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Newmont Mining

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Newmont Corporation
logo de Newmont Mining

Création 1921
Fondateurs William Boyce ThompsonVoir et modifier les données sur Wikidata
Personnages clés William Boyce Thompson (fondateur) et Koffi Mathias
Forme juridique Société du Delaware[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Action Bourse de Toronto (NGT) et New York Stock Exchange (NEM)Voir et modifier les données sur Wikidata
Slogan The Gold Company.
Siège social Denver
Activité Mines
Produits Or
Filiales Goldcorp, Newcrest Mining
Site web www.newmont.com/en/

Chiffre d'affaires 11,9 G$ ()[2]Voir et modifier les données sur Wikidata
Résultat net −429 M$ ()[2]Voir et modifier les données sur Wikidata

Newmont Mining Corporation est une entreprise américaine faisant partie d'un conglomérat basé à Denver dans le Colorado.

Elle est l'une des cinq plus grandes compagnies du monde pour la production d'or : en fusionnant en 2019 avec Goldcorp, la société occupe depuis la place de numéro un mondial dans l'extraction minière de l'or[3]. Le groupe estime avoir d'importants progrès en termes de soutenabilité minière (via des engagements structurés sur l'environnement, la santé et la sécurité, et la gouvernance), mais la persistance de controverses locales sur la pollution et les conditions de travail, ainsi que la contribution générale de l'industrie minière à la dégradation des écosystèmes et du climat font que l'écart entre les standards affichés et leur mise en œuvre effective sur le terrain est encore questionné. En raison de la localisation géographique de ses mines d'or, le groupe a des activités qui interfèrent négativement avec des habitats abritant de nombreuses espèces protégées et/ou menacées, répertoriées comme telles par l'UICN ; produisant de 234,4 à 316,6 millions de t/an de stériles minières, le groupe s'engage à prendre des mesures pour réduire ses impacts (drainage minier acide notamment) et réhabiliter les sites après exploitation.

Le colonel et ingénieur américain William Boyce Thompson fonde The Newmont Company à New York en 1916, sous la forme d'une holding destinée à investir dans le pétrole, l'or, et les compagnies minières. Le nom « Newmont » viendrait de New York et Montana, ce dernier État étant le berceau de la fortune de Thompson, déjà très importante. En 1917, il investit 25 % de sa fortune dans l'Anglo American. En 1921, la société devient The Newmont Coporation et entre en bourse. En 1929, Newmont Corp. rachète l'Empire Star Mine, une mine d'or mythique, ouverte en 1850 en Californie. En 1939, Newmont possède déjà 12 mines d'or sur le sol américain.

Les investissements pétrolifères débutent en 1925, avec l'acquisition d'intérêts au Texas, puis en Louisiane, dans le golfe du Mexique, etc. William Boyce Thompson meurt en 1930, et Newmont parvient à sortir indemne de la crise amorcée en octobre 1929.

Après guerre, les acquisitions se font à l'étranger : la mine de Tsumeb en Namibie, la mine de cuivre d'O'Okiep à Namaqualand en Afrique du Sud.

La présidence de la compagnie passe à Fred Searls en 1947, qui fut longtemps le géologue le plus doué au service de Newmont. Searls prend sa retraite en 1954, et Plato Malozemoff est nommé président.

En 1965, est ouvert le site de Carlin (Nevada) : ce site aurifère, appelée Carlin Unconformity, reste le plus important jamais découvert aux États-Unis au XXe siècle. Dès 1971, Newmont pratique sur ce site la lixiviation en tas.

Dans les années 1980, Newmont acquiert Consolidated Gold Fields (ConsGold), T. Boone Pickens, Minorco, et Hanson Industries. Des opérations de diversification ont lieu, du fait d'un taux d'endettement sensible. Le siège déménage de New York à Denver en 1988. L'année suivante, James Goldsmith devient l'actionnaire principal, et demeure au conseil d'administration jusqu'en 1993.

En 1998, Newmont Mining Corporation et Newmont Gold Company, les deux principales branches du groupe, fusionnent pour donner naissance à un des plus gros producteurs d'or au monde, position renforcée en 2002 avec l'acquisition de Franco-Nevada (en) — qu'elle revendra en 2007.

En , Newmont annonce l'acquisition de Goldcorp pour 10 milliards de dollars, créant une nouvelle entité prenant le nom de Newmont Goldcorp, et qui devient le premier producteur mondial d'or devant Barrick Gold, ce dernier ayant lancé en une acquisition d'envergure[4].

L'entreprise est en procès au Pérou pour avoir tenté d'intimider des paysans indigènes afin de s'approprier leurs terres[5].

En février 2023, Newmont annonce lancer une offre d'acquisition sur Newcrest Mining, qui été une ancienne de ses filiales jusque dans les années 1990, avec une offre de 16,9 milliards de dollars[6], fusion confirmée en novembre.

Exploitation

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Newmont Mining possède des mines dans le Nevada (États-Unis), en Indonésie, en Australie, au Ghana et au Pérou. Battle Mountain Gold et Normandy Mining sont ses principaux holdings. Franco-Nevada Corp. est redevenue indépendante en 2007, et est dirigée par Pierre Lassonde. À la fin de 2006, Newmont Mining produisait environ 5,9 millions d'onces d'or par an et détenait 94 millions d'onces d'or de réserve. Elle emploie quelque 15 000 salariés à travers le monde. Elle exploite également des mines de cuivre et d'argent.

Attirée par les avantages que représente l'exploitation dans les pays en développement - coûts réduits, rendements supérieurs, réglementations moins contraignantes -, Newmont Mining a créé des milliers d'emplois dans des régions déshéritées. Ainsi à Sumbawa par exemple, dans l'enceinte de Batu Hijau, Newmont Mining a fait surgir de la jungle une banlieue à l'américaine. Environ 2 000 des 8 000 employés de la mine y résident.

Les principaux sites miniers aurifères contrôlés par Newmont :

Consommation de matériaux

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La chaux, le cyanure et les acides dominent les intrants chimiques, tandis que le ciment, les pneus et les boulets de broyage (de 20 à 150 mm de diamètre, en acier forgé, acier coulé ou fonte à haute teneur en chrome) représentent les principaux intrants matériels, avec des variations selon la géologie et l'isolement des sites.

En 2024, Newmont a consommé au total environ 103 000 tonnes de boulets de broyage ; 39 900 000 litres de cyanure de sodium ; 374 000 tonnes de chaux ; 100 500 tonnes de ciment ; 12 400 tonnes de pneus ; 11 900 000 litres de lubrifiants, et divers acides industriels (6 400 tonnes d'HCl, 20,2 millions de litres d'H₂SO₄ et 50 000 litres de HNO₃)[7].

Les sites de Newmont Mining les plus consommateurs de ces ressources étaient (en 2024)[7] :

  • Yanacocha (Pérou) : plus de 76 000 t de chaux et 197 000 L d'H₂SO₄.
  • Lihir (Papouasie‑Nouvelle‑Guinée) : plus de 116 000 t de chaux et 6 860 kL de cyanure.
  • Boddington et Cadia (Australie) : ensemble plus de 37 000 t de boulets de broyage et près de 19 millions de litres d'H₂SO₄.
  • Peñasquito (Mexique) : plus de 22 000 t de boulets de broyage.
  • Canada (notamment Éléonore et Porcupine) : forte consommation de ciment (49 000 t) et de pneus (1 760 t).

Tendances : en 4 ans (2020‑2024) la consommation de boulets de broyage a fortement augmenté, passant de 58,2 milliers de tonnes en 2023 à 103,4 milliers de tonnes en 2024, soit un quasi-doublement. La consommation de chaux suit la tendance proche, atteignant 374,3 milliers de tonnes en 2024 contre 226,5 milliers de tonnes l'année précédente, après plusieurs années de baisse continue. Le ciment a aussi beaucoup progressé, de 52,8 milliers de tonnes en 2020 à 100,5 milliers de tonnes en 2024. Les pneus et les lubrifiants affichent aussi une hausse notable en 2024 (respectivement 12,4 milliers de tonnes et 11,8 milliers de kL), après un creux en 2023.
La consommation de cyanure au contraire a plutôt reculé par rapport à 2020, avec un léger rebond en 2024 (39,9 milliers de tonnes contre 33,9 en 2023). Le voume d'acide sulfurique diminue (24,5 milliers de kL en 2020 contre 20,2 en 2024), tandis que l'acide nitrique reste marginal mais en légère hausse (0,05 milliers de kL en 2024)[7].

Pollutions, déchets miniers et atteintes au climat

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Newmont Corporation affiche depuis plusieurs années dans sa communication institutionnelle une stratégie de durabilité structurée autour de la gestion environnementale, de la santé et sécurité des mineurs et de la prévention des risques industriels. Ses rapports de soutenabilité décrivent ses engagements[7], mais l'entreprise a été attaquée pour faits de pollution et reste confrontée à des controverses locales sur la pollution et la transparence.

le groupe reconnait avoir un important impact sur la biodiversité des sites exploités, en zone tropico-équatoriale notamment : Selon ses données 2024, les mines de l'entreprise sont situées sur des habitats naturels de 9 186 espèces recensées par l'UICN, dont 26 espèces en danger critique d'extinction, 79 en danger, 303 vulnérables et 322 quasi menacées, le reste (8 456) étant classé « préoccupation mineure ». Les sites les plus sensibles se situent en Papouasie‑Nouvelle‑Guinée (mine de Lihir, avec 4 espèces en danger critique, 21 en danger et 164 vulnérables), au Ghana (13 espèces en danger critique, 14 en danger et 25 vulnérables, réparties entre Ahafo South et Akyem) et en Australie (6 espèces en danger critique, 17 en danger et 44 vulnérables, notamment à Boddington et Cadia)[7]. D'autres sites présentent des niveaux moindres mais significatifs de biodiversité menacée, comme Peñasquito au Mexique, Yanacocha au Pérou ou Merian au Suriname. Ces effets sont atténués par des mesures compensatoires ou conservatoires : Plusieurs zones clés pour la biodiversité (Key Biodiversity Areas, KBA) sont concernés par des mines de Newmont, dont au Ghana et en Australie. À Ahafo (Ghana) un suivi de la biodiversité est prévu à partir de 2025 par le Forest Research Institute of Ghana. À Akyem (Ghana), environ 85 hectares de la réserve forestière protégée d'Ajenjua Bepo (2 500 ha) sont concernés (avec reboisements et d'enrichissement compensatoires sur 50 hectares, complétés d'un projet de zone de compensation de 257 hectares et un programmes de reforestation, avec les autorités ghanéennes (Forestry Commission, EPA, Minerals Commission), des ONG et des consultants, ainsi que l'UICN et les autorités locales. En Australie, le site de Boddington affecte environ 4 488 hectares au sein de l'Endemic Bird Area du sud‑ouest australien, reconnue pour sa haute valeur écologique. Newmont y a créé en compensation une zone de conservation de 192 hectares (Hotham Farm), entrepris des travaux de restauration sur 470 hectares et cofondé en 2021 le South West Sustainability Partnership avec South 32 et Alcoa pour soutenir la recherche et la gestion des écosystèmes, outre un partenariat avec le Peel Harvey Catchment Council pour améliorer la santé écologique des bassins versants, en lien avec divers ONG environnementales et des scientifiques[7].

  • Sur 4 ans, de 2020 à 2024, le nombre total de déversements environnementaux signalés par Newmont est resté plutôt stable autour de 400 incidents par an, avec une forte hausse en 2024 (586 cas, contre 318 en 2023, augmentation correspondant surtout à des déversements sur site, passés de 311 à 585 : les déversements de cyanure se sont maintenus autour de 30 incidents par an, sans tendance nette, alors que les pollutions par hydrocarbures ou autres produits chimiques, présents certains exercices (2020‑2023), disparaissaient en 2024 ; en termes de volumes, les cyanures sont historiquement les plus gros déversements (17 447 kL en 2020), mais leur ampleur a fortement diminué au fil du temps, tombant à seulement 69000 L en 2024 [7].
  • De 2020 à 2024, le groupe a fortement augmenté sa consommation d'eau passant de 190 000 ML en 2020 à 410 182 ML en 2024, principalement en raison de l’intégration de l’eau de mer dans certains process (221 080 ML), antérieurement absente (A titre de comparaison, 410 182 ML, c'est 410,2 milliards de litres d’eau, soit l'équivalent de l’usage annuel de 7,5 millions de personnes (soit la population de l’Île‑de‑France) ou de 164000 Piscines olympiques). 368 013 ML d'eau ont été recyclés ou réutilisés.
    L’intensité hydrique s’établit à 20,1 ML par 1 000 onces équivalent or et 0,7 ML par millier de tonnes de minerai traité [7].
  • A propos du mercure, en 2024, Newmont a généré environ 24,3 tonnes de déchets mercuriels, provenant exclusivement de la présence naturelle de mercure dans certains gisements et de déchets d’équipements. il s'agit surtout de mercure élémentaire (20,8 t), suivie de carbone contaminé au mercure (3,4 t), et d'une petite quantité de boues contaminées sont négligeables (< 1 kg de mercure). Les déchets mercuriels liés aux installations (ampoules fluorescentes, thermostats, etc.) représentent environ 101 kg. L’entreprise n'utilise plus de mercure pour le traitement du minerai d'or[7].
  • En 2024, outre 54,176 millions de tonnes de déchets non-dangereux réutilisés sur site pour éviter une mise en décharge, le groupe a produit 14 800 tonnes de déchets dangereux qui ont été réutilisés (3 927 t sur site et 1 558 t hors site), recyclés (447 t sur site et 5 030 t hors site) ou valorisés (3 320 t sur site et 490 t hors site), dans une logique d'économie circulaire et de réduction des coûts, mais cette même année 2024, Newmont a du aussi éliminer environ 12 200 tonnes de déchets dangereux via l'incinération avec valorisation énergétique constitue (3 998 t), via l’incinération sans récupération d’énergie (1 609 t) ou par une mise en décharge (1 981 t). Des volumes moindres ont été traités par d’autres méthodes d’élimination (459 t et 373 t), tandis que des flux spécifiques ont été orientés vers des filières distinctes (1 590 t et 2 133 t)[7].
  • Concernant la contribution de l'entreprise à l'acidification, éventuellement irréversible des milieux : en 2024, selon le groupe, seuls 19 % de ses sites ne sont pas considérés à risque de drainage acide minier et 6 % sont déjà en traitement ou en phase de remédiation. Newmont dit avoir en 2024 généré environ 289,5 millions de tonnes de stériles miniers (waste rock), dont 59,8 Mt potentiellement générateurs d’acide et de pollution métalliques par lixiviation, et 229,7 Mt. La quasi‑totalité (275,2 Mt) a été remontée en surface, et environ 2,9 Mt sont restés souterrains. Une fraction plus limitée a été stockée dans des environnements sensibles (659 000 t en installation lacustre et 10,8 Mt en installation marine) [7]. Tous les sites du groupe doivent réaliser un bilan acido‑basique pour évaluer le potentiel d'acidification des déchets et de l'environnement [7].

Le groupe affiche aussi des engagements pour la protection du climat, des économies d'énergie, la gestion de l'eau et de la qualité de vie des riverains, ainsi que pour une meilleure gestion des résidus miniers (tailings) et la réhabilitation des sites, afin de limiter les séquelles minières[7]. Un objectif de neutralité carbone est annoncé pour l'horizon 2050, avec des partenariats pour évaluer les risques climatiques sur ses sites et développer des plans d'adaptation au changement climatique pour trois site (en 2024)[7]. Le groupe met en avant des projets de réduction des émissions via des contrats d'achat d'électricité verte, et des initiatives de restauration écologique après fermeture de certaines mines[7]. Mais diverses ONG et communautés locales ont contesté la pertinence et/ou l'efficacité de ces mesures, en soulignant des cas de pollution de cours d'eau (ou de la mer) et de sols autour de certains sites, notamment au Ghana, en Indonésie[8] et au Pérou.
Au début des années 2000, la filiale indonésienne PT Newmont Minahasa Raya et son président (Richard Ness, qui risquait alors trois ans de prison) ont été poursuivis pour rejets en mer de mercure et d'arsenic (deux composés hautement toxiques et écotoxiques communément rejetés par l'exploitation aurifère). Cette pollution était soupçonnés d'avoir causé des maladies et des morts parmi les habitants. Sur la base de plusieurs études scientifiques, et sans retenir l'une des études mentionnant une pollution dépassant les normes, le tribunal a jugé que les niveaux de pollution demeuraient en deçà des seuils autorisés en Indonésie[8]. Le président de la filiale et le groupe ont été relaxé après vingt mois de procés, un verdict qui a suscité des réactions contrastées : des villageois et militants écologistes dénonçant un déni de responsabilité environnementale et une injustice, tandis que des représentants du secteur minier et des investisseurs étrangers saluaient une décision favorable à la confiance des investisseurs étrangers miniers dans le système judiciaire indonésien ; selon l'AFP « (...) de nombreux investisseurs étrangers, agacés par la corruption en Indonésie, s'étaient rangés du côté de "Rick" Ness, en affirmant - sans preuves - que des juges et des responsables tentaient de s'enrichir sur le dos de Newmont, en le forçant à débourser des millions de dollars »[8].

Une étude (2019) a évalué, au Ghana, les impacts sanitaires des opérations de dynamitage sur les communauté agricole proches des mines de Newmont, concluant que les vibrations, fréquences et surpressions liées aux explosions dépassaient les seuils de référence fixés par l'EPA aux Etats-Unis, et que les concentrations de poussières (TSP et PM10) dépassaient en saison sèche les normes de l'OMS (les habitants interrogés rapportaient une forte prévalence de symptômes respiratoires et d'autres affections ORL (toux, éternuements, catarrhe, maux de gorge, essoufflement, céphalées, asthme), avec une corrélation significative entre l'exposition au dynamitage et plusieurs troubles chroniques. Les analyses de métaux lourds restaient, elles, sous les seuils des recommandations internationales, (sauf pour le manganèse).
Les auteurs ont invité les parties prenantes à mettre en œuvre des mesures d'atténuation pour limiter les effets négatifs du dynamitage sur la santé des populations riveraines (l'étude ne portait pas sur les écosystèmes)[9].

Entre 2020 et 2024, les volumes de stériles ont oscillé entre 234,4 et 316,6 millions de t/an, avec un niveau de 289,5 Mt en 2024, en hausse par rapport à 2023 (234,4 Mt), restant proche de la moyenne quinquennale.
Les résidus présentent une évolution plus marquée : après une baisse continue de 116,2 Mt en 2020 à 96,8 Mt en 2023, leur production bondit à 157,4 Mt en 2024, soit le volume le plus élevé de la période (cette progression reflète notamment l'intégration des actifs de Newcrest acquis fin 2023)[7]. Newmont s'est engagée à se conformer avant août 2025 au Global Industry Standard on Tailings Management (GISTM), avec des auto‑évaluations de conformité et des divulgations externes pour les installations classées à risque « très haut » ou « extrême ». L'entreprise publie un inventaire de ses résidus et dispose d'un outil interactif de divulgation publique permettant de consulter cartes, tableaux et données concernant ses installations de stockage de résidus[7].

Consommation d'énergies et empreinte carbone

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Le groupe est encore très dépendant des énergies fossiles (fioul lourd et diesel principalement), et donc émetteur important de gaz à effet de serre (malgré quelques initiatives locales d'ajouts d'énergies renouvelables). Ainsi, en 2024, le groupe a déclaré une consommation d'environ 57,5 millions de GJ, dont 36,8 millions de GJ d'énergie directe (principalement d'origine fossile comme le diesel, le gaz naturel et le fioul lourd) et 20,5 millions de GJ d'énergie indirecte (électricité achetée sur le réseau)[7]. À titre de comparaison, 1 million de GJ représente à peu près la consommation annuelle d'électricité d'une petite ville de 25 000 habitants. Newmont consomme une énergie équivalente à 16 TWh électriques, soit la production d'un réacteur nucléaire moyen pendant presque deux ans (en imaginant qu'il n'y ait pas de pertes en ligne).

Les sites les plus énergivores sont : Lihir en Papouasie‑Nouvelle‑Guinée (plus de 10,1 millions de GJ, essentiellement issus de fioul lourd), Boddington en Australie (6,6 millions de GJ) et Peñasquito au Mexique (9,1 millions de GJ). Au Ghana, les mines d'Ahafo South et d'Akyem totalisent près de 4,9 millions de GJ, combinant diesel et électricité du réseau. Le Canada représente environ 8,3 millions de GJ, répartis entre plusieurs sites (Brucejack, Éléonore, Musselwhite, Porcupine, Red Chris)[7].

Les énergies renouvelables restent très marginales (moins de 0,2 million de GJ, via solaire, biodiesel et géothermie) et concentrées sur quelques sites comme Yanacocha (Pérou) et des mines canadiennes[7].

A noter que certaines mines canadiennes de Newmont (Brucejack, Musselwhite, Éléonore, etc.) sont situés dans des régions nordiques ou reculées, sans accès routier en hiver. L'aviation est donc utilisée pour acheminer les travailleurs, machines, pièces détachées et parfois des vivres, d'où une consommation de kérosène apparaissant dans le bilan énergétique de l'entreprise (31 759 Gigajoules en 2024 au Canada), citées page 31 du bilan ; soit environ 8,8 GWh (puisqu'1 GJ ≈ 278 kWh), l'équivalent de la consommation annuelle d'électricité d'un quartier de 4 000 à 5 000 habitants d'un pays comme la France)

Empreinte carbone

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En 2024, selon les données fournies par l'entreprises, ses émissions de gaz à effet de serre (GES) se sont élevées à environ 5,03 millions de tonnes de CO₂e/an (pour les Scopes 1 et 2, évalués sur une approche market-based, c'est à dire avec émissions calculée sur la base des choix contractuels réels de l'entreprise sur le marché de l'électricité (contrats d'électricité verte, certificats d'origine, garanties d'origine, PPA – Power Purchase Agreements). Ces émissions sont subidivisées comme suit :

  • Scope 1 (émissions directes liées aux carburants) : 2,73 Mt CO₂e, provenant surtout de la combustion de diesel (1,69 Mt) et de fioul lourd (0,72 Mt), complétés par le gaz naturel, le propane, l'essence, l'aviation fuel et diverses sources industrielles (procédés, déchets, HFC, SF₆)[7].
  • Scope 2 (émissions indirectes liées à l'électricité importée) : 2,30 Mt CO₂e (market-based), ou 2,11 Mt (location-based).

Les émissions directes liées aux carburants fossiles dominent le bilan, mais l'électricité achetée représente près de la moitié de l'empreinte carbone totale de l'entreprise[7]. Ces données ne prennent pas en compte la dégradation des puits de carbone naturels, forestiers ou autres, qui serait induite directement ou indirectement par l'exploitation minière (déforestation, destruction du puits de carbone du sol, stérilisation du sol par les stériles minières...

Santé et sécurité des mineurs

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La santé et la sécurité au travail sont présentés comme un autre pilier de la stratégie de soutenabilité de Newmont. L'entreprise publie chaque année des indicateurs de fréquence et de gravité des accidents, et affirme avoir réduit de manière significative les taux d'incidents grâce à des programmes de formation, de dépistage médical et d'équipements de protection. Elle a mis en place des systèmes de gestion intégrée de la sécurité (ISO 45001) et des campagnes de prévention ciblant les risques respiratoires, chimiques et musculo‑squelettiques[7].

Malgré ces efforts, des syndicats et associations locales ont parfois dénoncé des conditions de travail très difficiles, notamment dans les mines à ciel ouvert où l'exposition à la poussière minérale (risque de silicose notamment) et aux produits chimiques reste élevée.

Populations autochtones

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En 2024, Newmont opère sur ou à proximité de plusieurs territoires autochtones dans le monde, généralemnet avec des accords formels de collaboration et de consultation qui formalisent les relations de Newmont Mining avec les peuples autochtones et encadrent la gestion des terres, des ressources et du patrimoine culturel.. Sept sites d’exploitation majeurs (Boddington, Tanami, Brucejack, Éléonore, Musselwhite, Porcupine et Merian) sont situés sur ou près de territoires autochtones, et s'y ajoutent des projets d’exploration (Coffee, Saddle, Sabajo)[7] ;

  • En Australie, les sites de Boddington et Tanami sont couverts par des accords avec le Gnaala Karla Booja Aboriginal Corporation, le Central Desert Lands Trust et les Warlpiri Traditional Owners, incluant des Indigenous Land Use Agreements et des conventions de préservation du patrimoine.
  • Au Suriname, la mine de Merian est associée aux tribus marronnes Pamaka et Kawina, avec des accords de soutien.
  • Au Canada, plusieurs sites (Brucejack, Éléonore, Musselwhite, Porcupine, Red Chris) concernent un large éventail de Nations autochtones et conseils tribaux (Nisga’a, Gitanyow, Tahltan, Tsetsaut Skii Km Lax Ha, Cree, Ojibwe, Anicinapek, etc.), couvrant à la fois les Premières Nations et les gouvernements régionaux. En 2024, il n'y a pas encore d'accord formalisé avec la Métis Nation of Ontario et la Taykwa Tagamou Nation.

Risques technologique et liés à la gestion des résidus

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Newmont gère un portefeuille important de sites avec barrages de résidus miniers dont les digues peuvent rompre ; l'entreprise affirme y appliquer les standards de l'International Council on Mining and Metals (ICMM) et avoir renforcé ses audits internes et externes après plusieurs catastrophes survenues dans le secteur minier ; ses rapports de durabilité présentent des plans de surveillance, de drainage et de renforcement des digues, ainsi que des exercices de préparation aux situations d'urgence[7].

La gestion du cyanure, très utilisé pour l'extraction aurifère est un enjeu central pour Newmont, qui, selon son rapport 2024 en utilisait 45,4 milliers de tonnes en 2019, une quantité réduire à 33,9 milliers de tonnes en 2023, qui a néanmoins remonté à 39,9 milliers de tonnes en 2024 (en raison de l'achat de Newcrest en novembre 2023 (à l'exception du site de Telfer, cédé en décembre 2024)[7].

Gouvernance et reconnaissance

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Newmont tend à être régulièrement bien classée dans les indices de durabilité, notamment le Dow Jones Sustainability World Index, qui l'a désignée leader de l'industrie minière à plusieurs reprises en raison d'une politique proactive de RSE[10]. Le groupe publie depuis plus de vingt ans des rapports de soutenabilité industrielle et de transparence fiscale, ce qui en fait l'une des entreprises minières les plus suivies en matière de reporting RSE[7],[11]

Le groupe exploite l'or en zone tropicale (où le climat peut aggraver certains impacts ou risques sociaux environnementaux)[12]. Une étude finlandaise sur la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) de Newmont dans le district d'Asutifi North, au Ghana a montré que, bien qu'il n'y était pas légalement obligé dans ce pays, l'entreprise a mis en œuvre un programme d'initiatives destinées à prévenir ou désamorcer les conflits et à favoriser le développement communautaire[13]. Selon l'étude la RSE de Newmont est perçue comme un moyen de compenser les pertes liées aux activités minières (terres agricoles, forêts, eau, moyens de subsistance) et de répondre aux besoins sociaux, économiques et environnementaux des populations locales, et le groupe reconnaît l'impact de ses opérations sur la vie des communautés (notamment en termes de déplacements de populations et de perte de terres arables depuis le lancement de ses projets à ciel ouvert en 2000)[13]. Selon l'étude, si ces mesures peuvent effectivement réduire les tensions, l'occupation de concessions encore non-exploitées, et le comportement du service de sécurité privée de l'entreprise peuvent au contraire alimenter des risques de violence[13]. Les auteurs recommandent l'adoption par le Ghana d'un cadre légal national encadrant la CSR, et une intégration systématique de la réhabilitation des terres dans les politiques de l'entreprise, ainsi qu'une formation adéquate des agents de sécurité par la police ghanéenne[13]. La sous-traitance est connue pour, dans l'industrie nucléaire et minière poser des problèmes pour la culture de la sécurité[14].

Activités de lobbying

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Sur la période 2020‑2024, les dépenses de lobbying de Newmont sont passées de 1,35 million USD à 622 793 USD, tandis que les contributions politiques annuelles ont varié entre 10 000 et 70 625 USD, et que les cotisations aux associations professionnelles minières ont atteint près de 768 000 USD en 2024. Dans son rapport 2024, l'entreprise ne décrit pas, ni ne chiffre, ses actions de lobbying hors des Etats-Unis [7].

Newmont Corporation déclare des activités de lobbying et d'influence politique essentiellement aux États‑Unis, où cette activité est encadrée par le Lobbying Disclosure Act of 1995 et doit être rendue publique via les formulaires LD‑2 déposés auprès du Sénat[15] et de la Chambre des représentants[16].

Par exemple, en 2024, le groupe dit avoir versé 10 000 USD de contributions politiques au Nevada Mining Association Political Action Committee (se présentant comme non partisan), et a versé de l'argent (cotisation) à plusieurs associations professionnelles de défense des intérêts miniers, dont une part est explicitement attribuée au plaidoyer politique : Nevada Mining Association (12 500 USD de cotisation, dont 1 250 USD, soit 10 %, pour l'action politique), National Mining Association (644 000 USD, dont 199 640 USD, soit 31 %), American Exploration & Mining Association (42 446 USD, dont 10 612 USD, soit 25 %) et Colorado Mining Association (78 750 USD, dont 31 500 USD, soit 40 %)[7]. Ces contributions et affiliations traduisent une stratégie d'influence sectorielle visant à peser sur les politiques minières, environnementales et fiscales, tout en respectant les obligations de transparence et de déclaration publique[7].

Les principaux thèmes d'action politique de Newmont cette année‑là ont porté sur : les amendements au General Mining Law (S.1281/H.R.2925 – Mining Regulatory Clarity Act) ; la gestion des terres publiques ; les minerais stratégiques et critiques ; les obligations de dépollution/réhabilisation paysagère post‑fermeture des mines ; le Permitting for Mining Needs Act (H.R.209), les législations relatives à la réhabilitation des mines abandonnées (Good Samaritan), certaines dispositions du code fiscal américain applicables au secteur minier, le budget du Department of Interior, ainsi que le Lower Energy Costs Act (H.R.1) et d'autres projets de loi liés aux minerais critiques[7].

Les financements de nature politique de Newmont Corporation aux États‑Unis ont transité notamment par le comité d'action politique NEWPAC, qui a déclaré 25 dons pour un montant total de 11 304 USD, selon les données de la Federal Election Commission[7].

Les plus importants contrats de lobbying et dépenses associées en 2024 concernaient : Capital Success Group (80 000 USD), Black & Wadhams (112 793 USD) et Cassidy & Associates (180 000 USD)[7].

Notes et références

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  1. Répertoire mondial des LEI (base de données en ligne), consulté le .Voir et modifier les données sur Wikidata
  2. a et b Form 10-K (SEC filing).Voir et modifier les données sur Wikidata
  3. a b c d et e « L'OR », sur societechimiquedefrance.fr via Internet Archive (consulté le ).
  4. John Benny, « Newmont to become largest gold producer with $10 billion Goldcorp buy », sur Reuters,
  5. « Au Pérou, une paysanne oppose aux intérêts miniers son droit à vivre sur ses terres », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Clara Denina, Melanie Burton et Divya Rajagopal, « Newmont open to sweetening $16.9 bln bid for gold rival Newcrest » Accès libre, sur Reuters,
  7. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af et ag Newmont (2025) PerformanceData2024 . Sustainability Report (for the period January 1–December 31, 2024 (same as our fiscal year) forNewmont sites (wholly owned operations andjoint ventures where Newmont is the operator)that were not divested before the 31st ofDecember (including Telfer).)|url=
  8. a b et c AFP, « Le géant minier Newmont blanchi de l'accusation de pollution en Indonésie Atlasvista Maroc », sur www.avmaroc.com, (consulté le )
  9. (en) G. Agyei et M. Owusu-Tweneboah, « A Comparative Analysis of Rock Fragmentation using Blast Prediction Results », Ghana Mining Journal, vol. 19, no 1,‎ , p. 49–58 (ISSN 0855-210X, DOI 10.4314/gm.v19i1.6, lire en ligne, consulté le ).
  10. Gyasi, W. K., Jonah, M. B., & Dery, M. (2023). Corporate social responsibility and pro-environmental behaviors of mining companies: a case of newmont mining company. Open Journal of Social Sciences, 11(4), 378-398.
  11. « Newmont Corporation - Sustainability - Environment », sur www.newmont.com (consulté le )
  12. Belynda Yasmine Benao, « L'extraction industrielle de l'or dans des zones arides et semi-arides des pays en développement peut-elle mener à un développement durable? », usherbrooke.scholaris.ca,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a b c et d Musa, E. (2023). The impact corporate social responsibility has on community development and conflict prevention: a study of newmont mining company in the asutifi north district, Ghana |url= |consulté le=14-10-2023
  14. Dupuis, J. P. (2002). L'impact de la sous-traitance sur la culture professionnelle des mineurs. Santé, sécurité & transformation du travail: réflexions et recherches sur le risque professionnel, 205-228.|url=https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=ix46mPpQAv4C&oi=fnd&pg=PA205&dq=industrie+mini%C3%A8re+impacts+dynamitage&ots=LUOLx2hjUQ&sig=3a50WWNM3b_oJhhoRFWZt-0OFBI
  15. (en) « Lobbying Disclosure, Office of the Clerk » [archive du ], sur lobbyingdisclosure.house.gov (consulté le )
  16. « Registrant & Client IDs », sur www.senate.gov (consulté le )

Articles connexes

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Lien externe

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