Mohammed Amin al-Husseini

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Mohammed Amin al-Husseini
محمد أمين الحسيني
Illustration.
Le mufti Husseini vers 1929.
Fonctions
Président du gouvernement de toute la Palestine

(10 ans, 6 mois et 20 jours)
Élection
(par l'Assemblée constituante)
Premier ministre Ahmad Hilmi Pacha
Grand mufti de Jérusalem

(16 ans)
Prédécesseur Kamil al-Husayni
Successeur Hussam ad-Din Jarallah
Président du Conseil musulman suprême

(15 ans)
Biographie
Date de naissance Entre le et 1897
Lieu de naissance Jérusalem (Empire ottoman)
Date de décès (à 76 ou 79 ans)
Lieu de décès Beyrouth (Liban)
Parti politique Haut Comité arabe
Profession Mufti
Religion Islam sunnite

Mohammed Amin al-Husseini (en arabe : محمد أمين الحسيني), également connu sous le nom d’Hadj Amin al-Husseini ou encore sous son titre de grand mufti de Jérusalem, est un chef religieux, nationaliste et homme politique palestinien, né le (1313 AH)[a] à Jérusalem et mort le [1] à Beyrouth.

Devenu en 1921 mufti de Jérusalem alors que la Palestine est sous mandat britannique, il a occupé une place centrale dans le nationalisme palestinien. En 1936, il est l'instigateur de la révolte contre les autorités britanniques.

Exilé par les Britanniques en septembre de l'année suivante, il mise sur une alliance avec l'Allemagne nazie, dont il sert la propagande pendant la Seconde Guerre mondiale et dont il approuve la politique anti-juive. Il dirige le camp palestinien pendant la guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire, mais perd son influence à la suite de la débâcle palestinienne. Après l'apparition de l'OLP, il perdra définitivement toute représentativité auprès du peuple palestinien.

Sa collaboration avec les nazis pendant la guerre, ses prises de position durant la Shoah et son antisémitisme font de lui une figure particulièrement controversée du conflit israélo-palestinien. La propagande israélienne a utilisé et amplifié cette image afin de délégitimer la cause palestinienne[2].

Biographie

Jeunesse

Le portail de l'école de l'AIU fréquentée par Mohammed Amin al-Husseini et située rue de Jaffa

La famille Husseini de Jérusalem était l'un des clans les plus puissants et les plus respectés de la société arabe palestinienne depuis des siècles. Les Husseini prétendent être descendants de Al-Hussein ibn Ali, petit-fils du prophète Mahomet[3].

Amin al-Husseini est le neveu de Moussa Qazem al-Husseini, leader nationaliste et homme politique palestinien[4]. Durant sa jeunesse, il est éduqué pour succéder à son père, mufti de Jérusalem[5]. Il est un temps élève à l'AIU (Alliance israélite universelle)[6] à Jérusalem qui accueille toutes les confessions. Plus tard, il étudie la loi islamique à l'université Al-Azhar du Caire puis il poursuit ses études dans une école d'administration à Istanbul[7].

En 1913[7], à 18 ans, il effectue le pèlerinage de la Mecque et rajoute Hadj à son nom[5] comme le permet la tradition musulmane pour se faire appeler « Hadj Amin al-Husseini », un des deux noms sous lesquels il est le plus souvent cité[b].

Durant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans l'armée ottomane qu'il quitte[c] en 1917 pour retourner à Jérusalem[5]. Après la victoire britannique sur les Ottomans et leur arrivée en Palestine, il collabore avec ces derniers et devient « un musulman pieux, au service d'une armée chrétienne, contre un ennemi musulman »[d].

Leader politique

Militant pan-arabe

Après la guerre, Amin al-Husseini devient membre d'Al-Nadi, une société secrète qui milite pour l'indépendance de la Syrie-Palestine[9]. À cette époque, les Français et les Arabes dirigés par Fayçal ibn Hussein, s'affrontent pour le contrôle de la Syrie et les Alliés ne se sont pas encore prononcés sur l'avenir du Moyen-Orient.

En 1919, dans le contexte de la montée du nationalisme arabe et de la visite de la commission King-Crane ayant la mission de recueillir l'avis des populations locales sur le mode de gouvernement qu'elles souhaitent, les dirigeants nationalistes Aref al-Aref et Amin al-Husseini parcourent les villes et villages palestiniens afin d'y organiser des manifestations en faveur du gouvernement Hachémite de Fayçal[10].

En 1920, il figure parmi les principaux instigateurs des émeutes de Nabi Moussa qui font une dizaine de morts et plus de 250 blessés[11] et dont le but est de faire pression sur les Alliés à la veille de la conférence de San Remo[12], contre la séparation de la Palestine du royaume arabe de Syrie[13]. Son rôle lui vaut une condamnation à 10 ans d'emprisonnement par les Britanniques[11] mais il s'enfuit pour Damas avant son arrestation.

Grand mufti de Jérusalem

Le , en geste d'apaisement, le Haut-Commissaire, Herbert Samuel, qui vient d'arriver en Palestine mandataire, le gracie, ainsi que les autres personnes condamnées lors des émeutes[14],[e],[f], lui permet de revenir en Palestine et favorise sa candidature au poste de mufti de Jérusalem[17].

En , Kamil al-Husseini, par ailleurs grand mufti et demi-frère d'Hadj Amin al-Husseini, meurt. Selon la loi, des élections sont organisées et le haut-commissaire britannique doit choisir parmi les trois premiers celui à qui le poste échoit. Amin al-Husseini termine quatrième. Néanmoins, Herbert Samuel, soucieux de maintenir un équilibre entre les al-Husseini et le clan rival des Nashashibi (en)[18], invalide le scrutin et décide de nommer Amin al-Husseini mufti de Jérusalem[19][g], un poste détenu par le clan al-Husseini depuis plus d'un siècle.

En tant que grand mufti de Jérusalem et président du Conseil suprême musulman, il est le fonctionnaire arabe le plus puissant de la Palestine mandataire, sa position lui permet de contrôler des budgets importants[20].

Amin al-Husseini conserve son titre de mufti jusqu'en 1948, date à laquelle il est remplacé par Husam al-Din Jarallah, nommé par le roi de Transjordanie, Abdallah Ier.

En , les Français avaient pris le contrôle de la Syrie et chassé Fayçal de Damas. Le pan-arabisme de la révolte arabe de 1916-1918 est vaincu et un nationalisme arabe palestinien le remplace principalement au sein de l'élite dont Amin al-Husseini fait partie[21].

Nationalisme palestinien

Par la suite, en tant que dirigeant arabe palestinien, Amin al-Husseini joue un rôle central dans l'opposition à l'immigration juive en Palestine et à la présence britannique.

Après son retour en Palestine en 1921, al-Husseini continue ses activités politiques.

Son rôle dans le massacre de Juifs d'Hébron en 1929 est controversé.

En , le clan Husseini crée son propre parti politique, le Parti arabe palestinien[22].

Le , à l'initiative d'al-Husseini, les chefs des clans arabes de Palestine forment le Haut comité arabe et lui en confient la présidence. En 1936, Al-Husseini est surpris par la Grande Révolte arabe mais emboîte le pas au mouvement[réf. nécessaire].

Grande Révolte arabe en Palestine

En , durant son témoignage devant la Commission Peel, il déclare être favorable à la déportation de la plupart des Juifs de Palestine[23]. Selon Benny Morris, il a « systématiquement rejeté un compromis territorial, définissant toute la Palestine en tant qu'État arabe et permettant seulement à une minorité juive composée uniquement de ceux qui avaient vécu dans le pays avant 1914 d'y résider »[24].

Le , après le meurtre du commissaire britannique pour la Galilée, il est déchu par les Britanniques de sa position au sein du Haut conseil et de son poste de mufti. Recherché par les Anglais, il se cache dans le complexe de la Mosquée d'Al-Aqsa puis fuira d'abord en Irak puis au Liban[25] jusqu'en 1939. Durant la même période, il initie une conférence arabe en Syrie, (Bloudan Conference (1937) (en)) afin d'organiser une opposition au plan de partage de la Commission Peel. La conférence réunit 400 délégués, dont 124 Arabes palestiniens. Al-Husseini ne peut y assister mais en est toutefois élu président honoraire.

En octobre 1939, étant mis sous surveillance par les autorités françaises, il quitte le Liban pour retourner en héros national[25] au Royaume d'Irak[26] avant de se réfugier en 1941 en Allemagne jusqu'en 1945[25].

Seconde Guerre mondiale

Collaboration avec les Nazis

Rencontre avec Hitler en .
Hadj Amin al-Husseini passant en revue une unité de la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar, composée en grande partie de musulmans de Bosnie (Silésie, ).
Rachid Ali al-Gillani et Haj Amin al-Husseini lors d'un discours à Berlin, pour l’anniversaire du coup d’État anti-britannique en Irak du  ; année inconnue : 1942, 1943 ou 1944.

Soutenant la prise du pouvoir par Rachid Ali al-Gillani en Irak, il prononce à la radio irakienne une fatwa appelant les musulmans au djihad contre le Royaume-Uni. La victoire britannique dans la guerre anglo-irakienne le force à fuir sur le territoire de l'État impérial d'Iran. Après l'invasion anglo-soviétique de l'Iran, il se réfugie en Italie. Le , il est reçu par Benito Mussolini, qui accepte le principe d'un soutien de l'Axe à sa cause. Selon le récit d'Al-Husseini, ce fut une réunion à l'amiable dans laquelle Mussolini exprima son hostilité envers les juifs et le sionisme[réf. nécessaire]. Benito Mussolini et l'Italie fasciste avaient soutenu financièrement les rebelles arabes lors de la Grande révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire[27].

Le , Al-Husseini se rend en Allemagne où il est reçu par Hitler[26]. Lors de leur conversation, Hitler lui explique que les motivations de tous les nationaux-socialistes à « persévérer dans un combat sans merci contre les Juifs » sont leurs tentatives de destruction de l'Allemagne ainsi que leur responsabilité dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale et de la montée du communisme. Le mufti lui répond que : « Nous Arabes, pensons que c'est le sionisme qui est à l'origine de tous ces sabotages et non pas les Juifs », ce à quoi Hitler lui répond que les Arabes sont un peuple sentimental et que sa conviction est fondée scientifiquement[28]. Hitler dira plus tard avoir été impressionné par la prudence du mufti[h]

Il travaille ensuite à des émissions de radio de propagande, destinées aux mondes arabe et musulman et où il exhorte les auditeurs à « tuer les Juifs où qu'on les trouve [car] cela satisfait Dieu, l'histoire et la religion »[30]. En , il collabore aux recrutements de musulmans des Balkans pour former la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar[31].

Malgré cela, la majorité des Arabes et des Palestiniens ne le suivront pas. « Les Arabes et les Berbères qui combattirent dans les rangs des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale sont considérablement plus nombreux que ceux qui combattirent dans les rangs des pays de l'Axe[32] ». Seulement 6 300 Arabes rejoignirent différentes organisations militaires nazies tandis que 259 000 rejoignirent les Alliés, dont 9 000 Palestiniens[33].

Attitude pendant la Shoah

Le , Amin al-Husseini demande au ministre des Affaires étrangères allemand « de faire tout son possible » pour bloquer les transferts éventuels de Juifs de Bulgarie, de Hongrie et de Roumanie vers la Palestine à la suite d'informations selon lesquelles 4 000 enfants juifs accompagnés de 500 adultes avaient réussi à rejoindre cette région. Cette requête lui fut accordée[34],[35]. En , il recommande aux Bulgares d'envoyer des enfants juifs de Bulgarie en Pologne plutôt que de les laisser émigrer en Palestine[36]

À l'été 1943, Heinrich Himmler lui révèle que « l'extermination des Juifs est en cours et qu'environ trois millions ont déjà été liquidés ». Lors de la même réunion, Himmler lui demande comment il compte régler la question juive dans son pays, ce à quoi il répond : « Tout ce que nous voulons est qu'ils retournent dans leur pays d'origine. »[37]

Appel en arabe et en français aux soldats arabes du Maghreb : « ... L'Allemagne fait la guerre aux Juifs, mais elle est l'amie de tous les peuples arabes...(elle) a conclu une alliance avec le grand Mufti de Jérusalem », années 1940.

Dans une déclaration publique à Berlin le , il déclare que « les musulmans devraient suivre l'exemple des Allemands qui ont trouvé une solution définitive au problème juif »[38]. Le , il écrit au ministre hongrois des Affaires étrangères son opposition à la délivrance de sauf- conduits pour 900 enfants juifs et 100 adultes pour être transférés hors de Hongrie et réitère sa demande[39].

Dans ses mémoires, le mufti écrit que les accusations relatives à son implication dans l'Holocauste sont mensongères : « Durant le régime nazi, les Allemands réglèrent leurs comptes avec les Juifs bien avant mon arrivée en Allemagne et n'eurent besoin d'aucune incitation pour le faire »[40]. Il rajoute, évoquant une plainte déposée contre lui à l'ONU en 1947, que « les Allemands étaient suffisamment sans pitié et n'avaient eu besoin d'aucun encouragement pour exterminer les juifs » et que, pour sa part, opposé au projet de transférer les Juifs d'Europe de l'Est en Palestine, il s'était contenté d'écrire « à Ribbentrop, Himmler et Hitler jusqu'à ce qu['il] réussisse à faire échouer leurs efforts »[41]. Le mufti affirme également que quand il envoya ses requêtes « son intention n'était pas d'empêcher l'extirpation des Juifs mais plutôt d'empêcher un flot d'immigration agressive juive visant à inonder la Palestine et à la vider de ses natifs comme en fait cela se produisit plus tard »[42].

Refuge en France et fuite en Égypte

À l'issue de la guerre, Amin al-Husseini fut recherché par les Britanniques en tant que collaborateur et par les Yougoslaves en tant que criminel de guerre.

Il trouva refuge dans la région de Constance où il fut « arrêté » le par les troupes françaises. Le , il fut transféré dans la région parisienne où il fut hébergé avec ses deux secrétaires dans une villa de Saint-Maur-des-Fossés et ce dans des conditions très favorables. À titre d’exemple, il recevait ses repas d’un restaurant voisin et, plus tard, un cuisinier fut mis à sa disposition par la mosquée de Paris. La maison était placée sous la surveillance de la police judiciaire de la préfecture de police mais c’était le Quai d’Orsay qui déterminait les conditions de détention du mufti et la politique à adopter à son égard. En , le mufti déménagea dans la villa « La Roseraie », à Bougival, puis il changea encore de lieu de résidence. Il était autorisé à librement se déplacer et recevoir ses invités.

À plusieurs reprises, la France refusa de répondre aux demandes d’extradition de la Grande-Bretagne et de la Yougoslavie. En , les autorités françaises prirent la décision de permettre au mufti d’aller dans un pays arabe et la diplomatie française effectua des démarches diplomatiques auprès de ces pays afin qu’ils exigent la libération du mufti. Craignant en effet les réactions des États-Unis et de la communauté juive, la France voulait que cette libération apparaisse comme la conséquence des pressions irrésistibles des pays arabes, pressions auxquelles la Grande-Bretagne n’aurait pu d’ailleurs elle-même résister si elle avait été dans la même situation. Finalement, après avoir pu déjouer les surveillances, le mufti réussit à quitter la France le à 11 heures, en prenant un vol régulier de la compagnie américaine TWA d’Orly au Caire, muni d’un faux passeport fourni par le Quai d'Orsay et sous un nom d’emprunt[43].

Son passif pro-nazi ne l'a pas transformé en un paria après la guerre. À son retour dans le monde arabe, en Égypte à l'été 1946, il a été salué par les masses en tant que héros. Abdul Rahman Hassan Azzam, secrétaire général de la Ligue arabe, a persuadé les gouvernements occidentaux de ne pas le poursuivre pour crimes de guerre[44]. Selon Jeffrey Herf, pour son clan et son parti politique, le Parti arabe palestinien, ses activités durant la guerre « étaient une source de fierté et pas de honte »[45].

Guerre israélo-arabe de 1948

Durant la Guerre israélo-arabe de 1948, il mène, dans le camp arabe, le clan nationaliste palestinien, s'opposant à la fois à la fondation d'un État juif et aux ambitions du roi Abdallah Ier d'annexer une portion de la Palestine.

À la suite de son isolement au sein du monde arabe et de la mort de ses deux officiers sur le terrain Abd al-Kader al-Husseini et Hassan Salameh, son influence sur la guerre sera limitée à la première partie de la guerre.

Le , à la suite de la débâcle palestinienne, des contingents égyptiens, syriens, jordaniens et irakiens entrent dans l'ancienne Palestine mandataire. Ils désarment des milices palestiniennes, prennent le contrôle des territoires arabes et affrontent les forces israéliennes.

La guerre se solde en définitive par le partage de l'ancienne Palestine mandataire entre Israël et la Jordanie, la Bande de Gaza passant sous administration militaire égyptienne.

Gouvernement de toute la Palestine

Al-Husseini est opposé à l'annexion jordanienne et les États de la Ligue arabe ne sont pas favorables à voir le territoire jordanien grandir de la sorte[46].

En la Ligue arabe adhère en conséquence à la demande du mufti de formation d'un gouvernement palestinien et annonce la création d'un « Gouvernement de tous les Palestiniens ». En , al-Husseini est placé à la tête de ce gouvernement, son frère Jamal al-Husseini nommé ministre des Affaires étrangères et un autre membre de la famille Husseini, ministre de la Défense[47].

Le , un congrès palestinien se réunit à Gaza sous l'égide de l'Égypte pour proclamer un État palestinien[46]. Les leaders palestiniens ont obtenu le soutien de la Ligue arabe pour autant qu'ils n'élisent pas Amin al-Husseini comme chef du gouvernement[46]. Il présidera cependant la séance[46].

Le , une assemblée constituante composée de 83 membres du Haut Comité arabe, des comités nationaux, des chambres de commerces et des municipalités se réunit à Gaza et investit le nouveau gouvernement et élit Amin al-Husseini comme président bien que les Égyptiens lui aient interdit l'entrée à Gaza[46]. Il est également décidé de rétablir la milice palestinienne Jaysh al-Jihad al-Muqaddas que les Jordaniens ont démobilisée et désarmée quand ils sont entrés en Palestine, afin qu'elle redevienne l'instrument de libération de toute la Palestine[46]. Dans la pratique, le gouvernement n'aura que très peu de moyens et ne sera actif que dans les zones sous contrôle égyptien[46].

Le mufti signe la « déclaration de l'indépendance de la Palestine »[48]. La Jordanie s'oppose à ce gouvernement. Elle convoque le à Amman un congrès palestinien qui rejette la légitimité du « gouvernement de toute la Palestine » et elle fait désarmer tous ses membres dans les territoires qu'elle contrôle. Ce dernier est reconnu par l'Égypte et l'Irak le , par la Syrie et le Liban le 13, par l'Arabie saoudite le 15 et par le Yémen le 16. La Grande-Bretagne fait pression pour empêcher cette reconnaissance et les États-Unis déclarent que la création d'un gouvernement de « toute la Palestine » ne favorise par une solution au conflit israélo-palestinien en particulier au vu du rôle qu'y joue Husseini[46].

1948-1960

Amin al-Husseini vit en Égypte jusqu'en 1960.

En 1951, il participe au Congrès islamique mondial à Karachi, au Pakistan dont il est élu président. Il a assisté à d'autres congrès islamiques au Pakistan ce qui augmente sa popularité dans ce pays[49].

Au cours des années 1950, il maintient ses liens avec des cellules armées et orchestre des attaques en Israël, ce qui améliore sa popularité dans les pays arabes[50].

En 1955, il a assiste à la Conférence de Bandung en Indonésie afin d'encourager au soutien de la cause palestinienne dans les pays en voie de développement. Cette conférence des pays asiatiques et africains a été une étape importante vers la création du bloc des pays non aligné devenu extrêmement important pour la cause palestinienne à l'ONU[51].

Selon Léon Poliakov, Amin al-Husseini a joué un rôle pivot dans l'alignement de pays africains et asiatiques sur les positions antisionistes défendues par les pays arabes[52]. En , représentant le Yémen à la conférence de Bandung, Amin al-Husseini s'est efforcé de « révéler les véritables visées sionistes », à savoir « la constitution d'un vaste empire s'étendant du Nil à l'Euphrate — et incluant notamment la ville sainte islamique de Médine ». Si les autres orateurs arabes ont également prononcé des discours anti-israéliens à cette conférence, Amin al-Husseini aurait selon Poliakov été le plus éloquent et aurait convaincu son auditoire au point que, selon le compte rendu paru dans Le Monde du , « la résolution anti-israélienne a été le seul point d'accord de la conférence[53] ».

Déclin et mort

L'établissement de l'OLP marque la fin de la carrière politique d'Al-Husseini[54]. Au cours des dix dernières années de sa vie, le nom d'Husseini « disparait graduellement dans la presse arabe » et il n'est plus vu aux conférences arabes ou islamiques[54]. Durant cette période, il se consacre à l'écriture de nombreux articles et mémoires sur sa vie ou destinés à répondre à ses nombreuses critiques qui le rendent responsables du drame vécu par le peuple palestinien[55].

À partir de 1964, le représentant palestinien entendu dans « les institutions de la Ligue arabe, aux réunions de ministres arabes, dans les centres palestiniens de population et dans les médias » est désormais son fondateur Ahmed Choukairy[54]. À la suite de la Guerre des Six Jours, Choukairy est contraint à la démission[56] et est remplacé par Yasser Arafat à la tête de OLP, chapeautant désormais les différentes factions palestiniennes unifiées, et considérée comme représentante légitime du peuple palestinien[57].

Soutenu par la Jordanie et les Frères musulmans, Husseini s'oppose sans succès au monopole de l'OLP sur la cause palestinienne en essayant de fonder des unités militaires sous ses ordres. Celles-ci sont tantôt attaquées par le Fatah d'Arafat, tantôt le rejoignent en abandonnant Husseini[58]. Al-Husseini s'allie alors au roi Hussein de Jordanie pour lutter contre l'influence de l'OLP dont les forces sont chassées de Jordanie à la suite des événements de Septembre noir quand l'armée jordanienne attaque les milices palestiniennes installées dans son pays[59].

La perte d'influence politique d'Al-Husseini se marque également lors des conférences islamiques. En , il n'est pas invité à la conférence de Rabat tandis que l'OLP l'est en tant qu'observateur et il refuse de participer à celle de Lahore en 1974 à la suite de l'invitation de Yasser Arafat en tant que leader de l'OLP[60]. Il finit par s'y rendre mais n'y aura aucun statut officiel[60].

Amin al-Husseini meurt d'une crise cardiaque le à Beyrouth[61]. Il est immédiatement visité par les leaders de l'OLP qui se montreront particulièrement visibles à son enterrement[61]. Selon Zvi Elpeleg, « il est [cependant] improbable qu'il y eût qui que ce soit dans l'OLP qui ait vu la mort d'Haj Amin comme une perte pour le mouvement national palestinien »[61].

Mohammed Amin al-Husseini est devenu après sa mort « un symbole de défaite » et les Palestiniens ont pour la plupart oublié ses échecs et sa mémoire[62].

Analyses et controverses

Responsabilités du mufti dans le conflit israélo-arabe

Un certain nombre d’études émanant d’historiens ou de penseurs s'accordent sur la détermination du mufti dans sa lutte contre l'établissement des Juifs en Palestine, sur son antisémitisme et l’importance du rôle qu’il joua à refuser tout accord entre Juifs et Arabes en Palestine mandataire.

Walter Laqueur rapporte des témoignages de l'époque qui vont dans le même sens. Ainsi, en 1938, le colonel Kisch écrit : « Je n'ai aucun doute, quoi qu'il en soit, que sans l'abus par le mufti de ses immenses pouvoirs et la tolérance de ces abus par le gouvernement pendant quinze ans, une compréhension judéo-arabe dans le contexte du mandat aurait été atteinte depuis longtemps. » Cependant Laqueur nuance ce point de vue. Il écrit que : « [si le Mufti] assume beaucoup de responsabilité dans les émeutes de 1929 et la guerre civile de 1936-39 [;] […] il est naïvement optimiste de supposer que sans la nomination du Mufti et ses activités, les relations judéo-arabes auraient suivi un chemin différent [car] tôt ou tard l'élément extrémiste aurait prévalu parmi les autorités arabes[63]. »

Les biographies récentes du mufti vont dans le même sens. Tant l'historien Palestinien Phiip Matar que l'israélien Zvi Elpeleg estiment qu'en 1948, quelles qu'auraient été les actions du mufti, « l' État d’Israël aurait en tout cas vu le jour en raison des puissants soutiens internationaux dont bénéficiaient les sionistes » et que « la création d’un État palestinien était exclue, compte tenu de l’opposition de la plupart des pays arabes à une telle entité souveraine »[64].

Antisémitisme et responsabilité dans la solution finale

S'il y a débat sur la portée de l'implication du Mufti dans le processus d'extermination des Juifs, il ne fait néanmoins aucun doute qu'Husseini « a coopéré avec le régime le plus barbare des temps modernes », suivant l'un de ses biographes palestiniens[65].

Dans son livre « Eichmann à Jérusalem », Hannah Arendt écrit : « Les connexions du Grand Mufti avec les nazis durant la guerre n’étaient pas secrètes ; il avait l’espoir qu’elles l’aideraient à exécuter une sorte de solution finale au Proche-Orient »[66]. Selon l'historien Zvi Elpeleg, il n'y a aucun doute que « la haine d'Husseini n'était pas limitée au sionisme mais s'étendait aux Juifs en tant que tel. (...) Ses contacts étroits et fréquents avec les leaders du régime nazi ne pouvait lui laisser de doute sur le destin qui attendait ceux dont l'émigration était rendue impossible par ses efforts. Ses nombreux commentaires montrent qu'il n'était pas seulement heureux que les Juifs ne puissent émigrer en Palestine mais qu'il était satisfait de la solution finale nazie. »[40]. Dans une étude portant sur les possibilités de voir la solution finale s'établir en Palestine, une équipe d'historiens de l'université de Stuttgart écrit que « Le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini, était le plus grand collaborateur des nazis dans le camp arabe et un antisémite sans compromis »[67],[68]. Selon Philip Mattar, aucun matériel historique n'atteste une participation du mufti à la solution finale bien qu'il soit possible qu'il en ait été informé. Cependant, il estime que l'affirmation selon laquelle son anti-judaïsme aurait été limitée à l'antisionisme est fausse comme l'attestent ses déclarations relatives à la domination du monde par les Juifs[69].

Le sociologue des médias Barry Rubin (en) et l'historien Wolfgang G. Schwanitz vont plus loin et estiment que le mufti de Jérusalem, « ami et confident d'Adolf Hitler » aurait été l'« architecte de l'Holocauste »[70]. Ils estiment qu'il a rendu la Solution finale inévitable en fermant aux Juifs toute possibilité de fuir en Palestine[71]. Cependant, pour Robert Fisk, « faire porter la responsabilité de l'Holocauste sur cette personnalité misérable est une insulte à l'histoire et aux six millions de victimes de ce régime démoniaque »[72]. Selon David Mikics, la thèse du mufti responsable de l'Holocauste est « stupide » et cache un « programme politique » au vu du matériel sur lequel elle se base[70].

Henry Laurens est plus nuancé. Selon lui, dans l'entre-deux-guerres, le combat du mufti visait le sionisme car il était convaincu que son but était l'expulsion des Arabes de Palestine et de s'emparer du Haram al-Sharif (Mont du Temple). Il avait cependant acquis la conviction que le « judaïsme mondial soutenait de façon occulte les sionistes et exerçait une influence majeure » en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Se basant sur des propos tenus lors de sa rencontre avec Hitler et Himmler, Henry Laurens estime qu'« il était encore loin de l'antisémitisme nazi ». Ainsi, quand Hitler avance que les Juifs sont responsables de la Première Guerre mondiale, de la montée du communisme et de saper l'essor économique de l'Allemagne et que c'est ce qui le motive à « persévérer dans un combat sans merci contre les Juifs », le mufti lui répond que : « Nous Arabes, pensons que c'est le sionisme qui est à l'origine de tous ces sabotages et non pas les Juifs »[28]. Lors de sa rencontre avec Himmler en 1943 au cours de laquelle ce dernier lui annonce que la solution finale a été enclenchée, il répond que « tout ce que nous voulons [des Juifs] c'est qu'ils retournent dans leur pays d'origine. » Henry Laurens note que la pensée du mufti sur le sort des Juifs de Palestine n'était pas achevée et de toute manière pas d'actualité. Sa conclusion générale est que le mufti a petit-à-petit identifié son combat en Palestine à celui de l'Allemagne contre le judaïsme mondial (en particulier, il adhère aux thèses que le judaïsme serait lié au capitalisme mondial et à leur pseudo-responsabilité dans le déclenchement des deux guerres mondiales) mais qu'il n'a pas adhéré pas aux idées raciales des Nazis. Il rappelle également qu'il note dans ses Mémoires ne pas avoir été impliqué dans l'extermination des Juifs d'Europe et qu'il n'a jamais adopté d'attitude négationniste sur le sujet[28].

Selon le politologue Gilbert Achcar, le mufti de Jérusalem « a pris fait et cause pour le nazisme, au point d’approuver le judéocide » et que ce faisant, il est allé bien plus loin que la logique selon laquelle « l’ennemi (allemand) de mon ennemi (britannique) est mon ami »[73]. Selon Philip Mattar et Zvi Elpeleg, le mufti de Jérusalem n'est en définitive responsable d'aucun crime de guerre et aucun des deux ne pense « que les erreurs qu’il a commises ont modifié le cours de l’histoire »[64].

Instrumentalisation politique de l'image d'Amin al-Husseini

Couverture de l'ouvrage de Barry Rubin (en) et Wolfgang G. Schwanitz[74].
Selon plusieurs auteurs, il existe une filiation entre le nazisme et l'islamisme dont le vecteur aurait été Amin al-Husseini.

Pour le politologue franco-libanais Gilbert Achcar, le mufti de Jérusalem a occupé une place centrale dans la propagande israélienne visant à « dénoncer [un] antisémitisme congénital [chez les] Arabes » et à « impliquer les Palestiniens et les Arabes dans le génocide nazi ». Cette dimension particulière du conflit israélo-arabe a toujours été cruciale pour l’État d’Israël [qui] doit impérativement cultiver le soutien des pays occidentaux à sa cause. » Les motivations sont de « justifier ainsi l’injustifiable occupation de leurs Territoires »[75].

Philip Mattar note que les premières biographies du mufti furent écrites par des nationalistes juifs tels que Moshe Pearlman (en) (un proche de David Ben Gourion) ou Joseph Schechtman (un révisionniste) qui le dénigrèrent et discréditèrent son mouvement ; par des nationalistes arabes, prenant faits et cause pour lui ; ou des auteurs national-socialistes instrumentant son combat. La couverture de l'ouvrage de Pearlman montre « le dessin d'un homme grotesque au nez crochu, ironiquement ressemblant à la caricature antisémite d'un Juif, avec des gouttes de sang tombant des ongles »[76]. La réédition de 1988 de sa biographie du mufti est résumée par l'éditeur en ces mots :

« Par le passé, Arabes et Juifs vivaient pacifiquement en Palestine. Leurs dirigeants construisaient leur futur ensemble. Alors arriva Hadj Amin al-Husseini, l'oncle de Yasser Arafat. Il choisit le fascisme et le jihad. Les dirigeants modérés durent partir, intimidés et assassinés par lui. Ses projets sanglants furent temporairement interrompus par la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il partit pour l'Allemagne et où il collabora étroitement avec les dirigeants nazis dans des plans d'extermination et de bataille. Accusé de crime de guerre, il échappa aux Alliés pour poursuivre son travail de terreur, travail perpétué par ses proches et ses associés après sa mort[77]. »

Dans Beyond Chutzpah, Norman Finkelstein met en avant de nombreuses inventions au sujet du Mutfi, que l'on retrouve dans la littérature académique, selon lesquelles par exemple il aurait visité Auschwitz et instigué l'opération Atlas qui aurait visé à empoisonner la population de Tel-Aviv[78],[79]. En réalité, en , une unité de la Waffen-SS composée de cinq soldats, trois anciens membres de la Société des Templiers en Palestine et deux Arabes palestiniens proches collaborateurs du mufti, a été parachutée en Palestine mandataire avec pour mission de recruter des combattants et de transmettre des informations aux autorités nazies. C'est Bar Zohar, le biographe de David Ben Gourion, qui a par la suite affirmé que l'unité avait aussi pour mission d'empoisonner l'eau de Tel-Aviv. Cette thèse a été rejetée par les historiens[78].

Dans son ouvrage Les Arabes et la Shoah, Gilbert Achcar souligne que « [c]es dernières années ont vu une recrudescence spectaculaire de la guerre des mots opposant Israël aux Palestiniens et aux Arabes, avec le concours actif des partisans des deux camps en Europe et aux États-Unis.

Dans un ouvrage de 2008, le rabbin conservateur et professeur d'histoire David Dalin présente le mufti comme une « icône du mal », conseiller d'Hitler et responsable de la montée de l'islamisme radical[80].

Plus récemment, en et alors qu'il s'adresse au congrès sioniste à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou soutient que « Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs à l'époque, il voulait seulement les expulser », mais que c'est le mufti qui l'aurait persuadé de les exterminer car il ne voulait pas les voir arriver en Palestine[81]. Cette prise de position entraîne immédiatement de vives polémiques dans lesquelles les propos de Netanyahou sont fermement condamnés ou vivement défendus[82],[83],[84],[85],[86],[87]. Cette thèse n'est pas nouvelle dans le chef de Netanyahou. Dans une étude publiée en 2005, Idith Zertal fait référence à des propos similaires tenus en 1993 tandis que des négociations étaient engagées entre Israël et l'OLP de Yasser Arafat[88]. Netanyahou affirme à l'époque que le mufti « joua un rôle dans la décision d'exterminer les Juifs d'Europe » et qu'il « proposa à plusieurs reprises (...) à Hitler, Ribbentrop et Himmler [leur] extermination. » Elle explique que la « démonisation du Mufti » vise à l'époque Arafat et son organisation qui seraient, selon Netanyahou des « descendants spirituels et politiques du mufti de Jérusalem »[89]. Elle rappelle que « cette affirmation n'a pas -et n'a jamais eu- aucune base historique, et qu'elle retire une part de responsabilité importante aux vrais perpétrateurs de la solution finale[89]. »

L'historienne Idith Zertal estime également que « l'amplification de l'image du mufti et de son rôle dans l'extermination des Juifs d'Europe ne se limite pas aux actes à visées éducatives et politiques du procès Eichmann. Elle s'est également diffusée dans l'historiographie de référence sur l'Holocauste[90]. » Ainsi, reprenant un constat de Peter Novick (en)[91], elle souligne à cet égard à propos de l'Encyclopédie de l'Holocauste (en), projet international de Yad Vashem, « le fait étonnant que le mufti a été dépeint par les auteurs de l'Encyclopédie comme l'un des grands concepteurs et auteurs de la Solution finale : l'article qui lui est consacré est deux fois plus long que ceux de Goebbels et Goering, plus long que la somme des articles consacrés à Heydrich et Himmler et plus long que celui d'Eichmann ». Elle ajoute que, dans la version hébraïque, son article est presque aussi long que celui d'Adolf Hitler[92]. Dans le même ordre d'idées, l’historien israélien Tom Segev souligne que le mur qui lui est consacré à Yad Vashem chercherait à tort à donner l’impression d’une convergence entre le projet génocidaire antisémite du nazisme et l’hostilité arabe à Israël[93].

Récemment, le sociologue des médias Barry Rubin (en) et l'historien Wolfgang G. Schwanitz[94] ont fait écho à la thèse avancée par Netanyahou en 1993 et ont avancé que le mufti de Jérusalem, « ami et confident d'Adolf Hitler » aurait été l'« architecte de l'Holocauste », que les Nazis auraient promu tant l'islamisme que le jihad et que cette alliance « nazislamiste » aurait créé la situation au Moyen-Orient aujourd'hui[95],[70]. Cette thèse polémique[85],[86] leur a valu de très vives critiques[72],[70].

Notes et références

Notes

  1. Philip Mattar fait état d'une controverse quant à la date de naissance d'Husseini qui a longtemps été présenté comme étant né en 1893.
  2. On parle de lui en tant « qu'Hadj Amin al-Husseini », « le mufti » ou « le grand mufti », en précisant parfois « de Jérusalem ». Attention néanmoins qu'il ne devint mufti qu'à partir de 1921, poste auquel il succéda à son frère.
  3. Benny Morris parle de désertion pour rejoindre l'armée de Hussein[8] ; c'est aussi le cas de sa biographie sur passia.org mais qui fixe cet événement à 1916[7]. Segev, p. 103 fait référence à une démobilisation pour cause de maladie.
  4. Segev indique qu'il aurait ainsi permit le recrutement d'au moins 2 000 Arabes pour les Britanniques[5].
  5. Perlman écrit qu'en réalité il n'est pas gracié à ce moment mais plus tard en septembre, à la suite d'une visite en Transjordanie et que cela indique la gravité de l'implication d'al-Husseini[15].
  6. Segev situe également l'amnistie dans le contexte de la visite en Transjordanie d'Herbert Samuel[16].
  7. « Aux élections du 12 avril 1921, alors que Husseini n'arrive qu'en quatrième position, Samuel invalide le scrutin et le nomme (8 mai 1921) grand mufti. », Bensoussan, p. 550.
  8. « Au cours des discussions il s'est révélé être un fin renard ; en vue de gagner du temps pour réfléchir, il se fait traduire certaines choses non seulement en français mais aussi en arabe, et il pousse la prudence jusqu'à s'en faire écrire d'autres. Quand il parle, il soupèse chacun de ses mots. Dans l'astuce, il égale presque les Japonais »[29].

Références

  1. 'Al-Husseini, Amin (Haj) (1895-1974)' consultable via webarchive sur « Biographie d'Amin al-Husseini », sur passia.org.
  2. Gilbert Achcar, Inusable grand mufti de Jérusalem, Le Monde diplomatique, . (Consultable en entier en suivant ce lien).
  3. Elpeleg 1995, p. 345.
  4. Jean Lopez, 11 novembre 1918 La paix, vraiment ?, Mondadori France, coll. « Guerres et histoire hors-série », , Fureur antisémite à Jérusalem.
  5. a b c et d Segev, p. 103.
  6. G. Bensoussan, op. cit., p. 347.
  7. a b et c passia.org.
  8. Morris, p. 117.
  9. Morris, p. 49.
  10. Sachar 2007, p. 166.
  11. a et b Segev, p. 138-139.
  12. Sachar 2007, p. 123.
  13. Mattar, p. 17.
  14. Morris, p. 111.
  15. Perlman 2006, p. 16.
  16. Segev, p. 156.
  17. G. Bensoussan, op. cit. p. 550.
  18. Morris, p. 111 et suivantes.
  19. Sachar, p. 170.
  20. Gensicke 2015, p. 8-14.
  21. Morris, p. 47-50.
  22. Elpeleg, p. 34-35.
  23. (en) Efraïm Karsh, Palestine Betrayed, Yale University Press, , p. 32-33
  24. Morris, p. 408-409.
  25. a b et c G. Bensoussan, op. cit., p. 551.
  26. a et b « Hajj Amin Al-Husayni : timeline ».
  27. https://www.researchgate.net/publication/240532556_Italian_Involvement_in_the_Arab_Revolt_in_Palestine_1936-1939
  28. a b et c Laurens 2002, p. 467-469.
  29. Hugh Trevor-Roper, Gerhard Weinberg, Norman Cameron (trad.) et R. H. Stevens (trad.), Hitler's Table Talk 1941-1944: His Private Conversations, Enigma Books, , 609 p. (ISBN 978-1929631667), p. 412.
  30. Elpeleg, p. 179.
  31. Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth : essai sur la désinformation, Paris, Calmann-Lévy, (ISBN 2-7021-1240-4), p. 54.
  32. Achcar 2009, p. à préciser.
  33. Achcar 2009, p. 231-234.
  34. Laurens 2002, p. 670, n.190.
  35. Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, New Viewpoints, , p. 504.
  36. Georges Bensoussan, Juifs en pays arabes. Le grand déracinement - 1850-1975, Tallandier (lire en ligne)
  37. Laurens 2002, p. 469.
  38. (en) « Amin al-Husaini and the Holocaust. What Did the Grand Mufti Know? », World politic review, .
  39. Achcar 2010, p. 148.
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  41. (he) Zvi Elpeleg (en), Hamufti Hagadol, éd. Misrad habitachon, 1989, p. 74-75.
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  43. Tsilla Hershco, Le grand mufti de Jérusalem en France : Histoire d'une évasion, Revue Controverses, no 1, mars 2006.
  44. Herf, p. 233–234.
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  46. a b c d e f g et h Laurens 2007, p. 164-169.
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  63. Walter Laqueur, A History of Zionism, Schocken Books, 1976, p. 244-245, se référant à F. Kisch, Palestine Diary, Londres, 1938, p. 19.
  64. a et b Rouleau 1994.
  65. Mattar, p. 99, cité par Morris, p. 186.
  66. Hannah Arendt, Eichmann in Jerusalem, p. 13.
  67. Article publié le 13 avril 2006 dans le Washington Times
  68. Étude de Matthias Küntzel publiée dans Jewish Political Studies Review (17:1-2, Spring 2005) [1].
  69. Mattar, p. 148.
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  72. a et b (en) Robert Fisk, Dumping blame for the Holocaust on the Grand Mufti is an insult to its six million victims., The Independant, 6 juillet 2014.
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  87. Centre Wiesenthal : « Le Grand Mufti de Jérusalem, un personnage clé de la Solution finale.
  88. (en) Idith Zertal, Israel's Holocaust and the Politics of Nationhood, Cambridge University Press, , p. 175.
  89. a et b Zertal, p. 175.
  90. Zertal, p. 158.
  91. Voir, selon la référence donnée par Idith Zertal, Peter Novick, The Holocaust in American Life, New-York, 1999, p. 158.
  92. Zertal, p. 103.
  93. Le Septième Million : les Israéliens et le génocide, Paris, Liana Levi, 2002.
  94. Wolfgang Schwanitz (2009). "A Mosaic on the Mufti's Islam". Jewish Political Studies Review. 21: 178–179.
  95. Rubin et Schwanitz 2014, p. à préciser.

Annexes

Documentation

Ouvrages utilisés dans la rédaction de l'article

Historiographie récente

Historiographie palestinienne

  • Henry Laurens, La Question de Palestine, Fayard, 1999-2015, 5 volumes :
    1. L'invention de la Terre sainte (1799-1922), t. I, , 722 p. (ISBN 9782213603490) ;
    2. [Laurens2002] Une mission sacrée de civilisation (1922-1947), t. II, , 704 p. (ISBN 9782213612515) ;
    3. [Laurens2007] L'accomplissement des prophéties (1947-1967), t. III, , 838 p. (ISBN 9782213633589) ;
    4. Le rameau d'olivier et le fusil du combattant (1967-1982), t. IV, , 896 p. (ISBN 9782213662718) ;
    5. La paix impossible (1982-2001), t. V, , 888 p. (ISBN 9782213686196).
  • (en) Tatsur Jbara, Palestinian Leader, Hajj Amin Al-Husoyni, Mufti of Jerusalem, Kingston Press, 1985, (ISBN 0-940670-21-6).

Historiographie israélienne traditionnelle

  • (en) The Arab Higher Committee: its Origins, Personnel and Purposes. The Documentary Record, New York, Nations Associates Inc., 1947. Traduction française : Le Haut Comité arabe, ses origines, ses membres, ses buts. Documents d'archives soumis aux Nations Unies en , Paris, 1948.
  • Menachem Arnoni, Le Nationalisme arabe et les nazis, Tel-Aviv, Mouvement ouvrier sioniste mondial, 1970 (1re édition, en hébreu, en 1968).
  • (en) Moshe Perlman, Mufti of Jerusalem: Had Amin el Husseini, A Father of Jihad, Pavilion Press, (ISBN 1-4145-0698-8) :
    • Première édition (en) Mufti of Jerusalem: The Story of Haj Amin el Husseini, Londres, V. Gollancz, .
  • (en) Howard M. Sachar, A History of Israel: From the Rise of Zionism to Our Time, New York, Alfred A. Knopf, 2006, 2e édition (ISBN 0679765638) :
    • Troisième édition (en) The Grand Mufti…, Knopf, 2006, 3e édition.
  • (en) Joseph Schechtman, The Mufti and the Fuehrer: the rise and fall of Haj Amin el-Husseini, Yoseloff, 1965.
  • Union internationale de la résistance et de la déportation (U.I.R.D), Comme au temps de Hitler, 1970.
  • (en) Moshe P. Waters, Mufti over the Middle East. An account of the career of Amin el Husseini, Londres, Barber, 1942.
  • (de) Simon Wiesenthal, Grossmufti grossagent der Achse, 1947.

Filmographie

Témoignages

  • André-Paul Weber, Conseiller du Grand Mufti, l'Odyssée du docteur Pierre Schrumpf-Pierron 1882-1952, Éditions Hirlé, 2005.

Articles

Articles connexes

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