Monastère d'Optina

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Monastère d'Optina de la Présentation de la Vierge
Le monastère, église principale
Le monastère, église principale

Ordre Église orthodoxe
Fondation XVe siècle
Diocèse Patriarcat de Moscou et de toute la Russie
Personnes liées monastère, ermitage, pour homme, encore en fonction
Site web http://www.optina.ru/
Localisation
Emplacement Kozelsk
Pays Drapeau de la Russie Russie
Oblast Oblast de Kalouga
Commune Kozelsk
Coordonnées 54° 03′ 12″ nord, 35° 49′ 55″ est
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Monastère d'Optina de la Présentation de la Vierge

Le monastère d'Optina ou ermitage d'Optina ou monastère de la Présentation de la Vierge (en russe : Введенский ставропигиальный мужской монастырь Оптина Пустынь) est une stavropégie, un monastère pour hommes de l'Église orthodoxe, situé en Russie non loin de la ville de Kozelsk dans l'oblast de Kalouga et l'éparchie de Kalouga.

Localisation et architecture[modifier | modifier le code]

Le monastère est situé à 2 kilomètres au nord-est de la ville de Kozelsk : la route traverse la rivière Jizdra et longe le petit bois du monastère. Dans les années 1832-1839, une clôture basse a été construite autour du monastère ainsi que 4 tours. À 2 kilomètres du monastère se trouve du même côté de la rivière la station de chemin de fer du nom de « Toupik ».

Le plan du monastère est presque carré. Au centre se trouve l'édifice le plus important, la cathédrale de la Présentation de la Vierge. Autour de la cathédrale en forme de croix, se trouvent les différentes églises. Au nord l'église de sainte Marie l'Égyptienne, transformée en 1858 à partir de l'ancien réfectoire. Au sud se trouve l'église de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan, construite en 1811, et à l'est l'église de l'Icône de Vladimir de la Mère de Dieu.

Derrière le petit bois, se trouve l'ermitage où se déroulent les différents offices de la journée. En 2009 y vivaient encore une dizaine de moines dans les maisons qui s'y trouvent. C'est dans ces maisons que passèrent également les écrivains Nicolas Gogol, Fiodor Dostoïevski, et Constantin Léontiev. L'église en bois consacrée à Jean le Baptiste datant de 1822 est encore conservée. L'entrée de ce lieu est interdite aux laïcs.

Histoire[modifier | modifier le code]

XVe siècle—XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Selon la légende, le monastère est fondé au XIVe siècle par un brigand repenti du nom d'Opitia, appelé en religion : frère Macaire. Le synode du monastère d'Optina de 1670 qui a suivi d'autres synodes plus anciens, témoigne qu'au XVe siècle, le monastère d'Optina existait déjà. Il servait de refuge pour des starets, hommes et femmes, qui vivaient dans deux ailes séparées sous la direction spirituelle d'un seul père. Le Concile de 1503 interdit la cohabitation dans un seul ermitage de moines et de moniales.

Les premières preuves écrites de l'existence d'Optina datent de l'époque du règne de Boris Godounov. Dans les livres écrits de la ville de Kozelsk des années 1629, 1630, 1631, il est signalé que le monastère a été offert par le tsar Fédor Ier (mort en 1598). À la fin de l'époque des troubles, l'ermitage est restauré à la suite des dégâts dus aux destructions des Lituaniens. Les plus anciens livres, datant de 1670, attestent de la contribution personnelle du tsar pour le monastère.

C'est en 1689 que débute la construction de la première église en pierre de la Présentation de la Vierge avec une chapelle consacrée à saint Paphnuce de Borovsk.

Au XVIIIe siècle, les conditions matérielles de vie du monastère étaient difficiles. En 1704, par un oukase de Pierre Ier le Grand, le monastère d'Optina est dans l'obligation de payer un impôt au gouvernement pour que ce dernier puisse financer la construction de Saint-Pétersbourg et la Grande guerre du Nord. Cet impôt était très lourd pour le monastère. À la lecture des plaintes des créanciers pour obtenir leur dû, on peut se rendre compte de sa situation déficitaire. En 1724 n'y vivaient plus que 12 moines.

Le clocher d'Optina

L'ermitage d'Optina a été supprimé en vertu du Règlement spirituel de 1721 et rattaché au monastère de la ville de Beliov consacré à la Transfiguration en 1724. Tous les bâtiments en bois se sont effondrés à cette époque. À la fin de l'année 1726, par oukase de l'impératrice Catherine Ire, le monastère est restauré. Le statut de propriété autonome du monastère a été rétabli le . La construction d'un clocher en bois débute en 1741. En 1750, une nouvelle église est construite et dédiée à la Présentation de la Vierge au Temple. Deux chapelles y sont adjointes : du côté sud celle de saint Paphnuce de Borovsk, thaumaturge, et au nord celle du grand martyr Théodore le Stratilate. Par oukase de l'impératrice Catherine II, lors de la Réforme séculière de 1764, le monastère d'Optina voit son statut relevé et il entre dans le diocèse de Kroutitsy.

La situation du monastère commença à changer en 1795, quand le métropolite Platon de Moscou et de Kalouga, attire l'attention sur les besoins de ce monastère. Il visite l'endroit en 1796 et il lui plaît beaucoup. Dès 1797, le nombre de moines, qui était descendu très bas, repasse à 12 personnes.

En 1799, le monastère est transféré à l'éparchie de Kalouga et Borovsk dont l'évêque Théophylacte prit bien soin d'en assurer la renaissance.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le monastère au XIXe siècle et la rivière Jizdra
Vue du côté ouest du monastère, de l'hôtellerie et des saintes portes, 1907

En 1802, débute la construction d'un nouveau clocher à trois niveaux de plus de 60 mètres de hauteur. Des deux côtés de celui-ci sont ajoutées des annexes pour les cellules des moines. En 1805, l'église de Notre-Dame de Kazan vient s'ajouter aux autres édifices et, en 1809, une église pour les malades auquel sont annexées six cellules. En 1811, ces différents édifices sont achevés et consacrés. Au début de l'année 1809, le nombre de moines passe à 30. En 1821 vient s'ajouter à cet ensemble un ermitage. Des ermites y ont passé des années dans une solitude complète. Toute la vie du monastère est réglée par le starets. De tous côtés viennent au monastère des gens attirés par une vie spirituelle. Optina est devenu un centre spirituel connu de toute la Russie. Les dons affluent, ce qui permet au monastère d'acheter des terres, de construire un moulin, de construire en pierre au lieu d'en bois.

Le monastère d'Optina est lié à des épisodes de la vie de plusieurs écrivains et philosophes russes. L'été 1878, c'est Vladimir Soloviev qui amène Fiodor Dostoïevski après le drame vécu par l'écrivain avec la mort de son fils. Dostoïevski reste trois jours au monastère. Plusieurs détails de son roman Les Frères Karamazov apparaissent à la suite de cette visite à Optina. Le prototype du starets Zosime peut avoir été le starets qui vivait à cette époque à l'ermitage : Ambroise d'Optina (qui a été canonisé en 1988). Le monastère est en lien avec le monastère féminin de Chamordino fondé en 1884.

Ambroise d'Optina

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Le , le monastère est fermé par décret du Sovnarkom (Soviet des commissaires du peuple) qui dirige la Russie soviétique, et les moines ont le choix entre les Solovki (autre monastère, réservé aux dissidents) ou former un artel agricole laïc. La plupart choisissent la seconde solution, mais au printemps 1923, l'artel est également fermé et un « Musée de l'ermitage d'Optina » est ouvert. Son dernier supérieur est saint Isaac d'Optina le Jeune (1865-1938).

Sur les terres du monastère est édifiée, en 1931, une maison de repos pour fonctionnaires méritants, appelée « Maxime Gorki ». De 1939 à 1987, l'ancien monastère est utilisé par le NKVD, devenu MGB puis KGB. En novembre 1939, après l'occupation allemande et soviétique de la Pologne (1939-1941), sur ordre de Lavrenti Beria[1], le NKVD transforme le site en un camp de concentration appelé « Kozelsk-1 »[2], où sont enfermés 5 000 officiers polonais capturés par l'Armée rouge[3], parmi lesquels 4443 sont envoyés plus tard à Katyne où ils sont tous assassinés.

Durant la Grande Guerre patriotique, l'ancien monastère devient un hôpital militaire, puis, en 1944-1945, à nouveau un camp de prisonniers où, jusqu'en 1949, le NKVD détient les officiers soviétiques ayant été capturés par les Allemands (ce qui était considéré comme une « haute trahison » dans l'Armée rouge) pour les interroger avant envoi au Goulag. Après 1950, le site devient une caserne des troupes spéciales du MGB-KGB, mais se dégrade et devient vétuste : il finit abandonné en 1980.

Le , le gouvernement soviétique, en pleine perestroïka et glasnost, reconnaît officiellement les crimes dont cette enceinte fut le cadre, et rend le monastère à l'Église orthodoxe russe. L'église est restaurée et le jour de la fête de l'icône de Notre-Dame de Vladimir, le , se déroule le premier service liturgique depuis 1918 (sept décennies d'interruption).

L'Église orthodoxe russe inscrit à la liste des nouveaux martyrs et confesseurs orthodoxes de la répression du XXe siècle les moines tués en haine de la Foi : les moines Euthyme (Lioubovitchev), Panteleïmon, Laurent (Levtchenko), Séraphin, Paphnuce, Raphaël, Ignace, Vincent, Gouri, Johannique (Dmitriev), Isaac, et le martyr Boris, ainsi que les moines confesseurs Raphaël, Agapit (von Taube), Nikon (Beliaïev) et Sébastien (Fomine).

Le dimanche de Pâques 18 avril 1993, trois moines sont assassinés dans l'enceinte du monastère[4]. Ce sont le hiéromoine Vassili (Rosliakov) et les moines Phéraponte (Pouchkariov) et Trophime (Tatarnikov). Tous les trois ont été atteints au cœur par un long poignard dont le manche porte le chiffre «666», et l'inscription «de Satan». L'assassin est arrêté six jours plus tard et placé dans un hôpital psychiatrique fermé où il se trouve toujours. En 2008, on construit sur le lieu des crimes une chapelle dédiée à la Résurrection du Christ. Le vendredi saint 1994, un jeune pèlerin du nom de Youri (venu de Togliatti rendre visite pendant les fêtes de Pâques à son ami d'enfance Alexandre devenu novice) est tué par des coups d'une longue aiguille, arme blanche typique des satanistes.

Au début des années 2000, l'ensemble des bâtiments du monastère a été complètement restauré.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (ru) Décret du commissariat au peuple de 1939/Приказ Народного комиссара внутренних дел Союза ССР от 19 сентября 1939 года № 0308
  2. (ru)Николас Бетелл. Катынь 1940
  3. (ru) Katyn «Катынь. Пленники необъявленной войны. Документы». М.: МФ «Демократия», 1999. Document n° 76
  4. (ru) Olga Denissenko, « Оптинские новомученики : Жизнеописания иеромонаха Василия (Рослякова), Трофима (Татарникова), Ферапонта (Пушкарева), книги, дневники, фотографии, стихотворения, фильмы » [archive du ], optina1993.narod.ru (consulté le ) : « Les moines Phéraponte et Trophime étaient en train de sonner les cloches appelant à la joie de Pâques, lorsqu'ils furent tués par l'assassin. Accouru en aide aux mourants, le hiéromoine Vassili fut frappé à mort à son tour… »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gleb Zapalcki. Optina et ses élèves 1825-1917 /Запальский, Глеб Михайлович|Глеб Запальский. Оптина пустынь и её воспитанники в 1825—1917 годах. — М.: Рукописные памятники Древней Руси, 2009. — 416 с. — 800 экз.
  • Machtafarov A. V. / Souvenir de pélérinage à Optina /Pé Маштафаров А. В. Воспоминания И. М. Картавцевой о паломнических поездках в Оптину пустынь (1917—1923 гг.) //Вестник церковной истории. 2010. № 1-2 (17-18). С. 128—144.
  • Ermitage d'Optina: histoire, paraboles et enseignement /Оптина Пустынь: Рассказы, притчи, поучения: Сост. по трудам Преподобных Оптинских старцев Макария, Антония, Амвросия, Анатолия, Варсонофия, Нектария, Никона. М.: Братство святого апостола Иоанна Богослова, 2011. 320 с., Серия «Духовная библиотека», 5 000 экз., (ISBN 978-5-89424-073-2)
  • Correspondance entre Contantin Sederholm et la starets Macaire /Переписка Константина Зедёргольма со старцем Макарием Оптинским (1857—1859) / [Сост. Г. В. Бежанидзе]. — М.: Изд-во ПСТГУ, 2013. — 383 с.: илл. (ISBN 978-5-7429-0717-6)
  • Ermitage d'Optina / Оптина пустынь: Годы гонений. Жития новомучеников и исповедников. Книга 1, Kozelsk, Оптина пустынь,‎ , 184 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]