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Mur pour la Paix

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Mur pour la Paix
Le Mur pour la Paix à Paris, avec la tour Eiffel en arrière-plan.
Présentation
Type
Fondation
Créateurs
Démolition
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le Mur pour la Paix est un monument élevé en devant l'École militaire, sur le Champ-de-Mars, dans le 7e arrondissement de Paris, et démonté en après des années de contestation des riverains. Depuis, le nouveau lieu d'édification de ce monument sur l'avenue de Breteuil fait l'objet de controverses.

Réalisé par l'artiste Clara Halter et l'architecte Jean-Michel Wilmotte, son but est de célébrer la Paix, en affichant ce mot dans un grand nombre de langues et en permettant d'y glisser des messages de paix, à l'image du Mur des Lamentations de Jérusalem.

Description

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Il a été réalisé par l'artiste Clara Halter et l'architecte Jean-Michel Wilmotte. Ils ont installé ce monument célébrant la paix dans un endroit qui est précisément un symbole de la guerre (le Champ-de-Mars tire son nom de Mars, le dieu de la guerre dans la mythologie romaine, et l'École militaire se trouve à proximité). Il devait être initialement placé devant le siège de l'UNESCO.

Le Mur pour la Paix est constitué d'une charpente métallique habillée de bois, d'inox et de verre. Il mesure près de 16 mètres de longueur, 13 mètres de largeur et 9 mètres de hauteur. Sur les grandes façades de verre est écrit le mot « paix » en 49 langues différentes.

Cette œuvre s'inspire directement du Mur des Lamentations de Jérusalem puisque les visiteurs peuvent laisser un message de paix dans les fentes prévues à cet effet, ou envoyer un message de paix depuis le site web ou, à partir de , des bornes interactives, les messages étant alors affichés sur des écrans situés dans le monument. Le site comporte également des messages de paix de personnalités[a].

Le site a été un lieu de rendez-vous pour des militants des droits humains[1],[2],[b].

Controverses

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Vue sur le Champ-de-Mars depuis le premier étage de la tour Eiffel, avec le Mur pour la paix et l'École militaire.
Vue sur la tour Eiffel depuis l'École militaire, avec le Mur pour la Paix et la statue équestre du maréchal Joffre.

Le Mur pour la Paix est à l'origine une installation éphémère pour trois ou quatre mois[5] dans le cadre des célébrations de l'an . Il est inauguré le par le président de la République, Jacques Chirac[6].

Depuis, ce monument fait depuis l'objet de vives controverses, tant sur sa valeur artistique que sur son emplacement et la légalité de son installation[7]. Ainsi, l'association des Amis du Champ-de-Mars déplore la rupture qu'il engendre dans la perspective entre l'École militaire et la tour Eiffel[8],[9]. L'enchevêtrement de responsabilités entre la Mairie de Paris, le ministère de la Culture et la préfecture de police favorise ces controverses. Selon certains élus parisiens, ce monument aurait été installé dans l'illégalité, érigé sans permis de construire[10]. En , Marek Halter admet finalement : « Sur le Champ-de-Mars, je n'étais pas en règle sur le plan juridique »[11].

La maire du 7e arrondissement, Rachida Dati, réclame avec force son démontage et sa réinstallation à un autre endroit[12] (par exemple à La Villette, le long du canal de l'Ourcq, place Balard près du nouveau ministère de la Défense et même à Oradour-sur-Glane[13]), et a lancé une pétition « pour le respect de la perspective classée du Champ-de-Mars »[14]. L'écrivain Marek Halter, époux de l'auteure du monument, défend vigoureusement l'œuvre et sa localisation[15] et a cité Rachida Dati en diffamation, sa lettre ouverte suggérant que les époux Halter profiteraient financièrement des frais d'entretien du mur[16]. Le , le Tribunal condamne Rachida Dati pour diffamation à une amende de 2 000  avec sursis, auxquels s'ajoutent 4 000  de dommages et intérêts et 3 000  pour couvrir les frais de procédure[17]. Le , la Cour de cassation casse sans renvoi la condamnation de Rachida Dati, estimant que les propos « ne dépassaient pas les limites admissibles de la liberté d'expression »[18].

En est créée l'Association pour la pérennisation du Mur pour la paix au Champ-de-Mars[19] (APMPCM) avec le soutien de Jean-François Copé, de Lionel Jospin, de Martine Aubry, de Jean-Pierre Raffarin, d'Ivan Rioufol, d'Audrey Pulvar, de SOS Racisme, de la Fondation Abbé-Pierre, de la Licra, du CRIF, du CRAN, ou de Christofle, entre autres[20].

La tour Eiffel vue au travers d'un panneau de verre brisé du Mur pour la Paix.

Le monument a été vandalisé à de multiples reprises, cassé ou souillé par des graffitis racistes et antisémites, notamment en [21], [21], [22], [23], [8], [1], [24] et [25].

En , l'avocat des époux Halter déclare que le mur leur a déjà coûté 27 000  en entretien[16].

En , protégé par des grilles, son accès est la plupart du temps interdit au public, bien que des visites guidées y soient organisées, notamment lors des jours fériés suivants : , Pâques, lundi de Pâques, Ascension, , Pentecôte, lundi de Pentecôte, , , , et [26].

Déplacement

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En , Marek Halter annonce avoir conclu un accord avec l'État et la ville de Paris, afin de déplacer l'œuvre sur les pelouses de l'avenue de Breteuil, en face des Invalides ; des travaux d'un mois sont nécessaires, commençant fin [27]. Une nouvelle version de l'œuvre, restructurée, est alors proposée[11].

Le monument est démonté du Champs-de-Mars afin de laisser la place au Grand Palais éphémère, qui doit être érigé à cet emplacement en [28].

Ce « transfert » du nouveau Mur provoque les critiques de nombreux riverains de l'avenue de Breteuil. Ils dénoncent l'absence de concertation concernant cette installation, la perspective bouchée ou encore la dalle de béton de 150 m2 qui doit être coulée sur les pelouses afin d'accueillir l'édifice[11]. Dans ce cadre, un collectif de riverains se constitue et lance une pétition. Une rencontre est organisée à la Mairie de Paris avec Marek Halter, des élus EELV et des membres du collectif, qui ne permet pas de trouver une solution, ce qui conduit le Collectif Breteuil à introduire un recours gracieux. Par un vœu de , le Conseil de Paris reconnaît que le projet a été mené sans concertation et qu'il convient de trouver un lieu alternatif. Le Collectif Breteuil introduit un recours contentieux devant le Tribunal administratif de Paris[réf. souhaitée]. Le projet ne parvient pas à obtenir un avis favorable de l'architecte des bâtiments de France[29]. Par un jugement en date du , le Tribunal administratif de Paris annule le permis de construire et condamne la Mairie de Paris à indemniser les requérants[30]. Le , le greffe de la Cour administrative d'appel de Paris constate l'absence de recours contre le jugement du Tribunal administratif et, en conséquence, le caractère définitif du jugement du Tribunal administratif et l'annulation du permis de construire sont désormais acquis.

Langues et inscriptions

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Détail d'inscriptions, en .

Les inscriptions portées sur le Mur pour la Paix sont les suivantes (44 des 49 langues et 18 alphabets) [31] :

Langue Inscription
albanais paqja
allemand Frieden
anglais peace
arabe سلام
birman ငြိမ်းချမ်းရေး
braille (français) ⠏⠁⠊⠭
chinois 和平
coréen 평화
danois fred
Langue Inscription
espagnol portugais paz
estonien rahu
finnois rauha
français paix
grec ειρήνη
hébreu שלום
hindi शांति
hongrois béke
inuktitut ᓴᐃᒪᓂᖅ
Langue Inscription
farsi صلح
indonésien perdamain
italien roumain pace
ivoirien ahoudjo hé
japonais 平和
kazakh Бейбітшілік
khmer សន្តិភាព
letton miers
lituanien taika
Langue Inscription
malais aman damai
malgache fandriam
néerlandais vrede
ourdou امن
ouzbek tinchlik
philippin kapayapaan
polonais pokój
russe мир
tadjik сулҳ
Langue Inscription
thaï สันติภาพ
tatar Тынычлык
tchouktch
tibétain ཞི་བདེ།
turc barış
suédois fred
vietnamien hòa bình
wolof diam

Notes et références

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  1. Elie Wiesel, Cyrielle Clair, Jean-Charles Decaux (d), Lionel Jospin, Bernard-Henri Lévy, Élie Chouraqui, Alexandre Avdeïev, Alain Némarq (d), Gérard de Cortanze, Rama Yade, Patrick Frey (d), Jean-Paul Bailly, Pierre Moscovici, Théo Klein, David Douillet, Jean Nouvel, Kōichirō Matsuura, Jérôme Clément, François Hollande, Philippe Robinet, Boualem Sansal, Danièle Thompson, Olivia Cattan, Richard Rossin, Serge Uzzan, Pierre Martial, Alain Afflelou, Michel Gryner, Renaud, Daniel Templon, Firas Tlass (en), René Frydman, Benoît Duquesne, Tomasz Orlowski, Martine Aubry, Edgar Morin, Étienne-Émile Baulieu, Simone Halberstadt Harari, Pierre Mongin, Nahed Ojjeh, Gérard Collomb, Nathalie Obadia, Pierre Combescot, Gérard Pullicino, Lara Fabian, Laurent Gerra, Michel Jonasz, Enrico Macias, Luc Dardenne, Shimon Peres, Bernard Kouchner, Christine Albanel, Bertrand Delanoë, Dominique Sopo, Sonia Rykiel, Amos Gitaï, Michel Legrand, Pierre Bergé, Bernard Fixot, Jean Reno, Olivier Poivre d'Arvor, Bernard Murat, Malek Chebel, Maurice Lévy, Rachid Taha, Diane von Fürstenberg, Ghaleb Bencheikh, Jean-Michel Di Falco, Irène Frain, Pierre Cornette de Saint-Cyr, Claude Unger, Christophe Girard, Luc Ferry, Patrick Lozès, Philippe Monsel, Serge Toubiana, Maryse Wolinski, Armando Verdiglione (d), Denis Olivennes, Myriam Salomon, Jean-Claude Lamy, Bernard Bled, Jul, Pascal Boniface, Thierry Oriez (d), Alain Seban.
  2. Par exemple, les enfants de 20 écoles parisiennes se sont réunis devant le Mur en pour la journée internationale des droits de l'enfant, à l'initiative de SOS Villages d'enfants[3], ou encore la marche des femmes en [4].

Références

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  1. a et b « Le Mur pour la paix à nouveau dégradé », Le Parisien, .
  2. Cécile Dubernet et Sophie Enos-Attali, « La paix comme absence de guerre : les limites d'un prisme », Questions internationales, La Documentation française, nos 99-100 « La paix : illusions et réalités »,‎ , p. 120–125 (DOI 10.3917/quin.099.0120).
  3. (de) « UN-Resolution begrüßt Richtlinien für alternative Betreuung von Kindern », sur sos-kinderdoerfer, SOS-Kinderdörfer Weltweit, .
  4. Jade Toussay, « La "Marche des femmes" contre Donald Trump à Washington en passe d'entrer dans l'Histoire », sur HuffPost, .
  5. Pieiller 2012.
  6. « Humanisme : Jacques Chirac a inauguré le « Mur de la Paix- » réalisée par l'artiste Clara Halter », Le Monde, .
  7. Florence Pacaud, « Le Mur de la discorde », sur radiofrance.fr, France Culture, .
  8. a et b « La guerre se rallume autour du Mur pour la paix », Le Parisien, .
  9. « Notre position sur le Mur pour la Paix », sur amisduchampdemars.fr, Les Amis du Champ-de-Mars, (version du sur Internet Archive).
  10. Roubichou 2009.
  11. a b et c Élodie Soulié, « Paris : les riverains de l'avenue de Breteuil partent en guerre contre le Mur pour la Paix », Le Parisien, (consulté le ).
  12. « Rachida Dati veut faire tomber le Mur pour la paix », Le Parisien, .
  13. Élisabeth Chavelet, Rachida ne meurt jamais, Paris, Éditions du Moment, , 180 p. (ISBN 978-2-35417-245-9), p. 158.
  14. Vincent Michelon, « Rachida Dati en guerre contre le Mur pour la Paix », Métro, (version du sur archive.is).
  15. « La colère de Marek Halter », Le Parisien, .
  16. a et b Philippe Romain, « À Paris, le Mur pour la paix continue de diviser », Le Figaro, .
  17. Christel Brigaudeau, « Rachida Dati condamnée pour diffamation », Le Parisien, .
  18. « Dati gagne une manche dans la guerre du Mur de la paix », Le Parisien, .
  19. Annonce no 1185 du , Journal officiel Associations, no 11, .
  20. Évelyne Pieiller, « Le mur de la discorde », Le Monde diplomatique, , p. 28.
  21. a et b Géraldine Doutriaux, « Le Mur pour la paix à nouveau vandalisé », Le Parisien, .
  22. Yann Leon, « Le Mur pour la Paix dégradé pour la quatrième fois », sur Rue89, .
  23. « Qui en veut au Mur pour la paix ? », Le Parisien, .
  24. Vincent Michelon, « Des tags antisémites sur le Mur pour la paix », Métro, (version du sur archive.is).
  25. « Le Mur pour la Paix encore vandalisé », Le Parisien, .
  26. « Le Mur pour la paix », sur parisinfo.com, Office du tourisme et des congrès de Paris (version du sur Internet Archive).
  27. AFP, « Le Mur de la Paix, du Champ de mars à Paris, va être déplacé, annonce Marek Halter », TV5 Monde, (version du sur Internet Archive).
  28. Éric Le Mitouard, « Le Mur de la Paix aura un nouveau look… et cherche où déménager à Paris », Le Parisien, .
  29. Alexia Conrath, « Paris : la justice dit non à la construction du Mur pour la Paix sur l'avenue de Breteuil », Le Parisien, .
  30. Mathilde Barat, « Le Mur pour la paix de Clara Halter ne sera pas transféré avenue de Breteuil », Le Figaro, .
  31. « Les 49 langues », sur murpourlapaix.org, site officiel du mur.

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Philippe Dagen, Chantal Béret et Bernard-Henri Lévy, Paix : Clara Halter, Jean-Michel Wilmotte, Paris, Cercle d'art, , 207 p. (ISBN 2-7022-0779-0).
  • Gérard Roubichou, L'affaire du Mur pour la Paix , vol. 1 : Une concession à perpétuité ? : , Aubin, , 95 p. (ISBN 978-2-910576-95-0).
  • Gérard Roubichou, L'affaire du Mur pour la Paix , vol. 2 : Le mur pour la paix et l'état de droit : , Paris, Comité d'aménagement du VIIe arrondissement, , 108 p. (ISBN 978-2-9542869-0-7).
  • Gérard Roubichou, L'affaire du Mur pour la Paix , vol. 3 : D'un mur à l'autre : , Paris, Comité d'aménagement du VIIe arrondissement, , 295 p. (ISBN 979-10-699-6519-5).

Liens externes

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