Mohawks

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Mohawks
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Joseph Brant, chef agnier, peint par Gilbert Stuart.

Populations importantes par région
Drapeau du Canada Canada 23 682[1]
Drapeau des États-Unis États-Unis 5 632[1]
Autres
Langues Mohawk, anglais, français[2]

Les Mohawks, (en mohawk Kanien'kehá:ka, historiquement Agniers) sont l'une des Six-Nations iroquoises, lesquelles sont, d’ouest en est : les Tuscaroras, les Sénécas (Tsonnontouans), les Cayugas (Goyogoins), les Onondagas (Onontagués), les Oneidas (Onnéiouts) et les Mohawks.

Étymologie

Mohawks est un exonyme dont la signification est « mangeur d'homme » dans la langue de leurs ennemis héréditaires, les Algonquins.

Kanien'kehá:ka ou Kanienkehaka est en revanche l'endonyme, le nom qu'utilisaient eux-mêmes les Agniers pour se dénommer ; il signifiait selon le contexte et les interprétations : « peuple de la lumière », « hommes éclairs », « peuple des silex » ou encore « enfants des étoiles », dans la langue iroquoise des Indiens agniers du sud-est du Canada.

L'endonyme autochtone Kanien'kehá:ka ou Kanienkehaka est devenu « Agnier » en français par amuïssement : aphérèse du K et apocope des trois dernières syllabes : K-Anié-nkehaka

Les Mohawks sont nommés « Maquas » en Nouvelle-Néerlande.

Situation actuelle

Un peu plus de 16 000 Mohawks vivent au Québec[2].

Ils vivent principalement dans les territoires québécois suivants :

Hors du Québec :

En 1985, l’Assemblée nationale du Québec les reconnaît officiellement comme l'une des dix nations autochtones du Québec (abénaquise, algonquine, attikamek, crie, huronne-wendat, micmaque, mohawk (ou agnier), innue, naskapie et inuite)[3].

Histoire

Au début de l'époque historique[Quand ?], les Mohawks sont installés dans le Haut-New-York, dans ce que les colons anglais nomment la Mohawk valley. L'anthropologue Pierre Lepage rappelle les premiers lieux d'occupation des Mohawks en commençant par la période de la Nouvelle-France, pendant laquelle ils occupèrent successivement un lieu près de la Montagne à Montréal, puis Sault-au-Récollet au nord de Montréal près de la rivière des Prairies, pour enfin occuper la Seigneurie de Deux-Montagnes, située à l'embouchure de la rivière des Outaouais.

Tous ces déplacements étaient faits à la demande de la Congrégation des pères de Saint-Sulpice qui avaient convaincu les Mohawks que cela était pour leur bien et leur avaient promis des terres bien à eux au Lac-des-Deux-Montagnes. En plus de cette promesse, une thèse d'histoire sortie en 1995 propose que la présence des Mohawks au Lac-des-Deux-Montagnes est bien antérieure à l'arrivée de la mission sulpicienne en 1721 (Lepage, 2009 : 121)[évasif]. Selon ces deux arguments, la promesse et l'occupation antérieure, les Mohawks d'aujourd'hui auraient donc droit à des terres dans cette région.

Cependant, ce qui complique les choses est le changement de régime en 1760. Ce nouveau régime britannique commença par donner pleine possession de leurs terres, le libre exercice de leur religion ainsi que la libre circulation sur tout le territoire américain aux autochtones de la région, dont le peuple des Mohawks, afin de récolter leur allégeance (Johnson dans Lepage, 2009 : 122)[évasif]. Cependant, ces engagements ne furent pas totalement respectés.

À partir des années 1780 commence une longue résistance des Mohawks qui s'inscrit en continuité de leur lutte contemporaine. La résistance atteint un apogée le avec une insurrection de 250 Mohawks armés (Lepage, 2009 : 119). Du côté des autorités, on s'éloigne de plus en plus d'une reconnaissance des revendications Mohawks, avec en 1840 l'adoption par le Parlement du Bas-Canada d'une ordonnance en appui aux droits territoriaux des Sulpiciens, et en 1912 le Conseil privé de Londres confirma derechef ces droits. En 1911, juste avant cette décision de Londres, les propos du chef Mohawk Sose Onasakenrat illustre bien le découragement et les doutes de leur lutte :

« J’aimerais résumer en quelques pages l’horreur de la situation qui fut nôtre mais je ne suis pas certain de réussir... Nos pères s’étaient mis sous la protection des Français au Fort-de-la-Montagne dès 1662. Quand ils devinrent trop encombrants pour la colonie de Ville-Marie, on les déménagea à Lorette, devenu depuis le Sault-au-Récollet. Et quand on s’aperçut que les terres du Sault étaient les plus fertiles de la région, on crut bon de nous éloigner davantage pour concéder ces terres aux colons français... c’est alors en notre nom que les Messieurs se firent concéder la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes. De tout temps ils ont prétendu qu’elle leur avait été donnée à condition qu’ils s’occupent de notre bien-être spirituel et matériel. Nous avons toujours prétendu la même chose et quand nous avons voulu nous émanciper, quand nous avons voulu qu’ils cessent de s’occuper de nous, nous avons à bon droit réclamé la seigneurie. Nous l’avons réclamée de 1760 à 1911 mais les tribunaux ne nous ont jamais donné raison. Quant aux messieurs, ils tenaient trop à la terre pour quitter les lieux, quelque mépris qu’ils aient entretenu à notre égard[4]. »

La situation changea de nouveau en 1945, lorsque le gouvernement fédéral racheta le reste de l'ancienne Seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes. D'après Lepage, il s'agit simplement d'un changement de tutelle, avec peu de changement réel pour les droits des Mohawks. Le territoire autochtone n'est pas considéré comme une réserve selon la Loi sur les Indiens et donc ne bénéficie pas de la même autonomie administrative (Lepage, 2009 : 123). En 1974, le Bureau fédéral des revendications autochtones est créé mais les revendications agniers sont rejetées deux fois plutôt qu'une.

C'est en 1985 et 1986 que s'établit le contexte direct à la crise d'Oka à venir. Le Regroupement des citoyens d'Oka est fondé en réaction à la mise sur pied d'un centre de désintoxication pour la clientèle autochtone. La municipalité d'Oka appuie le groupe citoyen dans ses démarches, et la chicane s'étend à des questions de zonage et de construction (Ibid. : 125). À la fin de 1988, le Conseil de bande de Kanesatake publie une étude avançant que la communauté va doubler de population en 1996 et donc qu'elle a besoin de plus de territoire. Le Conseil cherche des terres qui rempliraient leurs besoins et propose des terres limitrophes au terrain de golf. Le conflit se déclare lorsqu'en 1989 la Mairie d'Oka annonce un projet d'extension du terrain de golf en question ainsi que d'un projet résidentiel connexe. Lepage aborde aussi la question d'un contexte explosif des relations police-communauté autochtone dans les années précédant la crise. Seulement à Kanesatake, une opération policière d'envergure a eu lieu le , faisant sept arrestations, et ce six mois à peine avant le début de la campagne de désobéissance civile des Mohawks en mars, qui mènera à la crise d'Oka.

Crise d'Oka de 1990

Estimant que leurs ancêtres ont été jadis spoliés par les colons qui se sont approprié de vastes « seigneuries » pour les revendre ensuite aux Blancs, des autochtones repartent en guerre pour faire valoir leur droits territoriaux. Les Mohawks, en partie venus de Kahnawake, d'Akwasasne et d'autres provinces du Canada, armés d'armes automatiques (Norinco 56S, M16 et mitrailleuse Browning M2) ont occupé une forêt de pins abritant un cimetière d'Oka, village proche de Montréal. Le conflit a éclaté au printemps 1990 quand la municipalité a voulu agrandir un terrain de golf ainsi que vendre une partie des terres pour un projet domiciliaire en rasant une pinède centenaire[5]. Or, cette pinède avait beaucoup de valeur pour les Mohawks, l'utilisant comme terrain communautaire et ayant été plantée par leurs ancêtres cent ans plus tôt. (Ibid.) Devant le refus des Amérindiens d'évacuer le terrain, les autorités donnèrent l'assaut au cours duquel un policier fut tué. Une partie de la communauté amérindienne a apporté son soutien aux « warriors » (guerriers) d'Oka. À la fin d'août, à la demande du Premier ministre du Québec, le Royal 22e Régiment intervient et installe un véritable état de siège. Le les Warriors déposent les armes[6].

Expulsions des non-Mohawks de la réserve de Kahnawake

En février 2010, le conseil de bande de la réserve de Kahnawake décide d'expulser toute personne qui n'est pas un Mohawk, y compris ceux qui ont un conjoint de cette nation, et interdit aux « étrangers » de s'installer sur leur territoire[7].

Notes et références

  1. a et b (en) « "Iroquois Population in 1995," Akwesasne Notes, Fall 1995 », sur www.ratical.org (consulté le ).
  2. a et b « Les Mohawks », sur www.autochtones.gouv.qc.ca (consulté le ).
  3. Jacques Laberge, Union des municipalités du Québec, Guide terminologique autochtone, Québec (province), Direction des communications et du marketing, UMQ, , 45 p. (www.umq.qc.ca/uploads/files/pub_autres/Guide_terminologique.pdf).
  4. O’NEIL, Jean, 1987 : Oka. Les éditions du Ginkgo, Montréal, p. 109
  5. TRUDEL, Pierre. « La crise d’Oka de 1990 : retour sur les événements du 11 juillet » Recherches amérindiennes au Québec, XXXIX, nos 1-2, 2009 , p. 129-135.
  6. YORK, Geoffrey et Loreen Pindera. People of the pines, the Warriors and the legacy of Oka. Little, Brown and company (Canada) Limited, Toronto : 1991,
  7. « Si vous n'êtes pas mohawk... dehors, tous! », sur Cyberpresse, .

Bibliographie

  • Lepage, Pierre. « Oka, 20 ans déjà ! Les origines lointaines et contemporaines de la crise » Recherches amérindiennes au Québec. Volume 39, nos 1-2, 2009, p. 119-126.
  • York, Geoffrey et Loreen Pindera. People of the pines, the Warriors and the legacy of Oka. Little, Brown and company (Canada) Limited, Toronto : 1991, 438 pages.
  • Moutot Michel, Ciel d'acier, 2015.
  • Morot-Sir Marie-Hélène, Au Cœur de la Nouvelle-France - Tome III : Les Amérindiens ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu ?, 2014

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes