Monemvasia

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Monemvasia
(el) Μονεμβασία
Monemvasia
Administration
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Péloponnèse
District régional Laconie
Dème Dème de Monemvasia
Démographie
Population 1 299 hab. (2011[1])
Géographie
Coordonnées 36° 41′ 15″ nord, 23° 03′ 20″ est
Localisation
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Monemvasia
Géolocalisation sur la carte : Grèce
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Monemvasia

Monemvasia (grec moderne : Μονεμβάσια, Μονεμβασία ou Μονεμβασιά) ou Monovásia (Μονοβάσια) ou Malvoisie (Μαλβαζία / Malvazía) est une ville fortifiée de Grèce située au sud du Péloponnèse, sur la côte est du district régional de Laconie.

Géographie[modifier | modifier le code]

Dème de Monemvasia à la suite de la réforme Kallikratis (2010)

Sa situation au pied d'un rocher fortifié formant une presqu'île lui a parfois valu le surnom de Gibraltar de l'Est.

L'agglomération est composée de trois localités[2] :

  • la ville historique de Monemvasia ou Kastro, située sur la presqu'île, occupe une partie d'un rocher de 1,8 km de long et 300 m de haut, relié par une digue au continent. Elle est divisée elle-même en une Ville Haute actuellement abandonnée, située en haut du rocher, et la Ville Basse en contrebas, qui comptait 19 habitants en 2011 ;
  • la localité moderne de Géfyra se trouve en face, sur le continent. Elle abrite le port et la majeure partie des infrastructures touristiques, et comptait 1 299 habitants en 2011 ;
  • la localité côtière d'Ayia Kyriaki qui comptait 100 habitants en 2011.

Histoire[modifier | modifier le code]

Rocher de Monemvasia vu depuis la côte nord

Son nom vient de deux termes grecs, moni (μόνη) et emvasia (εμβασία), signifiant « unique chenal » ou « unique embarcadère ».

Cité de l'Empire romain d'Orient, Monemvasia fut fondée au VIe siècle par des habitants de la Laconie qui fuyaient l'invasion du pays par les Ézérites et les Mélinges, des peuples slaves venus d'Europe du Nord. Au VIIIe siècle, un hôpital y est construit : c'est un centre de lutte contre la propagation de la peste, qui promeut les principes de l'hygiène hippocratique. Au XIIe siècle, la petite ville est un actif centre commercial et maritime du thème péloponnésiaque et un important centre d'exportation du vin de Malvoisie, célèbre au Moyen Âge, dont le cépage porte le nom et qui était exporté jusqu'en Angleterre. Selon une légende populaire, George Plantagenêt, duc de Clarence, condamné à mort en 1478 pour avoir comploté contre son frère le roi Édouard IV, aurait choisi de mourir noyé dans un tonneau de ce vin.

Lors de l'invasion de l'Empire byzantin par les croisés, en 1204, Monemvasia est assiégée vainement par les Vénitiens. Elle reste grecque tandis que la majeure partie du Péloponnèse est prise par les Latins.

Toutefois en 1245, le prince franc de l'Achaïe, Guillaume II de Villehardouin entreprend le siège de la ville par terre et par mer, avec l'aide de 4 bateaux vénitiens et de chevaliers « francs » ; après trois années de blocus, il réduit la place par la famine. Les survivants sont dispersés dans la campagne. En 1262, pour payer sa rançon au basileus byzantin Michel VIII Paléologue, le prince latin d'Achaïe doit rendre la place ; le gouverneur impérial et commandant militaire grec Michel Cantacuzène y regroupe à nouveau les habitants et utilise dès lors Monemvasia comme point d'appui pour la reconquête du Péloponnèse sur les barons « francs », et pour la constitution du despotat grec de Morée ; elle sert aussi de port-abri pour la flotte génoise alliée aux Grecs (tandis que les Vénitiens sont les alliés des barons francs) et pour les corsaires crétois qui attaquent les navires de la principauté franque. En rétorsion, les Almogavres de l'amiral catalan Roger de Lluria pillent la cité en 1292.

En 1333, les pirates turcs d'Umur Bey pillent à leur tour la ville : c'est la première fois que les Turcs se présentent dans la région. Paul Mamonas, archonte de la ville, s'oppose (1384), à la remise de la place par le despote de Morée Théodore Ier Paléologue aux Vénitiens, puis doit, dix ans plus tard (1394) payer tribut au sultan ottoman, Bajazet.

En 1464, Monemvasia se place sous protectorat vénitien ; les doges en font un de leurs comptoirs. Puis l'Empire ottoman la conquiert en 1540. Elle est alors quasiment vidée de ses habitants, qu'une garnison turque remplace. Plusieurs tentatives de Venise pour récupérer Monemvasia se soldent par des échecs, et c'est seulement au terme d'un siège de quatorze mois qu'elle est reprise, en 1690, en même temps que tout le Péloponnèse, au cours de la guerre de Morée. Les Turcs reprennent la ville en 1715 lors de leur reconquête du Péloponnèse. Assiégée par les Grecs pendant plusieurs mois au début de la Guerre d'indépendance grecque, elle capitule début , et une population grecque s'y installe à nouveau.

Depuis 1920, le château n'est plus habité. Pendant la Première Guerre mondiale, elle subit des canonnades de navires allemands, austro-hongrois et turcs. Port stratégique bien que modeste, pendant la Seconde Guerre mondiale elle est occupée par les Italiens de juin 1941 à octobre 1943, par les Allemands d' à octobre 1944, puis par les Britanniques d' à . Après avoir été assez isolée dans les années 1950, Monemvasia a vu récemment un accroissement de son activité touristique : nombre de bâtiments médiévaux ont été restaurés, dont certains reconvertis en hôtels. La majeure partie de ses rues n'étant pas adaptée à la circulation automobile, la ville a gardé son cachet original et sa tranquillité.

Monuments remarquables[modifier | modifier le code]

Ville haute[modifier | modifier le code]

L'église Sainte-Sophie. Elle fut établie au milieu du XIIe siècle par l'empereur Andronic Ier Comnène qui la dédia à la Panagia Hodegetria. À l'époque vénitienne, elle fut convertie en un couvent catholique. Après l'indépendance de la Grèce, elle fut dédiée à la sagesse de Dieu, d'où son appellation actuelle. Le temps et les guerres lui causèrent de sérieux dommages et elle fut restaurée au milieu du XXe siècle par Eustathios Stikas.

Ville basse[modifier | modifier le code]

Monemvasia au XVIIe siècle.

Jumelage[modifier | modifier le code]

Personnalités liées à Monemvasia[modifier | modifier le code]

  • Gabriel Sévèros (1541-1616), théologien orthodoxe et métropolite de Philadelphie, est natif de Monemvasia.
  • Yánnis Rítsos (1909-1990), poète engagé, militant communiste plusieurs fois emprisonné, a produit une des œuvres poétiques les plus marquantes du XXe siècle, qui lui a valu une reconnaissance internationale. Ses poèmes ont souvent été mis en musique par les plus grands musiciens grecs, Théodorakis et Leondis entre autres. La maison où il a passé l'essentiel de sa jeunesse est juste au-dessus de la porte d'entrée de la vieille ville de Monemvassia. Un buste du poète a été installé sur la terrasse.

Galerie photos[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]