Nerf de bœuf

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Châtiment avec nerf de boeuf (La paysanne pervertie - 1784)

Le nerf de bœuf est une matraque ou cravache légèrement flexible, faite a base d'un ligament cervical[1] de bœuf séché et durci[2].

Étymologie[modifier | modifier le code]

L'expression est composée de nerf et de bœuf. À l'origine, lorsque le mot nerf apparaît au XIe siècle, il désignait de façon beaucoup moins spécialisée un ligament, un tendon ou une fibre quelconque[3].

Description[modifier | modifier le code]

Nerf de bœuf, façonné en matraque

Long de trente à cinquante centimètres et d’un diamètre variant d’un demi à un centimètre, le nerf de bœuf est composé de nerfs et de tendons grossièrement tressés puis séchés. Une fois secs, ils forment une matraque jaunâtre très dure, mais qui conserve une certaine élasticité[4].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Autrefois[modifier | modifier le code]

Camp de concentration de Dachau : Prügelbock, utilisé par les SS pour le châtiment au nerf de boeuf
Nerf de boeuf découpé, usage mastication et friandise pour chiens

Les policiers utilisaient le nerf de bœuf dans les opérations de maintien de l'ordre, à la manière d'une matraque semi-rigide.

Les nervis, voyous marseillais, tirent leur nom du nerf de bœuf, dont ils se servaient pour menacer les passants et leur soutirer le portefeuille dès 1840.

Les éleveurs, les bouchers, les abatteurs ou les maquignons, qui allaient ou revenaient d’une transaction commerciale les poches pleines d'espèces, le tenaient en main pour parer à toute agression[4].

Cette matraque a aussi été utilisée comme fouet ou cravache pour la punition des esclaves.

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle fut employée par les SS dans les camps de concentration. Le prisonnier était attaché sur un Prügelbock, chevalet de bastonnade présent dans tous les camps nazis[4],[5]. Le supplicié était battu par deux SS avec le nerf de bœuf. Il devait compter les coups à haute voix.

Aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui le nerf de bœuf une fois séché peut être utilisé comme aliment de fortification des mâchoires et des gencives du chien.

Composition[modifier | modifier le code]

Sa composition moyenne est de 84% de protéines, 3% de matières grasses et 8% d'humidité.

Anecdote linguistique[modifier | modifier le code]

Le dictionnaire de l'Académie Française, à partir de sa première édition de 1694, donne comme définition « le membre génital du bœuf, arraché et desseiché [...] », puis en 1838, « tendon de la jambe et du calcanéum [...] » et en enfin en 1932-1935, « partie épaisse du ligament cervical [...] ». Tous les dictionnaires du XXe siècle copient cette dernière définition jusqu'à ce que les lexicographes de chez Hachette reprennent la définition de 1694 en imaginant que l'on avait caché la vérité par pudeur[6].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mathias (1844-1907) Auteur du texte Duval, Émile (1815-1871) Auteur du texte Küss et Eugène (1857-1930) Auteur du texte Gley, Traité élémentaire de physiologie. Partie 3 / par Mathias Duval,... E. Gley,..., 1906-1909 (lire en ligne)
  2. « Définition nerf de bœuf | Dictionnaire définition français | Reverso », sur dictionnaire.reverso.net (consulté le )
  3. « Le nerf de la guerre - dictionnaire des expressions françaises Expressio par Reverso - signification, origine, étymologie », sur www.expressio.fr (consulté le )
  4. a b et c Tryphon dit, « Canne végétale vs nerf de boeuf | Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton » (consulté le )
  5. « Une pièce réservée aux punitions corporelles, la « Folterkammer » | Mémoires des déportations 1939 - 1945 », sur memoiresdesdeportations.org (consulté le )
  6. « Canne végétale vs nerf de boeuf | Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton » (consulté le )