Montserrat (montagne)
Montserrat | ||
Localisation de Montserrat en Catalogne. | ||
Géographie | ||
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Altitude | 1 236 m, Sant Jeroni | |
Massif | Cordillère littorale catalane (Système méditerranéen catalan) | |
Longueur | 10 km | |
Largeur | 8 km | |
Superficie | 50 km2 | |
Administration | ||
Pays | ![]() |
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Communauté autonome | Catalogne | |
Province | Barcelone | |
Géologie | ||
Âge | Éocène, Oligocène | |
Roches | Roche sédimentaire | |
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Montserrat est un massif montagneux en Catalogne, culminant à 1 236 mètres d'altitude au pic de Sant Jeroni (« saint Jérôme »). Très important dans la représentation symbolique des Catalans, il abrite en son sein l'abbaye bénédictine de Santa Maria de Montserrat consacrée à la Vierge de Montserrat.
Toponymie
[modifier | modifier le code]Son nom peut se traduire par montagne (mont) en dents de scie (serrat) qui vient des rochers ruiniformes de la montagne. Montserrat est aussi devenu un prénom féminin très courant dans les Pays catalans, abrégé de diverses manières Món, Montse, Muntsa, Serrat ou Rat.
Géographie
[modifier | modifier le code]Situation
[modifier | modifier le code]Montserrat se situe à 50 km de Barcelone en Catalogne. Ce massif isolé est partagé entre les comarques de Bages, d'Anoia et du Baix Llobregat
Topographie
[modifier | modifier le code]C'est un massif formé de cônes arrondis s'élève brusquement à l'ouest de la rivière Llobregat et atteint 1 236 m au sommet du Sant Jeroni autour duquel se déploie un univers de tours, aiguilles et bolas, sommets circulaires dont la circonférence se rétrécit à leur sommet. Les autres sommets importants du Montserrat sont le Cavall Bernat, les Agulles, le Serrat del Moro, le Montgròs, Sant Joan et la Palomera.
L'axe principal de ce massif d'environ 18 km de circonférence est orienté WNW/ESE.

Géologie
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À l'Éocène supérieur et à l'Oligocène inférieur, il y a eu dans la région de grandes quantités de dépôts sédimentaires continentaux, comme le montrent les fossiles, essentiellement de nature lacustre ou fluviatile. La zone de Montserrat devait se trouver au niveau d'un fleuve, car il y a eu un très important dépôt de rudites (galets, graviers), ce qui sous-entend un courant suffisamment fort pour les transporter. Par la suite, des phénomènes de diagenèse ont cimenté ces rudites grâce à un ciment calcaire plus ou moins argileux, les transformant peu à peu en poudingue.
La montagne de Monserrat, fond de mer née il y a cinquante millions d'années des alluvions d'un fleuve, puis exhaussé par le plissement des Pyrénées proches, est un caprice de l'érosion.
Il y a 25 millions d'années, l'érosion commence. Elle est facilitée par une série de failles tectoniques verticales, et commence à dégager la roche à ciment dur et calcaire de la roche à ciment plus argileux et donc plus altérable. Au fil des millénaires, les mouvements tectoniques, les changements climatiques et l'érosion ont fini par modeler un relief abrupt, composé de parois hautes parfois de 350 m et de blocs arrondis formés d'un poudingue caractérisé par la dimension très variable de ses galets et par son ciment calcaire extrêmement dur. Dans ses entrailles la décomposition chimique a façonné nombre de grottes et d'avens dans le calcaire.
Faune et flore
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La forêt méditerranéenne est le type de végétation prédominant à Montserrat avec notamment la présence de chênes verts. Le massif comprend plus de 1 200 espèces végétales, dont le pin, l'érable, le tilleul, le noisetier, le houx, le buis et l'if.
En ce qui concerne la faune, sont présents plusieurs types d'oiseaux tels que le martinet à ventre blanc, l'hirondelle de rochers, le tichodrome échelette, le pigeon ramier, la grive, le merle, le roitelet et la fauvette. Parmi les mammifères, on trouve des écureuils, des chauve-souris, des genettes, des fouines, des sangliers ainsi que des chèvres sauvages. Les loups ont peu à peu disparu du massif de Montserrat, entre autres à cause de la pression humaine[1]. En 1995, des bouquetins originaires des Ports de Beseit ont été introduits dans le parc naturels, avec succès.
Histoire
[modifier | modifier le code]Des vestiges préhistoriques ont été retrouvés dans plusieurs grottes autrefois habitées. Les grottes les plus significatives sont la Cove Gran et la Cove Freda où des poteries de l'époque néolithique ont été retrouvées, ainsi que des outils en silex, des ossements et des sépulcres avec leur trousseau funéraire[1].
Tous les sommets ont été conquis en général par des grimpeurs catalans et souvent en escalade artificielle entre 1920 et 1950. En 1922, Lluis Estasen gravit los Ecos. En 1935, les trois sommets problématiques du Cavall Bernat, de la Momia et du Trencabarrals sont gravis pour la première fois. En 1936, c'est le tour d'El Cilindre et d'El Lloro. En 1948, la paroi de Sant Jeroni, haute de 350 m, est escaladée après de nombreuses tentatives par Juan Camp, Jose Alaix, Jaime Camarasa, Luis Corominas, Francisco Gual et Florentino Izquierdo[2].
Depuis 1987, le parc naturel de Montserrat a été créé pour protéger un environnement naturel et un patrimoine privilégiés, et l'une des montagnes les plus symboliques pour les Catalans.
Activités
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Escalade et randonnée
[modifier | modifier le code]Avec plus de 5 000 voies d'escalade recouvrant la majorité de ses parois, Montserrat est l'un des endroits plus populaires pour les grimpeurs catalans. On peut y trouver toute sorte de voies et de styles d'escalade : voies d'escalade sportive (jusqu'au 8c), blocs, voies à plusieurs longueurs, voies en terrain d'aventure et voies d'escalade artificielle (dont la première voie A5 de toute l'Espagne). Quelques secteurs très réputés sont le Cavall Bernat, Diables ou la Paret de l'Aeri, dans la face nord, Agulles dans l'extrême nord-ouest, ou Gorros près du monastère. Une autre activité habituelle est la randonnée, activité plaisante en raison de la grande variété de petits chemins et à la beauté des paysages, mais un peu risquée étant donné la difficulté des tracés. La via ferrata Canal de las Damas (niveau de difficulté : TD) est actuellement la via ferrata la plus connue de ce massif[3].
Accès et transports
[modifier | modifier le code]On peut accéder au monastère par la route depuis Monistrol de Montserrat (accès payant), Sant Salvador de Guardiola et Bruc. On peut aussi y accéder depuis Monistrol par un téléphérique ou par un train à crémaillère des Chemins de Fer de la Généralité de Catalogne qui amènent jusqu'au monastère. De là on peut rejoindre la sainte grotte et San Joan par deux funiculaires. Le départ de la crémaillère de Monistrol et du téléphérique sont accessibles depuis Barcelone par les trains de la FGC.

Le Montserrat dans la culture
[modifier | modifier le code]En 1587, Cristóbal de Virués écrit le poème Le Monserrat qui raconte la légende de la création du monastère de Montserrat (qui diffère très largement de la légende officielle)[4]. Ce poème est reconnu par Miguel de Cervantes comme étant « [l'un d]es meilleurs qu'on ait écrits en vers héroïques dans la langue espagnole »[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jordi Molas i Rifà, Montserrat. Guide officiel, (ISBN 9788478269570, présentation en ligne).
- ↑ Grande encyclopédie de la montagne, Bruxelles, Erasme, , p. 1814
- ↑ (de) Dany Vehslage et Thorsten Vehslage, 25 Klettersteige in Europa mit besonderem Charakter, , 3e éd. (1re éd. 2020), 120 p. (ISBN 978-3-7562-0415-1, présentation en ligne), p. 106-109.
- ↑ (es) Cristóbal de Virués, El Monserrate del capitan Cristoual de Virues, por Alonso Martin, (lire en ligne).
- ↑ Miguel de Cervantes Saavedra, L'admirable Don Quichotte de la Manche, Charpentier, (lire en ligne).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Nicole Lemaître, Montagnes sacrées d’Europe. Actes du colloque « Religions et montagnes », Tarbes, , 427 p. (ISBN 2-85944-516-1)Actes du colloque "Religion et montagnes", Tarbes, 30 mai-2 juin 2002 / textes réunis et publiés par Serge Brunet, Dominique Julia et Nicole Lemaître. Monserrat, montagne sacrée. Spiritualisation du territoire montagnard dans un massif catalan (XVIe – XVIIIe siècles), par Ignasi Fernandez Terricabras – Université autonome de Barcelone pp 193 à 206 ; La Vierge et les montagnes : l’exemple catalan, par Marlène Albert Llorca – Université de Toulouse – Le Mirail pp. 207 à 213