Nationalisme palestinien

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Le nationalisme palestinien est une idéologie nationaliste qui appelle à la formation[source insuffisante] d'un État palestinien.

Le nationalisme palestinien naît à la fin du XIXe siècle quand la Palestine est sous contrôle ottoman. Il s'intègre au mouvement d'émancipation nationaliste pan-arabe. Après la Première Guerre mondiale, il demande le rattachement de la Palestine mandataire au Royaume de Syrie dans le contexte de la création d'une Grande Syrie. Mais après la conquête du royaume par les Français et l'échec des aspirations du Roi Fayçal, il se cristallise autour de l'indépendance de la Palestine passée entretemps sous contrôle britannique et également objet des revendications du mouvement sioniste.

Entre 1936 et 1939, la population palestinienne entre en rébellion contre les Britanniques et les sionistes lors de la Grande Révolte arabe de Palestine qui se solde par plus de 5 000 morts côté arabe mais la promesse d'une indépendance dans les 10 ans et la restriction de l'immigration juive.

C'est au tour des Juifs d'entrer en rébellion. Le conflit entre les deux nationalismes mène à la Guerre de Palestine de 1948 qui se solde par un nouvel échec des aspirations nationalistes palestiniennes avec la naissance de l'État d'Israël, l'annexion du reste de la Palestine par la Transjordanie et l'exode de la population palestinienne.

Le mouvement subit un choc supplémentaire après 1967 quand les Israéliens prennent le contrôle de l'ensemble de la Palestine ex-mandataire après la Guerre des Six Jours. C'est à cette époque que naît l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat qui prône la lutte armée contre Israël.

Entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, la population des territoires palestiniens occupés se révolte au cours de deux intifadas. Ces dernières permettent le lancement de négociations visant à résoudre le conflit israélo-palestinien mais qui échouent.

Après la mort de Yasser Arafat, les divisions palestiniennes s'accentuent. Le Hamas, issu d'une organisation religieuse des années 1980, prend le contrôle de la Bande de Gaza et plusieurs conflits s'ensuivent avec Israël qui organise le blocus de la bande. Le nouveau président palestinien, Mahmoud Abbas reste en continuité avec la voie diplomatique empruntée depuis Arafat et recherche un soutien international dans les revendications palestiniennes, tandis qu'Israël accentue sa colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Le , l'Assemblée générale des Nations unies acte la reconnaissance internationale de l'État de Palestine en lui donnant le statut d'« État observateur non membre » de l'ONU.

Les préliminaires du nationalisme palestinien

Territoire initialement revendiqué par les mouvements nationalistes palestiniens.

L'effondrement de l'Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale a été accompagné par l’émergence du nationalisme dans ses provinces arabes, particulièrement en Syrie, considérée à cette époque comme incluant le Liban et le nord de la Palestine[1]. Tandis que le nationalisme arabe et le nationalisme syrien tendaient à préserver les liens avec l'Empire ottoman, le nationalisme palestinien naissant a été marqué par une hostilité à une présence et une immigration étrangère, juive en particulier[2]. La plupart des historiens considèrent qu'il débute avec le Mandat britannique. L'historien palestinien Rashid Khalidi, le date de l'aube du XXe siècle[3],[4].

À la fin du XIXe siècle, se structure un nationalisme juif, le sionisme, qui soutient la création d'un État-nation juif en Palestine qu'il définit comme « Terre d'Israël »[5]. En 1917, la Déclaration Balfour prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif » sur ce territoire, sans préjudice pour les droits civiques et religieux des communautés non-juives existantes et le statut des juifs dans tout autre pays[6]. En 1919 est signé l'Accord Fayçal-Weizmann en tant qu'élément de la Conférence de paix de Paris. Cet accord prévoyait l’établissement d'une coopération judéo-arabe pour le développement d'une patrie juive et d'une nation arabe en Palestine[7]. Dans la même année se tient à Jérusalem le Congrès de la Palestine arabe (en) qui exige l'annulation de la déclaration de Balfour et l'inclusion de la Palestine comme partie intégrante du gouvernement arabe indépendant de la Syrie et rejette le sionisme tout en acceptant l'aide britannique à la condition de ne pas empiéter sur la souveraineté arabe en Palestine envisagée en tant qu'élément d'un État syrien indépendant[8]. En 1910-1911, cet antisionisme se cristallise autour de l'opposition à l'achat par les sionistes d'une vaste étendue de terre dans la vallée de Jezreel, à Fula, près des ruines de la forteresse croisée de La Fève (en) conquise par Saladin en 11871183. On voit alors surgir l'association entre juifs et croisés qui demeurera par la suite une constante rhétorique du nationalisme arabe[9].

Des émeutes se propagent dans plusieurs agglomérations juives, les plus meurtrières éclatent à Jérusalem en 1920 et à Jaffa en 1921 ce qui amène à limiter les dispositions de la déclaration Balfour sur l'immigration juive, afin d'apaiser la population arabe. Elles sont ensuite suspendues par Herbert Samuel, le Haut-Commissaire britannique en Palestine qui décrète l’état d'urgence[10], et nomme Mohammed Amin al-Husseini Grand mufti de Jérusalem[11].

Dès 1920, Mohammed Amin al-Husseini, devient l'un des principaux leaders du nationalisme palestinien avec pour but la création d'un État arabe palestinien indépendant. Il s'oppose activement au sionisme et est considéré comme l'instigateur de 1921 à 1937 de certaines des émeutes violentes en réaction au projet de l’établissement d'un « Foyer juif » en Palestine dont le massacre d'Hébron en 1929.

En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine mandataire.

Les années marquantes : 1948, 1967 et 1987

Le , la Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël crée l'État d'Israël. L'exode palestinien de 1948 modifie radicalement la politique palestinienne. L'expérience de réfugiés et la perte de leur terre provoquent chez les palestiniens un sentiment particulier. De plus, les Palestiniens accusent les Arabes de n'avoir pas suffisamment mobilisé la population et de n'avoir pas véritablement combattu comme il fallait pendant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, qui affirmerait un désintérêt pour la cause palestinienne. Cela pousse à la création d'un mouvement national palestinien, fondé sur trois revendications fondamentales : l'abolition d'Israël en tant qu'État juif à l'exclusion des autres groupes, l'indépendance de l'État palestinien, et l'application du droit au retour des Palestiniens sur toute la Palestine.

En 1959, Yasser Arafat, Salah Khalaf et Khalil al-Wazir créent le Fatah, mouvement politiquement neutre, bien que favorisant le nationalisme palestinien qui finira par prendre le dessus sur son rival le Mouvement nationaliste arabe de Georges Habache.

Du au , Israël écrase ses voisins lors de la Guerre des Six Jours. En plus du Golan et du Sinaï, Israël occupe dès lors la Bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, qui rappelle le mandat britannique, sous les règles d'Israël. À la suite du conflit, les Fedayins palestiniens s'installent sur la rive Est du Jourdain, en Jordanie, d'où ils mènent la résistance palestinienne. La bataille de Karameh est une victoire sans précédent des fedayins et ainsi de la résistance palestinienne, qui propulse le sentiment nationaliste palestinien. Ainsi, en 1964, l'OLP, jusqu'ici essentiellement sous contrôle de l'Égypte nationaliste arabe de Gamal Abdel Nasser, passe sous l'influence des nationalistes palestiniens par la prise de contrôle du mouvement par le Fatah.

Le au Caire, la charte de l’OLP devient la Charte nationale palestinienne. Elle déclare le territoire de la Palestine mandataire indivisible et patrie du peuple arabe palestinien. Yasser Arafat, dirigeant du Fatah, prend la tête de l'OLP le et le garde jusqu'à sa mort le .

En 1972, la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich et ses conséquences médiatiques permettent aux Palestiniens une reconnaissance en tant que Palestinien et non que simple Arabe de Palestine. Elle est un effet désastreux sur l'image de la lutte armée palestinienne.

La première Intifada, de 1987 à 1993, marque un tournant pour le nationalisme palestinien. Ce sont les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui luttent. La demande de ces populations est quelque peu différente de celle de la diaspora palestinienne, puisqu'ils réclament l'indépendance, plutôt que le droit au retour. Ainsi, en 1993, à la suite des accords d'Oslo, l'idée jusque-là défendue par les nationalistes palestiniens d'un État binational séculier palestinien est abandonné au profit de l'idée de deux États séparés sur la Palestine, l'un juif, l'autre arabe, sujet tabou depuis les années 1970 jusqu'à ce qu'Arafat reconnaisse Israël, sous la pression des États-Unis. Mais, la première Intifada voit aussi la naissance du Hamas, mouvement islamique de Ahmed Yassine, qui concurrence le nationalisme palestinien en même temps qu'il en crée une forme nouvelle islamisée. Les brigades des martyrs d'Al-Aqsa par exemple, une des milices du Fatah, lors de la seconde Intifada intègrent l'idée de nationalisme palestinien et d'islamisme.

Utilisation du terrorisme

Lors du mandat britannique, le mouvement nationaliste palestinien soutenu par le Mufti de Jérusalem encourage le Jihad, comme violence politique. Izz al-Din al-Qassam déclare[Quand ?] que son combat est un Jihad, et incite à la violence par la mort en martyr[12]. Plus tard[Quand ?], les méthodes terroristes font partie des moyens politiques utilisés par les dirigeants des mouvements palestiniens. Yasser Arafat l'encourage jusqu'à la signature des accords d’Oslo en 1993, dans lesquels il promet d'y mettre fin[13]. De nos jours[Quand ?], les civils israéliens sont toujours la cible de groupes palestiniens, comme le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Comité de résistance populaire. Ces groupes sont reconnus comme terroristes par divers États dont le Conseil de l'Union européenne et le département d'État des États-Unis.

Nationalistes palestiniens notables

Notes et références

  1. (en)Gudrun Krämer et Graham Harman (2008), A history of Palestine: from the Ottoman conquest to the founding of the state of Israel, Princeton University Press, (ISBN 0-691-11897-3) p. 12.
  2. (en)Helena Lindholm Schul, The Reconstruction of Palestinian Nationalism: Between Revolution and Statehood, Manchester University Press, 1999, p. 157.
  3. (en)Rashid Khalidi, Palestinian Identity: The Construction of Modern National Consciousness, Cambridge University Press, 2000.
  4. (en)Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, 2003, p. 104-116.
  5. (en)Motyl, Alexander J. (2001). Encyclopedia of Nationalism, Volume II. Academic Press. p. 604, (ISBN 0-12-227230-7).
  6. (en)The Balfour Declaration: The Origins of the Arab-Israeli Conflict, Par Jonathan Schneer, Bloomsbury Publishing, London, 2010 p. 341.
  7. (en)http://domino.un.org/unispal.nsf/9a798adbf322aff38525617b006d88d7/5bff833964edb9bf85256ced00673d1f?OpenDocument&Highlight=2,faisal « Copie archivée » (version du sur Internet Archive).
  8. (en) Manuel Assassian, « Palestine Factionalism in the National Movement (1919-1939) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), p. 33.
  9. (en) Benny Morris, 1948 : A History of the first Arab-israeli war, Yale University Press, 2008, p. 8.
  10. (en)Tom Segev (1999) One Palestine, Complete. Metropolitan Books. p. 173–190. (ISBN 0-8050-4848-0).
  11. (en) Howard M. Sachar, 2006, A History of Israel: From the Rise of Zionism to Our Time, seconde édition, New York, Alfred A. Knopf, (ISBN 0-679-76563-8), Page 170.
  12. Histoire du terrorisme, Gilles Ferragu, 2019, La question palestinienne vue de Palestine.
  13. Déclin et chute du mouvement nationaliste palestinien, Barry Rubin et Déborah Touboul, dans Politique étrangère 2006/2 (Été), pages 407 à 420.

Voir aussi

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