revue de Joséphine Baker ainsi qu'à des représentations du Bourgeois gentilhomme. En 1960 elle joue, chante et danse au Théâtre des trois Baudets dans « Une colonne à la cinq » un spectacle burlesque de Jean Yanne, où il parodie la célèbre émission de télévision « Cinq colonnes à la une » de Pierre Lazareff. Elle joue dans la comédie musicale L'Apprenti fakir avec Jean Marais, une pièce avant-gardiste qui s'arrête après un mois d'exploitation seulement[2]. En 1961, elle est assistante chorégraphe dans le spectacle Jour de fête à l'Olympia monté par Bruno Coquatrix et Jacques Tati à l'occasion de la sortie du film Jour de fête dans sa première version colorisée. Elle chante également en amateur dans les caves de Saint-Germain-des-Prés[2].

Elle acquiert une certaine notoriété au début des années 1960 avec la sortie de ses premiers disques. Elle interprète notamment une reprise de Halleluya, I Love Her So de Ray Charles sous le titre Dieu merci, il m'aime aussi en 1961 (son premier 45 tours), et Nous les amoureux, chanson lauréate de l'Eurovision, présentée par Jean-Claude Pascal au concours pour le Luxembourg. En 1961, elle fait la première partie de Jacques Brel à l'Olympia[2]. Cette même année, elle fait la connaissance de Claude Nougaro, qui devient son ami et souhaite lui écrire des chansons. Mais, face au succès qu'il rencontre, il abandonnera ce projet[3]. En cette époque où la mode est aux chanteurs « yéyé », Nicole Croisille ne trouve pas encore sa place auprès du public[2].

En 1963, elle se produit au Festival de jazz d'Antibes Juan-les-Pins accompagnée d'Eddy Louiss à l'orgue Hammond et Phillipe Combelle à la batterie[4].

Nicole Croisille retourne aux États-Unis en 1964, pour y travailler en tant que meneuse de revue. Elle présente ainsi plusieurs tableaux d'un spectacle des Folies Bergère à Broadway et reste un an à New York[2].

Succès dans la chanson

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À son retour des États-Unis en 1966, Nicole Croisille connaît un succès international avec la chanson du film Un homme et une femme de Claude Lelouch, composée par Francis Lai et interprétée en duo avec Pierre Barouh. La bande originale de ce film devient le premier album français à être certifié disque d'or aux États-Unis, avec des ventes représentant plus d'un million de dollars[5]. Nicole Croisille retrouvera ensuite le réalisateur et le compositeur pour Vivre pour vivre en 1968[2].

Dans les années 1960, elle est l'une des deux voix d’Anna Livia Plurabelle, cantate de jazz d'André Hodeir, adaptée de Finnegans Wake de James Joyce, enregistrement auquel participent des musiciens de la scène jazz française comme Pierre Michelot, Michel Portal, Bernard Lubat et Jean-Luc Ponty.

En 1968, la chanteuse prend un pseudonyme éphémère, Tuesday Jackson, pour interpréter la chanson I'll Never Leave You du film Les Jeunes Loups de Marcel Carné[2]. Elle est la voix française de Shani Wallis dans le rôle de Nancy dans Oliver ! de Carol Reed.

En 1970, elle est sur la scène du théâtre de la Porte-Saint-Martin dans la comédie musicale La Neige en été aux côtés de Mouloudji et Régine.

Au milieu des années 1970, la chanteuse trouve enfin un répertoire taillé sur mesure pour sa voix[2] lorsqu'elle signe avec le producteur Claude Dejacques et l'éditeur Claude Pascal. Ses principaux compositeurs, Francis Lai, Jean-Pierre Lang, Pierre Grosz, Jean Musy et Laurence Matalon, lui font enregistrer plusieurs succès comme Parlez-moi de lui (Il ne pense qu'à toi) en 1973, Une femme avec toi et Téléphone-moi en 1975, mais aussi les titres Avec le soleil sur la peau en 1973, La Vie facile et L'Été en 1974, L'Amour, l'amour et Je ne suis que de l'amour en 1975, Emma (Je m'appelle Emma), J'ai besoin de toi, j'ai besoin de lui et C'est comme un arc-en-ciel en 1976, Si l'on pouvait choisir sa vie en 1977, La Garonne et Fané, fini, foutu en 1978, Je n'ai pas dit mon dernier mot d'amour et Dansez pour moi en 1979… Nicole Croisille présente son premier spectacle en vedette à l'Olympia en 1976 et y retourne deux ans plus tard.

Le tournant des années 1980

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Au cours des années 1980, Nicole Croisille s'installe temporairement au Québec où elle enregistre un disque en 1983[2]. En 1984, elle publie l'album Nicole Croisille chante Francis Lai - Cinéma. En 1985 elle reprend Le Blues du businessman puis participe, avec un groupe de vingt-quatre femmes, à l'enregistrement d'une chanson pour l'association caritative CARE France, La Chanson de la vie, commercialisée début 1986. On peut aussi la voir dans Itinéraire d'un enfant gâté de Claude Lelouch, en 1988, dans lequel elle interprète Qui me dira.

Elle se tourne vers ses genres préférés : les musiques noires-américaines, et notamment le jazz, ainsi que le métissage musical en général. Tout comme Nicoletta à qui elle peut être comparée pour son timbre profond et ses influences noires-américaines, Nicole Croisille reste tributaire des compositeurs puisqu'elle n'écrit ni ne compose, ce qui fragilise sa carrière musicale. Elle ne connaît plus de grand succès dans la chanson[2]. Les compositeurs privilégient les chanteurs plus jeunes de leur propre génération[6]. Elle reprend le chemin de la comédie, en participant à plusieurs pièces de boulevard ainsi qu'à quelques films, téléfilms et séries télévisées.

Années 1990 et 2000

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En 1992, Nicole Croisille chante le générique du feuilleton de l'été de TF1 Les Cœurs brûlés, sur des paroles et une musique de Vladimir Cosma.

En 1998, elle joue dans Deux mamans pour Noël le rôle d'une chanteuse confrontée à la détresse d'un homme (Antoine Duléry) qui recherche sa mère.

En 2003 et 2004, elle participe au festival de la Rose d'Or à l'Olympia. Elle travaille également avec André Manoukian. En 2006, au théâtre de Dix heures, dans le spectacle Nougaro, le jazz et moi, elle reprend, outre quelques chansons de son répertoire, des standards de jazz, et surtout les plus grandes chansons de Claude Nougaro. Elle reprend le spectacle en tournée en province puis au Grand Rex à Paris. Un album homonyme sort par la suite. Elle enregistre en 2008, en collaboration avec le compositeur Daniel Mercure, un nouveau disque, Bossa d'hiver.

En 2005, elle incarne le personnage d'Yvonne Le Bihan dans la saga de l'été Dolmen sur TF1.

Années 2010 et 2020

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Au cours des années 2010, Nicole Croisille se consacre à la comédie musicale. Les 7, 8 et , elle donne une série de concerts à l'Alhambra à Paris, où elle revient le . En , elle est en concert avec 450 choristes à Saint-Gervais. Elle se produit au Casino de Paris le .

En 2015, elle participe à l'élaboration d'un double CD, Il était une fois... Nicole[7], qui regroupe Croisille 80, l'album qu'elle a préféré enregistrer grâce à la présence de Michel Colombier comme directeur musical, et Femme… Woman in Your Arms, un album inédit dans les pays francophones qui contient des réinterprétations en anglais de ses plus grands succès, ainsi que de nombreux bonus et titres inédits. Elle participe également à différentes comédies musicales dont Irma la douce de Nicolas Briançon, puis L'Opéra de quat'sous et Cabaret d'Olivier Desbordes[8].

Après le succès de ses spectacles musicaux avec Nicolas Briançon et Olivier Desbordes, suivent deux pièces de théâtre : Jeanne de Jean Robert-Charrier mis en scène par Jean-Luc Revol[9], puis Hard d'après Cathy Verney mis en scène par Nicolas Briançon[10].

En 2020, après avoir joué plusieurs mois au Théâtre de la Michodière aux côtés de Michel Sardou dans N'écoutez pas, mesdames ! de Sacha Guitry mis en scène par Nicolas Briançon[11], elle tourne aux côtés d'Éric Perez et Manuel Peskine, La Croisille s'amuse[12].

Nicole Croisille a été marraine de 1999 jusqu'à sa mort du Centre des arts vivants, une école de comédie musicale[13].

En , à la suite de la démission de Nicolas Hulot, elle signe avec Juliette Binoche la tribune contre le réchauffement climatique intitulée « Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité », qui parait en une du journal Le Monde, avec pour titre « L'appel de 200 personnalités pour sauver la planète »[14].

Souffrant d'une double tumeur du foie incurable[15], Nicole Croisille décide de bénéficier d'une euthanasie en Belgique. Elle se confie en sur sa démarche à la journaliste Marion Ruggieri du magazine Elle, demandant que l'interview ne soit publiée qu'après son décès. Mais son état se dégrade trop rapidement pour qu'elle puisse faire le déplacement en Belgique. Elle est hospitalisée en urgence le [16]. Plongée dans une sédation profonde conformément aux directives de la loi Leonetti, Nicole Croisille meurt le dans une clinique parisienne à l'âge de 88 ans[17]. Coïncidence, elle meurt le jour pour lequel elle avait planifié son euthanasie en Belgique. Son interview posthume[15] parait dans Elle le .

Son agent Jacques Metges indique que Nicole Croisille a souhaité être incinérée sans aucune cérémonie funéraire[18].

Discographie

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Albums studio

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Compilations

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  • 1973 : Ses grands succès, vol. 1, 33 tours compilation, Musidisc
  • 1974 : Ses grands succès, vol. 2, 33 tours compilation, réédité en CD en 1992, également sorti sous la forme d'un album double
  • 1980 : Compilation Disque d'or, 33 tours, EMI
  • 1986 : Nicole Croisille, les plus belles chansons, Éditions 23
  • 1988 : Nicole Croisille, ses plus belles chansons, CD compilation, Melody
  • 1991 : Les Plus Grands Succès de Nicole Croisille, CD, Carrère
  • 1992 : Super Croisille, triple CD compillation, Flarenasch
  • 2001 : De vous à moi, CD et long box 4 CD, ULM
  • 2003 : Nicole Croisille, CD compilation, Wagram
  • 2003 : Collection Légende, CD, Wagram
  • 1976 : Olympia 76 (en public), 33 tours, Panda
  • 1978 : Olympia 78, 33 tours, Panda
  • 1981 : Nicole Croisille au Théâtre des Champs-Élysées, double 33 tours en public, RCA
  • 1997 : Une femme, CD en public, BMG

Bandes originales de film

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Filmographie

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Télévision

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Films d'animation

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Distinctions

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Décorations

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Publication

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Notes et références

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  1. a et b « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – hiver 2022 », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k et l « Nicole Croisille », RFI Musique, .
  3. « Nicole Croisille fait revivre Nougaro », La Dépêche du Midi, .
  4. « Nicole Croisille à Antibes »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur ina.fr (consulté le ).
  5. Billboard, , p. 62
  6. Michel Drucker, Hors antenne : Conversation avec Maurice Achard, Calmann-Lévy, , 228 p. (ISBN 978-2-7021-5153-2, lire en ligne)
  7. « Nicole Croisille - Il était une fois... Nicole »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Shop | United Music Foundation (consulté le ).
  8. « Cabaret », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  9. « Jeanne », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  10. « Hard », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  11. Julien Baldacchino, « Au théâtre de la Michodière, Michel Sardou et Nicole Croisille s'amusent sur le texte de Guitry », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  12. (en) K. B. Studios, « Theatre du Blanc-MesnilLa Croisille s'amuse », sur theatredublancmesnil.com (consulté le ).
  13. "Entre comédies musicales, musiques de films et tournées, Madame Croisille trouve encore le temps d'être la marraine -active- du Centre des Arts Vivants : une vie qui swingue !" SantéPlant.fr, 19 décembre 2001
  14. « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b Marion Ruggieri, « Les dernières confidences de Nicole Croisille sur sa volonté de mourir euthanasiée » Accès payant, sur elle.fr, Elle,
  16. Émeline Collet, « « Pourquoi continuer à souffrir ? » : le bouleversant testament de Nicole Croisille, qui avait programmé sa mort : Un mois avant sa mort, la chanteuse disparue le 4 juin, à l’âge de 88 ans, avait confié au magazine « Elle » qu’elle voulait mettre fin à ses jours en Belgique. Nous avons pu lire cette longue interview, à paraître ce mercredi, en exclusivité. » Accès payant, sur leparisien.fr, Le Parisien,
  17. « La chanteuse Nicole Croisille, interprète du célèbre « Da ba da ba da » d’« Un homme et une femme », est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Laetitia Azi, « Mort de Nicole Croisille : Pourquoi aucun hommage ne sera organisé ? », sur programme-tv.net, (consulté le )
  19. « Nicole Croisille - Il était une fois... Nicole »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Shop | United Music Foundation (consulté le ).

Liens externes

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