Montjoie ! Saint Denis !

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Montjoie ! Saint Denis ! est le cri de guerre des rois de France, présent sur les armoiries de France et de Navarre.

« Montjoie ! Saint Denis ! » est un cri d'armes ou cri de guerre utilisé par les armées des rois de France, en particulier celles des Capétiens. Il associe le terme de « montjoie », au sens de « bannière de l'armée royale », à une référence à saint Denis, patron des rois de France.

Origines et étymologie[modifier | modifier le code]

Le cri d'armes « Montjoie ! Saint Denis ! » apparaît sous la dynastie capétienne, succédant au seul « Montjoie ! » des XIe – XIIe siècles[1]. Paul Quentel explique dans l'Encyclopædia Universalis qu'il est difficile d'établir son origine mais qu'il est, semble-t-il, déjà en usage à la bataille de Bouvines sous le règne de Philippe II Auguste[1]. Ce cri de guerre reste en vigueur jusqu’au XVIe siècle[2].

Selon une légende née au début du XIVe siècle, le roi Clovis aurait été victorieux contre le roi sarrazin Condat au pied de la tour ou donjon de Montjoie dans la forêt de Marly (sur ce qui est aujourd'hui la commune de Chambourcy dans les Yvelines) grâce à un écu portant trois fleurs de lys d’or sur un fond azur, confectionné par Clotilde[3]. Ce miracle serait commémoré par le cri de guerre[1].

Une autre hypothèse évoque Montjoie comme le lieu du martyre de saint Denis, nommé « Mont-joie Saint Denis »[4], et situe l'endroit, la Montjoie, dans la plaine du Lendit, entre Paris et Saint-Denis[5],[note 1].

Selon Anne Lombard-Jourdan, l'étymologie du terme serait francique (Mundgawi) et signifierait « Protège-pays »[7]. L'historienne note que l'appel « Montjoie et saint Denis ! » reprend le vieux cri héroïque « Munjoie ! » en le christianisant[8]. Cette formulation apparaît pour la première fois dans la chanson de geste le Couronnement de Louis, composée entre 1131 et 1137, et suggère une probable intervention de l'abbé Suger dans l'adoption du nouvel appel « Montjoie et saint Denis ! »[8].

D'autres modulations contemporaines se trouvent en littérature, ainsi « Montjoie ! saint Denis ! » dans Girart de Viane, « Montjoie ! Dis aidiés ! saint Denis ! » dans Fierabras, ou « Montjoie ! escrie. Aïde, saint Denis ! » dans Anseïs de Carthage[8].

Cri d'armes royal[modifier | modifier le code]

Le cri juxtapose les termes :

  • « Montjoie », la « bannière de l'armée », derrière laquelle se rassemble l’ost lorsqu’il marche à la bataille[2].
  • « Saint Denis », le saint patron et protecteur des rois de France. Pour les rois capétiens, ce cri de guerre permet d'invoquer Denis de Paris et ainsi de bénéficier de sa protection particulière dans le combat. L'oriflamme de Saint-Denis était une bannière de couleur rouge parsemée de flammes d’or derrière laquelle se rassemblaient les chevaliers français[2]. Conservée à l'abbaye de Saint-Denis, elle en était extraite uniquement lorsque de grands dangers menaçaient le royaume de France[9].

L'invocation à saint Denis a été ajoutée au cri d'armes royal à l'époque où l'oriflamme était levée[10], Louis VI le Gros étant le premier à l'arborer dans ses armées, en 1124[11].

« Montjoie Saint Denis ! » est par exemple crié au siège de Damiette, en 1249, à la bataille de Furnes, à Azincourt en 1415, au siège de Montargis, ou encore au siège de Pontoise avec Charles VII en 1441[10]. Le cri d'armes était attaché au roi d'armes[11] et n'était proféré qu'en présence des rois de France, « aux armées qu'ils commandaient, dans les combats auxquels ils prenaient part »[4].

Des cris de guerre similaires sont adoptés en Bourgogne (« Montjoie Saint-André ! »), en Anjou (« Montjoie Anjou ! »), par la Maison de Bourbon (« Montjoie Notre-Dame ! ») ou par les rois d'Angleterre (« Montjoie Notre-Dame Saint-Georges ! »)[1].

Dans la culture et la fiction[modifier | modifier le code]

Occurrences contemporaines[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les Montjoies étaient aussi neuf petits monuments commémoratifs jalonnant le trajet de Paris à Saint-Denis, soit le chemin du cortège funéraire royal jusqu'à la nécropole des rois de France qu'était la basilique Saint-Denis. Ils avaient été édifiés à l'époque des funérailles de Philippe Auguste en 1223 et de Louis IX en 1270, à l'emplacement de chaque reposée de cercueil. Ces oratoires comportaient des statues de Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis[6]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Paul Quentel, « MONTJOIE SAINT-DENIS » Accès payant, sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. a b et c Maxime Macé et Pierre Plottu, « Que signifie «Montjoie ! Saint-Denis !» crié à la figure de Macron ? », sur liberation.fr, (consulté le ).
  3. Laurent Theis, Clovis, de l'histoire au mythe, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Le Temps et les hommes », 1996, 225 p., pp. 112-118 (« Les fleurs de lys »).
  4. a et b Oscar-Amédée de Watteville du Grabe, Le cri de guerre chez les différents peuples, Paris, Librairie historique des Provinces, (lire en ligne), p. 9-12.
  5. Lombard-Jourdan 1993, p. 162-163.
  6. Beaune 1985, p. 123.
  7. Lombard-Jourdan 1993, p. 164-165.
  8. a b et c Lombard-Jourdan 1993, p. 168.
  9. a et b « Que signifie «Montjoie, Saint-Denis !», l'expression utilisée par l'homme qui a giflé Emmanuel Macron ? », sur cnews.fr, (consulté le ).
  10. a et b de Buttet 1974, p. 127.
  11. a et b de Buttet 1974, p. 128.
  12. a b et c « A quoi fait référence l'expression « Montjoie Saint-Denis » ? », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  13. (en) « Georges Mathieu. “Montjoie Saint Denis !”, 1954 | MoMA », sur moma.org (The Museum of Modern Art) (consulté le ).
  14. Alphonse Chassant et Henri Tausin, Dictionnaire des devises historiques et héraldiques. [Volume 1] / par MM. A. Chassant et Henri Tausin, Paris, J.-B. Dumoulin, 1878-1895 (lire en ligne), p. 199
  15. « Leurs meilleures répliques », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Les entarteurs d’Eric Coquerel à Colombes condamnés à un stage de citoyenneté », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Emmanuel Macron giflé : ce que l'on sait de l'auteur du geste, Damien Tarel », sur Franceinfo, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]