Aller au contenu

National Conservatism Conference

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La National Conservatism Conference (NatCon), parfois désignée en français sous le nom de Conférence du conservatisme national[1],[2],[3], est une conférence politique organisé par la Fondation Edmund Burke et le Conservative Partnership Institute (en), sous la direction de Yoram Hazony et David Brog (en). Elle promeut l'idéologie nationale-conservatrice et le populisme de droite. Elle est souvent associée au trumpisme.

Ses éditions, tenues depuis 2019 dans diverses villes comme Londres, Washington, D.C. ou Bruxelles, rassemblent des figures politiques de droite et d'extrême droite.

Organisation et financement

[modifier | modifier le code]

La National Conservatism Conference (NatCon)[4] est organisée depuis mai 2019[5] par la Fondation Edmund Burke et le Conservative Partnership Institute (en)[6]. L'événement est dirigé par Yoram Hazony et David Brog (en)[7].

Elle est partiellement financée par le milliardaire Peter Thiel[8], qui est notamment conférencier principal lors de l'édition de juillet 2019 à Washington, D.C[9],[10]. Lors de cette conférence, Thiel critique Google, accusant l'entreprise de trahison pour sa collaboration avec la Chine sur le projet de moteur de recherche Dragonfly simultanée à l'arrêt de sa collaboration avec le gouvernement américain sur des programmes destinés au développement d'armes autonomes[9],[7].

La NatCon se tient dans diverses villes comme Londres (2019[5], 2023[11]), Washington (2019[9],[10], 2024[12], 2025[13]), Rome (2020[14]), Orlando (2021[4]) et Bruxelles (2022[15], 2024[15],[16],[17]).

Positionnement idéologique et thèmes abordés

[modifier | modifier le code]

La NatCon promeut l'idéologie nationale-conservatrice et le populisme de droite[9],[18], et est considérée comme trumpiste[8],[9]. Plusieurs médias la positionnent à droite[19],[20],[21], tandis que d'autres la positionnent à l'extrême droite[22],[15],[23]. Byline Supplement (en) la considère comme « une passerelle entre l'extrême droite et la droite classique »[24]. Pour les politologues Rogers M. Smith et Desmond King, elle fait office d'alternative plus trumpiste à la Conservative Political Action Conference[8].

Plusieurs journalistes notent que les discours lors de la NatCon 2023 mettent en avant le rejet des droits des personnes trans et l'opposition à l'immigration[25],[24].

Les questions d'identité nationale occupent également une place importante dans les discours des participants. L'auteur Douglas Murray déclare lors de son discours de 2023 qu'« Il n'y avait rien de mal au nationalisme en Grande-Bretagne, c'est juste qu'il y avait quelque chose de mal au nationalisme en Allemagne. Je ne vois pas pourquoi personne n'aurait le droit d'aimer son pays simplement parce que les Allemands ont tout gâché deux fois en un siècle »[25],[26],[24]. De même, lors de son discours de 2024, J. D. Vance défend l'idée que les États-Unis « ne sont pas une simple idée » mais une « nation »[27],[28].

Les participants expriment des positions contrastées concernant l'héritage de Margaret Thatcher. Tandis que certains intervenants, comme Christopher DeMuth (en), louent l'héritage de Thatcher, d'autres, comme la journaliste Juliet Samuel ou la commentatrice politique Melanie Philips (en), critiquent le néolibéralisme thatchérien et prônent une rupture avec cette idéologie[29],[30].

En 2025, malgré le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et la présence de plusieurs figures du mouvement dans l'administration (notamment J. D. Vance comme vice-président et une vingtaine d'intervenants de l'édition 2024 occupant désormais des postes dans l'administration Trump II), des divisions internes apparaissent au sein de la conférence. Les questions de politique étrangère opposent les isolationnistes aux interventionnistes, particulièrement concernant le soutien à Israël dans la guerre à Gaza et à l'Ukraine dans la guerre qui l'oppose à la Russie, ainsi que l'intervention américaine lors de la guerre Iran-Israël[13].

Le mouvement fait également face à des tensions avec la droite tech de la Silicon Valley, notamment sur les questions d'intelligence artificielle et de transhumanisme. L'absence de Peter Thiel témoigne selon Mediapart de ces fractures au sein du mouvement national-conservateur[13].

Participants

[modifier | modifier le code]

Parmi les participants notables figurent Ted Cruz et Marco Rubio lors de l'édition d'Orlando en 2021[4], Viktor Orbán qui intervient à Rome en 2020[14] et à Bruxelles en 2024[15], ainsi que les conservateurs britanniques Jacob Rees-Mogg, Suella Braverman, Michael Gove et David Frost lors de l'édition londonienne de 2023[5],[11],[31]. J. D. Vance participe aux conférences de Londres en 2023[31] et de Washington en 2024[27],[28], tandis que Nigel Farage et Éric Zemmour interviennent à Bruxelles en 2024 aux côtés de représentants de partis comme le Vlaams Belang et Droit et justice[15],[16],[17]. Daniel Kawczynski, député britannique membre du Parti conservateur, est réprimandé par son parti pour sa participation en 2020[14].

Plusieurs think tanks conservateurs participent également, parmi lesquels le Bow Group, le Centre for Digital Assets and Democracy, l'Alliance for Responsible Citizenship (en) et l'Institut du Danube (en)[25].

Lors de l'édition de 2023 à Londres, l'événement est perturbé par Extinction Rebellion, qui dénonce le « fascisme »[32],[22],[33]. L'année suivante, des protestations émergent à Bruxelles contre la tenue de la conférence de la part de la Ligue des droits humains et de la Coordination antifasciste belge[20],[15],[34].

Restriction d'accès aux médias

[modifier | modifier le code]

En 2024, la NatCon refuse l'accès aux médias progressistes OpenDemocracy, Byline Times (en) et Novara Media (en), invoquant une forte demande, malgré des places disponibles[11],[22].

Sociologie du public

[modifier | modifier le code]

L'événement rassemble une audience majoritairement jeune, masculine[35],[36],[37] et blanche[37],[38],[39].

Fermeture temporaire par les autorités belges en 2024

[modifier | modifier le code]

Le 16 avril, la police est ordonnée par le maire de Saint-Josse Emir Kir de fermer la National Conservatism Conference peu après son début, afin de prévenir des troubles à l'ordre public. La fermeture est critiquée par le Premier ministre belge Alexander De Croo, qui y voit une atteinte à la liberté d'expression[20],[17],[34]. Le Conseil d'État autorise la reprise de la NatCon après un recours juridique d'urgence[21],[40],[23].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Valentine Faure, « Comment la droite tech américaine a pris le pouvoir » Accès payant, sur Le Monde, (consulté le )
  2. « Belgique: une réunion interdite de la droite nationaliste à Bruxelles finalement autorisée » Accès libre, sur Radio France internationale, (consulté le )
  3. Adrien Jaulmes, « Les adeptes du conservatisme national pensent l’après-Trump » Accès payant, sur Le Figaro, (consulté le )
  4. a b et c (en) Daniel Bennett, Uneasy Citizenship: Embracing the Tension in Faith and Politics, Wipf and Stock Publishers, (ISBN 9781666702330), chap. 5 (« Liberalism, Pluralism, and Christian Politics »)
  5. a b et c (en) Will Lloyd, « The Tory crack-up » Accès libre, sur New Statesman, (consulté le )
  6. (en) Rogers M. Smith et Desmond King, America's new racial battle lines: protect versus repair, The University of Chicago Press, coll. « Chicago studies in American politics », (ISBN 978-0-226-83402-3 et 978-0-226-83404-7), chap. 4 (« The Conservatives' Story »)
  7. a et b (en) Rosie Gray, « There’s A New Movement Trying To Create An Intellectual Strain Of Trumpism. It Just Doesn’t Know Exactly What That Means. » Accès libre, sur BuzzFeed News, (consulté le )
  8. a b et c (en) Rogers M. Smith et Desmond King, America's new racial battle lines: protect versus repair, The University of Chicago Press, coll. « Chicago studies in American politics », (ISBN 978-0-226-83402-3 et 978-0-226-83404-7), chap. 3 (« The Rise of the Protect Policy Alliance »)
  9. a b c d et e (en) Max Chafkin, The contrarian: Peter Thiel and Silicon Valley's pursuit of power, Penguin Press, an imprint of Penguin Random House LLC, (ISBN 978-1-9848-7853-3), chap. 18 (« Evil List »)
  10. a et b (en) Ben Little et Alison Winch, The new patriarchs of digital capitalism: celebrity tech founders and networks of power, Routledge, (ISBN 978-0-367-26011-8 et 978-0-367-26015-6), chap. 5 (« Peter Thiel's Technological Frontiers »)
  11. a b et c (en) Ruby Lott-Lavigna, « Flagship conservative conference bars reporters from left-leaning media » Accès libre, sur OpenDemocracy, (consulté le )
  12. Matheo Malik, « «La deuxième déportation de masse qu’il nous faut est celle des bureaucrates» : à Washington, les Républicains préparent une contre-révolution administrative » Accès libre, sur Le Grand Continent, (consulté le )
  13. a b et c Maya Kandel, « États-Unis : l’unité de la « nouvelle droite » est entamée par l’épreuve du pouvoir » Accès payant, sur Mediapart, (consulté le )
  14. a b et c (en) Joey Grostern et Adam Barnett, « Cabinet Ministers Join Outspoken Climate Science Deniers at National Conservatism Conference » Accès libre, sur DeSmog, (consulté le )
  15. a b c d e et f (en) Ugo Realfonzo, « Pressure grows to cancel far-right 'NatCons' fundraiser in Brussels next week » Accès libre, sur The Brussels Times, (consulté le )
  16. a et b (en) Karam Bales, « The Orbánisation of British Politics: Farage and Braverman Headline with Hungarian Prime Minister at National Conservatism Conference » Accès libre, sur Byline Times, (consulté le )
  17. a b et c (en) Renato Giannetti, « Meeting of National Conservatism in Belgium cancelled. "Extreme right not welcome" » Accès libre, sur Eunews, (consulté le )
  18. (en) Andrea C. Hatcher, « The Christian Right in the UK », dans Gionathan Lo Mascolo, The Christian Right in Europe: Movements, Networks, and Denominations, Transcript Verlag, (ISBN 978-3837660388)
  19. (en) Alexandra Rogers, « National Conservatism Conference: What are the Tory renegade gatherings and how much of a threat do they pose to Rishi Sunak? » Accès libre, sur Sky News, (consulté le )
  20. a b et c (en) Nick Beake et Laura Gozzi, « National Conservatism Conference: Police told to shut down right-wing Brussels event » Accès libre, sur BBC, (consulté le )
  21. a et b (en) Zoe Grunewald, « National Conservatism Conference to resume after being shut down by Brussels police » Accès libre, sur The Independent, (consulté le )
  22. a b et c (en) Simon Childs, « These Conservatives Won’t Let Us Watch Their Weird Far-Right Conference » Accès libre, sur Novara Media, (consulté le )
  23. a et b (en) « How a conservative conference morphed into a crisis of liberalism » Accès libre, sur The Economist, (consulté le )
  24. a b et c (en) « The 'National Conservatives' and the Far-Right Pipeline Fuelling Rishi Sunak's Party » Accès libre, sur Byline Supplement, (consulté le )
  25. a b et c (en) Seth Thévoz, « Assault rifles, wind farms, immigration and hormones: Inside NatCon » Accès libre, sur OpenDemocracy, (consulté le )
  26. (en) Dan Hitchens, « What I Saw at NatCon U.K. » Accès libre, sur First Things, (consulté le )
  27. a et b (en) Sarah Jones, « The Authoritarian Plot » Accès libre, sur Intelligencer, (consulté le )
  28. a et b (en) Cathy Young, « Understanding J.D. Vance’s ‘National Conservatism’ Convention Speech » Accès libre, sur The Bulwark, (consulté le )
  29. (en) Hannah Gurman, « At the National Conservatism Conference, Thatcher’s Ghost Was Haunting the Proceedings » Accès libre, sur Jacobin, (consulté le )
  30. (en) David Aaronovitch, « Flag, faith and failure: three days with the National Conservatives » Accès libre, sur Prospect, (consulté le )
  31. a et b (en) Rogers M. Smith et Desmond King, America's new racial battle lines: protect versus repair, The University of Chicago Press, coll. « Chicago studies in American politics », (ISBN 978-0-226-83402-3 et 978-0-226-83404-7), chap. 10 (« Views From the Battleground »)
  32. (en) Chas Newkey-Burden, « National conservatism: the beliefs underpinning the first UK ‘NatCon’ conference » Accès libre, sur The Week, (consulté le )
  33. (en) Amelia Hansford, « National Conservatism Conference was as anti-LGBTQ+ as you might expect » Accès libre, sur PinkNews, (consulté le )
  34. a et b (en) « Political storm erupts after police told to shut down hard-right NatCon event in Brussels » Accès libre, sur France 24, (consulté le )
  35. (en) Seth Thévoz, « Assault rifles, wind farms, immigration and hormones: Inside NatCon » Accès libre, sur OpenDemocracy, (consulté le )
  36. (en) Dan Hitchens, « What I Saw at NatCon U.K. » Accès libre, sur First Things, (consulté le )
  37. a et b (en) David Aaronovitch, « Flag, faith and failure: three days with the National Conservatives » Accès libre, sur Prospect, (consulté le )
  38. (en) Sarah Jones, « The Nursemaids of National Conservatism » Accès libre, sur Intelligencer, (consulté le )
  39. (en) Hannah Gurman, « National Conservatives Are Feeling Optimistic » Accès libre, sur Jacobin, (consulté le )
  40. (en) Christina Finn, « What happened at the 'banned' National Conservatism Conference? The Journal went along to find out » Accès libre, sur TheJournal.ie, (consulté le )