Youssef ben Hassan

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Youssef ben Hassan
مُولَاي يُوسُف
ⵎⵓⵍⴰⵢ ⵢⵓⵙⴼ
Illustration.
Titre
Sultan du Maroc

(15 ans, 3 mois et 4 jours)
Couronnement [1]
Premier ministre Mohammed al-Mokri[2]
Prédécesseur Moulay Abdelhafid
Successeur Mohammed V
Biographie
Dynastie Alaouite
Nom de naissance Youssef ben Hassan Alaoui[réf. nécessaire]
Date de naissance
Lieu de naissance Meknès (Maroc)
Date de décès [3]
Lieu de décès Fès (Maroc)
Sépulture Nécropole royale de la mosquée Moulay Abdallah
Père Hassan Ier
Mère Lalla Oum al-Khair
Conjoint Lalla Yacout
Lalla Ruqaya bint Mohammed El Mokri
Lalla Aïcha
Enfants Moulay Idriss
Moulay Mohammed al-Hassan
Mohammed V
Lalla Zainab
Lalla Amina
Moulay Abdessalam
Lalla Zubaida
Lalla Khadija
Monarques du Maroc

Moulay Youssef (en arabe : مُولَاي يُوسُف, en tamazight : ⵎⵓⵍⴰⵢ ⵢⵓⵙⴼ)[4] ou éventuellement Moulay Youssef ben Hassan, né en 1881 à Meknès[5] et mort le à Fès[6], est un sultan de la dynastie alaouite. Il règne de 1912 jusqu'à sa mort et est le deuxième sultan ayant exercé sa fonction pendant les protectorats français et espagnol au Maroc.

Les trois sultans qui le précèdent furent d'abord son père, Hassan Ier (1873-1894) ; puis ses demi-frères[5], Moulay Abdelaziz (1894-1908) et Moulay Abdelhafid (1908-1912). Son troisième fils, Sidi Mohammed, lui succède en tant que sultan et devient trente ans plus tard — l'année qui suivit l'indépendance retrouvée — le premier monarque du pays à porter le titre de roi, sous le nom de Mohammed V.

Son règne est agité et marqué par de fréquentes révoltes contre l'occupant français ou espagnol. La plus importante est conduite par Mohammed ben Abdelkrim el-Khettabi dans le Rif.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jusqu'à son accession au trône[modifier | modifier le code]

L'un des fils cadets du sultan Moulay Hassan (« Hassan Ier »), sa mère est Lalla Oum al-Khair[7],[8] (marocaine[9] mais son nom de famille n'est pas retenu). Il a un frère jumeau Moulay Mohammed al Tahar[7],[8]. Il est très improbable que sa mère soit une esclave circassienne[5] de Syrie[10]. Moulay Youssef naît dans le palais impérial de Meknès[5], mais passe sa jeunesse dans celui de Fès[5]. Son enfance est bercée par les dernières années du règne de son père, puis son adolescence et ses débuts dans la vie d'adulte par les règnes de ses frères aînés : Moulay Abdelaziz, devenu un jeune sultan de seize ans à la mort de leur père (1894), sous « régence » pendant six ans de Ba Ahmad, et par la suite détrôné en faveur de l'un de ses autres frères, Moulay Abdelhafid (1908).

Le , selon le premier numéro du « bulletin officiel du Maroc »[11], peu après son accès à la dignité de khalifa (représentant du sultan) de Fès[5], il succède à Moulay Abdelhafid, signataire du traité franco-marocain établissant depuis le protectorat français, après son abdication de la veille[12]. Dans la foulée, son « éducation politique » est confiée au général Gouraud[13].

Moulay Youssef, sultan[modifier | modifier le code]

Devenu sultan, il s’établit avec la cour à Rabat, devenue capitale du protectorat français du temps de Moulay Abdelhafid[13] et remplaçant Fès. Son fils Sidi Mohammed, futur roi du Maroc, alors âgé de trois ans, lui, reste à Fès avec un précepteur algérien (Si Mohammed Mammeri) lui apprenant notamment les bases du français. Par la suite, ils se voient rarement[14].

À son accession au pouvoir, il s'entoure de son plus vieil ami et bras droit, le grand chambellan Si Thami Ababou[15], et rappelle dès 1917 comme Grand Vizir Si Mohammed El Mokri. La grande rivalité entre ces deux véritables hommes forts du Makhzen marquera l'ensemble du règne de Moulay Youssef[15].

En 1913, il signe le dahir formant Code des obligations et des contrats, toujours en vigueur aujourd'hui.

En 1926, il participe à Paris à l'inauguration de la Grande Mosquée[16].

Il décède à Fès le 17 novembre 1927 et y est enterré dans la nécropole royale de la mosquée Moulay Abdallah[17].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Moulay Youssef eut au minimum huit enfants et il se maria à trois reprises. Le fait qu’il eut un harem n’est pas explicitement précisé, est seulement indiqué qu’il eut une concubine esclave qu’il finit par épouser. Voici la descendance qu’il eut avec ses épouses :

  • Lalla Yacout[18], dont le nom de famille n’est pas retenu fut sa première épouse. Leur mariage eut lieu vers 1907, elle décéde le 1er septembre 1953[19] et est entérée à Fès[20]. Parmi leurs enfants figurent :
  1. Moulay Idriss[19] (1908 – 1962)[19], il fut éloigné de l’ordre de succession car il souffrait d’une maladie immunologique;
  2. le sultan Sidi Mohammed[19] (1909 - 1961), plus connu sous le nom de Mohammed V,
  3. Lalla Amina[18],[21], elle épousa Moulay Hassan ben Idriss[21], ils eurent un fils Moulay Idriss[21],
  4. Moulay Abdeslam[18],[21], né en 1914[21] ;
  • Lalla Ruqaya bint Mohammed El Mokri[22], il l’épousa vers 1915. Ils n'eurent pas d'enfants ensemble[22]. Avant ce mariage elle fut l’épouse du sultan Moulay Abdelhafid, mais divorça de ce dernier ;
  • une femme dont l’identité est inconnue qui est soit sa concubine esclave ou une de ses épouses. Elle est probablement la mère de deux des enfants de Moulay Youssef distinctement métisses[23] :
  1. Mohammed al Hassan[19],[22] (1909 – 1969)[19], son deuxième fils, il est né la même année que le roi Mohammed V et est plus âgé que lui. Il épousa la princesse Lalla Amina[19] fille du sultan Moulay Abdelhafid, ils eurent une fille Lalla Zubaida[21],[19],
  2. Lalla Zainab[19], elle épousa Moustafa ben Abderrahmane[19], le fils aîné de Moulay Abderrahmane ben Mohammed Benzeidane[21], ensemble ils eurent trois fils[21],[19].

L’identité de la mère de deux des filles du sultan Moulay Youssef n’est pas citée. Ces filles sont :

  1. Lalla Zubaida[18] ;
  2. Lalla Khadija[24], elle épousa un homme de la famille Boufarès, leur fils fut Moulay Mamoun Boufarès. Ce dernier se maria à Latifa Benzaouia[25] ensemble ils eurent la princesse Lalla Oum Kelthoum[24], épouse du prince Moulay Rachid.
  • Aïcha[26], une concubine esclave aux origines inconnues que Moulay Youssef finit par épouser[26]. Vers 1924, elle fut offerte au sultan par le pacha de Marrakech Thami El Glaoui[26]. Décrite comme très belle, elle devint Lalla Aïcha après son entrée au harem[26]. Yacout Sason fut chargée par le sultan de s’occuper personnellement de sa tenue vestimentaire[26]. Aïcha devint très proche de sa couturière qui la gâtait et lui préparait les meilleurs mets de la cuisine juive[26]. Elle fut choyée et choisissait avant toute autre les tissus de ses vêtements d’apparat[26]. Sa première grossesse, qui fut aussi sa dernière[26], se termina en drame lorsqu’à sept mois son fœtus périt et l’accouchement dut être induit un mois plus tard, l’enfant mort-né[26]. Le sultan ému fini par l’épouser mettant fin à son statut de concubine[26] et lui octroya le titre d’Oum Sidi Aïcha[26], une appellation réservée à la mère de l’héritier[26]. Ils n’eurent aucune descendance ensemble[26].

Décorations[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

À Marrakech, The Orientalist Museum of Marrakech conserve son portrait peint par Jean de Gaigneron.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Hubert Lyautey (dir.), Rapport général sur la situation du protectorat du Maroc au 31 juillet 1914, (lire en ligne), p. 54
  2. Son titre était celui de « grand vizir ».
  3. Gilles Lafuente, « Dahir berbère », dans Encyclopédie berbère, vol. XIV, Édisud, (lire en ligne), p. 2180
  4. Voir les dénominations utilisées dans les ressources bibliographiques.
  5. a b c d e et f Abraham Lahnite (préf. Jean Martin), Les Conditions d'établissement du traité de Fez : La Politique berbère du protectorat français au Maroc (1912-1956), Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire et Perspectives méditerranéennes », , 336 p. (ISBN 978-2-296-54980-7, présentation en ligne, lire en ligne), p. 136
  6. Michel Abitbol, p. 447
  7. a et b (ar) ibn zaydan, durafakhira (lire en ligne), p. 139
  8. a et b « Um Khair », sur geni_family_tree (consulté le )
  9. (en) Edith Wharton, In Morocco, The Floating Press, (ISBN 978-1-77541-487-2, lire en ligne), p. 152
  10. Alaoui 2007, p. 53.
  11. BORM no 1, 1912
  12. Paul Doury, Un échec occulté de Lyautey, l'affaire du Tafilalet : Maroc oriental, 1917-1919, Paris, L'Harmattan, , 465 p. (ISBN 978-2-296-05053-2, lire en ligne), p. 146
  13. a et b Michel Abitbol, p. 411
  14. Michel Abitbol, p. 448
  15. a et b (en) C. R. Pennell, Morocco Since 1830: A History, Hurst, (ISBN 978-1-85065-426-1, lire en ligne)
  16. On peut visionner un court documentaire muet portant sur l'inauguration de la Grande Mosquée de Paris par Moulay Youssef.
  17. Boris Maslow, Les mosquées de Fès et du nord du Maroc, Les Éditions d'art et d'histoire, (lire en ligne), p. 86-91
  18. a b c et d « Morocco (Alaoui Dynasty) », sur web.archive.org, (consulté le )
  19. a b c d e f g h i j et k « Yaqut ? », sur geni_family_tree (consulté le )
  20. (en-GB) « The Sultan Back In Morocco. Au Maroc, en novembre 1955, le retour... », sur Getty Images (consulté le ) : « le sultan accompli un pieux pèlerinage à FES pour se recueillir au tombeau des Alaouites et sur la tombe de sa mère décédée trois semaines après son départ pour l'exil »
  21. a b c d e f g et h « MOROCCO11 », sur www.royalark.net (consulté le )
  22. a b et c Abdessadeq El Glaoui, Le ralliement: le Glaoui, mon père : récit et témoignage, Marsam Editions, (ISBN 978-9981-149-79-3, lire en ligne), p. 169
  23. « Connectez-vous ou inscrivez-vous pour voir le contenu », sur m.facebook.com (consulté le )
  24. a et b Scarlette Charlotte dit, « Qui est vraiment Oum Keltoum Boufarès ? », sur Telquel.ma (consulté le )
  25. (ar) كازاوي, « عروس مولاي رشيد تقول للقايد العيادي حاكم ابن جرير ومنطقة الرحامنة "عم ماما" », sur Casaoui | كازاوي,‎ (consulté le )
  26. a b c d e f g h i j k l et m Albert Sasson, Les couturiers du sultan: itinéraire d'une famille juive marocaine : récit, Marsam Editions, (ISBN 978-9954-21-082-6, lire en ligne), p. 64-65
  27. « Bo 379 du 26-01-1920 »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]