Mohammed ben Zayed Al Nahyane

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Mohammed ben Zayed Al Nahyane
محمد بن زايد بن سلطان آل نهيان
Illustration.
L'émir Mohammed ben Zayed Al Nahyane en 2021.
Fonctions
Président des Émirats arabes unis
En fonction depuis le
(1 an et 26 jours)
Élection 14 mai 2022
Premier ministre Mohammed ben Rachid Al Maktoum
Prédécesseur Khalifa ben Zayed Al Nahyane
Émir d'Abou Dabi
En fonction depuis le
(1 an et 27 jours)
Prédécesseur Khalifa ben Zayed Al Nahyane
Prince héritier d'Abou Dabi

(17 ans, 6 mois et 10 jours)
Monarque Khalifa ben Zayed Al Nahyane
Prédécesseur Khalifa ben Zayed Al Nahyane
Successeur Khalid ben Mohammed Al Nahyane
Biographie
Dynastie Al Nahyane
Nom de naissance Mohammed ben Zayed ben Sultan Al Nahyane
Date de naissance (62 ans)
Lieu de naissance Abou Dabi (Émirats arabes unis)
Père Zayed ben Sultan Al Nahyane
Mère Fatima bint Mubarak Al Ketbi
Religion Islam

Mohammed ben Zayed Al Nahyane Mohammed ben Zayed Al Nahyane
Émirs d'Abou Dabi
Présidents des Émirats arabes unis

Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane (en arabe : محمد بن زايد بن سلطان آل نهيان) ou MBZ — né le à Abou Dabi, est émir d'Abou Dabi et président des Émirats arabes unis depuis 2022. Il est un membre de la famille Al Nahyane.

En 2014, lorsque son demi-frère Khalifa, président des Émirats arabes unis et émir d'Abou Dabi, est victime d'un accident vasculaire cérébral, il le remplace de facto. Le 14 mai 2022, au lendemain de sa mort, il lui succède[1].

En 2020, le New York Times le désigne comme le plus puissant des dirigeants arabes et l'un des plus puissants du monde[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et ascendance[modifier | modifier le code]

Mohammed ben Zayed ben Sultan est le fils de cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, fondateur des Émirats arabes unis, dont il est le président jusqu’à sa mort en 2004, et frère cadet de Khalifa ben Zayed Al Nahyane, le président jusqu'à son décès en 2022, émir d'Abou Dabi (il a succédé à son père). Son autre frère, Abdallah ben Zayed, est l'actuel ministre des Affaires étrangères du pays.

Formation[modifier | modifier le code]

Son père, Cheikh Zayed, l'envoie au Maroc pour qu'il y acquière une expérience de la discipline. Il lui fournit un passeport avec un nom de famille différent, afin qu'il n'y soit pas traité en tant qu'altesse. Mohammed ben Zayed passe plusieurs mois à travailler comme serveur dans un restaurant local. Il prépare ses propres repas et fait sa lessive, se sentant souvent seul. Il évoquera plus tard cette expérience en disant "Il y avait un bol de taboulé dans le réfrigérateur, et je continuais à en manger jour après jour jusqu'à ce qu'une sorte de champignon se forme sur le dessus"[3].

Début de carrière politique[modifier | modifier le code]

Mohammed ben Zayed ben Sultan est le président d'Abu Dhabi Executive Council, qui est responsable du développement et de la planification de l'émirat d'Abou Dabi et membre du Conseil suprême du pétrole. 

Depuis sa nomination au poste de ministre de la Défense, il est considéré comme le nouvel homme fort des Émirats arabes unis, notamment par les autorités françaises[4].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il a 9 enfants avec Salama bint Hamdan Al Nahyan, dont le fils aîné est Khalid ben Mohammed ben Zayed Al Nahyane, et a également adopté 2 filles.

Controverses[modifier | modifier le code]

En novembre 2015, un homme politique genevois, Pierre Maudet, s'est vu offrir un voyage de luxe payant à Abu Dhabi par la maison de Mohammed bin Zayed. Le comité de soutien de Maudet a également reçu un paiement d'environ 105 000 francs[5]. En juillet 2020, le procureur a annoncé que l'enquête sur la procédure pénale engagée contre le conseiller d'État genevois, qui se poursuivait depuis près de deux ans, devait être close prochainement et un acte d'accusation contre l'accusé[6].

En visite en France, l'émir Mohammed ben Zayed est visé par deux plaintes à Paris le [7]. L’une de ses plaintes est déposée par Me Joseph Breham au nom de l'ONG l'Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL) et de six citoyens yéménites pour complicité de torture, traitements inhumains et crimes de guerre[8],[9]. La deuxième plainte est déposée auprès du pôle crimes contre l'humanité et crimes de guerre du parquet de Paris par des citoyens qataris accusant Mohammed Bin Zayed de « complicités d'actes de torture et disparition forcée »[10]. Le 17 juillet 2020, l'AFP a révélé qu'un juge d'instruction français est chargé de l'enquête liant Mohammed Ben Zayed aux crimes de guerre au Yémen[11].

Un voyage controversé de Mohammed ben Zayed en France en juillet 2022 après la mort de son demi-frère, Khalifa ben Zayed. La visite a démontré les liens positifs entre les deux nations[12]. De l'autre côté, Human Rights Watch[13] a révélé que les femmes et les personnes LGBT subissent une discrimination aux ÉAU et que les serviteurs domestiques sont soumis à de graves maltraitements à la suite du système de Kafala. Des militants, des avocats, des professeurs, des étudiants et quiconque croyaient être des critiques sont également arrêtés, accusés de crimes et incarcérés. De plus, les ÉAU ont été fortement impliqués dans des conflits à l'étranger, où ses propres forces et ceux qu'il soutient a commis de graves violations des droits de l'homme. La France a pourtant approuvé la vente de 80 avions de chasse Rafale aux Émirats arabes unis en . Lors de la visite de l'émir Mohammed ben Zayed, le président Emmanuel Macron a rappelé l'attachement de la France aux droits de l'homme. Il devrait exiger la libération de l'avocat des droits de l'homme injustement arrêtée, Ahmed Mansoor, l'élimination du système Kafala et les modifications du nouveau code pénal et du droit de la cybercriminalité qui les apporterait en conformité avec les normes internationales. Il devrait également réclamer la libération d'autres opposants politiques non violents. Emmanuel Macron devrait faire pression pour des enquêtes impartiales sur les crimes de guerre en Libye et au Yémen ainsi que des réparations financières pour les civils qui ont été maltraités par les Émirats arabes unis[13].

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

Sur le plan intérieur, il a réprimé sévèrement les Frères musulmans et bâti un État policier où l'ensemble de la population est surveillé en vue de détecter la moindre trace de penchant islamiste ou pouvant contrer son absolutisme[14].

Politique étrangère[modifier | modifier le code]

Avec son allié saoudien, il soutient le coup d’État de 2013 en Égypte visant à destituer le président Mohamed Morsi.

Très proche des États-Unis, il se montre néanmoins critique au sujet de Barack Obama et de sa politique d'apaisement à l'égard de l'Iran (lui-même étant considéré comme un faucon à l'égard de ce pays). Ses rapports sont meilleurs avec Donald Trump. Le Pentagone le considère toujours comme un allié loyal et utile[15].

Présenté comme le mentor de Mohammed ben Salmane (MBS)[16], prince héritier du royaume saoudien, il fait jouer aux Émirats un rôle clé dans la guerre civile yéménite, accordant son soutien aux « sudistes » du Conseil de transition du Sud qui se déclarent ouvertement favorables à une partition du pays. Ceci, alors que l'Arabie saoudite et ses alliés soutiennent toujours le président Abdrabbo Mansour Hadi[17].

Il combattit la milice Shabab en Somalie, tirant parti des ports commerciaux de son pays pour devenir un courtier influent dans la Corne de l’Afrique. En , les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar et imposent contre celui-ci un embargo. Les ressortissants qataris sont par ailleurs expulsés des É.A.U. Manifester de la sympathie pour le Qatar sur Internet est assimilé à de la cybercriminalité et puni de trois à quinze ans de prison[18].

En Libye, en 2015, MBZ entra dans la guerre civile, défiant l’embargo des Nations unies. Selon le Middle East Eye, Mohammed ben Zayed aurait offert, en , 3 milliards de dollars à Bachar el-Assad pour frapper des troupes soutenues par la Turquie en Syrie. Les tentatives des Émirats arabes unis pour influencer la Syrie et relancer l'offensive d'Idleb auraient pour but d'attacher les forces turques dans le conflit et de les détourner de la campagne en Libye, où elle aide le gouvernement Fayez el-Sarraj (GNA) soutenu par l'ONU contre l'allié des Émirats arabes unis Khalifa Haftar[19].

Vis-à-vis d'Israël, il joue un rôle prépondérant dans les négociations qui conduisent aux accords d'Abraham en 2020, ainsi qu'à la signature du traité de paix historique entre les Émirats arabes unis et Israël (15 septembre 2020)[20].

Décorations et distinctions[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. AFP, « Mohammed ben Zayed élu président des Émirats par un Conseil suprême », Le Figaro,
  2. Mohammed bin Zayed's Dark Vision of the Middle East's Future, 9 janvier 2020 (lire en ligne).
  3. (en-US) Robert F. Worth, « Mohammed bin Zayed’s Dark Vision of the Middle East’s Future », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  4. « source »
  5. « Pierre Maudet a menti sur son voyage à Abu Dhabi », sur tdg.ch,
  6. « Un procès attend Pierre Maudet pour les fastes d’Abu Dhabi »,
  7. « Le prince héritier d’Abou Dhabi Mohamed bin Zayed al-Nahyan visé par une plainte en France », sur Linfo.re (consulté le )
  8. « Le prince héritier d'Abou Dhabi visé par deux plaintes en France », sur ouest-france.fr
  9. « MBZ accusé de "complicité de crimes de guerre" », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Le prince héritier d’Abou Dhabi visé par une plainte en France pour crimes de guerre », leparisien.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Actes de torture : le prince héritier d'Abou Dhabi dans le viseur de la justice française », sur lexpress.fr,
  12. « Mohammed Ben Zayed, le prodigue et controversé allié de l’Elysée », sur Le Monde (consulté le )
  13. a et b « Les projets énergétiques de la France ne justifient pas de passer sous silence les abus des EAU », sur Human Rights Watch (consulté le )
  14. Christophe Ayad et Benjamin Barthe, « « MBZ », le véritable homme fort du Golfe », sur https://www.lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ) : « La répression n’a pas touché que les « barbus ». Après les « printemps arabes » de 2011, qui ont donné des sueurs froides à tous les monarques du Golfe, les EAU se sont transformés en Etat policier. Cybersurveillance généralisée, médias mis au pas, quadrillage des villes par les caméras. Toutes les voix critiques de l’absolutisme émirati ont été embastillées, y compris les libéraux comme le militant des droits de l’homme Ahmed Mansour. Sous la férule de « MBZ », les Emirats ont pris la tête de l’axe contre-révolutionnaire dans le monde arabe. »
  15. Robert F. Worth, « Pour Mohamed Ben Zayed, l’autoritarisme est l’avenir du Proche-Orient », sur https://orientxxi.info, Orient XXI, (consulté le )
  16. Catherine Gouëset, « Macron reçoit MBZ, le "Prince va-t-en guerre" », L'Express,
  17. Jihâd Gillon, « DIPLOMATIE Yémen : la sale guerre de Mohamed Ibn Salman », Jeune Afrique,
  18. (en) « UAE: Showing sympathy for Qatar on social media is a cybercrime », sur english.alarabiya.net
  19. (en) « UAE offers Assad $3bn to strike Turkey-backed troops in Syria », sur middleeastmonitor.com,
  20. Texte complet du Israel-UAE-Bahrain Abraham Accords Peace Agreement, Haaaretz, September 16, 2020 (lire en ligne).
  21. « Honneurs et discrétion pour la visite de Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, président des Emirats arabes unis », sur lemonde.fr,
  22. The National, « Sheikh Mohamed bin Zayed arrives in Jordan for talks with King Abdullah », The National,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Qui sont les personnalités arabes les plus influentes selon le "Time"? », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
  24. Benjamin Puech, « Les Émirats arabes unis, un allié aux ambitions sans fin », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 18-19 février 2023, p. 33 (lire en ligne).