Mame Khalifa Niasse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Muhammad Al Khalifa Niasse)
Muhammad Khalifa Niass
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
SénégalVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Mouhamed ibn Abdallah ibn Muhammad Niasse, connu sous le nom de Mame Khalifa Niasse, né le à Sélik et mort le à Kaolack est un érudit appartenant à l'école de jurisprudence malikite, poète et grand maître soufi sénégalais[1]. Il est un calife mystique et gnostique de la confrérie Tijaniyya et successeur de El Hadji Abdoulaye Niasse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il reçut l'enseignement de son père Abdoulaye Niasse, à l'instar de l'un de ses frères Cheikh Ibrahim Niasse. Déjà, très jeune, il se distingue par sa mémoire phénoménale, il aurait lu toute la bibliothèque de son père El Hadji Abdoulaye Niasse qui était la plus garnie de la Sénégambie. Il maitrisait la science de l’exégèse, celle des traditions, l’orthoépie, la théologie, le mysticisme, la philosophie, le droit, la grammaire, la logique, la rhétorique, la philologie, la prosodie, l’arithmétique, la géométrie, la pharmacopée, la médecine et le tout coiffé d’un parfait maniement de la langue arabe[2]. Étant jeune, il s’était essayé au commerce, notamment en important, par wagons entiers, du cola et des chevaux du Mali. Ces marchandises, qu’il faisait placer auprès de ses disciples ont vite fait sa prospérité, mais seule la lecture l’intéressait, surtout des ouvrages rares dont la plupart étaient des manuscrits originaux.

En 1910, il effectue le pèlerinage à La Mecque, visite la zawiya de la Tijâniyya à Fès en 1924 d'où il reçut des autorisations suprêmes sur la voie tijannyya des mains de Sidi Mahmoud Ibn Sidi Mouhamadoul Bachir At-tidjani et retourne au Sénégal[Où ?], un pays qui n’existait pas encore. En 1922, il succède à son père El Hadji Abdoulaye Niasse à la direction de la branche Niassène de la Tijaniyya[3],[4],[5]. Il poursuit alors l'éducation et l'initiation de ses jeunes frères tels que Cheikh Ibrahim Niass[5]. Cependant, ce dernier se proclame en 1929 médiateur de la grâce promise par le Cheikh fondateur de la confrérie d’Ahmed Tijani. Cette proclamation provoque la scission de la branche Niassène de la Tijaniyya. L'audience de la branche de Mouhammad Niasse reste alors orthodoxe et limitée à la Sénégambie[6], tandis que celle de son frère s'étend à toute l'Afrique de l'Ouest.

Mame Khalifa Niass noua de nombreuses relations avec les villages à l’intérieur de la Sénégambie, avec ses confrères du Sénégal et beaucoup de personnalités du monde, il s’efforçait notamment à entretenir les amitiés nouées par son père El hadj Abdoulaye avec les Oulémas du Maghreb, et les chérifs et dignitaires des Zawiya Tidjani tel Ahmad Skiredj avec qui il entretint par la suite une correspondance abondante.

Mame Khalifa avait une réputation de "wilaya" dont les prières étaient toujours exaucées ; de nombreux hommes politiques sont venus le solliciter pour avoir sa bénédiction, nous pouvons citer, entre autres, Sékou Touré, Mamadou Dia, surtout à cause de l’amitié qui liait ce dernier à son fils aîné, El Hadj Abdoulaye. Nous citerons également Modibo Keïta, Horma Ould Babana, député de Mauritanie, Felix Houphouët Boigny, Maître Lamine Guèye, Djim Momar Guèye, Abass Guèye, ainsi que l’ancien maire de la commune de Kaolack et fondateur du BDS, Ibrahima Seydou Ndaw, sans oublier Léopold Sédar Senghor premier Président de la république du Sénégal.

Il fut rappelé à Dieu la nuit du dimanche et fut inhumé à côté de son père dans sa zaouia bénite de Leona Niassène, un quartier populaire de Kaolack.

Sa descendance continue de produire des hommes très influents au Sénégal tels que Elhadji Omar Khalifa Niasse, Elhadji Ibrahima Khalifa Niasse, Ahmed Khalifa Niasse homme politique et homme d'affaires sénégalais, ainsi que Sidy Lamine Niasse intellectuel, journaliste, guide religieux et homme de médias ou encore Serigne Mouhamad al Hady Niasse guide religieux sénégalais.

Son œuvre[modifier | modifier le code]

Elle est composée d'une quinzaine de livres en langue arabe, essentiellement des éloges du Prophète de l’Islam ou du Shaykh Ahmed Tijani. Mais l'un de ses plus importants ouvrages, paru en 1930, est Al-juyush al-tulla' bi muhrafat al-quta' lia Ibn Mayaba akhi al-tanattu' (« Les armées d'avant-garde aux sabres tranchants à l'assaut de Ibn Mayaba l'arrogant »), une réponse à la critique de la Tijaniyya développée dans un traité écrit par Muhammad Khidr Ibn Mayaba. Il témoigne des accusations d'hétérodoxie encourues dans le Sahara occidental et en Afrique subsaharienne par les différentes confréries soufies de la part de savants salafistes de l'époque.[7]

Mouhamad Niass a commencé à un stade prématuré de sa vie à produire en abondance des poèmes qui sortent de l’ordinaire[8] ; plus tard il a été surnommé la plume d’or du fait de la qualité de ses écrits, son éloquence et sa maîtrise tant du sujet traité que du registre de langue utilisé. Ses contemporains le regardaient comme une encyclopédie tournante des sciences Islamiques et Humaines. Il fait partie des écrivains sénégalais de langue arabe les plus prolifiques.

Il fut un écrivain prolifique et produisit un nombre important d’ouvrages en vers et en prose notamment :

  • Khatimat al-durar ‘ala uqud al-jawhar fi madh seydil bashar (« La dernière perle du collier précieux en éloge au maitre des humains ») 5 095 vers ;
  • Al kibritil al-akhmar fi madh al qutb al akbar (« Le soufre rouge dans les louanges du plus grand pôle ») 3 246 vers ;
  • Al-juyush at tulla’ bi murfahat al-qutta ila Ibn Mayaba akhi al-tanattu (« Les armées d’avant-garde aux sabres tranchants à l’assaut de Ibn Mayaba l’arrogant ») ;
  • Mir’atou si’fa fi siraati Nabihil Mustafa (« Miroir de la pureté »).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Triaud (dir.) et David Robinson (dir.), La Tijâniyya : une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique, Paris, Karthala, , 512 p. (ISBN 2-84586-086-2, lire en ligne), p. 222-235
  • Ousmane Kane, Jean-Louis Triaud (dir.) et David Robinson (dir.), Le temps des marabouts : itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française v. 1880-1960, Paris, Karthala, , 587 p. (ISBN 2-86537-729-6), p. 303-304
  • Sebastiano D'Angelo, Politique et marabouts au Sénégal : 1854-2012, Paris/Louvain-la-Neuve, L'Harmattan, , 354 p. (ISBN 978-2-8061-0129-7), p. 54

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Idrissa Dioum et Babacar Touré, « Nayloulmaram », sur nayloulmaram.com, 2015 / 2020, (consulté le ).
  2. Idrissa Dioum, « Khalifa El Hadji Mouhamad Niass, la plume d'or », article,‎ (lire en ligne)
  3. Triaud et Robinson 2000, p. 222.
  4. D'Angelo 2013, p. 54.
  5. a et b Kane 1997, p. 303.
  6. Kane 1997, p. 304.
  7. Triaud et Robinson 2000, p. 223-235.
  8. Idrissa Dioum, « Mouhamad Niass, la plume d'or », (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]